Solstice d’hiver et premières lignes
« Il suffisait de jeter un coup d’oeil à l’ombre de Clay Cooper pour deviner que l’homme était sans doute plus impressionnant encore qu’il en avait l’air. Plus grand que la plupart des gens, il avait de larges épaules et un torse évoquant un tonneau cerclé de fer. les chopes prenaient des allures de tasses en porcelaine entre ses mains. Cachés sous une barbe brune et broussailleuse, sa mâchoire était large et tranchante comme une lame de pelle. «
Cela faisait pas mal de temps que j’entendais parler de ce livre « il faut le lire », « c’est un chef d’oeuvre » mais, comme par hasard, je tombais continuellement sur le deuxième tome à la bibliothèque et j’avoue que je n’osais pas faire un achat pour le regretter ensuite ( rengaine familière : manque de place chez moi, et encore et surtout, gros manque de budget, gné gné gné ). Et puis, chef d’oeuvre, je veux bien, mais on m’a déjà sur-vendu des ouvrages récemment alors, j’ai un peu tendance à me méfier en ce moment ( oh, bonjour Le Prieuré de l’Oranger dont je n’ai jamais dépassé le tiers tellement c’est ennuyeux, pénible, convenu, long = inintéressant et mal écrit )
Mais j’ai un bonne nouvelle : Wyld : La mort ou la gloire est un bon roman. C’est le premier tome d’une série nommée en anglais The Band — et là, ça s’annonce bien.
Car, si on aime le rock et la fantasy ( et l’humour, et l’aventure — et pour ceux et celles qui en plus aiment D&D), alors, c’est plié : il faut le lire. Pour les autres aussi. Mais vu le nombre de références au rock, c’est un tantinet plus amusant quand on les a, à mon avis. Ou alors, il faut se munir d’un lexique.
Ensuite, comme je le disais un quelques phrases plus haut, il y a un paquet de petits clins d’oeil à Donjons et Dragons comme les fameux ours-hiboux ( le traitement en est plutôt marrant, d’ailleurs); pourtant, même sans être familier de l’univers, tout cela fonctionne très bien.
Le groupe, tout d’abord. Logiquement, il ne s’agit pas de musiciens mais de mercenaires qui, vingt ans plutôt, ont connu leur heure de gloire en débarrassant le monde d’un tas de créatures variées. Et oui, sur les terres du Wyld, le groupe de Clay, Gabriel, Ganelon, Mattrick et Moog, le célèbre Saga, était un roquebande (je n’invente rien) adulé. Les rois du Wyld ( ce qui fait penser à ça ).
Un jour, Gabriel, le leader, ( Golden Gabe en anglais, Gabriel le magnifique en français) vient demander de l’aide à son vieux pote Clay « Main lente » ( = Clay est l’équivalent du bassiste). Rose, (« Whole lotta Rosie » 😉 ) la fille de Gabe devenue à son tour une guerrière, est en fâcheuse posture. Il faut aller la secourir.
Oui, mais ils ont tous pris leur retraite, ils ont vieilli, ils ont grossi. Et quand il s’agit de reprendre la route, cela devient compliqué de reformer le groupe. Surtout qu’entre-temps, des petits jeunots et des petites jeunes sans scrupules ont pris leur place. Voilà que les anciens se font dépouiller sur la route. C’est moche. Ils y perdent des sandwiches pour la route et des chaussettes tricotées par la femme de Clay.
Il faut aussi récupérer le sorcier excentrique, Moog (= le clavier, forcément, vu le nom). Moog essaie de mettre au point un traitement contre une maladie terrible qui a emporté son mari (une référence à Freddie Mercury directe, d’ailleurs). Le personnage est un délice de folie douce mais aussi l’un des plus sympathiques, empli d’humanité. Car l’émotion est loin d’être absente dans ce doux délire, et ces péripéties parmi des populations et des bestioles variées (chimères, cannibales, kobolds, dragons, gorgone, etc). Il y a de très beaux moments d’amitié, des instants d’empathie, et des personnages très attachants ( le personnage de l’ettin, un étrange colosse à deux têtes va nous faire passer un moment inoubliable ).
D’autres compagnons se joignent à la quête — ou à la reformation du groupe, c’est comme on veut : Griffalouette, une femme aux ailes d’oiseau (Larspur en VO) et un revenant, trop souvent qualifié de zombie par les autres, Kit.
Enfin, d’anciens ennemis sont au rendez-vous comme Lastleaf, le druin, ce qui permet des combats mémorables.
Pour résumer : de l’aventure, beaucoup de créatures, de l’humour, des références au rock ( Fender, Coverdale, Neil Young, Syd Barrett, le grunge….), des références à D&D, de l’émotion, des personnages complexes, bien plus subtils que l’univers pourrait le laisser croire a priori (mais ne jamais avoir d’a priori, n’est-ce pas ?), des passages émouvants, des passages tragiques, voilà la recette de ce premier tome, complètement bluffant.
L’auteur a proposé sur son site une playlist titre par titre pour chaque chapitre et je me suis amusée à la suivre. (les liens vers spotify ne fonctionnent plus mais il a mentionné les titres). Un mot sur l’illustration de couverture. Elle se présente ainsi dans l’édition originale :
La voilà en édition française : La mort ou la gloire
Et voici la photo de référence ( AC/DC 1977)
Résumé : Clay Cooper et ses hommes étaient jadis les meilleurs des meilleurs, la bande de mercenaires la plus crainte et la plus renommée de ce côté-ci des Terres du Wyld – de véritables stars adulées de leurs fans. Pourtant leurs jours de gloire sont loin. Les redoutables guerriers se sont perdus de vue. Ils ont vieilli, se sont épaissis et ont abusé de la bouteille – pas forcément dans cet ordre, d’ailleurs.
Auteur : Nicholas Eames
Éditeur : Bragelonne
Parution :16/10/2019
Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :
• Au baz’art des mots
• Light & Smell
• Les livres de Rose
• Le monde enchanté de mes lectures
• Cœur d’encre
• Les tribulations de Coco
• Vie quotidienne de Flaure
• Ladiescolocblog
• Selene raconte
• La Pomme qui rougit
• Les lectures d’Emy
• Aliehobbies
• Ma petite médiathèque
• Pousse de ginkgo
• À vos crimes
• L’univers de Poupette
• Le parfum des mots
• Chat’Pitre
• Les lectures de Laurine
• Lecture et Voyage
• Eleberri
• Les lectures de Nae
• Claire Stories 1, 2, 3
• Tales of Something
• Read For Dreaming
• Ju lit les mots
• Illie’z Corner
• Voyages de K
• Prête-moi ta plume
• Les lectures de Val
• Le petit monde d’Elo