Premières lignes — 29 mars

Premières lignes pour le Masse Critique Babelio (et sans traîner, je n’en reviens pas !)

« Le camp bourdonnait d’activité. Encore bien emmitouflés dans leurs manteaux en peau lainée, les enfants jouaient entre les habitations temporaires. ils imitaient leurs aînés et le bruit de leurs petites épées de bois se mêlait aux rires moqueurs des vainqueurs. Les perdants se retrouvaient à terre, dans la boue et se faisaient tirer les oreilles en regagnant leurs yourtes, moins pour leurs affaires crottées que pour les défaites qu’elles trahissaient. « 

Voilà des premières lignes parfaites qui illustrent assez bien la vie du peuple des steppes ( les Tstets ) : la guerre de conquête est leur quotidien. Leur chef, Khazan, est d’ailleurs un jeune homme qu’on imagine bien, quelques années en arrière, jouant dans le camp temporaire au milieu des yourtes avec ses futur.e.s meilleurs guerriers — et guerrières. Mais Khazan doit faire face à d’autres responsabilités alors que le roman s’ouvre : la perte d’une compagne, la naissance d’un fils et un combat à mener. Pour mener à bien sa conquête, il a besoin d’un apport : une technique que son peuple ne maîtrise pas mais qu’il sait trouver auprès de ceux de la Montagne, des êtres étranges qui vivent dans une Ruche.

L’histoire est carrée et fonctionne bien. On se bat, on aime, on découvre de nouveaux et nouvelles alliées. Les trahisons et les ennemis sont présents. Les rebondissements se situent au bond moment et le roman se lit de façon agréable. Les chapitres sont très courts — j’en ai même été surprise au départ mais je dois être habituée aux chapitres longs comme des boas, ce qui n’est pas forcément plus efficace, parfois.

Je dirais que ce qui fait la force de ce premier tome des Royaumes ennemis, ce sont les personnages. Je suis assez contente d’écrire cette ligne, d’ailleurs car je râle suffisamment sur les personnages laissés de côté et qui sont sans épaisseur dans bon nombre de romans en fantasy (particulièrement en fantasy Y.A, même si ce tome n’est pas du Y.A, ici — mais pourrait presque appartenir au genre).
Le peuple de la Ruche est vraiment bien trouvé, et les êtres humanoïdes qui ressemblent à des insectes sont parfaitement caractérisés ( je ne me suis pas demandée qui était qui ni emmêlée les pinceaux — ou les antennes, du coup ). Les propos qu’ils peuvent tenir au sujet des humains sont bien vus — tout cela avec humour.
Je dois aussi et surtout parler de la place des femmes dans ce livre qui est importante — et réussie. Toutes connaissent une évolution particulièrement intéressante et ne restent jamais en arrière.
Iridiane la guerrière et Lulaï la rêveuse sont deux personnages forts qui réservent de belles surprises. Et j’aurais bien applaudi durant une scène entre ces deux-là : le soutien d’une femme envers une autre, voilà qui est intéressant à lire!.

Tant que j’en suis à parler des scènes très bien faites : les conversations d’esprit à esprit, particulièrement en lien avec les magiciennes m’ont particulièrement plu ( je ne tiens pas à tout révéler non plus 😉 ). Il y a quelque chose du Bene Gesserit de Dune, un peu comme les voix des Révérendes Mères. (bonjour la Mémoire Seconde )
J’ai été un peu moins convaincue par les femmes tueuses et séductrices de Meri, même si elles suivent une logique imparable. Mais c’est un avis très personnel.
Autre petit bémol complètement lié à mon dégoût du sang : ça égorge et ça éclabousse un peu trop pour moi ( dit celle qui a lu Le Trône de Fer plusieurs fois🤨 🤣) Mais je comprends tout à fait que ce n’est pas un problème pour quelqu’un d’autre.

Je ne vais pas chercher des défauts là où il n’y en a pas. J’ai vraiment passé un bon moment de lecture et je suis très contente d’avoir fait ce choix pour le Masse Critique ( merci les Editions du 38).

Pour finir, je conseille de le lire en écoutant The Hu ( on est fan ou on ne l’est pas). Je rappelle que the Hu est groupe de Mongolie qui joue une sorte de folk-metal en langue mongole et en chant diphonique (throat singing). Il y a d’ailleurs sur l’album « The Gereg » un excellent titre qui s’appelle « Song of women » , un hymne aux femmes. Ils l’ont ré-enregistré avec Lzzy Hale ( de Halestorm) qui a écrit sa propre partie en anglais.


Royaumes ennemis, tome 1 : Les magiciennes par Kaufhold

Résumé : L’hiver s’achève dans les steppes, laissant le Septentrion déchiré en deux territoires ennemis. Khazan, l’ambitieux seigneur des Tsets, est à la recherche d’une nouvelle technologie qui lui garantirait la victoire sur le chef des Araks et sa maîtresse sanguinaire. Il doit pour cela obtenir l’aide d’un peuple étrange, retiré dans les Montagnes de l’Ouest et miné par des conflits internes menaçant sa survie. Trois de ses meilleurs guerriers, dont la solaire Iridiane, le soutiennent dans sa quête. Mais d’autres dangers guettent le jeune chef de guerre, ne lui laissant aucun répit. Le jour, la reine magicienne d’un royaume pirate menace le sud de ses terres et la nuit, ses songes sont le terrain de jeu d’une jeune rêveuse boréale.

Royaumes ennemis – t. 1 Les magiciennes – Sylvie Kaufhold. Editions du 38

Royaumes ennemis, tome 1 : Les magiciennes par Kaufhold

Les femmes de l’art — 3

C’est en cherchant des idées et des techniques pour mes aquarelles que j’ai découvert celles de Beatriz de Bartolome.
Née en 1971, à Madrid,    Beatriz de Bartolomé a commencé très jeune. Elle a peint à l’acrylique, à l’huile et au pastel mais a finalement opté définitivement pour l’aquarelle qu’elle considère comme la technique la plus appropriée pour s’exprimer.

J’ai préféré montrer ici ses aquarelles de villes et de paysages mais elle a fait de nombreux tableaux sur la tauromachie; comme je suis tout à fait contre les corridas et n’y vois aucune beauté ni aucun art, je ne vais pas les montrer ici mais je tiens à souligner que les peintures existent et que, techniquement, elles sont bien réalisées.

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Premières lignes — 23 mars

Premières lignes

 » Vos voisins se brûlent-ils vifs les uns les autres  » voilà comment fraa Orolo entama la conversation avec artisan Flec.
L’embarras me frappa. L’embarras est une chose que je ressens dans ma chair, comme une motte de boue chauffée au soleil s’écrasant sur ma tête.
 » Vos chamans se déplacent-ils sur des échasses ? » poursuivit fraa Orolo, en consultant une feuille, qui, à en juger par son aspect brunâtre, avait au moins cinq cents ans.

Anatèm, tome 1 par Stephenson

En commençant Anatèm, je me suis dit que je n’allais pas le terminer. Surtout qu’il s’agit du tome 1, l’oeuvre gigantesque de Neal Stephenson a été scindée en 2 tomes pour l’édition française.
Je me suis dit que je n’allais rien y comprendre. Mais, après tout, il y a longtemps, j’avais bien survécu à L’empereur-dieu de Dune (quand mes proches disaient que c’était insupportable). Et en fait, j’ai assez vite accroché, malgré les … 100 ou 200 premières pages assez raides, truffées de néologismes et de notions étranges qui sont explicitées lentement, grâce à des extraits d’un pseudo-dictionnaire. Mais, une fois ces pages franchies, j’ai été happée par l’histoire, les personnages. En fait, il se dégage de tout le livre un puissant magnétisme et je n’avais qu’une envie : en savoir plus sur ce monde qui n’est pas le nôtre mais qui pourrait l’être.

Nous suivons le jeune fraa Erasmas, une sorte de moine, dans sa concente ( plus ou moins un monastère, donc ), où vivent des fraa et des soor. Leur « religion » n’en est pas une : ils réfléchissent sur des concepts scientifiques, des idées, ils philosophent, ils étudient des théories. Les ordres sont différents : certains ont fait voeu de rester cloîtrés pour dix ans ; ce sont les dixies comme fraa Erasmas. Mais existe aussi des unitariens, des séculiers et des millénariens et eux, n’ont de contacts entre eux et avec le monde extérieur que lors des apertes (les ouvertures, donc) respectives de leurs ordres.

L’histoire est basée sur l’Histoire du monde de fraa Erasmas, Arbre (et non la Terre), un long passé riche et dense, sur la façon dont les idées ont évolué. L’intrigue, quant à elle, reste assez simple : un mystère est à résoudre. Fraa Erasmas se lance à l’aventure et embarque un groupe de personnes avec lui…
Le livre est truffé d’idées, de notions, parfois sans être vraiment utiles à l’histoire il faut le reconnaître, mais l’ensemble est splendide. Pas confortable, surtout au début, mais fascinant.

Et j’ai vraiment hâte de me lancer dans le second.

Résumé :

Fraa Erasmas est un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Edhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes.
Depuis des siècles, autour du sanctuaire, les gouvernements et les cités n’ont eu de cesse de se développer et de s’effondrer. Par le passé, la congrégation a été ravagée trois fois par la violence de conflits armés. Méfiante vis-à-vis du monde extérieur, la communauté de Saunt-Edhar ne s’ouvre au monde qu’une fois tous les dix ans. C’est lors d’une de ces courtes périodes d’échanges avec l’extérieur qu’Erasmas se trouve confronté à une énigme astronomique qui n’engage rien de moins que la survie de toutes les congrégations.
Ce mystère va l’obliger à quitter le sanctuaire pour vivre l’aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre, la planète sur laquelle il vit depuis toujours et dont il ignore quasiment tout.

Challenge de l’Imaginaire, évidemment !

Premières lignes — 16 mars

 Premières lignes ( toujours en retard en ce moment)

« Madame Rachel Lynde habitait à l’endroit précis où la route principale d’Avonlea plongeait dans un petit vallon planté d’aulnes et de fuchsias, et traversé d’un ruisseau qui prenait sa source dans les bosquets de la vieille propriété des Cuthbert ; il était connu pour ses méandres impétueux au début de sa course à travers bois, et ses sombres secrets de trous d’eau et de cascades ; mais une fois arrivé au vallon des Lynde, ce n’était plus qu’un ruisselet  paisible et discipliné, car même un cours d’eau n’aurait pu passer devant la porte de Madame Rachel Lynde sans égard pour la bienséance et les bonnes manières ; sans doute avait-il conscience qu’elle était là, assise derrière sa fenêtre, l’oeil attentif à tout ce qui défilait, enfants et ruisseaux, et que si elle remarquait la moindre chose étrange ou déplacée, elle ne trouverait pas le repos avant d’avoir découvert le pourquoi et le comment »

Bizarrement, je n’avais jamais lu « Anne de Green Gables «  (aussi appelé « La maison aux pignons verts » dans une ancienne traduction en français ). Il m’a fallu la série ( les trois saisons complètement avalées tant elles sont addictives) et surtout cette très belle édition ( chez Monsieur Toussaint Louverture ) et nouvelle traduction pour que je m’y plonge. Et je n’ai pas été déçue. Bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de faire des parallèles avec la série que je venais de voir peu de temps auparavant ( un des problèmes quand on fait la manoeuvre « voir l’adaptation puis lire le livre », l’inverse posant d’autres soucis 😉  ). Par contre, j’ai réellement apprécié le style de Lucy Maud Montgomery, plein de poésie et de descriptions sans doute un brin surannées mais qui collent tout à fait avec l’ambiance et le contexte du roman. Les personnages sont excellents, également. Au passage, le casting de «  Anne with an E » respecte assez bien les différents caractères — sauf pour ceux et celles qui sont de pures inventions. C’est sans doute le seul reproche que j’avais fait à l’adaptation : de donner un ton XXIème siècle carrément improbable pour une histoire qui se déroulait fin XIXème en Nouvelle Ecosse ( le roman a été publié en 1908). Je veux bien que des libertés soient prises, qu’Anne ait un es prit ouvert pour son temps puisqu’elle est décrite comme étant particulièrement originale et imaginative mais je ne crois pas une minute que toute une petite communauté adopte ses idées, ni ses amies. Disons que les discours sur, au hasard,  le consentement, la place de la femme, l’homosexualité, et j’en passe, tels qu’ils sont traités — et avec les mots utilisés — relèvent purement de notre époque même si les problématiques existaient. Les scènes de la série en deviennent parfois très étranges, mais peu crédibles et cela reste mon seul reproche.
C’est en cela que le roman sonne évidemment plus juste : il a le ton de son époque non sans évoquer avec discrétion certaines questions — mais certainement pas les mêmes. Il reste néanmoins très agréable à lire. Je serais ravie de lire la suite qui vient d’être publiée chez le même éditeur sous le titre « Anne d’Avonlea ». 

 

Anne de Green Gables par Montgomery

Résumé : Nouvelle traduction de « Anne, la maison aux pignons verts ».
Cheveux désespérément roux, visage constellé de taches de rousseur, Anne Shirley est une petite fille curieuse, pleine d’énergie, souvent perdue dans ses pensées, parfois d’une gravité solennelle, sans aucun doute intemporelle. Difficile de résister à ce petit bout d’humanité de onze ans parfaitement imparfaite, héroïne d’une série de romans qui a su conquérir des millions de lecteurs à travers le monde, Anne de Green Gables, écrit par Lucy Maud Montgomery, et dont le premier tome parut en 1908. Orpheline à l’esprit vif, à l’imagination sans bornes et qui adore employer de « grands mots », Anne se retrouve par erreur chez Marilla et Matthew Cuthbert qui attendaient un garçon pour les aider à la ferme. Féministe involontaire, romantique impénitente, elle est impulsive, dramatique, maligne, drôle, et telle une authentique naïve, elle va bousculer le calme et la monotonie de la vie à Green Gables, en semant partout joies et rêveries, en dénichant la beauté dans les moindres recoins, en ne s’exprimant qu’en points d’exclamation, même dans « les affres du désespoir ». Parce que l’existence d’Anne a aussi une face sombre, hantée par la mort de ses parents et les abandons, qui lui donne son énergie folle, parfois hallucinée, et qui rend son idéalisme et son indignation si poignants et si convaincants. Si le regard d’Anne transcende le monde sur lequel il se pose, Anne de Green Gables, c’est la transformation magique, presque mystique, que seul l’amour peut opérer sur les hommes et les femmes. C’est l’histoire d’une petite fille qui parvient à se faire aimer de tous (Josie Pye exceptée), et de nous les premiers.

 

 

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

Les femmes de l’art — 1

 Cette semaine, c’est une femme photographe que j’avais envie de mettre à l’honneur. Ce n’est pas par hasard que je le fais, bien sûr : parallèlement au blog, j’étais en train de me renseigner sur les suffragettes au Royaume-Uni ( sans suspense aucun : j’essaie d’écrire une histoire qui se tient pour un concours ). 
Bref, comme je m’intéresse à la photo, me voilà plongée celles des suffragettes.
Et je découvre cette photographe, la première femme photographe au Royaume Uni  :  Christina Broom,  ( née Livingston ) — (

Elle épouse Albert Edward Broom (1864-1912), en 1889. Ils ont une fille, Winifred Margaret, enEn 1903, suite à l’échec de l’entreprise familiale de quincaillerie et d’autres entreprises commerciales, mais aussi parce qu’Albert avait été blessé, lors d’un match de cricket, (une lésion de l’os du tibia, qui ne guérit pas), ils ouvrent une papeterie qui ne marche pas et qu’ils abandonnent.

Ayant alors besoin d’une source de revenus, Christina Broom emprunte un appareil photographique et apprend les rudiments de la photographie alors qu’elle a 40 ans.  Elle installe un stand, vendant des cartes postales de photographies d’extérieur, de scènes et d’événements  plutôt que des portraits de studio.

Lorsque la famille déménage à Burnfoot Avenue, elle utilise la cave à charbon comme chambre noire. Elle est assistée par Winifred, sa fille, qui a quitté l’école pour l’aider. Albert écrit les légendes des cartes postales, de son écriture soignée. Les cartes postales se vendent bien : en une seule séance nocturne, Christina Broom en imprime mille

Christina Bloom, 1910

Tout est dit dans cette vidéo du Museum of London :

https://youtu.be/XdkQo3zemfg

Les suffragettes :

 

Soldiers and Suffragettes - The Photography of Christina Broom

Soldiers and Suffragettes - The Photography of Christina Broom

Qui a peur des femmes photographes ? au musée de l’Orangerie - AWARE Artistes femmes / women artists

 

Le roi Edward VII et sa famille

Des soldats

The 3rd Battalion Grenadier Guards prepare for war at the Wimble

The Grenadier Guards – Christmas, 1914

 

King George V and Queen Mary host a tea party for wounded soldie

Premières lignes – 9 mars

 Premières lignes (en retard, mais premières lignes quand même) 

« Aster retira de sa trousse deux scalpels pour les faire tremper dans une solution désinfectante. Ses doigts tremblaient à cause du froid, et elle peinait à tenir ses instruments ; ils lui échappèrent et tombèrent avec un ploc disgracieux dans l’épais liquide. dans dix minutes, elle allait amputer le pied grangréneux d’un enfant. « 

Ce premier roman de Rivers Solomon,  An Unkindness of Ghosts ( 2017) traduit en français par  Francis Guévremont  sous le titre L’Incivilité des fantômes ( Aux Forges de Vulcain ) a été remarqué et souvent salué favorablement, surtout en raison des thèmes qui y sont abordés :
la domination d’une partie de la population du vaisseau regroupée sur les « hauts ponts » sur une autre (les « bas-ponts), oppression liée à la couleur de peau ( pour résumer : la domination blanche, particulièrement celle des hommes) ; la violence et la ségrégation ; la notion de genre ; et la perception interne du handicap ( autisme Asperger ).
Le roman se déroule à bord d’un immense vaisseau spatial, une arche générationnelle, un thème bien connu en SF ( Croisière sans escale — Brian Aldiss ; Les orphelins du ciel — Robert Heinlein ;  et toutes ces représentations dans les séries TV  plus proches de nous). Le Matilda, nommé en référence au dernier bateau négrier le Clotilda à avoir accosté aux  USA, est en route depuis plus de 300 ans pour une planète qui accueillera enfin les rescapés d’une Terre mourante. Nous n’en saurons pas plus, ni des conditions de l’extinction de la Terre, ni de l’époque, ni de rien d’autre, d’ailleurs (et c’est là que ça commence à être faible mais j’y viens).
A bord, comme dans le Transperceneige, on trouve différents ponts répartis de A à Z :  une élite, sociale, politique, économique, religieuse et blanche se situe dans les « hauts ponts. Les ponts inférieurs sont occupés par ce qu’on pourrait appeler des esclaves, une population noire, exploitée, laissée sans soins médicaux, sans confort, violentée, etc…
Ponts, vaisseau, tout cela rappelle les navires négriers.
Petit aparté personnel (vous pouvez sauter le passage): je sais de quoi je parle, j’habite à Nantes, une ville dont une certaine « élite » riche et blanche a prospéré en affrétant des navires négriers. Enfant, j’ai été sensibilisée — et été horrifiée — par ce que je voyais/lisais à la section du musée qui est consacré au commerce triangulaire. Donc, les récits de torture, viols et autres atrocités commises durant cette période ne me sont pas (hélas)  inconnus. Sans oublier qu’une partie de ma famille  vient des Antilles françaises et pas de la partie des propriétaires blancs, au contraire.
Je clos la parenthèse pour dire que je n’ai rien lu de neuf, ici. Rien et surtout pas de fiction. Je ne dis pas qu’il ne faut pas l’écrire pour continuer à le dénoncer. Je dis simplement qu’il s’agit d’une transposition sans nuances et sans finesse. Même en voulant faire du « coup de poing », c’est à peine bien fait. C’est répétitif, et surtout, au bout du compte, on se demande : quel est l’intérêt pour l’intrigue ?
Mais voilà où se situe le principal défaut du livre : l’intrigue.
Je veux bien excuser de petites faiblesses si on me raconte une histoire.
Le personnage d’Aster, femme noire, rebelle, autiste, aux caractéristiques  transgenres, paria parmi les autres pourrait être intéressant. Sa recherche des origines, même si elle est un peu tirée par les cheveux, m’aurait intéressée, si l’auteur.ice ne l’avait pas laissée tomber au beau milieu du roman. Aster cherche ce qui est arrivé à sa mère, Lune, qui aurait découvert un grand secret.
Et, au final, tout retombe.
J’en ressors assez mitigée, au final.
Certains passages sont tout à fait bouleversants, d’autres carrément inutiles (et alors, j’ai décroché tellement c’était ennuyeux). Il n’y a pas assez de construction pour donner un semblant de cohérence, pas assez de SF non plus. On a l’impression d’avoir un brouillon entre les mains et non la version finale.
Bref, je me dis que ce roman n’est pas pour moi et qu’il profite sans doute mieux à d’autres. Mais, au moins, je l’aurais lu….

Résumé :
Aster est une jeune femme que son caractère bien trempé expose à l’hostilité des autres. Son monde est dur et cruel. Pourtant, elle se bat, existe, et aide autant qu’elle le peut, avec son intelligence peu commune, ceux et celles qu’elle peut aider. Mais un jour, un type la prend en grippe. Et Aster comprend qu’elle ne peut plus raser les murs, et qu’il lui faut se tenir grande. Sa rébellion est d’autant plus spectaculaire qu’elle est noire, dans un vaisseau spatial qui emmène les derniers survivants de l’humanité vers un éventuel Eden, un vaisseau où les riches blancs ont réduit en esclavage les personnes de couleur. Un premier roman qui prend pour prétexte la science-fiction pour inventer un microcosme de l’Amérique, et de tous les maux qui la hantent, tels des fantômes.

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