Les dossiers de la pop : Girls (s.1 à 6)

les dossiers de la pop

Girls (saison 1 à 6) 

J’avais entendu parler de cette série pour diverses raisons, dont les polémiques auxquelles Lena Dunham, créatrice, réalisatrice et actrice de la série (à 31 ans, excusez du peu) a dû faire face.
Déclarations inappropriées (défendre un scénariste accusé de viol, c’est moyen), tendance au racisme hipster ( Lena serait victime de son milieu social : riche, parents influents, blanc….et c’est assez visible dans Girls, d »ailleurs). En fait, Dunham est plutôt une grande gueule  pro-femmes – elle a créé Lenny Letter – qui a le talent, la créativité de son côté et qui, de plus, ne rentre pas dans un moule « belle fille classiquement impeccable ».

« Avant même la diffusion du premier épisode de Girls, Lena Dunham déchaînait les passions. La créatrice de la série, 25 ans à l’époque, est portée au pinacle, descendue en flèche, adorée, méprisée. Selon les points de vue, la jeune femme est brillante, insupportable, intrépide, raciste, grosse, c’est un pur produit du népotisme ou la voix d’une génération –voire un mélange d’un peu tout ça. »

source

Girls, donc. C’est donc une série sur des « filles » qui deviennent des femmes.
Cela se passe à  New York, avec le lot qui accompagne cette partie de la vingtaine: travailler, trouver le job idéal, trouver l’amour, vivre une vie sexuelle passionnée ou épanouie, sortir, se cultiver…
Au début, le personnage de Hannah Horvath paraît indissociable de sa créatrice et Lena/Hannah semblent ne faire qu’un. On se demande à quel point la créatrice nous narre sa biographie.
Et puis, on se rend compte de l’importance de la satire derrière ce Friends féminin version 2010’s. Car la série a un véritable ton, malicieux, acerbe, bien vu, très bien pensé  et mis en scène,  qui s’accentue au fil des épisodes et des saisons. Et même si les reproches persistent (ils sont donc tous blancs et issus d’un milieu privilégié ? ), les personnages font mouche.

 

« Lena Dunham: Le débat sur la diversité ethnique dans la série, je le comprends complètement. Et dans la mesure où on peut approuver quelque chose qui est très, très critique à son égard, ben j’y ai totalement souscrit, tu vois ce que je veux dire?

(…)

C’est un peu les deux extrêmes. Il y en a d’autres comme: est-ce que c’est une série féministe, est-ce que c’est irresponsable de montrer la sexualité des femmes de cette façon-là, est-ce que ça sert ou dessert la cause des femmes– c’est le genre de trucs où je me dis «Bon, on se calme?».

 

Mais qui sont ces "dames"?

Girls a bouclé sa sixième et dernière saison l’année dernière.
Girls est donc ce genre de séries que j’aurais tendance à éviter, a priori (ne me parlez pas de Sex and the city ! )

Déjà, ça s’appelle « girls » – et tout titre comprenant le mot « fille » (girl) me file largement une crise d’urticaire. C’est un peu comme essayer de me vendre un roman en me disant  » c’est bien, c’est léger c’est de la chick-lit feelgood » : je m’enfuis en courant.
Ensuite, je ne fais pas partie a priori du public visé.
Une fois ceci posé, je suis venue à cette série parce que, comme je le disais, j’en avais souvent entendu parler, polémiques incluses. La deuxième raison tient presque de l’anecdote: je voulais voir Adam Driver (Kylo Ren) dans un autre rôle que le post-ado énervé. J’ai eu raison: Adam joue  Adam, un comédien un rien branle-la-guiche et  décalé qui est au début de l’histoire le petit-ami d’Hannah.

 

Hormis Adam Driver, la série exerce un charme de plus en plus accentué. Les épisodes nous montrent autant de scènes amusantes, tristes, quasi-réelles, absurdes aussi. Et la magie opère. On a envie de connaître la suite. Mais au-delà de ça, certains épisodes sont de vrais pépites, très intelligemment conçus. C’est le cas du 3ème épisode de la saison 6 aborde le cas épineux de la culture du viol  de façon subtile

« L’épisode propose au fond un commentaire large et ambitieux sur les mécanismes d’une culture prompte à excuser les hommes de pouvoir et les artistes. Lena Dunham trouve un moyen implacable de répondre à tous ceux qui protègent ces hommes qui ne se posent pas la question du consentement: en décortiquant les rouages d’un système. Au-dessus du bureau de Chuck trône un tableau de Woody Allen se pointant un pistolet sur la tempe. Impossible de ne pas le voir, même s’il n’est jamais mis en avant. Ce détail fait écho à la phrase de l’écrivain expliquant qu’il n’avait pas forcé les filles en pointant un pistolet sur leur tempe. Pourtant, cet épisode démontre bien qu’un homme n’a pas besoin d’un pistolet pour forcer une femme. Il existe d’autres armes -moins tangibles- qui deviennent tout aussi dangereuses. » (source)

 

Que ce soit pour des épisodes de ce genre ou pour d’autres plus légers, la série Girls mérite largement d’être visionnée.