Premières lignes #29septembre

Les premières lignes de cette semaine nous entraînent dans les grands espaces :

 « C’est étrange, d’écrire ces premiers mots, comme si je me penchais par-dessus le silence moisi d’un puits, et que je voyais mon visage apparaître à la surface de l’eau – tout petit et se présentant sous un angle si  inhabituel que je suis surprise de constater qu’il s’agit de mon reflet. après tout ce temps, un stylo a quelque chose de raide et d’encombrant dans ma main. « 

Dans la forêt par Hegland

Enfin, j’arrive à mettre la main sur ce roman dont j’entends parler depuis pas mal de temps. Et, pour info, il existe aussi un film datant de 2015,  avec Ellen Page et Evan Rachel Wood (ça, c’est un casting bien trouvé), Into the forest. 

Jean Hegland avait commencé son roman dans les années 80. Dans la forêt a finalement été édité en 1996 et seulement en 2017, aux éditions Gallmeister, en France.
Pourtant, le propos est tout à fait d’actualité – il faudrait simplement y ajouter l’urgence du réchauffement climatique pour expliquer ce qui a pu provoquer le grand désastre. Car s’il s’agit d’un roman d’anticipation, Dans la forêt est un peu comme La route de  Cormac McCarthy. On ne sait pas ce qui est arrivé exactement. On ne sait pas non plus comment c’est arrivé. On n’est pas là pour connaître les détails.
On  suit le parcours des deux adolescentes Eva et Nell via le prisme de Nell, ses lectures (principalement l’encyclopédie)  et son journal intime. Ce point de vue est forcément biaisé mais c’est le seul dont on dispose – un habile truc (et classique) pour entourlouper les lecteurs mais qui fonctionne bien.

Mais si les deux adolescentes suivent un chemin quasi-initiatique tout au long de l’oeuvre (vie, mort, deuil, naissance), elles ne sont finalement pas les personnages centraux de l’histoire. Le seul personnage principal, c’est bien la forêt elle-même, entité poétique et véritablement vivante qui permet aux humains survivants de (re)trouver leur place dans un monde en profond changement.
La symbolique du végétal est partout (la grande souche du séquoia, par ex.). Végétal comme élément onirique et vital en opposition à un monde industriel sur le déclin. Cela est particulièrement flagrant avec la description de la ville de Redwood abandonnée et du supermarché pillé.

Dans la forêt m’a souvent fait penser à un autre roman qui n’est ni post-apocalyptique, ni américain mais qui joue avec les mêmes codes (renaissance, attente, végétal fortement symbolique) : Un balcon en forêt de Julien Gracq. 

Résumé : Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.

Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle

Elles en ont parlé dans le cadre du HMSFFF challenge (thème du mois d’août) : 
June and cie 
Pretty Rosemary 
Alberte Bly

Interview de Jean Hegland 
Jean Hegland parle de la naissance de Dans la forêt (en anglais)

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 Mille rêves en moi

L’automne en images et en musique (2ème saison) – 14

L’an dernier, je vous avais proposé de me suivre durant tout l’automne dans des découvertes (et/ou des coups de coeur) graphiques et musicales (l’intégrale ici).

Je débute cet automne par un article musical avec une vidéo qui date de 2017 et qui vient d’Asie centrale, plus exactement du Kazakhstan. On ne peut pas dire qu’on entende souvent, ici en France, des titres issus des Stan (Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Turkménistan). 
Et pourtant… La pop, le rock et le rap y coexistent, avec plus ou moins de possibilités de s’y exprimer librement selon les pays ( de nombreuses dictatures y sont installées ).

Malgré tout, certains artistes ont réussi à aborder des sujets sensibles. Je pense entre autres au rappeur 7gen (Djetigen)  qui chante en kirghize la révolte des steppes de 1916 ou les inégalités sociales :

Et d’autres se sont imposés en Russie, comme  Adil Zhalelov, connu sous le nom de Skriptonite, rappeur kazakh.

Mais j’en viens au titre que j’ai découvert et qui est beaucoup plus fun et plus parodique. Signé par le collectif Jokeasses, originaire d’Almaty au Kazakhstan, il parodie le rap avec des paroles totalement décalées (les sous-titres s’activent et ça en vaut la peine). Je ne parle même pas de la mélodie et du refrain qui sont aussi démoniaque que PSY et son Gangnam style – j’ai prévenu (vous n’allez pas me remercier quand vous l’aurez en tête). 

Zhonti feat. NN-Beka – ZYN ZYN

Et puisque j’en suis à parler du Kazakhstan, je viens de voir la vidéo de Till Lindemann, chanteur de Rammstein qui sort un album solo courant novembre. Sa particularité ? Elle a été tournée au Kazakhstan … (et on ne refuse pas ce qui touche à Rammstein, bien sûr). 

Premières lignes – Magic Charly – T.1

Des Premières lignes 

« Dans la douceur du petit matin, la roulotte rouge embaume les confitures. Un lumière dorée tombe dans le coin cuisine et, comme à leur habitude, les trois marmites de cuivre bouillonnent sur le feu.
Charly se balance sur sa chaise. Il ne quitte pas des yeux l’assiette que sa grand-mère remplit de beignets. C’est déjà la deuxième fournée.
– Je pense que cette fois, ils sont parfaits, dit-elle en posant l’assiette devant lui.
Puis elle tape deux fois dans ses mains :
– Grimoire ?
A son signal, un livre obèse se traîne sur la table et s’ouvre poussivement sur une page blanche. « 

Comme je le disais la semaine dernière, je résiste difficilement à une histoire qui parle de mages/de sorcières et de sorciers, bref, de magie. Et ce roman-là, depuis que j’en avais entendu parler, je le guettais dans les bibliothèques. Le voilà !

Cet apprenti magicier qui a tout oublié de ses propres pouvoirs, qui vit hors du monde magique tranquillement avec sa mère, proviseure d’un étrange collège, complètement non-magique suit un parcours assez classique du héros. Charly redécouvre un jour son appartenance à un monde différent et assez cruel (décidément, jamais sympa, l’univers des sorciers et des mages). Parler de balais, de sorts et d’un univers géré par des mages nous renvoie toujours à Harry Potter, évidemment. Ici, les références sont bien faites (je pense aux balais), assumées mais surtout, traitées avec humour. Car, de l’humour, il y en a ! La plume dAudrey Alwett est bien affûtée, ce qui fait qu’on est souvent plus proche d’un Terry Pratchett que d’une énième histoire de petit sorcier (sans lunettes).
Il y a beaucoup de points forts dans ce premier tome. L’écriture et l’humour en font partie largement. Mais sans dévoiler l’intrigue, des détails sont aussi plus poignants et tout aussi bien traités.

J’ai été conquise par ce Magic Charly. De plus, l’autrice sera à Nantes pour Halloween et des contes de terreur (et des dédicaces). Je crois que je suis restée une grande enfant….

Images source 

L’Antiquité par Joseph Kuhn-Régnier – L’été de l’art. 43

 

Cette fois, c’est bien le dernier de cet été de l’art. On arrive doucement en automne….
Je clos cette série 2019 avec un illustrateur du début du XXème siècle, connu en France pour avoir été l’un des spécialistes de l’illustration d’ouvrages pédagogiques relatifs à l’Antiquité. Mais pas seulement pédagogiques puisqu’il est aussi connu pour avoir illustré de façon joliment érotique « Les chansons de Bilitis » de Pierre Louÿs (un bel exemple de mystification littéraire, d’ailleurs).
Joseph Kuhn-Régnier a aussi fait des illustrations pour des contes.

 

 

Joseph Kuhn-Régnier 7

 

Joseph Kuhn-Régnier 5

Joseph Kuhn-Régnier 4

 

Joseph Kuhn-Régnier 3

 

 

Joseph KUHN-REGNIER (1873-) L'enlèvement de la Belle Hélène

 

 

 

 

 

Premières lignes: Haute école – Sylvie Denis

Visiblement, mes premières lignes de septembre sont carrément décalées le lundi.

 » Hérus Tork avait toujours attendu la mort de Mérot l’Ancien.
Cela datait du jour même de son arrivée à la Haute-Ecole. Le directeur était venu jeter un coup d’oeil aux nouveaux, envoyés par leurs parents à peine d=célébré leur sixième anniversaire. Levé à l’aube, il s’était lavé à l’eau froide et avait avalé un petit-déjeuner loin d’être succulent, mais copieux. Puis il s’était mis en rang avec une douzaine de nouvelles recrues dans une des innombrables cours des multiples bâtiments qui jouxtaient le château. « 

C’est connu, dès que je tombe sur une histoire où il est question de mages, de magicien.nes, de pouvoirs de quelque chose, je suis très faible. Il faut que je lise… même si c’est pour refermer très vite le livre parce que je suis tombée sur une intrigue particulièrement indigente . Mais ça n’est pas le cas, heureusement pour moi, avec Haute-Ecole. Au contraire.
J’ai vite été captivée par cette histoire de magiciens exploités – conditionnés et réduits en esclavage serait plutôt les termes corrects- ainsi que par les efforts des magiciens clandestins qui tentent de renverser ce système. Il y a de l’aventure, de l’héroïsme, des trahisons, de l’amour (et la romance ne gâche rien, contrairement à ce que j’ai pu lire quelque part …). On suit les points de vue de différents protagonistes – et là aussi, c’est une réussite : voilà des personnages forts et complexes à commencer par Arik Renshaw (ce charisme de fou…). L’univers est très intéressant à découvrir et j’avais envie de dire « mais je veux en savoir plus ! « .
Et l’écriture ? Je pense que c’est là  ma plus agréable surprise. Pas seulement fluide, mais aussi fine et souvent poétique.
Le seul petit bémol, c’est sûrement que certains passages auraient mérité d’être développés. Et puis, et puis…. y-a t’il une suite ? Sincèrement, cet univers en mérite une.
Parce que si ce n’est pas un livre qui révolutionne la fantasy , c’est un bon livre et ça, c’est important.
Et le meilleur, c’est qu’il est sorti en poche (merci  pour nos étagères) à l’Atalante. 

Haute-Ecole – Sylvie Denis 

Résumé : Le sort des magiciens n’intéresse que quelques intellectuels contestataires. Les enfants dotés de pouvoirs magiques sont enlevés à leurs familles afin d’être éduqués à la Haute-École et contrôlés par la noblesse. Au moment où le règne d’Urbain IV s’achève, Mérot l’Ancien, le directeur de la Haute-École, meurt et les complots se multiplient : marchands rêvant de pouvoir politique, soldats amers, paysans appauvris, magiciens asservis. Hérus Tork, qui intrigue pour succéder à Mérot, achève sa patrouille annuelle à la recherche des magiciens cachés. Lors de sa dernière halte il capture Raoul des Crapauds, le fils d’un boulanger, mais ne repère pas Ian qui décide de partir à la capitale à la recherche des magiciens clandestins…

La fantasy de Magdalena Katańska – L’été de l’art #42

Bientôt la fin de cette série de l’été de l’art et cette semaine une artiste polonaise Magdalena Katańska qui illustre aussi bien Tolkien que des jeux vidéos

Le Silmarillon

 

Ride to Gondor !

Frostpunk (jeu video)

 

 

 

Negoō lamb (baby)

 

 

Magdalena Katanska
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Premières lignes #9septembre

Un roman précurseur de la fantasy, cette semaine avec ces Premières Lignes :

« L’Etat indépendant du Dorimare était un pays minuscule. Bordé au sud par la mer, au nord ainsi qu’à l’est par des montagnes, et tapissé en son centre d’une vaste plaine luxuriante irriguée par deux rivières, ses paysages et ses végétations ne manquaient pourtant pas de diversité. « 

Lud-en-Brume

 

Lud-en-Brume (Lud in the Mist) est sorti avant le Hobbit : il date de 1926On ne parle pas encore de fantasy, bien sûr et pourtant, avec ce roman de Hope Mirrlees, on plonge dans la faërie. Tour à tour conte, comédie, roman policier, critique sociale, Lud-en Brume dégage un charme certain (le trafic de fruits féeriques, quand même !). On peut parfois avoir de la peine avec les envolées lyriques ou quelques digressions qui nous semblent d’un autre âge mais je pense que tout cela fait partie du charme parfois suranné du roman. Il ne faut pas s’attendre à un rythme palpitant ni à une intrigue complexe et mieux vaut savoir prendre son temps pour apprécier les tribulations de Nathaniel Chantecler. Un roman à découvrir pour qui s’intéresse au merveilleux, à l’imaginaire et à la fantasy. 

A lire en parallèle :

  •  Stardust – Neil Gaiman
  • Jonathan Strange & Mr.Norrell – Susanna Clarke

 

Lud-en-Brume
Hope MIRRLEES,
Préface Douglas A. ANDERSON, Neil GAIMAN
CALLIDOR
360pp – 20,00 €

 

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Les livres et les illustrations pour enfants de Rosalinde Bonnet – L’été de l’art. 41

Je ne sais pas si c’est l’atmosphère de la rentrée scolaire qui, pourtant, ne me concerne plus, mais j’avais envie de  partager le travail de Rosalinde Bonnet  (oui, elle est française) qui écrit et illustre des livres pour enfants.

 

 

 

Son site

Ses livres

Son instagram

Premières lignes #2 septembre

Les premières lignes de la rentrée !
( ou bien : youpi, c’est septembre, au choix )

« Brouillard. Brume. Ou même bruine. Un nuage épais s’enroule comme uné charpe autour du réverbère de la gare, assourdit sa lueur. Sortis de nulle part, des rails jumeaux émergent de la purée de pois, tandis que le néant avale doucement le bout du quai. « 

Il y a deux semaines, j’étais plongée dans les aventures foldinguesques d’Agatha Raisin, cette fois, je suis  retournée en Angleterre, dans le Yorkshire, pour changer. En compagnie  de Samson et Delilah (ça ne s’invente pas ) j’ai donc pris  un Rendez-vous avec le crime  tout droit sorti de la veine des cosy mysteries  (ou cozies,  catégorie de romans policiers où la violence et le meurtre sont traités avec humour et minimisés; les enquêtes se déroulent souvent dans des petits villages et le ou les enquêteurs est souvent amateur ).

J’ai passé un très bon moment dans ce village malgré les secrets, les rancoeurs et les rancunes accumulés par les protagonistes (oh, ces histoires de famille !). 
Trouver le véritable meurtrier ne m’a pas paru trop difficile malgré la volonté de l’autrice de semer le doute.  Je suis donc une assez bonne détective et c’est avec plaisir que je suivrais à nouveau si j’en ai l’occasion des tribulations de nos détectives du Yorshire.

Résumé : » Quand Samson O’Brien débarque sur sa moto rouge à

Bruncliffe, dans le Yorkshire, pour y ouvrir son agence de détective privé, la plupart des habitants voient son arrivée d’un très mauvais oeil. De son côté, Delilah Metcalfe, génie de l’informatique au caractère bien trempé, tente de sauver de la faillite son site de rencontres amoureuses. Pour cela, elle décide de louer le rez-de-chaussée de ses locaux. Quelle n’est pas sa surprise quand son nouveau locataire se révèle être Samson? et qu’elle découvre que son entreprise porte les mêmes initiales que la sienne ! Les choses prennent un tour inattendu lorsque Samson met au jour une série de morts suspectes dont la piste le mène tout droit… à l’agence de rencontres de Delilah ! »

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