Premières lignes — 13 septembre

    » Couchée à plat ventre dans la boue, sous le caillebottis de bois contre les vieilles pierres du mur, Sancia Grado songeait que sa soirée ne se déroulait pas comme prévu.
Tout avait pourtant bien commencé. Grâce à ses faux identifiants, elle avait réussi à s’introduire dans le domaine des Michiel sans difficulté ; les gardes des premières portes lui avaient à peine accordé un regard.
Puis elle était arrivée au tunnel de drainage et…les difficultés étaient apparues. »

Je suis presque à jour dans mes chroniques et pour ces premières lignes .
Malgré une PAL qui ne fait que grossir (ça ne change pas), en voilà un aperçu, d’ailleurs (tout n’y est pas) :

Le roman dont je viens de citer les premières lignes se trouve en haut à gauche.
C’est un gros roman, le premier d’une trilogie, The Founders trilogy en VO, celle des Maîtres enlumineurs ici, que j’ai lu attentivement (je devais être fatiguée car je n’ai pas été rapide du tout dans ma lecture).
Rapidement, j’ai pensé à la comparaison assez facile avec les romans de Brandon Sanderson, à cause du système de « magie technique » mais au fil du roman, cette impression s’est quand même peu à peu dissipée. Oui, ça ressemble à du Sanderson, non, ça n’est pas du Sanderson. Mais c’est plutôt captivant (et j’ai quand même hâte de lire le tome 2).
Mais revenons à ces enlumineurs: l’action se déroule dans la cité de Tevanne, une grande ville d’inspiration Renaissance italienne revisitée (comme la série jeunesse de Mary Hoffman, Stravaganza, par ex.). Sancia est une jeune voleuse qui possède un don bien perturbant : elle peut ressentir les objets. Mieux : elle entend les enluminures. Mais que sont les enluminures ? C’est une technologie magique. Les maîtres enlumineurs codent les objets en quelque sorte, les programmant (=les enluminant) afin de leur donner des fonctions différentes. Ainsi une porte sera enluminée de façon à ne s’ouvrir que sous certaines conditions ;  l’enluminure d’ une flèche, la forcera à aller plus vite (la formule trichant avec la gravité). Mais les effets sont loin d’être utilisés infiniment car plus la formule est complexe, plus elle nécessite de nombreuses manipulations, avec des lignes et des lignes écrites dans d’énormes volumes — et malgré tout, le risque d’erreur est grand.
A Tevanne, quelques maisons marchandes regroupant quelques familles se partagent les richesses et le pouvoir. Elles cherchent à retrouver les vestiges de ceux qui ont disparu et qui, disent les légendes, maîtrisaient à merveille les enluminures : les hiérophantes. Ils auraient laissé derrière eux plusieurs formidables artefacts.
Un jour, Sancia est embauchée pour commettre un cambriolage. Elle ne sait pas du tout qu’elle va découvrir l’un de ces artefact et la clef – c’est le cas de le dire – de son avenir.
Car cet artefact se nomme Clef. C’est un objet…mais pas tout à fait.
A partir de cette découverte, elle va devoir s’allier avec d’autres, même les plus improbables. Elle va aussi devoir faire face à un passé douloureux (et je n’en dirais pas plus mais la construction du personnage de Sancia, sa psychologie, les thèmes abordés sont particulièrement bien menés).
Il y a d’excellents moments d’action, dans ce premier tome, de très bons personnages, pas seulement Sancia mais aussi tout le petit groupe qui l’épaule, autant des hommes que des femmes et même des « objets ». Certains passages ne connaissent aucun temps mort. Quant au système de technologie magique, il est vraiment captivant. Mon seul bémol vient des (trop) longs passages explicatifs qui viennent briser le rythme. je dirais qu’on a compris la première fois, je ne vois pas le bénéfice de répéter « alors ici, l’influence sur la masse permet de ….et c’est reparti, blablabla… »
C’est, sans aucun doute, ce qui m’a le plus agacé et qui a ralenti ma lecture, surtout vers la fin du roman (je n’arrivais pas à le terminer alors que je voulais à tout prix savoir!).
Mais ce n’est pas un très gros reproche car j’ai vraiment bien accroché à ces enlumineurs et j’ai vraiment envie de lire le deuxième tome : Le retour du hiérophante. 

The Founders trilogy, tome 1 : Les Maîtres enlumineurs par Bennett

Une très belle découverte (et je remercie les éditions Albin Michel Imaginaire pour le SP)

Résumé : Toute l’économie de l’opulente cité de Tevanne repose sur une puissante magie : l’enluminure. À l’aide de sceaux complexes, les maîtres enlumineurs donnent aux objets des pouvoirs insoupçonnés et contournent les lois de la physique. Sancia Grado est une jeune voleuse qui a le don de revivre le passé des objets et d’écouter chuchoter leurs enluminures. Engagée par une des grandes familles de la cité pour dérober une étrange clé dans un entrepôt sous très haute surveillance, elle ignore que cet artefact a le pouvoir de changer l’enluminure à jamais : quiconque entrera en sa possession pourra mettre Tevanne à genoux. Poursuivie par un adversaire implacable, Sancia n’aura d’autre choix que de se trouver des alliés