Premières lignes — 26 juillet

Premières lignes

« (Courier d’Anne Shirley, licenciée en lettres, proviseur du lycée de Summerside, adressé à Gilbert Blythe, étudiant en médecine à l’université de Redmond, Kingsport).
Windy Willows, Spook’s lane,
Summerside, Ile du Prince-Edouard.
Lundi 12 septembre,
Très cher,
Quelle adresse !
As-tu déjà entendu quelque chose d’aussi délicieux ? Windy Willows est le nom de mon nouveau chez-moi et je l’adore. Tout comme j’adore Spook’s Lane qui n’a pas d’existence légale. Ce devrait être Trent Street mais personne ne l’appelle comme ça hormis les rares  fois  où elle est mentionnée dans le Weekly Courrier — et là, les gens se regardent et disent : « Mais où diable est-ce que ça peut être ? « . C’est donc Spook’s Lane. Même si je ne saurais t’expliquer pourquoi. J’ai déjà posé la question à Rebecca Dew,   mais tout ce qu’elle m’en a dit , c’est que ça a  toujours été ainsi et que selon une vieille histoire,  l’allée serait hantée. »

Anne de Windy Willows par Montgomery

Quatrième tome de la série des « Anne », réédité chez Monsieur Toussaint-Louverture, Anne de Windy Willows est un roman épistolaire presque exclusivement à l’exception de quelques chapitres. Anne habite toujours sur l’île du Prince-Edouard, mais plus à Green Gables ou à Kingsport. Elle ne connaît personne dans ce nouvel environnement et va devoir s’adapter à la vie de cette petite ville où elle a été nommée à la tête d’un lycée. Toujours optimiste, elle pense se faire aimer de tout le monde très vite mais va rencontrer quelques déboires. Mais Anne reste Anne…
Les portraits des nouveaux  personnages sont toujours aussi bien définis par l’autrice ainsi que l’observation de la nature (quel talent). On retrouve les références à la littérature, les citations…
Mais les personnages connus manquent un peu cette fois. Et, surtout, le rythme reste terriblement lent. Anne grandit, évolue. Le changement se fait en douceur.
Tout est assez long ; le choix des lettres n’arrange pas les choses. On aimerait un peu plus de mouvement, d’aventures et d’humour.
J’avoue que c’est la première fois que je me suis vraiment ennuyée depuis le début des aventures d’Anne. Le tome précédent contenait quelques défauts mais celui-ci est décidément plus faible. Tout est très prévisible : Anne va devenir la « bonne fée » et se faire aimer de tout le monde. C’est gentillet mais sans le piquant des romans précédents. (les deux premiers, en particulier).

J’espère que le prochain sera meilleur car je ne compte pas m’arrêter en chemin. L’écriture de Lucy Maud Mongotmery reste magistrale.

 

Résumé :

Ses brillantes études universitaires terminées, Anne Shirley se voit confier la direction du lycée de Summerside, une petite bourgade de l’Île-du-Prince-Édouard, d’apparence paisible, mais qui va lui réserver bien des surprises. À ses côtés, nous allons découvrir Windy Willows, la pension où elle va vivre pendant trois ans – ainsi que ses occupantes –, la petite Elizabeth, sa féerique voisine, Katherine Brooke, sa collègue désabusée, et ses élèves, qu’ils soient touchants ou tout à fait exaspérants.
Avec un humour toujours plus fin, des envolées lyriques et nostalgiques, Anne de Windy Willows offre le portrait d’une jeune femme tout en nuances : généreuse et directe, fiancée, oui, mais surtout indépendante. Anne de Windy Willows est une étape cruciale dans la vie d’Anne Shirley. Livrée à elle-même dans une ville où elle ne connaît personne, Anne est loin des nids douillets entourés d’âmes soeurs qu’étaient Green Gables et Kingsport.
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Premières lignes — 18 juillet

Premières lignes
( avec + de  40° C , record battu, j’espère ne pas écrire n’importe quoi…)

 » Oh là là ! s’exclama Linus Baker en épongeant son front dégoulinant de sueur. Voilà qui est très inhabituel. »
C’était un euphémisme. Subjugué, il observait Daisy, une jeune fille âgée de 11 ans, faire léviter des morceaux de bois dans les airs, très haut au-dessus de sa tête. Les blocs décrivaient des cercles concentriques à faible allure. Le bout de  la langue coincé entre les dents, Daisy fronçait les sourcils sous le coup de la concentration. « 

Que  dire de  La maison au milieu de la mer céruléenne de T.J. Klune ? J’en avais énormément entendu parlé et seule la perspective de lire un énième roman aux éditions de Saxus qui m’ont terriblement déçue avec des traductions toutes plus atroces les unes que les autres ( dernièrement, j’ai tenté « La duperie de Guenièvre » : une véritable honte d’avoir publié ce texte tel quel bourré de contre-sens à peine compréhensible) me faisait reculer. Finalement, je me suis lancée et même si quelques passages ne sont pas excellents (on sent l’approximation dans la traduction deux ou trois fois), le reste est correct. Il faut dire aussi que le style original auquel j’ai jeté un coup d’oeil est assez simple.
De quoi parle l’histoire ? De magie et d’êtres magiques. Mais surtout, d’acceptation de la différence. Et ce dernier point mérite d’être salué.
L’intrigue n’est pas très compliquée : Linus Baker est un employé du MJM? le Ministère de la Jeunesse Magique ( ici, on sent un peu l’influence Harry Potter et ce ne sera pas la seule).  Sa mission ? Visiter les  orphelinats qui sont  remplis de jeunes êtres magiques (tiens, tiens) afin de s’assurer que tout s’y déroule dans de bonnes conditions.  Linus est impartial, un peu terne. En gros, il ne fait pas de vagues. Sa vie personnelle est de la même eau : il vit seul avec Calliope, une chatte bougonne (on dirait assez  cette chanson d’Aznavour,  et d’ailleurs…mais chut).  Un jour, Linus se voit confier une mission secrète par les Cadres Extrêmement Supérieurs du MJM (il y a là le début d’une petite caricature de la bureaucratie et de la hiérarchie qui est esquissée mais peu développée, hélas).
Il doit donc se rendre sur une île et faire un rapport sur un orphelinat très spécial. On lui confie les dossiers d’enfants étranges : Lucy (pour…Lucifer !) a la particularité d’être le fils du diable, Talia est une petite fille gnome, Sal, un petit garçon métamorphe, Phee, un esprit de la nature, Théodore, une vouivre, et ainsi de suite…
Linus Baker va devoir sortir de sa zone de confort plus qu’il ne s’imagine. Il est accueilli par Zoe, une adulte, l’esprit de la nature de l’île, puis par le charismatique directeur de l’orphelinat sur lequel il doit aussi enquêter : Arthur Parnassus.
Au fil des pages, nous suivons le changement progressif de Linus et son épanouissement, sa découverte des enfants magiques, ses liens avec les différents adultes aussi. Il y a peu d’action, et l’intrigue est basique.
Le message est simple mais bienveillant, ce qui est positif, bien sûr : chacun est comme il est. On ne se résume pas à sa naissance. Acceptons la différence, etc..
En fait, T.J Klune met souvent dans la bouche des personnages adultes (Arthur Parnassus, particulièrement), des maximes à la Dumbledore du type : « Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes. « (JK. Rowking pour Albus Dumbledore).

« Il n’est qu’un enfant et je refuse de croire que le chemin de vie d’une personne est gravé dans la pierre. On est bien plus que nos origines. 
— Notre héritage ne nous définit pas.(TJ Klune pour Arthur Parnassus et Linus Baker)
Mais, contrairement à Rowling qui  a su distiller par petites touches  ce genre de propos — simplement parce que sa technique est  habile  — T.J Klune assène et répète en boucle les  tirades. Le résultat ? A la fin du roman, on a l’impression de ne pas avoir lu une histoire, mais d’avoir subi une leçon de morale, assez assommante, finalement, puisque l’auteur n’a eu de cesse de ressasser — et ce n’est jamais très bon de faire croire aux lecteurs qu’ils sont des idiots pour ne pas avoir compris la première fois, peu importe leur âge. C’est un roman , à la fin, pas un essai. Idem, pour se faire la critique de l’intolérance, Rowling est beaucoup plus efficace :  elle a bâti un monde de sorciers particulièrement effroyable et rétrograde dans lequel,  au hasard ,  l’esclavage des créatures magiques, i.e les elfes,  est  dénoncé au travers des indignations et des actions d’Hermione – et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pourtant, ceci n’est jamais effectué au détriment de l’histoire, au contraire.  Et si j’insiste sur la comparaison entre Harry Potter (qui, à mon avis, a dû fortement marqué l’auteur) et ce roman, c’est qu’il existe plus d’une connexion entre les deux (vous n’êtes pas obligé.e.s de lire ce qui suit si vous ne voulez pas connaître des éléments susceptibles de divulgâcher l’histoire) :
Quand l’auteur introduit Arthur Parnassus qui est, je le rappelle, le Directeur de l’orphelinat/foyer, la description mentionne :  » Ses yeux sombres étaient brillants et étincelaient dans la quasi-obscurité. Son nez aquilin avait une bosse au milieu, comme s’il avait été cassé des années auparavant, mais n’avait jamais été remis en place. Les mains jointes devant lui, il souriait. Ses doigts étaient longs et élégants et il faisait tourner ses pouces. 
Si on compare avec la description d’un certain Albus Dumbledore :
«  Ses yeux bleus étaient clairs, lumineux et pétillants derrière des lunettes demi-lune et son nez était très long et tortueux, comme s’il avait été cassé au moins deux fois.. »
On ne compte plus le nombre de fois où Dumbledore est décrit faisant tourner ses pouces (il est noté aussi qu’il a de longs doigts).
Je pourrais continuer ainsi mais le lien le plus évident (le clin d’oeil à Dumbledore), est, non pas son homosexualité, mais la révélation de la nature magique d’Arthur. idem, ne lisez pas si….
On apprend vers la fin qu’Arthur est en réalité un… phénix.
Je dois dire que j’ai apprécié ces références à Harry Potter ; j’ai eu l’impression très personnelle que l’auteur s’était amusé à développer son Dumbledore à lui, tel qu’il aurait voulu le voir évoluer.
Mais c’est la seule note que j’ai trouvé originale. Pour le reste, je me suis un peu ennuyée, à cause du manque d’action et d’intrigue. Un peu dommage, car j’attendais un roman mieux ficelé.
Donc, sympa, mignon mais pas très abouti.

La maison au milieu de la mer céruléenne par Klune

 

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Premières lignes — 11 juillet

Premières lignes 

 

Ce second volume,  justement intitulé « Les épreuves de Koli », reprend les tribulations du jeune homme là où nous l’avions laissé (Le Livre de Koli) c’est-à-dire en route pour Londres vers le signal étrange, en compagnie de  Tasse,  sauvée d’une secte et d’Ursala,  guérisseuse revêche  possédant un puissant tech, et bien sûr, de  Monono, la « fille dans un boîtier » (l’I.A). Koli aimerait rassembler là-bas « tous les humains » pour qu’à nouveau, des bébés naissent – et que l’espèce humaine ne soit plus en danger. Car, il faut le dire, c’est la catastrophe…
Mais si le premier tome se focalisait sur le point de vue de Koli, celui-ci suit aussi celui de Toupie, la jeune femme dont Koli était tombé amoureux (sans que cela soit réciproque, d’ailleurs). Restée au village, elle s’est mariée au jeune nouveau Rempart-tranchoir, accédant à l’élite de Mythen-Croyd… Mais pas pour longtemps.
Les ennuis commencent et bientôt, Toupie va devoir se défendre. Elle va être amenée à comprendre que ces histoires de Remparts sont des balivernes (et découvrir en partie ce qui est arrivé à Koli).
Pendant ce temps, le trio sur le chemin pour Londres affronte bien des périls. Koli mûrit, prend des décisions…
On ne fait pas que voyager dans ce tome, et même si les dangers et les rebondissements sont nombreux, M.R Carey prend le temps d’aborder des thèmes de manière subtile comme la transidentité,  la religion et bien sûr, l’intelligence artificielle. Mais il y est question de trouver sa place, de se choisir un chez-soi, de grandir, de faire des choix…

A nouveau, M.R Carey signe un roman en finesse, passionnant, sans temps morts qui, grâce à la double narration, apporte un réel approfondissement. Une réussite. Vivement le troisième.

 

Rempart, tome 2 : Les épreuves de Koli par Carey

 

la manière tout en nuances et délicatesse avec laquelle M.R Carey parle de thèmes forts comme la transidentité, l’intelligence artificielle ou encore la religion.

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Premières lignes – 5 juillet

Premières lignes 

— Plus vite, mademoiselle Anja, plus vite ! Vous savez bien qu’en aucun cas il n’est souhaitable que nous manquions notre train !
Le ton employé par Miss Nightingale ne laissait place à aucun doute : sous la politesse apparente, sa voix aigrelette annonçait clairement qu’elle était agacée. Car tout comme il existe des gens qui chantent faux, la gouvernante, dès qu’elle était contrariée, parlait faux.

J’avoue que j’ai un faible pour les romans jeunesse, surtout lorsqu’ils contiennent une part de mystère/fantastique et qu’ils mettent en scène des jeunes partant dans des périples incroyables. C’était déjà ce qui me plaisait, étant enfant,  quand je cherchais des romans à lire à la bibliothèque de mon quartier (qui existe toujours dans les mêmes bâtiments, je l’ai appris l’autre jour). A présent, les romans se sont diversifiés et la fantasy devient plus présente, même pour les plus jeunes (quelle chance ils ont, j’aurais adoré ça !). Je pioche donc régulièrement dans les rayons YA et jeunesse de la médiathèque.  Celui-ci , je l’avais repéré en librairie. Il a une couverture stylisée très attractive et un titre évocateur pour qui a, un jour, ouvert l’étrange texte d‘Isidore Ducasse (Lautréamont). Maldoror, donc, est le premier tome d’une série intitulée Les Enfants de la Légende.
Maldoror, tome 1 : Les enfants de la légende par Lechermeier

 

Anja Blumbaum, fille  d’une riche famille viennoise et jeune prodige au violon, rate son train en gare de Kiev.  Son précieux instrument  attire d’ailleurs  de curieux voleurs  et la voilà en cavale !
Piotr est un garçon pauvre qui vit avec un  père violent et une grand-mère malade à la campagne. Il   se sauve de la maison pour se rendre au marché de Kiev afin d’y acheter des plantes pour guérir la vieille dame. En poche, il a une liste : de l’armoise, de l’angélique, du millepertuis, de la mandragore et une autre ;  Maldoror. Mais, une fois en ville les ennuis se précipitent sur lui et il n’est sauvé de la prison in extrémis que pour tomber entre les griffes de  la baronne von Stumpf et sa fondation des Compagnons de la vraie foi.  Mais, très vite, Piotr se trouve  menacé par la bande de Pharaon, celle des Effaceurs. Aidé par son araignée apprivoisée (j’ai frémi, en grande arachnophobe), Piotr prend la fuite et …rencontre Anja. C’est à deux que le voyage commence, à travers  l’empire d’Autriche-Hongrie de François-Joseph et l’empire russe de Nicolas II. La révolte gronde…
Le duo va bientôt comprendre qu’il a besoin d’alliés. Car Maldoror n’est pas un simple mot. Et le violon d’Anja, pas un simple instrument, aussi précieux soit-il.
Philippe Lechermeier entremêle les intrigue, parfois un peu trop les points de vue mais sans conséquences, et tisse une très belle aventure, riche,  passionnante.
Le mystère plane de bout en bout et, à la fin de ce premier tome, on se demande vraiment ce qui va advenir des personnages principaux, l’araignée comprise !
Il y a de la musique, des roulottes, des trains qui foncent à toute allure, des références à Jules Verne (Michel Strogoff – le supplice cosaque)…
Une lecture riche qui fourmille de détails et de rebondissements. Vivement la suite !

 

Résumé : Peu avant la 1ère guerre mondiale, cinq enfants qu’à priori tout sépare sont réunis par une étrange menace. Dans un périple qui les mène de Vienne à Odessa, de Kiev aux plaines de la Sibérie, il faudra échapper à de nombreux ennemis à la solde d’un chef tyrannique qui rêve de rétablir un royaume disparu… Maldoror.

 

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