Premières lignes — 26 janvier

Premières lignes  :

 » Dans une forêt, en pleine nuit, une jeune fille chevauchait un cheval bai. La forêt n’avait pas de nom. Elle était située très loin de Moscou — très loin de tout — et l’on entendait que le silence de la neige et les bruissements des arbres gels.
Il était presque minuit, cette terrifiante heure magique, dans cette nuit que menaçaient le froid, la tempête et les profondeurs d’un ciel aveugle. Et pourtant, la jeune fille et son cheval progressaient à travers les arbres, obstinément. « 

L’année dernière, « L’ours et le rossignol » m’avait enchantée. Voilà le second tome de la série, « La fille dans la tour ». Le récit reprend là où s’était arrêtée l’histoire. La jeune fille des premières lignes est Vassia ( Vassilissa ), bien sûr, avec son cheval Soloveï ( = le rossignol, en russe, puisqu’il s’agit d’un animal magique : un rossignol transformé en cheval par le roi de l’hiver dans le premier tome). Cette fois, Vassia désire vivre sa vie et voyager, allant contre les coutumes de la Rus’ du XIVe siècle ( une époque un peu arrangée façon fantasy, quand même). Pour cela, elle va se vêtir en jeune homme. Très vite, elle va être confrontée à de nouveaux problèmes ; en effet, des bandits brûlent des villages et enlèvent des jeunes filles, causant des troubles et semant la désordre. Le grand-prince Dimitri, aidé par le propre frère de Vassia, Sacha devenu prêtre et un fameux combattant, tente d’y mettre de l’ordre.
Voilà comment Vassia retrouve son frère, très étonné de découvrir sa petite soeur, devenue une jeune femme, en habits d’homme, sur un cheval splendide.
Les soucis commencent pour Vassia… qui a également rencontré un étrange prince venu leur prêter main-forte, l’énigmatique Kassian, monté sur une magnifique jument de feu. La magie semble décidément en marche.
Une nouvelle fois, les événements du monde humain côtoient ceux du monde merveilleux. L’Ancien monde et ses esprits tente de survivre face à la montée de la foi chrétienne.
Quant à Vassia, elle essaie de défier le destin qui semble tout tracé pour elle : celui des femmes de son rang. Ce ne sera pas simple…
Les personnages secondaires sont bien développés, comme Sacha, le frère de Vassia, ou Olga, sa grande soeur. On découvre aussi la fille d’Olga, qui semble développer les mêmes dons que Vassia (celui de « voir » les esprits et les fantômes).
Avec plaisir, on assiste au développement de la relation ambigüe entre Morozko, le roi de l’hiver qui, sans surprise à ce stade de l’histoire, s’humanise et Vassia, qui devient une jeune femme. ( l’histoire d’amour est cousue de fils blancs, quand même).
Les allusions aux contes russes sont nombreuses mais jamais très développées et il faut aller chercher par soi-même qui est qui et dans quel conte. Je pense au magicien  Kochtcheï , par exemple ( (le conte de La princesse grenouille).
La nouvelle venue, Polounotchnitsa, la dame de minuit, est une référence à la mythologie slave d’avant l »évangélisation. Il existe plusieurs royaumes ou cieux, dont celui des zorias ( ou zarias ou zaryas), des déesses, gardiennes qui veillent à la succession des jours et des nuits. On parle parfois de deux, trois ou même quatre zorias, dont la fameuse Zorya Polunochnaya, la déesse de la nuit ou de minuit.
Dans le roman, cette dame est un peu différente, mais je n’en dis pas plus…

Pour conclure, j’ai trouvé que le rythme était un peu inégal sur l’ensemble même si toute la partie qui se déroule à Moscou est particulièrement haletante. Le début, par contre, traîne un peu en longueur puisque l’effet de nouveauté et découverte ne fonctionne plus par rapport au premier roman.
A nouveau, le roman se conclue par un épisode marquant mais qui appelle une suite… que j’ai lue dans la foulée. ( et qui est, à mon avis, meilleure ).

 

La Fille dans la Tour (trilogie Winternight 2)-  Katherine Arden

La Fille dans la tour par Arden

Résumé : La cour du grand-prince, à Moscou, est gangrenée par les luttes de pouvoir. Mais pendant ce temps, dans les campagnes, des bandits inconnus et invisibles incendient les villages, tuent les paysans et kidnappent les fillettes. Le prince Dimitri Ivanovitch n’a donc d’autre choix que de partir à leur recherche s’il ne veut pas que son peuple finisse par se rebeller. En chemin, sa troupe croise un mystérieux jeune homme chevauchant un cheval digne d’un empereur. Le seul à reconnaître le garçon est un prêtre, Sacha. Et il ne peut révéler ce qu’il sait : le cavalier n’est autre que sa plus jeune soeur, qu’il a quittée des années plus tôt, alors qu’elle n’était encore qu’une fillette, Vassia.