« Bobby Spencer – c’était le nom qu’il utilisait dans le coin – marchait dans la rue. Il était à peine plus qu’un garçon, mais dans le Delta, on devenait vite un homme. Il était déjà bien assez vieux pour faire danser les juke joints toute le nuit, et sa réputation ne faisait que croître. Les invitations se multipliaient et on le payait de mieux en mieux. »
C’est le titre qui m’a attirée en premier : Crossroads.
A la croisée des chemins, un bluesman fait une étrange rencontre qui va changer sa vie, son destin et le faire entrer dans la légende de la musique. Si ça ne vous dit rien, c’est la fameuse histoire du « pacte » conclu avec le diable qui tourne autour de Robert Johnson, désigné alors comme fondateur du blues, du rock, et du Club des 27, tout ça malgré lui.
De lui, il reste quelques enregistrements effectués en 1936 et 37 : 29 exactement, pas une chanson de plus. Robert Johnson décède en 1938.
Sur ce thème, l’auteur québécois Hervé Gagnon a imaginé un thriller fantastique. Il y est question d’une mystérieuse boîte contenant des affaires laissées par Johnson et transmises étrangement à deux professeurs d’université : un homme blanc et une femme noire, tous les deux fans de blues.
Il y est aussi question de hoodoo, de sorts et donc du fait d’y croire ou pas. On oscille un bon moment entre réel et surnaturel avant que l’auteur prenne un parti-pris qui fait tout basculer (vers le fantastique, pas le meilleur du roman).
Si j’ai apprécié la progression de l’intrigue, bien ficelée, les personnages m’ont paru quand même rester dans un cliché « coup de foudre » un peu niais ou trop sexualisé (on s’en fiche vraiment de savoir ce que ces deux-là font au lit, en fait).
Pour le reste, quelques américanismes sont légèrement redondants, en particulier les insultes. En fait, je n’en pouvais plus de lire « f***k me with… » à chaque fois que l’un des personnages jurait. Une fois ou deux, passe encore, mais pas tout le temps !
De même, je ne vois pas trop l’intérêt de ne pas traduire « pawn shop » : une boutique de prêteur sur gages, ça existe en français, même si ça ne sonne pas pareil.
Je n’ai rien à redire sur certaines expressions québécoises, légèrement différentes des françaises : elles m’ont paru très compréhensibles.
En fait, je suis restée accrochée au livre parce que je voulais savoir, donc, pari réussi ! Tout ce qui est en lien avec la musique est excellent et bien documenté. De ce côté-là, j’ai vraiment apprécié. De même, les rituels de hoodoo (pour conjurer les mauvais sorts) m’ont fait penser à ceux pratiqués dans les Antilles françaises (mêmes origines africaines).
En fait, malgré les imperfections du roman, j’ai passé un bon moment, l’aspect fantastique étant bien amené (brrrr). Et je ne vous dirais pas ce qui se cachait au carrefour des routes, finalement.
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Il est dans ma PAL 🙂 J’espère l’apprécier même si le roman a quelques faiblesses.
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Il se lit très bien – le suspense est bien fichu jusqu’au bout.
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