Premières lignes tout de suite :
« Samedi 6 avril
Je les rencontre une fois par semaine dans une rue en pente. Je les ramène chez moi et je les regarde vivre. Apparemment, ce sont des fleurs. Apparemment. Les choses ne sont jamais seulement des choses. «
Dans ce livre, il est beaucoup question de beauté, d’amour, de lumière, de Dieu, de vie et de mort. De fleurs aussi. La femme aimée, la « Plus que vive », est présente plus que jamais. Son absence est omniprésente. Il y est aussi question de musique (Mozart et Bach qui accompagnent l’auteur), de livres lus (de la poésie avec Höderlin ; les livres de Jünger,Bernanos et …Thérèse d’Avila — l’auteur est croyant ). Et d’écriture, bien sûr :
« Je me suis fait écrivain ou plus exactement je me suis laissé faire écrivain pour disposer d’un temps pur, vidé de toute occasion sérieuse. »
Tout à coup, en plein centre, à la date du 4 septembre, on trouve un long paragraphe, un autoportrait tracé en moins de cent lignes, étonnant. avec un radiateur. L’auteur change de ton, s’adresse aux lecteurs. C’est une vraie cassure dans ce journal au fil des jours aux phrases qui paraissent simples mais qui me semblent surtout bien pensées, ciselées. L’autoportrait accroche l’attention. Puis le discours intérieur que nous livre l’écrivain reprend, comme un chant, presque hypnotique. On se laisse bercer. Parfois, il y a ces phrases qui surprennent, saisissent le lecteur ou simplement l’envoûtent :
» Ces gens qui font la roue à la télévision, experts en économie ou animateurs de variétés, accomplissent la même besogne. On leur a confié le soin de nourrir l’imaginaire et la pensée d’un peuple. Ils le font maigrir et l’insultent. (…) Car il en va des sociétés comme des individus : le réel est toujours du côté du réfractaire, du fugitif, du résistant, de tout ce qu’on cherche à calmer, ordonner faire taire et qui revient quand même, et qui revient encore , et qui revient sans cesse — incorrigible. L’écriture est de ce côté- là. Tout ce qui s’entête à vivre est de ce coté-là. »
Ou simplement :
» L »ombre est venue. En été, elle descend des arbres et glisse sur les épaules. En hiver, elle monte de la terre, rentre dans le corps par les pieds. «
Ou encore :
« Vouloir plaire — c’est mettre sa vie dans la dépendance de ceux à qui l’on veut plaire et de cette part en eux, infantile, qui veut être sans fin être comblée. «
C’est un livre qui m’a permis de faire une pause alors que j’essaie de terminer une autre lecture qui s’essouffle (mais j’aimerais en venir à bout). Lire Bobin, c’est s’accorder une grande respiration, une bouffée d’air.
Résumé : « A la question toujours encombrante : qu’est-ce que tu écris en ce moment, je réponds que j’écris sur des fleurs, et qu’un autre jour je choisirai un sujet encore plus mince, plus humble si possible. Une tasse de café noir. Les aventures d’une feuille de cerisier. Mais pour l’heure, j’ai déjà beaucoup à voir : neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent. Je regarde leur tremblement sous les ailes du temps qui passe. Elles ont une manière rayonnante d’être sans défense, et j’écris cette phrase sous leur dictée : « Ce qui fait événement, c’est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c’est ce qui ne se protège pas de sa perte. » »
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