« Bon Agornin se tortilla sur son lit de mort en battant des ailes comme pour s’envoler vers une nouvelle vie. Les médecins étaient partis, résignés, et même ses filles avaient cessé de lui répéter qu’il irait mieux. Dans sa grande caverne pleine de courants d’air, il posa la tête sur son maigre tas d’or, tenta de rester immobile, inspira avec difficulté. «
Cette semaine, les premières lignes citées proviennent d’un roman particulier, puisqu’il s’agit d’un roman victorien chez les dragons. Vous avez bien lu. Jo Walton, connue pour « Morwenna » ou « Mes vrais enfants » (à lire tous les deux) a transposé les codes du roman victorien (en particulier, « La cure de Framley » d’Anthony Trollope) dans la fantasy.
L’autrice s’est demandée ce qui se passerait si les codes de société étaient basés sur des particularités biologiques de la race à laquelle appartiendraient les personnages (les dragons, donc).
Si on retrouve les éléments du genre ( la course au mariage et aux dots, la gentry arriviste méprisée par la noblesse, l’ entrée dans le monde des jeunes filles , etc…), les personnages sont tous des dragons qui ont une forte tendance à se dévorer entre eux (la chair de dragon étant censée apporter force, puissance et faisant grandir celui qui en consomme).
Les dragons ont gardé leurs habitudes : ils aiment dormir sur un tas d’or, chasser et consommer de la viande crue (et fraîche). Ils ont aussi le caractère propre aux dragons (fiers, un peu colériques, avec des envies de grandeur et de puissance) .Mais ils portent des chapeaux , des perruques (cf. la scène du tribunal) et des accessoires extravagants. Ils aiment également se faire lustrer les écailles par leurs serviteurs qui, eux, n’ont pas le droit de voler et gardent les ailes attachées. Car la vie n’est pas rose au pays des dragons: la servitude existe. Les femelles naissent dépourvues de griffes (elles ont des mains) et doivent leur survie à leurs protecteurs, les mâles.
La religion est aussi très présente. Les prêtres ont le droit de se marier mais pas celui de voler: par humilité, ils se déplacent en transports ou à pattes.
On pense souvent à Jane Austen pour le ton. , à Trollope, bien sûr , aux soeurs Brontë et à Elizabeth Gaskell . Certains ont voulu y voir aussi une sorte de « Dragon abbey » (amusant et assez vrai).
Les thématiques abordées sont nombreuses et le talent de Jo Walton, omniprésent ; bref, les Griffes et le Crocs est un roman qui se dévore de façon très agréable.
Pour en savoir plus:
- les différentes formes de fantasy ( gaslamp fantasy et fantasy of manners) chez le Culte d’Apophis
- Anthony Trollope
Editions Denoël
Pays : Royaume-uni
Collection Lunes d’encre
Parution : 21-09-2017
Résumé : Bon Agornin a eu une longue et belle vie, mais sa fin est proche, il le sent. Étendu près de son trésor, il attend la mort. Toute sa famille est réunie pour vivre avec lui ses derniers instants : ses deux fils et ses trois filles, ainsi que son gendre, l’Illustre Daverak qui héritera de son domaine.
Bon Agornin tient absolument à se confesser à son fils aîné, il veut partir absous de ses péchés, d’autant que ceux-ci sont immenses : afin de pouvoir devenir un dragon de soixante-dix pieds de long, capable de voler et de cracher du feu, il a dévoré son frère et sa sœur – les carcasses de bœuf ne suffisent pas pour mener à bien une telle entreprise…
«Je n’ai pas eu le choix», se justifie-t-il, dans son dernier souffle. Avant d’être dévoré à son tour par ses héritiers, comme le veut la tradition chez les dragons.
Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit.
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(Merci pour le lien)
Belle critique ! Pour Dragon Abbey, j’ai bien peur de devoir plaider coupable 😉
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J’aime beaucoup la formule😀👍
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Je crois que j’ai raté une grande carrière dans la publicité ou le marketing, je suis doué pour les slogans-chocs 😀
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Je crois aussi !
Remarque, ça fait de bons titres pour les blogs ^^
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Ce livre me tente depuis un moment déjà. J’espère que j’aurai l’occasion de le lire d’ici les prochains mois ^^
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J’espère que tu auras l’occasion de le lire. Jo Walton, c’est toujours un régal.
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