Premières lignes — 13 février

Premières lignes 

 » A la fin d’une chaude journée de novembre, Miss Baines et Miss Williams du rayon Robes de Goode’s se plaignaient en enlevant leur robe noire pour se changer avant de rentrer chez elles.
 » Mr Ryder n’est pas si méchant que ça, disait Miss Baines en parlant du chef de rayon ; c’est Miss Cartright qui est une enquiquineuse, si vous me passez l’expression. »
Miss Cartright était l’acheteuse et elle ne leur laissait jamais une minute de répit.
Mrs Williams haussa les épaules et entreprit de se poudrer le nez.
 » A cette époque de l’année, elle est pire que jamais, souligna-t’elle. « 

Sidney, 1959 : dans ce grand magasin, au moment des fêtes de fin d’année puis des soldes de janvier, le rayon des  » robes de cocktail » a besoin de renfort. La jeune Lesley — qui a décidé de se faire appeler  » Lisa » — vient de finir le lycée et en attendant les résultats de ses examens, se fait embaucher. Elle découvre alors un monde  nouveau. On découvre des femmes au travers de différents points de vue grâce à l’écriture précise et au talent de Madeleine St John. Ainsi, nous suivrons Fay (Miss Baines) à qui on présente de jeunes gens australiens qui la fatiguent tant ils sont insipides et tous pareils. Sa collègue, Patty (Mrs Williams) est à peine plus âgée qu’elle mais elle est déjà mariée depuis plusieurs années à Frank, un époux un peu fade. Le couple n’a pas d’enfants. Le médecin a insinué que le problème venait du mari mais, évidemment, on n’en parle pas, sans compter que Frank semble s’en fiche. Patty s’ennuie… Enfin, il y a l’incroyable Magda qui impressionne les deux autres : elle s’occupe de la haute couture et, attention, elle est européenne !
Ah, et pourquoi les petites robes  noires ? Parce que c’est l’uniforme du magasin en quelque sorte.
Quand Lesley/Lisa débute au magasin, très vite Magda décide de la prendre sous son aile et de lui montrer que, oui, on peut s’émanciper.
Le ton est celui de la comédie, mais finalement, assez caustique (Jane Austen n’est pas loin). Madeleine St John sait dénoncer avec malice les rôles qui sont attribuées aux femmes dans la société des années 50. Rien de révolutionnaire mais des petites touches qui font mouche (le roman a été écrit en 93 mais s’appuie pour beaucoup sur la jeunesse de l’autrice qu’on devine sans peine au travers du personnage de Lisa).

Un petit délice à découvrir. Il a été adapté en film.
Il paraît que le chef d’oeuvre de St John n’est ce livre mais Ruptures et conséquences (Albin Michel).

Les petites robes noires par St John

 

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