Premières lignes – 28 septembre

Premières lignes

« Derrière un rideau d’arbres, au fond de la forêt, un lac noir sous le ciel noir. Et le froid. un chuintement, une plainte. Un cri de douleur qui signe la fin de la nuit. Lentement, le noir du ciel se griffe d’or et d’argent, le cobalt fond sous l’indigo. Le gémissement à nouveau, résonne sans que personne ne soit là pour l’entendre. Un trait, un éclair nacré dans le blanc pur de la glace, et un soupir, le dernier, un son à lacérer  le coeur quand la plaque se scinde en deux. Le morceau de glace hésite, il tangue en suivant le clapot des eaux du lac. Le vent tombe, la plaque dérive. « 

C’est un roman jeunesse dont il s’agit qui oscille entre roman d’apprentissage et fantastique. L’écriture est particulièrement agréable et j’ai envie de dire : belle, ce qui est vraiment un point fort. L’ambiance de cette presqu’île, la forêt, le froid, les paysages, tout est admirablement décrit avec une grande poésie. Les personnages ne sont pas en reste et on suit sans trop de peine l’histoire entre le passé et le présent — et l’importance de l’un sur l’autre. De la même façon, on passe sans souci  de l’intrigue de Nanna/Soriane à celle de Albaan et sa famille. Les liens et les échos entre les deux histoires paraissent assez évidents à la lecture et tout fonctionne habilement.

La dimension fantastique reste légère mais toujours présente, renforcée par un climat anxiogène généré par la montée de la haine dans le village. Là aussi, j’ai trouvé que tout était bien mené et j’ai vraiment aimé cette lecture.

L’idée de cette société matriarcale (basée sur une véritable communauté comme je l’explique plus bas) m’a évidemment beaucoup plu.
J’ai peut-être regretté la romance un peu trop rapide qui ne m’a pas parue essentielle ni franchement très intéressante mais cela reste mon point de vue. Elle n’est pas non plus centrale mais m’a légèrement ennuyée, peut-être parce qu’elle plombe trop aisément la relation entre Albaan et Lilijann. Cela reste mon seul bémol.
Un beau roman jeunesse, dont j’ai vraiment apprécié l’écriture (je dois le redire une fois encore car ce n’est pas si fréquent). ❤️

Filles de la Walïlü par Roumiguière

Pour son roman, Cécile Roumiguière s’est inspirée d’une région de l’Estonie. Je vous invite à aller voir le reportage en photos ici L’île de Kihnu est une micro-société matriarcale. De là, elle a développé son histoire et les problématiques (comment grandit-on dans une telle société ? etc…). Elle l’explique dans son post consacré aux Filles de la Walïlü. 

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L’automne en images et en musique ( saison 3 ) – 26

Troisième édition (intégrale à retrouver ici)

Janusz Grabiański (1929-1976) est un illustrateur polonais de livres pour enfants.

« Il a illustré au cours d’une carrière internationale, de nombreux livres pour enfants dans les années 1960 et 1970 : contes de Perrault, contes d’Andersencontes de Grimm, les Mille et Une Nuitsles plus beaux contes d’animaux, des albums sur les chiens, les chats, les oiseaux. Il a également fait des illustrations publicitaires, notamment pour l’aviation nationale polonaise, et des cartes postales.  » (source)

 

 

Histoires d'animaux sauvages par Grabianski

 

Les Chats par Grabianski

Художник-иллюстратор Janusz Grabianski (Януш Грабянский) - ДЕТСКИЙ ЗАЛ ВГБИЛ им. М.И.РУДОМИНО

50 ans de travail social pour les enfants, 1969

Sans titre

Illustration pour le poème sur le cheval meunier du livre

Illustration pour le livre de Howard Pyle, Merry Adventures of Robin Hood (1ère édition, Iskry, Varsovie 1961)

Je trouve que ses chats sont excellents :

Illustration by Janusz Grabianski

JANUSZ GRABIAŃSKI KOT MAŁY ŁOBUZ 1966

Totalement fin 60’s — 70’s :

Meilleur service dans LOT, 1966

 

CONFEXIM, 1968

CONFEXIM, 1968

Plus d’illustrations ici même si l’article est en polonais (on peut avoir une traduction française, pas trop vilaine). Sur la vie de l’artiste, avec des photos (idem, il faut enclencher la traduction française, le site étant en polonais). Et ici, d’autres illustrations. 

Premières lignes – 21 septembre

Premières lignes 

« Mon père était roi et fils de rois. De petite taille comme la plupart des nôtres, il était bâti à la manière d’un taureau, tout en épaules. Ma mère avait quatorze ans lorsqu’il l’épousa, dès que la prêtresse eut confirmé sa fécondité. C’était un bon parti : de par sa condition de fille unique, la fortune de son père reviendrait à son époux. »

C’est avec grand plaisir que je me suis plongée dans ce roman qui revisite l’Iliade. Après avoir lu Circé il y a quelques mois, c’est donc Le chant d’Achille de Madeline Miller  (en traduction française, cette fois) que j’ai dégusté. Et une fois encore, c’est une réussite.
Le point de vue adopté est celui de Patrocle et c’est un choix judicieux. Car si l’on « connaît » Achille, on en sait peu sur Patrocle ( il n’y a pas tant d’informations que cela, d’ailleurs dans la mythologie et selon les auteurs, son histoire diffère).

Mais la grande force de Madeline Miller, c’est de montrer la vie quotidienne, l’intimité, les troubles et les doutes d’Achille et de Patrocle ; de décrire des scènes qui nous semble si proches, si vivantes qu’on a l’impression de se trouver au siège de Troie, près d’Ulysse et des autres. Un petit mot sur Ulysse en passant : comme j’ai lu Circé avant Le Chant d’Achille, j’ai remarqué que l’autrice avait une grande tendresse pour le personnage ( un petit faible 😉 ). Tous les autres personnages de l’Iliade sont ici bien présents, humains : ils paraissent agir devant nous (Agamemnon, pas vraiment sympathique ; Briséis, une figure féminine très intéressante ; Ménélas, plus consistant que dans certaines réécritures où il est parfois négligé ou décrit comme faible, Diomède et Ulysse, un sacré duo, etc etc…). J’allais oublier les personnages plus fantastiques comme le centaure Chiron absolument passionnant (je n’ose pas en dire plus). Et Thétis, la mère d’Achille, seul élément divin à être réellement présente parmi tous ces mortels.
Car Madeline Miller ne s’attarde pas sur la dimension divine : les dieux et les déesses sont bien là mais ils n’occupent pas la première place. L’invulnérabilité d’Achille (le fameux talon) n’est jamais évoqué. Il est seulement très rapide et voué à un destin exceptionnel. Cela lui confère un aspect plus accessible. Son histoire d’amour avec Patrocle — qui n’est pas laissée dans l’ombre mais totalement assumée — contribue à le rendre encore plus humain.
Un livre passionnant qu’il est difficile de lâcher une fois commencé !

Le chant d'Achille par Miller

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Marcus Behmer, style Beardsley

Marcus (Michael Douglas) Behmer ( 1879  Weimar – 1958  Berlin ) est un illustrateur, peintre, designer, graphiste et écrivain allemand.

« Marcus Behmer was a son of the painter Hermann Behmer. His artistic beginnings came with his first major success with the illustrations for Wilde‘s Salome in 1903. The early works show the influence of the illustrations of Aubrey Beardsley.

From 1914 he participated in the First World War (in Flanders and in Poland). In the summer of 1917 he fell ill « after an operation in the field ».

Marcus Behmer Portrait by Dorothea Werner 27.06.1947 190x232px.jpg

J’avais déjà parlé du Beardsley russe mais Behmer est encore plus proche en style de Beardsley ( ça se voit avec les illustrations de Salomé). Mais ce n’est pas seulement pour cela que j’ai choisi de le présenter. Car il y a une chose  à savoir à son sujet (que j’ignorais totalement) :

« Behmer had been since 1903 a member of the first homosexual organization in the world in Berlin (Whk)  . Because of his homosexuality, Behmer was sentenced in April 1937 by a court in Konstanz to imprisonment of two years. At times he was given the opportunity to work as an artist in prison. The works produced in this period are mostly tablets with Greek text (prayers and Bible quotes), and drawings full of bitterness and irony ».

Ver sacrum 

Autoportrait

Marcus BEHMER (1879-1958).

 

 

Salomé 

 

behmer13.jpg

Deux illustrations érotiques bien amusantes ici. 

Premières lignes – 14 septembre

Premières lignes 

« Il virevolte à travers le cabinet, mon volumineux dossier à la main. J’appréhende l’examen. « Asseyez-vous. Attendez-moi. venez par ici. Passez-moi les derniers champs visuels. Non, dans l’ordre chronologique. Arrêtez de parler.  » J’obéis à tout, servile, comme s’il s’agissait d’obtenir une bonne note ou une assurance de guérison. Je me laisse guider par un médecin réputé qui veut voir, de ses yeux voir, ce qui fait que les miens ne voient plus la nuit, et de moins en moins le jour. « 

C’est un livre original que j’ai terminé : pas un roman mais un récit. Et totalement autobiographique, puisqu’il s’agit de « La nuit se lève » dans lequel la journaliste Élisabeth   Quin  ( 28 minutes sur Arte ) raconte sa vie depuis qu’on lui a diagnostiqué un glaucome.
Dit comme ça, on pourrait penser que c’est plutôt….glauque et pas franchement folichon. Ce n’est pas le cas : déjà, parce qu’Elisabeth Quin est aussi brillante à l’écrit qu’à l’oral. Si ça en énerve certains ( comme d’habitude quand une femme se montre intelligente, belle, cultivée, etc… on connaît le refrain….), cela suscite mon admiration au contraire. J’ai particulièrement apprécié son humour, ses tournures de phrases. Il y a aussi beaucoup d’émotion : que faire quand on sait que la cécité est certainement inévitable ? Comment faire alors lorsqu’on aime lire ? Voir ? Apprécier la beauté visuelle?
Elle raconte aussi son parcours médical, les effets indésirables des médicaments, la possibilité d’une opération, sa peur face à cette nuit qui se lève.
On y trouve aussi la figure de l’aveugle, dans l’art, dans la littérature : des peintres, des artistes, le lien qu’elle cherche à tisser avec ces gens, des compagnons de non-voyance, en quelque sorte.

Petit livre truffé d’anecdotes, bijou d’écriture, sensible et plein d’auto-dérision, « La nuit se lève » vaut vraiment la peine d’être lu.

La nuit se lève par Quin

 

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Les flous d’Otto Schauer -L’été de l’art

 Otto Schauer (1923 – 1985) est un peintre allemand. Il a été initié à  la peinture par Anton Kolig (lui-même formé dans le milieu viennois de Klimt, Kokoschka et Schiele), et par Willi Baumeister. Schauer s’installe à Paris en 1950. Malgré ses liens avec Léger, Hartung et Hélion, il décide de suivre une voie figurative très personnelle scandée par des cycles inspirés des lieux où il a vécu. Marqué par le romantisme allemand, Schauer peint a tempera des paysages (Île de la grande fortune) ou des figures (Nu et montagne, 1966), (source)

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Femme et corneille 114 x 195, 1960

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(peintures)

Premières lignes – 7 septembre

Premières lignes

 » — Maman, je peux aller voir les étoiles ?
Tessa se détourna de son petit établi pour regarder sa fille plus petite encore. « Pour le moment, je ne peux pas t’y emmener, ma puce ». du menton, elle désigna le robot nettoyeur qu’elle s’efforçait de ranimer. « Je veux terminer avant l’appel de ton oncle Ashby. »
Aya sautillait sur place. de toute sa vie, elle n’avait jamais été immobile, ni quand elle dormait, ni quand elle était malade, ni même quand elle était encore dans le ventre de Tessa. « Je n’ai pas besoin de toi, dit Aya. Je peux y aller toute seule ».

Les voyageurs, tome 3 : Archives de l'exode par Chambers

Archives de l’exode (Record of a spaceborn few) constitue le troisième volet de la série de Becky Chambers entamée par L’espace d’un an , poursuivie par Libration.
Cette fois encore, on change de personnages même si Tessa, dont il est question dans les premières lignes,  a un lien avec le capitaine du Voyageur : c‘est sa soeur.
Pour les autres, ce sont autant de points de vue  que nous allons apprendre à suivre et à connaître, des voix diverses qui font écho et se recoupent, des tranches de vies dans l’espace, attachantes, uniques, sincères.

Cette fois encore, l’action n’est pas ébouriffante. Selon certains avis, le roman peut être »ennuyeux » mais à mon sens, ce n’est pas du tout le cas ; je pense que les personnes qui n’ont pas aimé « parce qu’il ne s’y passe rien » sont soit passées à côté de l’essentiel, soit, plus simplement, devraient se tourner vers d’autres types de  lectures (bourrées de scènes d’action, pour le coup). Mais, comme pour Libration, ce n’est pas le propos.
D’ailleurs, je pense que j’ai préféré ce tome 3 à Libration : plus de points de vue, justement. Libration était un peu limité — et c’était aussi le but recherché, vu le thème, mais j’étais restée sur ma faim. Celui-ci se déploie, explore l’âme.
J’aime toujours autant ce que peut écrire Becky Chambers — décidément, un coup de coeur.  A noter qu’un tome 4 de la même série est en prévision pour février 2021 tandis qu’un autre roman, indépendant de la série, vient de sortir en traduction française à l’Atalante : Apprendre si par bonheur. 

 

 

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