» Depuis plusieurs jours, je suis hanté par la montagne ou plus exactement le souvenir de mon été dans les montagnes. un été norvégien, c’est ainsi que je l’ai baptisé. Chaque fois que ce lieu et cette saison me reviennent en mémoire, je pense aussitôt à Pan, le roman de Knut Hamsun, et je pense également à l’amour. «
Avec ces premières lignes, l’auteur donne exactement le ton de ce roman qui s’apparente d’ailleurs plus à un recueil de souvenirs (quasi une autobiographie sans le dire) qu’à une oeuvre de fiction.
Nous sommes transportés à l’été 1978. Haraldur (Halli) est islandais et, avec un ami à lui, il se fait embaucher e, Norvège, pour travailler sur un chantier, dans les montagnes. Chaque week-end, les deux compères vont faire la fête à Oslo, se saouler, faire des rencontres…
Haraldur écrit déjà des poèmes et songe sérieusement à faire de l’écriture son métier. Il est impliqué en politique, comme le sont beaucoup de jeunes gens à cette époque ( communisme, anarchistes, etc…). Il pense économiser son salaire gagné en Norvège et voyager. Il fait alors une rencontre impromptue : Inga dont il tombe amoureux.
Roman initiatique, un peu, L’été norvégien oscille entre le passé et le présent, les réflexions de l’auteur sur sa jeunesse, sur la littérature aussi. Parfois, ses interventions m’ont semblé un peu intrusives ; je veux dire par là que j’aurais préféré qu’il déroule le récit de son personnage (lui-même en Haraldur) plutôt que d’intervenir de façon un peu brusque et parfois, quelque peu artificielle (du genre : « attention, je reviens vers le passé, je vous en parle tout de suite mais …blablabla… »). Beaucoup de digressions, donc, qui donnent parfois un côté brouillon (peut-être pour accentuer la nostalgie, le regard du narrateur du présent sur celui du passé….) Bien sûr, il s’agit du choix narratif de l’auteur mais je l’ai trouvé un peu fastidieux. Pour le reste, tout est intéressant. On assiste à quelques anecdotes assez amusantes de la part de ces Islandais mi-hippies mi-punks (j’ai quand même trouvé qu’ils étaient quand même assez proches encore de l’esprit de 1968 plus que de celui des Sex Pistols).
Une lecture que j’ai appréciée, malgré le point délicat dont j’ai parlé et qui peut désorienter si on ne s’accroche pas. Peut-être pas le meilleur roman d‘Einar Már Guðmundsson, mais à découvrir.

Résumé :
Été 1978 : Haraldur et Jonni prennent la route. Ils sont jeunes, islandais, pétris d’idéaux, poètes en devenir, fêtards et amateurs de Bob Dylan. Leur voyage doit les mener jusqu’en Inde, en passant par Taormine, où Halldór Laxness a écrit son premier roman. Jonni a été clair : il faut s’arrêter en Norvège, le temps de rassembler un bon pécule. Embauchés dans les montagnes, les deux amis squattent chaque fin de semaine à Oslo, où la bière est en vente libre.
En cet été norvégien, Woodstock résonne encore, on s’affronte toujours entre maoïstes et trotskistes, le punk rock fait ses débuts, Haraldur lit Kerouac, disserte sur Chet Baker et John Coltrane, écrit ses premiers textes… et tombe amoureux d’Inga.