Premières lignes

« Le faune se dissimula vivement derrière un grand chêne. Dans le mouvement, une mèche de ses cheveux bruns bouclés passa devant ses yeux d’or. d’un geste nerveux, il la ramena derrière ses oreilles levées. La chasse approchait….(…)

« La Gaule, au début du cinquième siècle après Jésus-Christ.
Cerné par les barbares, minés par les intrigues internes et les jeux malsains du pouvoir, l’Empire romain, devenu chrétien depuis peu, décline lentement.
Dans une villa d’Aquitania, perdue au milieu des forêts, vit Thya, seize ans, fille du général romain Gnaeus Sertor. À cinq ans, elle a manifesté pour la première fois des dons de devin. Mais dans l’Empire chrétien, il ne fait plus bon être oracle, et à cause de ce secret qu’elle doit garder, Thya est devenue une adolescente solitaire, à l’avenir incertain.
Lors d’une des visites en Aquitania, Gnaeus tombe sous les coups d’assassins à la solde de son fils Aedon qui souhaite s’emparer de son siège au sénat. Il est ramené à la villa entre la vie et la mort et Thya cherche dans ses visions un moyen de le sauver. Son don lui permet d’apercevoir la forteresse de Brog, dans les montagnes du nord, là où, autrefois, Gnaeus a obtenu sa plus grande victoire contre les Vandales. Elle comprend alors qu’elle doit s’y rendre et s’enfuit dans la nuit.Sa route sera pavée de rencontres, Enoch, un jeune et séduisant barbare, ou encore un faune, un être surnaturel issu du monde païen, et Thya va évoluer et découvrir un monde en mutation qui n’est pas exactement celui que lui décrivait son père… »

1er tome de la trilogie « La voie des Oracles », Thya a réussi ce que je croyais presque impossible : me réconcilier avec la narration d’Estelle Faye. En effet, j’ai déjà lu plusieurs de ses romans et, à chaque fois, j’ai été un peu déçue (« ça commence bien mais….il manque quelque chose »). Cela me paraissait dommage, comme si je passais à côté d’une écrivaine talentueuse. Et je suis certaine qu’elle l’est !  Peut-être ai-je lu des romans qui ne me correspondaient pas à un instant T…Je pense que c’était le cas.
Cette fois, « Thya  » a su m’embarquer agréablement – personnages, narration, intrigue.
J’ai été captivée et je vais dès la semaine prochaine aller chercher les deux tomes suivants à la bibliothèque.

Chère Mrs.Bird – AJ Pearce

 

 

Londres, 1941. À vingt-quatre ans, Emmy n’a qu’un rêve : devenir reporter de guerre. Un rêve qui semble sur le point de se réaliser lorsque la jeune femme décroche un poste au London Evening Chronicles. Enfin, Emmy va pouvoir entrer dans le vif du sujet, partir sur le front, se faire un nom au fil de la plume ! Las, c’est un poste d’assistante à la rédaction du magazine féminin Women’s Day qui lui est offert. La mission d’Emmy : répondre aux courriers des lectrices adressés à Mrs Bird, la rédactrice en chef du journal. Mais attention, la terrifiante Mrs Bird est très stricte, et seules les demandes les plus vertueuses se verront offrir une réponse expéditive dans le poussiéreux journal. Un cas de conscience pour la jeune journaliste qui refuse de laisser ses concitoyennes en mal d’amour et de soutien amical, errer dans les limbes en raison du diktat imposé par une vieille conservatrice bon teint. Et Emmy a un plan pour outrepasser l’autorité de Mrs Bird…

C’est en tombant par hasard sur un exemplaire d’un magazine féminin de 1939 que l’autrice AJ Pearce a eu l’idée en 2012 du roman « Chère Mrs. Bird« .
Depuis, ce premier roman a fait son chemin puisqu’il est publié et traduit un peu partout dans le monde – surfant sur une vague feelgood à la  »  Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ». Une adaptation est même prévue pour la TV anglaise .

A priori, c’est une lecture qui me plaisait – même si le côté feelgood à tout prix commence vraiment à me porter sur les nerfs.
A posteriori, mon avis est beaucoup plus mitigé que je ne l’aurais souhaité en lisant les premiers chapitres.
Certes, l’intrigue n’est pas ici pour que le lecteur se fasse mal aux neurones. Mais le tout est très bien renseigné; ce n’est pas un hasard si AJ Pearce est diplômé en Histoire; il y a là un vrai travail de documentation.

Mais ce n’est pas ce qui m’a chagrinée.
En premier lieu, il y a une abondance  de l’emploi des majuscules qui tend sérieusement à ralentir le rythme de la phrase. L’autrice a ici un désir de souligner de façon exagérée le sens de certains mots ou certaines expressions :
ex: » – Vous N’Etes Pas Renvoyée, a dit Lord Overton,a rticulant chaque mot comme s’il s’adressait à une attardée. »
Bingo ! C’est à peu près l’effet que m’a donnée la lecture de certains passages (« j’ai compris, c’est un effet comique, mais peux-tu arrêter un instant ….trop c’est trop » me suis-je dit plusieurs fois).
autre ex: «  L’expression de Mrs. Bird signifiait clairement Mais Dans Quel Etat Etes-vous? mais elle a fulminé en silence » – et j’ai fulminé en même temps….

Comment dire, sinon que la répétition de cet effet tue complètement l’effet en lui-même – et donc le comique. Ou bien : trop de Majuscules Tuent Les Majuscules.

Et j’en viens aux personnages. La fameuse Mrs.Bird , une admirable caricature de mégère, est bien campée  – j’avais dans la tête l’image de la grand -mère de Neville dans Harry Potter, Augusta Longdubat, robe verte, étole de renard, chapeau orné d’un vautour empaillé et sac-à-main rouge !
Quant à Emmeline Lake, la narratrice, si elle montre un grand courage, elle a peu de consistance, se contentant trop souvent de se comporter en charmante cruche, un peu bornée. Je veux bien croire au « elle est le fruit de son éducation/de son époque » mais de là à en faire une telle écervelée…

Heureusement que toutes les femmes ayant la vingtaine dans les années 40 n’étaient pas aussi gourdes, j’en veux  pour preuve  mes propres grands-mères qui étaient d’une autre trempe et dont les parents n’appartenaient pas à la classe aisée.
(Ici, la grand-mère et la mère d’Emmy ont été des suffragettes tandis que son père est un médecin)
Néanmoins, on ne peut reprocher à AJ Pearce d’avoir décrit des lâches. Les femmes sont aussi courageuses et importantes que les hommes, aucun problème à ce sujet.

 

Je passe sur la facilité de l’intrigue, l’évident dénouement et la fin un brin bâclée.
Le meilleur du roman réside dans les lettres envoyées au courrier de Mrs. Bird et dans la réaction inappropriée de Henrietta Bird. Ces passages sont certainement les plus touchants de réalisme, de comique, de tendresse du livre.

Ici, AJ Pearce lit un extrait (les lettres):

En conclusion, « Chère Mrs.Bird » est une lecture sans prise de tête, qui pour ma part rime un peu trop avec une certaine vision de l’Angleterre qui se vend bien ( le « so british » ).
C’est sans doute ce que je retiendrais de ce livre: insipide. Gentil mais sans saveur.
A emmener en vacances, peut-être ?

Premières lignes

“Tell me everything. Start with what was happening between you and Max.”

Je préfère ne pas plus développer les premières lignes de ce roman qui sont assez intrigantes.

Max, Corey, Fallon, Zane et Ella étaient cinq amis d’enfance mais après la mort de Jessica, la grande sœur de l’un d’entre eux, ils se sont séparés. Ils se retrouvent à la fin du lycée, soudés par une envie commune : se venger du monde. Mais jusqu’où iront-ils pour se faire justice ?

En tant que lecteurs, nous suivons Ella, point de vue principal. Petit à petit, nous rencontrons les autres protagonistes: Max, son petit-ami, Corey, Fallon et Zane, qui étaient ses amis.
Au fil des chapitres,  introduits pour chacun par une question dont on ne peut qu’essayer d’imaginer l’auteur (et il y a de grandes chances de se tromper complètement !), Ella tente de répondre aux interrogations en retraçant les événements qui ont conduit à la situation actuelle.
Chaque personnage est superbement décrit. Les cinq amis forment une sorte de club des 5 moderne, un gang à la Scoubidou, soumis à la réalité, celle qui fait mal…

Secrets, non-dits, colère, vengeance, Nous les déviants est aussi un roman d’apprentissage qui se lit très bien (chapitres courts, langage clair malgré quelques petites répétitions).
Le dénouement est un vrai coup de poing.
Et le livre, un vrai coup de coeur.

Une fois encore les éditions de La Belle Colère m’ont comblée.

C. J. Skuse est née en 1980 en Angleterre. Elle est déjà un auteur prolifique Jeunesse, dont deux romans, Ad-dict et Mauvais plans, ont été publiés en France par Gallimard dans la collection « Scripto ». Nous, les déviants,comme cet autre titre à venir, Monster, explore une nouvelle voie, plus proche du Stephen King de Différentes saisons.

  • 24/05/2017
  • Editeur : La Belle Colère
  • ISBN : 978-2-84337-862-1
  • EAN : 9782843378621
  • Format : Grand Format
  • Présentation : Broché
  • Nb. de pages : 380 pages

Premières lignes

« Je ne sais vraiment pas comment cette histoire a commencé.
Papa nous avait pourtant tout expliqué, un jour, dans la camionnette.
– Vous voyez, au Burundi c’est comme au Rwanda. Il y a trois groupes différents, on appelle ça les ethnies. Les Hutu sont les plus nombreux, ils osnt petits avec de gros nez.
– Comme Donatien ? j’avais demandé.
– Non, lui, c’est un Zaïrois, c’est pas pareil. (…) Il y a aussi les Twa, les pygmées. Eux, passons, ils sont quelques uns seulement, on va dire qu’ils ne comptent pas. Et puis, il y a les Tutsi, comme votre maman. « 

Ainsi débute « Petit pays » de Gaël Faye, un livre dont on a beaucoup parlé ces deux dernières années – et qui le mérite. Car, pour un premier roman, c’est non seulement une réussite mais c’est aussi une pépite d’écriture – et ça, ça fait du bien…

« En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire.

Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français… »

Gaël Faye relate non seulement non seulement les débuts d’ une guerre civile (Tutsi/Hutu) mais dépeint aussi l’Afrique, au travers d’un roman d’apprentissage.

« Je pensais au jour d’après, espérant que demain serait mieux qu’hier. Le bonheur ne se voit que dans le rétroviseur. Le jour d’après ? Regarde-le. Il est là. A massacrer les espoirs, à rendre l’horizon vain, à froisser les rêves.

Magnifique lecture sur l’enfance, sur l’Afrique, sur le métissage, et tant d’autres sujets, Petit pays est servi par une écriture lumineuse et ciselée.

Pour ma part, j’ai été d’autant plus conquise que j’ai travaillé  plusieurs années avec des collègues venu.e.s du Rwanda et du Burundi qui, après avoir vécu l’horreur, transmettait une confiance dans l’espoir rarement vue ailleurs.

T’as pas vu ma pop ( Les origines) #7 – Punky reggae party

Nous étions dans les années 70 la semaine dernière avec le virage psychédélique/glam emprunté par la pop culture. Nous sommes à présent à la fin de la même décennie, décidément très riche pour la pop (art, musique, mode, état d’esprit, …).
1975, la période hippie, le rock à paillettes et le folk sont à leur apogée. Le rock se change en hard-rock mais pour le reste, la contestation et le nouveauté s’engluent.
Il est temps pour le punk d’exploser…
Mais parlons avant tout de reggae.

Sur une île bien loin de l’Angleterre, un mélange détonnant a abouti au reggae.
Le reggae, c’est à l’origine ceci :

« Le reggae est le fruit de nombreuses rencontres et de métissages : évolution du ska puis du rocksteady, il trouve ses racines dans les rythmes et musiques blanches coloniales qu’on faisait jouer aux esclaves (polkamazurkascottishquadrille mais aussi musiques de types militaires , les musiques traditionnelles caribéennes (mento puis calypso), mais il est aussi très influencé par le Rhythm and blues, le jazz et la soul music .Le ska, le rocksteady et le reggae ont pris au mento le jeu à contretemps de la guitare rythmique, et aussi certaines chansons transformées »

— Linton Kwesi Johnson,
Entretien avec Bruno Blum (1994)

Mento:

.

Et donc, vous allez me dire ? Quel rapport avec la choucroute ? Heu… avec le punk ? J’y arrive.

En 1977, le groupe punk The Clash reprend sur son 1er album la chanson de Junior Murvin « Police and thieves » (enregistrée en Jamaïque en 76).  Le groupe rajoute une ligne en forme de clin d’oeil aux Ramones, l’un des 1ers groupes punks « We’re going through a tight wind ». 

La version du Clash:

Le futur roi du reggae, Bob Marley de son côté ne manque pas de rendre hommage aux groupes punks – et à la « new wave » montante dans Punky reggae party:

« New wave, new wave, new rave
Wailers be there
The Dammed, The Jam, The Clash
Maytals will be there
Doctor Feelgood too, ooh
No boring old farts, no boring old farts, no boring old farts
Will be there »

Alors, punk et reggae, même combat ? Oui ou non ?

Ce n’est pas si simple.

Don Letts , rapporte ceci (sacré Bob, au passage) :

Were punk and reggae ever at odds? Or was there common ground from the start?

It’s easy to see what punk got out of the fusion: basslines, the anti-establishment stance, musical reportage. What reggae got in return was exposure. That was all it needed. But there were uneasy and suspicious bedfellows on reggae’s side.

I fell out with Bob Marley over punk. I had on some bondage trousers and he said to me, ‘Don Letts, whatcha dealin’ wit? You look like one of dem nasty punk rockers.’ I said, ‘Hold on a minute, these are my mates!’ He’d obviously been reading the tabloids, which portrayed punks negatively.

I didn’t tell him to fuck off but as a baby dread I held my ground. Later he was moved to write that song, ‘Punky Reggae Party’, which put reggae on the map. So I figure I got the last laugh.
(Don Letts interview)

Comme quoi, chacun avait des idées un peu arrêtées. Et la presse, surtout les tabloïds anglais, n’ont rien fait pour arranger l’image des punks. Mais ça, on le sait. C’est toujours plus facile de faire passer les gens pour des imbéciles violents (clichés) que de parler d’un mouvement artistique qui émerge (même s’il comprend aussi des imbéciles et des crétins violents parmi eux, évidemment). 

T’as pas vu ma pop

Au milieu des années 70, le mouvement punk connaît son apogée (76/77 en Angleterre). Il est significatif de la culture pop en ce qu’il est l’héritier manifeste des sous-cultures qui l’ont précédé (Ramones, contest song, pop art, situationnisme). On ne manquera pas de remarquer qu’il laisse une influence notoire sur ce qui va suivre: mode, coiffure, musiques, art graphique, 

 

Le punk anglais est singulier car non seulement engagé politiquement mais fortement métissé. On voit  un mouvement urbain ( et blanc dans sa dominance) se mélanger à l’influence de la culture caribéenne, noire, chaloupée et religieuse.

Paul Simonon, le bassiste de Clash, a grandi dans la banlieue jamaïcaine de Londres (Brixton) et dit lui-même avoir principalement du reggae (il n’y a qu’à écouter la façon dont il fait sonner sa basse pour s’en apercevoir). 

C’est d’ailleurs Paul Simonon qui chante ce titre très reggae du Clash:

Le reggae, pour les Jamaïcains, c’est la musique de la libération, la voix des esclaves un peu comme le tambour l’est pour les Antilles françaises  : le gwo-ka guadeloupéen, la véritable musique de la Guadeloupe quand le zouk actuel n’est qu’un amusant air de danse  ( je vous invite à faire connaissance avec ses rythmes ).

Les exilés jamaïcains emmènent dans leur bagages le son, la culture, la révolte, le rastafari .

 

Dans l’Angleterre de 1976, les émeutes de l’été à Notting Hill pendant lesquelles noirs et policiers se sont affrontés donnent cette idée à The Clash: que la jeunesse blanche se révolte aux côtés de la communauté noire !

Un hymne punk est né:

Chez les Sex Pistols, c’est John Lydon (Johnny Rotten) qui est un grand fan de reggae. Il part avec Don Letts en Jamaïque lors que le groupe se dissout. (ci-dessous, John Lydon ex-Sex Pistols, PIL, en Jamaïque):

 

A la fin des 70’s, la pop est devenue une sorte d’hybride en se métissant avec la soul, le rock, le punk, le reggae et voit la naissance de son prochain rejeton: le hip hop.
Les liens entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique sont faits, les codes vestimentaires se sont inspirés les uns de autres. La pop s’est inventé un look, elle devient une mode – fin prête pour les années 80 en vue. Affaire à suivre….

 

 

Malcolm McLaren et Vivienne Westwood – 1977

 

Pour aller plus loin:

  • un article sur John Lydon en voyage en Jamaïque
  • Interview de Don Letts
  • Le documentaire The Story of Jamaican Music disponible sur Youtube en plusieurs parties
  • Sur le punk en lui-même, une émission récente
  • John Lydon à propos du punk
  • D’actualité: Jacques Higelin pionnier punk (?) – j’ai un peu de mal avec cette affirmation, le punk français s’étant nourri d’autres sources 
  • Afro punk
  • Punk et black music:

Afropunk :

« Afropunk est né pour donner de la visibilité à une diversité artistique que ne célébraient pas suffisamment les médias mainstream et rappeler que le rock puise justement ses racines dans les musiques produites par des Noirs. Cette réappropriation constitue une petite révolution au sens premier du terme : un retour aux inspirations originales de la musique « blanchie » par l’histoire. »

 

Music is might #20

Music is might est une série d’articles faisant des liens entre des chansons )ou des vidéos qui, a priori, n’ont rien à voir entre elles; parlant de liens émotionnels, d’ univers musicaux découverts ou à découvrir. Quand la musique fait sens…

 

C’est  l’une des histoires  » d’inspiration  » qui me fait le plus sourire, celle-ci.

En 2009, Flo Rida sort ce titre, hautement critiqué, autant pour ses paroles misogynes que pour sa façon de faire un mauvais remake. Ecoutez plutôt, il s’agit de « Right round »:

Vu comme ça, on dirait bien que c’est, en effet, un remake peu inspiré de « You spin me round » de Dead or Alive:

Le plus drôle de l’histoire se passe en 2009 quand le chanteur de Big Bang, G Dragon,  sort sur son album solo « Heartbreaker » :

Sony Music envoie alors des menaces à l’agence  qui produit Gd (la YG), accusant l’artiste coréen d’avoir plagié  Flo Rida. La YG répond qu’il n’y a rien de fait au plan légal puis contacte les représentants de Flo Rida. Finalement, tout s’arrange quand Flo Rida accepte d’apparaître dans une version de Heartbreaker avec G Dragon.

Ce qu’en dit Flo Rida interrogé à ce sujet? Pas grand chose, en fait.

Je n’ai pas l’impression que la chanson de Flo Rida soit restée dans les mémoires. Mais je peux attester que celle de Gd l’est, puisque c’est celle qu’il choisit pour introduire son show.

 

 

 

Premières lignes #8avril

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit.
Les premières lignes rendez vous créé par le blog, Ma lecturothèque .

Les 1ères lignes de cette semaine viennent d’un texte à mi-chemin entre le récit et l’autobiographie qui a fait assez parler de lui suite à l’élection de Donald Trump.

 

Quatrième de couverture pour planter le décor:

Dans ce récit à la fois personnel et politique, J.D. Vance raconte son enfance chaotique dans les Appalaches, cette immense région des États-Unis qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter.
Il décrit avec humanité et bienveillance la rude vie de ces « petits Blancs » du Midwest que l’on dit xénophobes et qui ont voté pour Donald Trump. Roman autobiographique, roman d’un transfuge, Hillbilly Élégie nous fait entendre la voix d’une classe désillusionnée et pose des questions essentielles. Comment peut-on ne pas manger à sa faim dans le pays le plus riche du monde ? Comment l’Amérique démocrate, ouvrière et digne est-elle devenue républicaine, pauvre et pleine de rancune ?

Ce qui est intéressant, c’est l’ouverture du récit par ces mots:

« Je n’ai pas écrit ce livre parce que j’ai fait quoi que ce soit de remarquable. Au contraire, je l’ai fait après avoir réussi une chose assez commune qui, pourtant, n’arrive presque jamais à ceux qui ont grandi là où je suis né. Car, voyez-vous, je viens d’une famille pauvre de la Rust Belt, une ancienne région industrielle, ayant vécu dans une petite ville de l’Ohio où l’on produisait de l’acier et qui subit une récession et connaît une découragement croissant d’aussi loin que remontent mes souvenirs. »

Et, en effet, l’auteur âgé de  32 ans lors de la publication de son autobiographie n’a pas tant de choses à relater sinon une enfance mouvementée et la réalisation du rêve américain ou, comme il le répète assez souvent dans la dernière partie du livre: « comment j’ai réussi » – si tant est que la réussite personnelle soit liée au nombre de dollars sur un compte en banque – mais je chipote….

Lecture intéressante, particulièrement la 1ère moitié qui concerne les origines de sa famille, l’enfance de l’auteur, « Hillbilly élégie » est bien documenté et ressemble presque à un essai, du moins au début du livre.
L’auteur n’explique pas « pourquoi les petits blancs pauvres ont voté Trump », l’astuce vendeuse de l’éditeur étant un peu facile, sur ce point; mais par la description de la vie des hillbillies, son expérience personnelle, on comprend mieux ce qui se profile derrière ce refuge dans la xénophobie et l’ultra-conservatisme (l’auteur ne se cache pas être lui-même un conservateur).

C’est là un récit très honnête, souvent poignant.
Malheureusement, la partie qui relate l’ascension sociale de l’auteur est assez fatigante et pleine de répétitions (je dois dire que j’ai lu le dernier tiers en grande diagonale, ne perdant pas grand chose au passage). Pourtant, je ne regrette en rien cette lecture, qui peut être un plus pour un(e) lecteur(rice) européen(ne). En effet, nous sommes assez perplexes devant ce vote (Trump) et parfois, nous oublions – ou ignorons ce qui est fort compréhensible- certaines réalités qui ne nous touchent pas forcément.
Pour finir, je me ferais l’avocat du diable en ajoutant que nous avons ici même en France nos  propres « hillbillies », (votant Le Pen ou Wauquiez et consorts) , et les solutions pour tenter de réduire la pauvreté ou la précarité sont loin d’être plus efficaces que celles apportées par les politiciens américains.(mais je dis ça, je ne dis rien, bien sûr).

Hillbilly élégie – J.D Vance 
Editions Globe
Traduit de l’anglais
(États-Unis)
par Vincent Raynaud
288 pages
22 €

 

T’as pas vu ma pop (Les origines) # 6 – Glam, psychédélique et 70’s

On a vu la semaine dernière que les années 50 et 60 apportaient leur lot de tribus stylées, les sixties ayant permis une véritable explosion de la musique pop.

La deuxième moitié des années 60 voit un basculement dans le rock et le psychédélisme     qui connaît un pic entre 67 et 69 dans l’art pictural et la musique. Affiches, posters, pochettes de disques, tout est à la sauce psychédélique.

La littérature n’est pas en reste (à lire le très dense « Acid test » de Tom Wolfe). Les artistes n’ont de cesse d’ouvrir leurs portes de la perception (the doors of perception – qui inspireront si bien Jim Morrison et cie).

« Le terme « psychédélique » apparaît au grand jour en 1966, avec la sortie du disque The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators, élaboré par The 13th Floor Elevators, groupe texan considéré aujourd’hui comme l’archétype du groupe psychédélique.

13th Floor elevators

See Emily play – Pink Floyd (1967)

Electric Prunes – Had too much to dream last night :

 

A la fin des années 60, la pop psychédélique, que l’on qualifie de plus en plus de « pop-rock » se perd peu à peu. Certains groupes se tournent vers le folk, d’autres vers le funk et bien sûr, vers le rock. Les Beatles initient  un tournant en 1967 avec  Sergent pepper’s, l’ album sur lequel  ils jouent  la fanfare en satin fantaisie. Vers le début des années 70, l’un des rejetons du rock psychédélique fait parler de lui : le glam rock. Emblématique de la culture pop, cette branche du rock célèbre les vêtements recherchés, l’androgynie, et un certain retour au rock plus dur.

Nick Kent écrit à ce sujet:

« En 1970, plusieurs événements ont déjà sonné le glas du rêve utopiste des 60’s: la séparation lamentable des Beatles, les exploits sordides de la famille Manson, les morts successives de Jimi Hendrix et Janis Joplin. Aussi, lorsque, en 1971, Jim Morrison rejoint les deux derniers cités, il devient évident que la glorieuse révolution contre-culturelle que lui et d’autres prophétisaient n’aura pas lieu. Les rues anglaises se mettent à grouiller d’une nouvelle sous-culture skinhead inquiétante, tandis que les musiciens rock s’égarent dans d’interminables jams soporifiques. Puis, à la fin de la même année, le glam commence à scintiller sur ce paysage culturel morose. « 

Là où la pop avait versé dans le rock progressif (Yes, Genesis, King Crimson), le glam rock est en quelque sorte le précurseur de ce que sera le punk quelques années plus tard.

Le précurseur du genre, David Bowie:

N’oublions pas Roxy Music 

La figure de proue du glam, c’est Marc Bolan avec le groupe T. Rex (Ze groupe glam):

 Velvet Goldmine , le film de 1999 est intéressant à regarder pour sa  vision du glam – sans compter qu’on y voit Ewan McGregor ainsi que Jonathan Rhys Meyers dans leurs jeunes années (beaux et sexy):

On touche bientôt le fond du bocal à paillettes avec Gary Glitter:

Les femmes ne sont pas en reste – Suzi Quatro

qui précède tout juste les exploits des Runaways.

Si les tenues jouent sur l’androgynie, les stars de l’époque ne sont pourtant pas ouvertement gay. Iggy, Mick Jagger, David Bowie surfent sur une ambiguïté bi, pas forcément assumée. Seule star glam des années 70 à affirmer son homosexualité, Jobriath déclare : « I am the true fairy of rock’n’roll ». Il est la 1ère pop star gay:

 

Face au rock prog qui se donne de grandes ambitions, le glam a un côté WTF

  • nom stupides
  • paroles simplistes
  • allures étranges
  • mélodies simples et joyeuses (les fameuses sonorités pop, car majoritairement composées avec des accords majeurs – plus fun que le mode mineur qui est plus utilisé dans le blues et donc, dans le rock)
  • provocation
  • un certain mauvais goût (voir ci-dessous Sweet en 1973):

On voit que le lien entre le camp et le glam rock est étroit (j’avais parlé du camp dans un autre article).

Une fois de plus, l’attitude, le style, le décalage, le too much  se retrouvent dans la pop culture.

En 1973, un groupe de jeunes agités révolutionne la scène new-yorkaise alors que le glam rock secoue encore Londres. Empruntant au glam, les tenues et les attitudes, les New York Dolls préfigurent le punk.

D’ailleurs, les Dolls et les Sex Pistols ont ce point commun: un certain Malcolm McLaren qui sait y faire en matière de marketing et de relooking… Et si McLaren échoue avec les tenues de cuir rouge des New York Dolls, il réussira fort bien avec son grand projet (ou est-ce la grande escroquerie du rock’n’roll – the great rock’n’rol swindle?) : the Sex Pistols. Mais ceci est une autre histoire…de la pop culture.

Pour aller plus loin:

 

 

Music is might #19

 

Music is might est une série d’articles faisant des liens entre des chansons )ou des vidéos qui, a priori, n’ont rien à voir entre elles; parlant de liens émotionnels, d’ univers musicaux découverts ou à découvrir. Quand la musique fait sens…

Le titre est une référence à JK Rowling qui dans Harry Potter utilise le  slogan  « Magic is might ». En français, l’allitération en « m » est malheureusement perdue (la traduction est « la magie est puissance », chap. 12 des « Reliques de la mort »

 

Cette semaine, c’est un petit air de flûte qui m’a trotté dans la tête (et je suis bien placée pour ça, vivant avec un flûtiste).
Très étrangement, cet air est l’intro d’un titre absolument énervant et, bien sûr, entêtant: Bum bum tam tam

La chanson est sortie à la fin de l’année dernière (2017, donc). Elle est brésilienne et elle parle de …remuer son boule (paroles riches!).
Et donc, l’air de flûte est simplement du Bach !

 

Premières lignes

« L’aube allait pointer dans deux heures. J’attendais dans la cuisine dont les murs s’écaillaient en fumant une des cigarettes de Sarah, bercé par le rythme du cyclone. « 

 Carbone modifié de Richard Morgan.

J’aurais dû me douter que j’aurais du mal avec ce roman cyberpunk… La série tirée du livre ne m’a pas convaincue (abandonnée en cours de route). Manque de chance, ça a été le même verdict.

Le premier tiers du roman m’a captivé mais très vite j’ai retrouvé certains défauts remarqués déjà dans le début de la série. Trop d’enjeux , de manipulations et un gros manque d’informations sur le personnage principal, de précisions sur son passé ( les flash-backs sans contexte ne sont pas très utiles!)

L’intrigue est assez mal ficelée: elle se complexifie de plus en plus, avec de plus en plus de personnages mais sans que l’auteur précise qui est qui.
C’est dommage, car l’univers décrit par Morgan donne envie de se plonger dans le récit; les personnages principaux aussi. Ensuite, je dois dire que j’ai été peu réceptive aux scènes brutales et sexuelles tellement clichés. Je suis contente d’avoir essayé même si je n’ai pas accroché (pas dans le mood, désolée).

Dans un avenir pas si lointain, la mort n’est plus définitive : vous pouvez sauvegarder votre conscience et vos souvenirs et les réimplanter dans un nouveau corps. De fait, pour Takeshi Kovacs, mourir n’est plus qu’un accident de parcours : il a déjà été tué plusieurs fois. C’étaient les risques du métier dans les Corps diplomatiques, les troupes d’élite du Protectorat des Nations unies expédiées à travers la galaxie. Mais cette fois, on le ramène sur Terre pour mener l’enquête : un riche magnat veut élucider sa propre mort. La police a conclu au suicide. Or, pourquoi se suicider quand on sauvegarde son esprit tous les jours, certain de revenir parmi les vivants .