« Assise à l’intérieur d’un salon de thé londonien, deux élégantes regardent avec un léger dédain une silhouette plantée sous la pluie. » C’est ce vieux minable avec son sifflet ! » dit l’une. un feutre cabossé rabattu sur les yeux, l’homme tente de se faire entendre : « J’suis un antéchrist! ».

Cet essai, je voulais le lire depuis longtemps. (et voilà Masse Critique et Babelio qui me permettent de le lire). Pourquoi ? parce que j’en avais entendu parler encore et encore. Pop culture, musique, histoire du XXème siècle, Sex Pistols etc…
C’est donc avec plaisir que j’ai ouvert « Lispstick traces – une histoire secrète du vingtième siècle » de Greil Marcus, un essai qui mêle des éléments historiques, sociologiques, culturels et du rock dans une tentative qui se veut originale.
Mais — car il y a un « mais » dans l’affaire » tenant surtout au sous-titre, la fameuse « histoire secrète du vingtième » — le résultat n’est pas réellement à la hauteur des ambitions de l’auteur.
Le livre démarre avec mouvement punk , la première vague originelle de 75/77 en Angleterre, et en particulier la figure de Johnny Rotten/John Lydon, leader des Sex Pistols. De fil en aiguille, l’auteur en vient à le relier de manière plus ou moins limpide, à des différents courants intellectuels européens ou comme le dadaïsme, la pensée de Karl Marx, les situationnistes, Guy Debord… Greil Marcus développe ensuite l’idée qu’il existe un rapport invisible entre ces différents mouvements qui partirait de certaines hérésies du Moyen Age telles que l’Anabaptisme de Jean de Leyde à Munster, une secte protestante.
En gros, c’est le fil conducteur qui est développé tout au long du livre. Pourquoi pas même si c’est, je dois dire, un peu tiré par les cheveux et surtout, très souvent, peu convaincant. A la limite, cela pourrait être intéressant, car l’auteur est très documenté : le livre est bourré de références (livres, anecdotes, etc…)…. malheureusement souvent obscures, et répétitives.
Ce qui concerne la musique (la pop, le punk), est assez connu (du moins, je n’ai pas appris grand chose, pour ma part, mais je connais assez bien le sujet). Par contre, tout est entremêlé de digressions philosophiques, vaguement sociologiques (de loin, de très loin), sans qu’une structure nette ne s’en dégage. En fait, il n’est pas si facile d’écrire un essai clair… Et à cet exercice, Greil Marcus est à côté de la plaque ; il se noie dans des paragraphes qui, parfois, n’ont pas de sens.
Bref, une jolie déception au bout du compte. Comment disait Malcolm McLaren au sujet des Sex Pistols, qu’il avait largement créés, déjà ? The great rock’n’r roll swindle ? Je ne pense pas que les Pistols étaient une grande escroquerie mais ce livre, « Lipstick Traces », par contre…. 😭
Résumé : Il y a une figure qui apparaît et réapparaît tout au long de ce livre. Ses instincts sont fondamentalement cruels ; sa manière est intransigeante. Il propage l’hystérie, mais il est immunisé contre elle. Il est au-delà de la tentation, parce que, malgré sa rhétorique utopiste, la satisfaction est le cadet de ses soucis. Il est d’une séduction indicible, semant derrière lui des camarades amers comme Hansel ses miettes de pain, seul chemin pour rentrer chez soi à travers un fourré d’excuses qu’il ne fera jamais. C’est un moraliste et un rationaliste, mais il se présente lui-même comme un sociopathe ; il abandonne derrière lui des documents non pas édifiants mais paradoxaux. Quelle que soit la violence de la marque qu’il laissera sur l’histoire, il est condamné à l’obscurité, qu’il cultive comme un signe de profondeur. Johnny Rotten/John Lydon en est une version ; Guy Debord une autre. Saint-Just était un ancêtre, mais dans mon histoire, Richard Huelsenbeck en est le prototype.»
Lispstick traces – Greil Marcus – Folio