Thème : C’est la vie! – ou l’apprentissage

 

Cette semaine, les apprentissages :

C’est l’été, elle a seize ans et quitte sa campagne pour Séoul. Le seul moyen pour elle d’accéder au lycée est de devenir ouvrière dans une usine et d’être choisie parmi les plus méritantes pour suivre des cours du soir. De seize à dix-neuf ans, elle va connaître les privations, le travail éreintant, la solitude pareille à une pluie froide, puisant chaque jour en elle-même une force renouvelée pour vivre jusqu’au lendemain.
Et c’est là, dans cette étroite chambre parmi les trente-sept de la maison labyrinthique qui abrite les employés d’usine, que va jaillir en elle le désir, la promesse incroyable de devenir écrivain.

Kyong-suk se livre ici à un exercice difficile: remonter dans sa mémoire pour faire revivre son passé et ce qui l’a menée à devenir écrivain(-e). La chambre solitaire (외딴 방 =Œttanbang) plonge dans le passé récent de la Corée du Sud (1978) alors sous le joug de la dictature de Park Chung-hee.

Mais surtout, au delà de l’Histoire, Shin Kyong-suk tend la main à la jeune fille qu’elle était, âgée de 16 ans au début du récit. Avec des allers-retours passé/présent, nous suivons le chemin d’une vie à la loupe grâce à un style sobre et détaillé.

« Je trouve enfin mon style. Des phrases simples. Très simples. Le présent pour décrire le passé et le passé pour décrire l’immédiat. Comme si on prenait des photos. De façon nette. De façon à ce que la chambre solitaire ne se referme pas. Un style qui dit la solitude de mon frère aîné qui avançait ce jour-là vers le portail du Centre en fixant le sol. » (p. 35)

 

Pour rester en Corée du Sud (à l’honneur cette semaine, décidément), j’ajoute un manhwa (manga coréen) traitant de parcours de vie et d’apprentissage.

Fever de Park Hee-jun est une série en 4 volumes parus en 2005/2007 en France (ed.Paquet) qui relate le parcours de jeunes gens – et ce qu’ils apprendront.

Voici l’histoire d’adolescents qui n’en peuvent plus de s’asseoir sur les bancs de l’école, et de leurs voyages vers de nouveaux rêves. Hyung In, dont les priorités ont toujours été d’étudier et de réussir seul, par et pour lui-même, choisit d’ignorer la douleur causée par la mort d’un de ses amis. Mais, sous ce poids, il va finalement abandonner le système scolaire, devenu trop étouffant. Un jour, alors qu’il est dans le bus, il rencontre par hasard un jeune garçon à l’étrange accent, Ko Kang Dae, qui va lui faire découvrir un nouveau genre d’école alternative, Fever…

Doté de dessins magnifiques  (très « manhwa » ^^), cette série est une quête initiatique, bien construite, aux personnages attachants.

Je n’en dis pas plus: c’est à découvrir (on trouve encore cette série d’occasion, assez facilement).

Voilà pour cette semaine. Bonnes lectures!

 

 

Joyeux anniversaire, Harry Potter!

Il y a 20 ans sortait le 1er tome. « Harry Potter à l’école des sorciers », pour nous en France.

Il y a 20 ans…
Je me souviens bien de ce que je faisais alors (travail, vie perso, lieu d’habitation). Je me souviens aussi de la première fois où une amie m’a parlé de Harry Potter – et du fait que c’était aussi une lecture pour adultes. Je ne suis pas devenue fan avec le premier tome. Il m’a fallu attendre le 3 ème pour tomber dans la marmite.

Il n’y a qu’à voir le nombre d’images, d’articles que je partage au sujet de Harry!

Les illustrations 

Les Animaux fantastiques

Etre fan

Un tag spécial

Le conte des 3 frères

Poufsouffle

La pièce

Les photos des studios HP à Londres : 1

suite 2

Et suite 3

Des tableaux pinterest 1 et 2

Une fois encore, bon anniversaire!

Thème : (we like 2 ) Summer party !

 

Je fais ma maligne avec mes références musicales à 2 balles dans mon titre (ça, c’est aussi parce que je prépare le tag concerts de Fan Actuel – petit à petit, je termine), mais en fait, avant de lire le choix de Mme. Tanuki, je dois dire que j’étais en panne sèche (la chaleur? plus de 30° près de l’ordi).

Un roman (doux-) amer?

Mme.Tanuki ayant choisi « Beignets de tomates vertes » qui aborde aussi ce sujet, Sud des USA oblige, je continue donc sur les questions de discrimination et de ségrégation ave un roman que j’ai lu plusieurs fois : Une saison  blanche et sèche, ( A Dry White Season) d’André Brink, publié en 1979. Interdit de publication en Afrique du Sud dont l’auteur est originaire , il est publié à Londres en premier puis traduit dans une dizaine de langues avant de connaître une adaptation au cinéma (en 1989, même titre).

Pretoria:, Ben Du Toit découvre un monde tout proche et pourtant si loin de sa vie d’Afrikaner. Professeur sans histoire dans une école d’Afrique du Sud., son quotidien vacille après l’arrestation et le meurtre de Gordon et Jonathan Ngubene.. Le premier est le concierge de l’école où travaille Ben ayant trouvé la mort en tentant d’élucider les circonstances de l’assassinat du second, qui n’est autre que son fils. « Laborieusement, comme une fourmi, Gordon réunit des preuves, dans l’amour et la haine. » (p. 65) Ben du Toit est alors confronté à la corruption du système judiciaire et policier. Il comprend enfin ce que signifie l’Apartheid qui frappe son pays. À son tour, il rassemble des preuves et des témoignages pour dénoncer les deux meurtres, les violences policières et le procès truqué.

Un livre plus amer que doux, voire  même percutant écrit par un maître de la littérature sud-africaine engagé contre l’Appartheid (décédé il y a 2 ans)

Pourquoi?

Pour découvrir d’autres auteurs, pour se plonger dans d’autres cultures. Et pour ne jamais oublier ce qu’est le racisme et ce qui l’accompagne…

Un classique?

Celui-ci contient même le mot été dans son titre.

Lu il y a longtemps durant mes études de Lettres, ce roman m’a embarquée dans un cycle Duras pendant quelques temps.
Je ne le cache pas: j’aime Duras. J’aime son écriture concise, sa façon de mettre à nu les personnages.

L’Espagne. L’été.

Pierre et Maria, leur petite fille Judith et leur amie Claire sont en vacances, en route vers Madrid. Un violent orage les force à s’arrêter et à trouver un abri dans l’hôtel déjà surpeuplé d’une petite ville où un crime passionnel vient de défrayer la chronique: Rodrigo Paestra vient en effet de tuer sa femme et l’amant de celle-ci, avant de prendre la fuite par les toits. Dans la chaleur étouffante de la nuit, l’amour entre Maria et Pierre s’étiole à mesure que le désir monte entre Claire et Pierre et que Maria s’étourdit à grand renfort de petits verres de manzanilla… Et dans la chaleur étouffante de la nuit où elle ne parvient pas à dormir, Maria aperçoit une silhouette sur le toit d’une maison voisine: Rodrigo Paestra. Rencontre sans parole, improbable et éphémère

Pourquoi?

Je n’irais pas jusqu’à dire: parce qu’il serait souhaitable de lire au moins une fois Marguerite Duras (et un autre roman que « L’amant »)….

Ah, si, je l’ai dit ! 😂

 

Un roman policier? (et historique)

On associe souvent « polar » et « lire en été » (voire en vacances, pour ceux qui le sont).
C’est un peu dommage car le polar, ça se lit toute l’année, non?
Un roman un peu oublié pour cette sélection:

Rome, siècle premier de notre ère… Bercée par la tiédeur automnale, la ville alanguie sommeille encore. Dans un jardin où les fleurs s’ouvrent à la douceur du matin, gît une femme. Membres disloqués, visage martelé… Hier encore, Apronia vivait heureuse. Belle, vingt ans à peine, mariée depuis six mois à Marcus Plautius, un préteur qui disait l’aimer. Alors… Accident, suicide ? Assassinat ! affirme le père de la victime qui accuse le mari… Matrones, magiciennes, comédiens, patriciens : toute la société romaine est enrôlée dans une machination redoutable tandis que le crime continue à ensanglanter la ville..

 

Pourquoi?

Réunir meurtres et Rome constitue une base solide pour un roman policier, et c’est sur cette fondation (non pas celle de Rome qui commence à dater …) que Jean-Pierre Néraudeau a tissé sa toile. Paru en 1992 chez Pocket, on le trouve encore d’occasion.

Un roman décalé ? (et fantasy)

Et, non, je ne vais pas citer Pratchett mais je reste dans la même veine humoristique.
« L’instinct du troll » m’a fait souvent éclater de rire (parfois à chaque page).

« Glissez-vous dans l’intimité d’un troll le temps de quatre aventures qui font trembler la terre jusqu’aux tréfonds des mines les plus obscures. Bien sûr, pour cela, vous allez devoir franchir les falaises du Désespoir, affronter les périls du col des Assassins et vous enfoncer dans les marais de la Mort sinueuse, mais ne vous inquiétez pas : après, c’est fléché. Et, avant, mieux vaut savoir que, s’il faut qu’un troll s’habille pour une occasion spéciale, il convient de le prévenir dix ans à l’avance. Surtout, n’oubliez jamais que l’eau ferrugineuse est un fléau qui ravale le troll au rang de l’homme. Alors, vous qui entrez ici, laissez toute espérance ainsi que vos affaires personnelles au vestiaire. Et n’oubliez pas de rapporter vos notes de frais. »

Pourquoi?

Pour lire une autre sorte de fantasy (light, ici) et rire !

Des tranches de vie?

Dans le roman que je vais évoquer, il s’agit plutôt de « lignes de vies ». Je m’explique.

Patricia Cowan est âgée. Le personnel de la maison de retraite ne cesse de répéter qu’elle est confuse. Et de là, nous remontons dans les souvenirs de Patsy (ou est-ce Trish? Patty? Tricia?), on remonte avec elle dans ses souvenirs, mais…. quelle vie a-t’elle menée finalement ?

Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès ? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.

Jo Wharton a écrit…un chef d’oeuvre. Purement et simplement.
J’ai été accrochée à ce livre sans pouvoir le lâcher – puis, mon compagnon après moi.

Donc, à la question: « pourquoi? »,  je réponds: « attention grand roman », émotionnel, attachant, bien écrit. C’est l’un de mes récents coups de coeur.

Pour terminer, je vais me permettre un léger changement

Un manga? (mais un manga historique)

Une sélection estivale sans illustrations? Sans dessin ? Sans BD? Non, je ne peux pas!

Mon choix se portera sur cette excellente série qu’est Thermae Romae ((テルマエ・ロマエ, Terumae Romae) de Mari Yamazaki, une mangaka passionnée par l’Italie (elle a enseigné l’italien au Japon) et par la série Rome.
Dessins fouillés, scénario efficace, humour, renseignements historiques et culturels nickel, la série commence doucement (le 1er tome n’est pas le meilleur) et prend vite un rythme de croisière qui fait demander « la suite ».

Agréable à lire, on vient vite à bout des 6 tomes (un nombre correct pour un manga).

 

Pourquoi?

Parce que le manga, c’est aussi ça (je suis lasse de lire « manga = violence » , une formule trop souvent utilisée de la part des non-connaisseurs…); pour apprendre aussi.

 Je vous souhaite de bonnes lectures et un début d’été … en pente douce (à la fois titre d’un roman et du film qui en a été tiré) – ou comment faire ma maligne en finissant comme j’ai commencé, avec des clins d’oeil ^_^

Thème : Fête des pères (un père dans la littérature)

Un thème sur les pères, cette semaine – qui m’a laissée encore plus perplexe que celui sur les mères. Disons que je suis certainement plus marquée par les figures féminines, en général, que masculines….

En me posant la question du choix du livre, j’ai réalisé que je tenais ma réponse en trois parties pour un tiercé « littérature américaine ».

1 – Le père insensible: « Les ombres du passé » (Thomas H. Cook)

Vingt ans après avoir fui sa ville natale en Virginie, Roy revient au pays pour veiller son père, atteint d’un cancer incurable. Mais, en retournant au bercail, c’est tout le passé traumatique de sa famille qui lui remonte soudainement au visage : le suicide de son frère en prison après qu’il a tué les parents de sa petite amie, sa rupture avec Lila, son amour de jeunesse, qui ne s’est jamais remise du drame… La cohabitation avec ce père à l’agonie est loin d’être aisée. Le vieil homme ne l’a jamais aimé et lui a toujours préféré son frère. À présent, il lui reproche son départ, sa lâcheté. Comment expliquer une telle dureté envers son fils : Roy aurait-il des choses à se reprocher ? Pourquoi Lila ne semble toujours pas vouloir lui pardonner ? Et le pardonner de quoi au juste ? Sans parler du vieux shérif à la retraite qui le regarde étrangement… En rentrant au pays, ce sont tous les cadavres qui sortent du placard. Une fois la machine lancée, rien ne peut l’arrêter et Roy se retrouve pris dans l’engrenage du passé…

Dans ce très bon roman policier, Thomas H.Cook explore une fois de plus la nature des relations père/fils. Roy Slater, le père du protagoniste Jesse Slater, s’est détourné de son fils cadet: il lui a toujours implicitement reproché le suicide de son aîné. Ainsi se tissent des années de malentendus et de non-dits sur fond de double meurtre.
Père insensible, absent d’une grande partie de la vie: ce lien nourrit la  noire fureur de Jesse Slater tandis que le ressentiment né de cet évènement gouvernera sa vie. C’est cette rancoeur, quasi-haineuse,  qui, pourtant, triomphera (puisque d’elle jailliront les retrouvailles avec le père, Roy).

 

2 – Le père prêt à tout : « La route » (Cormac Mc Carthy)

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. On ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie.

On y voit un  père qui, malgré les circonstances (apocalypse, quand même!) , tente d’éduquer du mieux qu’il peut son fils, l’Enfant. (il ne sera jamais nommé).  Mais le père a ce courage nécessaire pour inculquer à son fils le prix de la vie, même au milieu des cadavres brûlés, sous un paysage recouvert de cendres. (la cendre comme la Route sont autant de personnages centraux).

L’univers de ce roman est dépouillé à l’extrême. Il n’y a rien ou presque ; simplement la route, un enfant et son père, un caddie, de la cendre et toujours cette route vers le sud entourée de corps en décomposition.

C’est d’abord une histoire d’amour – peut-être la plus déchirante jamais écrite –, celle d’un homme et de son fils, ou d’un enfant et de son père, « chacun tout l’univers de l’autre » (p. 11). Si la mère est absente, c’est qu’elle s’est suicidée, refusant cette vie de souffrances, de peur et d’errance. Et si l’enfant n’a que son père, ce dernier n’a que son fils entre lui et la mort. La survie de l’enfant mobilise toute son attention, toute son énergie, au point qu’il finit par abandonner, en la posant simplement sur le sol, la seule photographie de son épouse défunte en sa possession. Veiller sur son fils est une mission divine : « C’est mon enfant, dit-il. Je suis en train de lui laver les cheveux pour enlever les restes de la cervelle d’un mort. C’est mon rôle. » (p. 68) ; « Mon rôle c’est de prendre soin de toi. J’en ai été chargé par Dieu. » (p. 71).

source 1     ,

2

 

C’est avec une écriture concise, épurée que McCarthy boucle ce presque-classique de la littérature américaine. Le livre est dédié à son fils.

 

3 – Le père, héros ordinaire: « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » (Harper Lee)

Celui-ci est le premier titre que j’avais initialement choisi.

« To kill a mockingbird » est, à mon avis, un très beau et et très grand roman.  Je l’ai déjà dit mais j’ai encore du mal à comprendre qu’il soit si peu connu et peu lu ici, en France. (ça s’arrange petit à petit mais…)

Sud de l’Alabama:  dans la petite ville puritaine de Maycomb, où l’avocat Atticus Finch élève seul ses deux enfants : Jem (Jeremy), un garçon de dix ans, et Scout,(Jean Louise)  une fillette intrépide de 6 ans. Nous sommes dans les années 1930, années de crise où culminent la Prohibition et la Ségrégation. Les Noirs travaillent dans les champs de coton et les fermes. Atticus Finch, avocat et veuf, élève ses deux enfants , avec l’aide d’une gouvernante noire, Calpurnia, qui tient lieu de mère aux deux enfants. Scout est la narratrice. Jem et Scout se lient d’amitié avec Dill, un garçon qui séjourne chez sa tante pendant l’été. Les trois enfants sont terrifiés et fascinés par leur voisin Boo Radley qui vit reclus chez lui. Les enfants imaginent l’apparence de Boo et les raisons qui le poussent à rester chez lui, et essayent de le faire sortir de sa maison. Scout et Jem trouvent des petits cadeaux dans l’arbre situé devant la maison des Radley.

Atticus, le père, semble dépassé par ses deux garnements.
Récit d’enfance, roman d’apprentissage (- décidément, je les aime ! – ), « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » nous livre la vision d’une petite fille (POV : Jean Louise alias Scout) sur celui des adultes – un monde qu’elle ne comprend pas encore . De l’autre côté, son père, Atticus mène un combat qu’on pourrait qualifier de perdu d’avance, sans baisser les bras.

Il est intéressant de noter que, 50 ans plus tard, un autre manuscrit d’Harper Lee sera publié (« Va et poste une sentinelle ») qui présente un tout autre aspect de la figure paternelle .

 

Voilà, bonnes lectures!

Une pensée aux papas qui ne sont plus là…

 

La revanche de l’épouvanteur – Joseph Delaney

Je suis arrivée au bout de la série de l’Epouvanteur avec ce tome 13 (La revanche de l’Epouvanteur)  que je suis depuis des années et qui, il faut le noter, avait tendance à s’attarder  un peu en chemin depuis plusieurs tomes (réflexion bien connue du lecteur impatient : » mais va-t’on en voir le bout? Pourquoi c’est si looooong?! »).

L’Epouvanteur – ou en version originale «  The Wardstone Chronicles », littéralement « Les Chroniques de la Pierre des Ward » est une série de  treize tomes (+ deux autres hors-série)  publiés en France  chez Bayard jeunesse.  Jeunesse mais attention, horreur à l’honneur!   selon les scènes décrites par l’auteur, Joseph Delaney.

 Pour résumer  A Chipenden, comté (largement inspiré du Lancashire)  d’une Angleterre habitée par diverses créatures de folklore comme les sorcières ou les gobelins. L’Épouvanteur est chargé de contrôler les manifestations du surnaturel, voire d’y mettre fin.  Au début de la série,  John Gregory –  l’Epouvanteur – prend un nouvel apprenti, Thomas J. Ward, le narrateur, qui devra apprendre à lutter contre les diverses manifestations de l’Obscur et du Malin.

 

La série suit donc l’apprentissage du jeune Tom, son évolution, la lutte contre les forces obscures. Il a 12 ans quand on fait sa connaissance dans le premier tome et 16, dans le dernier, alors qu’il s’apprête à devenir un Epouvanteur à part entière.

Comme d’habitude, j’ai écrit ce récit de mémoire en me servant au besoin de mon cahier et de mon journal. Pour le moment je ne suis qu’un apprenti, mais un jour, je serai l’Epouvanteur.
Thomas J. Ward
Au fil des romans, Delaney a su développer un univers particulier, qui se situe dans une Angleterre imaginaire ou ré-imaginée.
« Halloween est proche. Les serviteurs du Malin se rassemblent, venus de partout. À l’heure où Tom Ward et ses compagnons ont tant besoin d’être unis, les voilà tragiquement séparés par les choix douloureux qui leur sont imposés. Tom est censé accomplir un rituel barbare qui remet en question sa propre humanité. Alice s’apprête à user d’un sortilège susceptible de l’envoyer définitivement dans l’obscur. Quant à l’Épouvanteur, il découvre que son meilleur apprenti lui a dissimulé bien des choses au cours des dernières années.
Le délai est passé. Le Malin va resurgir. Tom saura-t-il aller au bout de la tâche pour laquelle il est venu au monde ? La mystérieuse pierre des Ward révélera-t-elle ses secrets?
Tom, Alice (son amie, sorcière n’ayant pas pour l’instant basculé dans l’Obscur – the Dark), Grimalkin (sorcière-tueuse rangée du côté de Tom et de l’Epouvanteur), et John Gregory (Epouvanteur en titre, vieillissant) se préparent à livrer l’ultime bataille contre le Malin.
Le Malin, c’est cette entité malfaisante (en V.O, Delaney le nomme: the Fiend) qui menace l’équilibre du monde humain.
Le dénouement est donc proche. La tension s’intensifie…et tout se conclut très rapidement, avec des revirements de situation qui, hélas, ne sont pas à la hauteur de la série. Peut-être le suspense né de l’attente est-il à l’origine de ce sentiment de frustration – que je ne suis pas la seule à avoir éprouvé, il reste que l’impression qui se dégage de ce de tome est celle d’un «  on termine vite fait et on passe à autre chose ». Car une suite est déjà en cours en Angleterre (les aventures de Tom Ward devenu Epouvanteur, « The Starblade Chronicles« ).
Attention – si vous désirez commencer la série ou la finir tranquillement, mieux vaut ne pas lire le paragraphe suivant ! –
Trop vite Alice se détourne de Tom – juste après l’avoir de nouveau embrassé, mais quel coeur d’artichaut!  Comment est-ce possible?
Trop vite on apprend qu’elle est devenue une Pernicieuse (une sorcière de l’Obscur), sans comprendre réellement comment tout cela est arrivé. De même, la bataille est à peu près aussi vite expédiée que la Bataille des Cinq Armées dans le Hobbit (le livre, pas le film, hein!).
Très vite, John Gregory est tué dans cette fameuse dernière bataille. (« Oh, tiens, il était comme mon second père », j’exagère à peine) et très vite, on comprend qu’anéantir le Malin était une grosse bourde. Grimalkin, que l’auteur semble particulièrement apprécier, disparaît du paysage presque aussi vite ( « je me barre pour combattre ailleurs« )
Comment dire?
Je suis restée sur ma faim – et sur cette fin en demi-teinte.
Bien sûr, on peut envisager cette clôture de cycle comme une mise en bouche pour la suite, la trilogie à venir tant la chute  du roman … ne termine rien du tout, en fait.
Tom devient l’épouvanteur, mais cela, le lecteur le sait depuis le début puisqu’il est le narrateur de sa propre histoire.
Il reste que bon nombre de questions restent sans réponses.
J’en ai bien une (réponse): Joseph Delaney est malin comme son Malin, i.e démoniaque, puisqu’il nous attire, nous séduit, pour mieux nous accrocher (au cas où nous ne serions pas devenus addicts à ses histoires).
Finalement,  cette  petite déception – ou du moins, mon sentiment d’insatisfaction passager – est quasiment un mal pour un bien: je suis sûre d’avoir envie de lire les prochaines démêlés du nouvel épouvanteur!
Edit: la suite prouve que j’avais raison. Delaney est très malin 😉