» Mme. Habib sur le trottoir, en chemisier malgré le froid, tend le bras pour éloigner sa cigarette, l’autre est replié sous sa poitrine. A la fois raide et frissonnante, elle examine la vitrine de son salon comme si elle cherchait à en percer le mystère. Les lettres blanches de l’enseigne, l’immense poster sur lequel une femme coiffée comme Louise Brooks a l’air de regarder ses pieds, la liste d s tarifs sur la porte en verre. Et, à l’autre extrémité; tout en bas, inutile et solitaire dans son vase transparent, une tige de bambou qui n’a jamais poussé de plus d’un centimètre.
— C’est le nom qui ne va pas. Cindy. la fille de l’ancien propriétaire s’appelait comme ça. C’était à la mode en 1982 mais aujourd’hui ça ne dit plus rien à personne. «
Clara travaille au salon Cindy coiffure qui appartient à Mme. Habib en compagnie de Nolwenn. Elle mène une vie de routine. Tous les jours, les mêmes personnes, clients ou pas, passent discuter avec Mme.Habib qui les écoute. Nolwenn se trompe un peu dans ses coupes, au grand dam de la patronne qui la reprend, raconte comment elle a encore raté son permis de conduire.
Clara a une vie tranquille qu’elle partage avec JB, le sosie de Flynn Rider (dans Raiponce ). Tout le monde lui conseille de ne pas lâcher ce gars ; il est bien pour elle, il exerce le métier de pompier, il a tout pour plaire. D’ailleurs, c’est aussi l’avis des parents de Clara qui attendent le mariage des deux jeunes gens. Clara est jeune (23).
Et sans le savoir elle-même, elle s’ennuie…
Un jour, un client qu’elle n’avait jamais vu (le salon est mixte) vient pour une coupe. Il laisse un livre. Elle n’a pas le temps de lui redonner, l’empoche et n’y prête pas attention pendant quelques mois.
Jusqu’au jour où, désoeuvrée, elle ouvre le livre. C’est une édition de poche de Marcel Proust qu’on peut tous et toutes avoir en tête.
Au début, Clara ne sait que penser de sa lecture : les phrases sont longues (Proust, n’est-ce pas?). Et puis, elle a perdu l’habitude de lire. Mais finalement, elle s’immerge dans ce premier tome, commande le second à la librairie de la ville et entame un long processus qui annonce un changement. Ou un accomplissement.
Clara lit Proust est un roman bien construit, qui observe les relations entre les gens, les petits gestes du quotidien avec une acuité étonnante. C’est bien écrit, souvent amusant et tendre. J’ai vraiment apprécié ce roman qui m’a presque donné envie de relire Proust (quelque chose que je n’ai pas fait depuis mes études).
Une jolie madeleine que je conseille.
Sounds like just my kind of book.
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