Premières lignes #11novembre

En ce 11 novembre, non, je ne vais pas citer des Premières Lignes en relation avec l’Armistice. Je vais parler …de brumes :

 » Adamsberg, assis sur un rocher de la jetée du port, regardait les marins de Grimsey rentrer de la pêche quotidienne, amarrer, soulever les filets. Ici, sur cette petite île islandaise, on l’appelait « Berg ». Vent du large, onze degrés, soleil brouillé et puanteur des déchets de poisson. Il avait oublié qu’il y a un temps, il était commissaire, à la tête des vingt-sept agents de la Brigade criminelle de Paris, 13 ème arrondissement. « 

Pour les fidèles,  dès les premières lignes, on reconnaît le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, qu’on avait laissé en Islande dans le tome précédent: Temps glaciaires.

 

Cette fois, après un retour délicat en France, le commissaire va se pencher sur une affaire étrange qui va menacer de faire exploser son équipe (sédition au sein de la Brigade !) – une affaire de venin… et d’araignées recluses  (arachnophobes, ne craignez rien, j’ai pu lire sans problèmes les passages en lien avec les araignées alors que je suis gravement atteinte ^^) – ou bien parle-t’on d’une autre forme de réclusion ? La question restera longtemps en suspens…

Si vous avez déjà lu Fred Vargas, vous retomberez vite sous le charme de son écriture circulaire : on avance doucement, comme si de rien n’était, dans l’enquête – qui est, une fois de plus, brillante ! . Et si vous ne l’avez jamais lue, alors, prenez le temps de vous laisser capter par les brumes et les bulles gazeuses qui errent dans le cerveau du personnage d’Adamsberg.

Lire Vargas, c’est une gourmandise. On a l’impression à chaque fois de retrouver des potes (la Brigade, mais aussi Mathias, l’un des « évangélistes » rencontré pour la première fois dans « Debout les morts » qui vient ici donner un sacré coup de main ), on attend, on hésite et la magie opère au fil de dialogues décalés, d’idées saugrenues et de personnages fantasques.  Un exemple :

«  »- Raconte-moi cette femme qui t’a offert une araignée morte.
– Les hommes offrent bien des manteaux de fourrure. Quelle idée. Imagine-toi serrer dans te bras une femme qui porte soixante écureuils morts sur le dos.
– Tu vas porter ton araignée sur le dos ?
– Je l’ai déjà sur les épaules. Louis. » (dialogue Adamsberg/Veyrenc)

Mais si le commissaire peut paraître toujours aussi perché (le « pelleteur de nuages »), l’affaire dont il est question est ficelée avec brio – et fort bien documentée. Que dire de plus ? Il faut lire Fred Vargas !

 

 

«- Trois morts, c’est exact, dit Danglard. Mais cela regarde les médecins, les épidémiologistes, les zoologues. Nous, en aucun cas. Ce n’est pas de notre compétence.
– Ce qu’il serait bon de vérifier, dit Adamsberg. J’ai donc rendez-vous demain au Muséum d’Histoire naturelle.
– Je ne veux pas y croire, je ne veux pas y croire. Revenez-nous, commissaire. Bon sang mais
dans quelles brumes avez-vous perdu la vue?
– Je vois très bien dans les brumes, dit Adamsberg un peu sèchement, en posant ses deux mains à plat sur la table. Je vais donc être net. Je crois que ces trois hommes ont été assassinés.
– Assassinés, répéta le commandant Danglard. Par l’araignée recluse?»
  • Editions Flammarion
  • Hors collection – Policier et thriller
  • Paru le 10/05/2017
  • Genre : Policiers, thrillers