La Belgariade – T. 1 – David et Leigh Eddings

J’avais déjà lu des romans de David Eddings il y a bien longtemps ; sans me tromper, je suis quasiment sûre qu’il s’agissait de la trilogie des joyaux. Je n’en garde pas de souvenir particulier ( ni en bien, ni en mal ). Par contre, je n’avais jamais lu ce classique de la fantasy qu’est la Belgariade. L’opération Masse Critique m’a permis de remédier à cela. Me voilà donc avec  « Le pion blanc des présages« , le premier des cinq tomes. Je ne peux pas dire que je me suis ennuyée : il y a de l’aventure, de l’humour, des péripéties, une prophétie, des dieux, un artefact magique, des sorciers, un élu, des personnages à la longévité exceptionnelle, une guerre en perspective. Tiens, tiens, cela me rappelle assez le Seigneur des Anneaux. Le début, particulièrement, avec une création du monde très tolkienesque.
Par la suite, l’histoire reste assez classique ( mais ce n’est pas un reproche, les formules éprouvées sont souvent les plus efficaces ) . On se déplace pas mal (vive les cartes), on rencontre d’autres personnages et peu à peu, on voit que le jeune homme promis à un destin prestigieux, Garion, est, pour l’instant, un benêt. Il continue à ne rien comprendre alors qu’il a tous les éléments en main. C’est sympa mais à la longue, cela peut être un peu lassant (ce running gag, il court, il court). 

Les dialogues sont bien fichus et plutôt amusants (je ne me suis pas non plus écroulée de rire, j’ai vu mieux, quand même). Les personnages sont également bien définis et leurs caractères se dessinent très vite. On en a besoin car ils sont assez nombreux mais on ne s’y perd pas pour autant. Le rythme est soutenu. C’est difficile de s’endormir sur le livre. J’ai très vite eu envie de savoir ce qui se passait ensuite.
Pourtant, peut-être parce que la Belgariade reste de la fantasy terriblement convenue, classique, qu’il y a eu tellement de romans plus originaux depuis sa création (les années 80), je n’ai pas non plus été emballée. Peut-être l’aurais-je été beaucoup plus si j’avais lu la série à sa sortie, c’est certain. En refermant le livre, je me suis dit que cela me plairait d’aller emprunter un jour les autres tomes à la bibliothèque, un jour, mais je ne suis pas pressée. Et je ne vois pas l’intérêt d’avoir la série chez moi non plus. C’est sympa, ça se lit bien. Mais on on touche les limites de la high fantasy, à mon sens. Malgré l’humour, ça reste manichéen. Et surtout, j’ai eu cette impression de déjà-lu sans ce petit quelque chose en plus (après, pour être franche, je préfère lire 10 fois la Belgariade que le Sorceleur/Witcher, particulièrement indigeste, à mon goût, mais ça c’est une autre histoire😉).
En gros, si vous aimez le Seigneur des Anneaux, ou La Roue du Temps  ça devrait passer, à mon avis.

 

La Belgariade, tome 1 : Le pion blanc des présages par Eddings

Résumé : Et les dieux créèrent l’homme, et chaque dieu choisit son peuple. Mais Torak, le dieu jaloux, vola l’Orbe d’Aldur, le joyau vivant; façonné par l’aîné des dieux, et ce fut la guerre. Le félon fut châtié; à Cthol Mishrak, la Cité de la Nuit, il dort toujours d’un long sommeil hanté par la souffrance. Le fleuve des siècles a passé sur les royaumes du Ponant. Les livres des présages sont formels : Torak va s’éveiller. Et justement l’Orbe disparaît pour la seconde fois. Que le maudit la trouve à son réveil et il établira son empire sur toutes choses. Belgarath le sorcier parviendra-t-il à conjurer le sort ? Dans cette partie d’échecs cosmique, il a réussi à préserver une pièce maîtresse : le dernier descendant des Gardiens de l’Orbe, désigné par les présages, mais qui n’est encore qu’un petit garçon. Un simple pion, et si vulnérable…

Premières lignes — L’espace d’un an

Premières lignes de la semaine :

« En s’éveillant dans le module, elle se souvint de trois choses. La première : elle voyageait dans l’espace large. La deuxième : elle allait prendre un nouveau poste. La troisième : elle avait corrompu un fonctionnaire pour obtenir un fichier d’identité falsifié. Même si aucune de ses informations ne constituait une nouveauté, elles n’assuraient pas un réveil agréable. « 

Depuis que j’ai lu Semiosis de Sue Burke, je me suis dit que j’étais réconciliée avec la SF. Ou presque. Pas tout à fait, quand même.
Je le suis avec les livres, mais pas forcément avec le milieu, en généra. Exemple :  lorsque j’entends ou quand je lis, très effarée des phrases peu subtiles du type   » la SF c’est bon, la fantasy c’est de la m…. » ou encore  « il faut avoir forcément  une formation scientifique pour apprécier la SF », j’ai l’impression de tomber des nues (ou sur le cul, et ça fait mal). Cela me rappelle une époque que je croyais révolue où le milieu de la SF était presque exclusivement masculin, blanc, peuplé de matheux – des gens qui vous rejetaient avec un paquet de moqueries quand vous ne correspondiez pas aux critères. (je veux parler de souvenirs des années 80, avant cela j’étais bien trop petite). 
Oh, wait… Serait-ce encore un peu le cas ? Aurais-je mal compris ? 

En outre, les personnes qui ont à la bouche de telles….assertions ( âneries?)  ne font aucun bien au(x) genre(s). Les littératures de l’imaginaire, les fameux « mauvais genres« , sont multiples, complexes et s’adressent à un ensemble de personnes, complexes, aussi. En écarter certaines pour une ou plusieurs raisons, il me semble que cela ressemble à une forme d’élitisme, exactement ce que certain.e.s reprochent aux  gens appartenant au milieu de la littérature dite « blanche » (comprenez : non-imaginaire même si parfois, les frontières deviennent floue).
Bref. Je digresse. Revenons à mes premières lignes et à cette excellente lecture :

Je vais donc parler d’un autre roman de SF qui m’a à peu près autant plu que Semiosis bien que différent. Un roman de SF, donc. Un space opera qui défie les codes : L’espace d’un an, de Becky Chambers (L’ Atalante).  Nous sommes invités à suivre Rosemary, une jeune femme qui commence une nouvelle vie à bord  la vie du Voyageur,  un vaisseau chargé de creuser des tunnels dans l’espace (d’où le terme ‘tunnelier »). Très vite, nous faisons connaissance avec les différents membres de l’équipage, tous d’espèces différentes : Sissix , une Aandriske, sorte de reptile  à plumes ; le Dr. Miam  un Grum amphibien doté de plusieurs mains/pieds ;  Ohan, paire Sianate à qui il faut s’adresser au pluriel puisque  son cerveau est l’hôte d’un neurovirus formant la deuxième partie du duo ; sans parler de Lovey, l’Intelligence Artificielle. Il y a aussi quelques humains assez remarquables : Jenks, le tech de petite taille amoureux de l’I.A, Kizzy, l’autre tech aux réactions plus que spontanées et parfois enfantines, Corbin, un ronchon aux préjugés spécistes, et le capitaine Ashby, amoureux d’une extra-terrestre. Tout le monde cohabite tant bien que mal, s’aime, se chamaille, souvent dans un joyeux bazar. C’est un peu Galactica, un peu Babylon 5, un peu Star Trek parfois, mais en plus déjanté, en plus optimiste aussi, malgré les conflits et l’extinction de certaines espèces. On fait le voyage avec eux et quel voyage ! Car il ne s’agit pas seulement un voyage dans l’espace mais surtout un parcours de plusieurs êtres ensemble…
Becky Chambers a le chic pour écrire des personnages attachants, aux histoires mouvementées. On a envie d’en savoir plus — et tant mieux, il y a deux autres livres situés dans le même univers que celui-ci. Le tout est regroupé  dans la trilogie : Voyageurs, à l’Atalante, bien sûr. C’est fin, bien fait, rafraîchissant, marrant, émouvant et tendre (et pas neuneu du tout, contrairement à ce que j’ai pu lire). Oui, c’est à lire. Oui, c’est un grand roman de SF.

L'espace d'un an par Chambers

Résumé : Rosemary, jeune humaine inexpérimentée, fuit sa famille de richissimes escrocs. Elle est engagée comme greffière à bord du Voyageur, un vaisseau qui creuse des tunnels dans l’espace, où elle apprend à vivre et à travailler avec des représentants de différentes espèces de la galaxie : des reptiles, des amphibiens et, plus étranges encore, d’autres humains. La pilote, couverte d’écailles et de plumes multicolores, a choisi de se couper de ses semblables ; le médecin et cuistot occupe ses six mains à réconforter les gens pour oublier la tragédie qui a condamné son espèce à mort ; le capitaine humain, pacifiste, aime une alien dont le vaisseau approvisionne les militaires en zone de combat ; l’IA du bord hésite à se transférer dans un corps de chair et de sang… Les tribulations du Voyageur, parti pour un trajet d’un an jusqu’à une planète lointaine, composent la tapisserie chaleureuse d’une famille unie par des liens plus fondamentaux que le sang ou les lois : l’amour sous toutes ses formes. Loin de nous offrir un space opera d’action et de batailles rangées.

J’ajoute cette lecture au thème du mois de mars du HMSFFF challenge : les autrices et au Challenge de l’Imaginaire 

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Lazare – Lars Kepler

Lazare est  donc le septième tome de la série policière Joona Linna, commencée avec L’hypnotiseur. Le couple « Lars Kepler » signe une fois de plus un thriller haletant, plus noir que jamais, tout ce qui a fait leur succès.

Lazare par Kepler

Résumé : 

Un appartement d’Oslo, donc l’occupant a été trouvé mort, dans un état de décomposition avancée. Quand la police investit les lieux, elle fait une autre découverte macabre : la victime était visiblement un profanateur de tombes qui collectionnait des « trophées ». Au nombre desquels le crâne de l’épouse de Joona Linna. Quelques jours plus tard, une inspectrice allemande prend contact avec Joona pour solliciter son aide sur une troublante affaire de meurtre dans un camping aux abords de Rostock. Rien n’aurait pu le préparer au choc qui l’attend, car ce qui n’était d’abord qu’un pressentiment absurde va basculer irrémédiablement vers une certitude terrifiante : le redoutable tueur série Jurek Walter est de retour. L’inspecteur sait qu’il ne lui reste qu’une chose à faire : mettre sa fille à l’abri. Et il ne peut compter sur l’aide de personne, car ses collègues le jugent en plein délire paranoïaque. Qui d’autre qu’un fou tremblerait devant un fantôme ? Mais tout le monde ne vit pas dans la même réalité. Si quelqu’un revenait d’entre les mort, certains criaient au miracle, d’autres évoqueraient un cauchemar. Plus noir que jamais, Lars Kepler, maître incontesté du thriller scandinave, est de retour avec la septième enquête de l’inspecteur Joona Linna.

C’est difficile de juger un roman de Lars Kepler : on se dit à chaque fois qu’on ne va pas se laisser reprendre au jeu, qu’il y a trop d’imperfections, que la recette est toujours la même, sans surprise mais sans génie non plus (ou alors, peut-être est-ce cette solution efficace qui tiendrait du génie, justement…). On se le dit, on se le répète et on se retombe dans le piège dès qu’un nouvel opus sort. Démoniaque…

Pourtant, depuis quelques romans, je trouve que le couple Ahndoril (le véritable nom des deux auteurs ) s’essouffle vraiment. J’avais survolé plus que lu Le Chasseur de lapins ; j’avais trouvé que l’ensemble manquait de subtilité (la fin était un grand n’importe quoi, en particulier).

J’espérais un peu mieux de ce Lazare qui voit le retour de la Nemesis de Joona Linna, à savoir le tueur en série qu’on croyait mort, Jurek Walter. Personnage terrifiant, Jurek Walter tient plutôt du roman d’horreur que du thriller, même si les deux genres peuvent facilement se confondre.
Jurek énonce des prédictions comme un oracle, froidement. Il pousse ses victimes au suicide, entrant dans leurs têtes. Le manipulateur ultime, en quelque sorte.

Jurek Walter se tourna vers Joona. Son visage était sillonné de fines rides et ses yeux clairs vinrent croiser les siens.
— Bientôt les deux fils de Samuel Mendel vont disparaître, dit Jurek d’une voix mesurée. Et Rebecka, la femme de Samuel, va disparaître. Mais… Non, écoutez-moi, Joona Linna. La police va enquêter et quand elle abandonnera, Samuel va poursuivre les recherches, mais il finira par comprendre qu’il ne reverra jamais sa famille et il se donnera la mort.

(Le marchand de sable)

Je dois dire que je n’ai pas trouvé très habile de la part des auteurs d’avoir encore une fois recours à ce grand ennemi ; Jurek Walter est comme Sauron ou Voldemort, il revient toujours… et il recrute des disciples qu’il endoctrine ! C’est un peu éculé comme concept, non ? Bien sûr, cela fonctionne.

Cette fois encore, personne ne croit Joona Linna : on pense qu’il est devenu paranoïaque, il sort de prison, il a sûrement une case en moins !  Cela devient un running gag, à ce stade, mais passons… Et malgré l’évidence qui se profile, personne au sein de la police ne prend les bonnes décisions, multipliant les erreurs qui vont permettre au tueur….de tuer, donc.

Les détails sont toujours aussi sordides, avec Jurek Walter qui enterrent les gens en les maintenant vivants. Il a maintenant un acolyte nommé Beaver qui pourrait être intéressant – et dont on va évidemment entendre parler dans le prochain livre – mais qui n’est guère développé. Pourquoi est-il si instable ? Pourquoi s’est-il laissé recruter par Walter ? On ne sait pas. Il y a très peu d’indices. On nous flanque cela comme une évidence (Jurek le recrute, point).  C’est un peu maladroit et à la limite de l’incohérence.

Pour les points positifs parce que j’ai l’air de tout démonter mine de rien :
on retrouve un très bon découpage de chapitres, des scènes courtes, bien documentées, un rythme qui se maintient tout du long.

Les personnages  (Joona Linna, sa fille Lummi, Saga Bauer, sa soeur… et même des personnages secondaires) sont toujours très bien décrits, avec suffisamment d’épaisseur pour être crédibles.

Pour le plus négatif :
une tendance au porno qui se s’accentue avec une scène  lors du tournage d’un film X du point de vue d’ une actrice dont on se demande encore l’utilité. Je n’en vois aucune sinon la complaisance pour les scènes de sexe décrites par le détail (et dont on se passerait, surtout avec des remarques dignes d’un porno lourdingue dont je vous passe les citations mais qui m’ont bien agacées à la lecture). Je n’ai rien contre les scènes de sexe mais quand elles sont utiles pour l’intrigue ! Et aussi quand on peut éviter les phrases sorties de 50 nuances de Grey … 

Une lecture finalement mitigée puisque j’ai été tenue en haleine (je voulais vraiment savoir où tout cela nous menait) mais qui ne m’a pas rassurée sur le chemin que prend la série. Dommage parce que j’avais plutôt de la sympathie et de l’indulgence pour les enquêtes de Joona Linna….

 

 

Lu à l’occasion de l’opération Masse Critique – merci à Babelio et aux éditions Actes Sud  » Actes Noirs » 

Transbordeur : photographie, histoire, société

Transbordeur photographie, histoire, société est une très belle revue consacrée à la photographie dotée d’une iconographie très bien mise en valeur et d’articles techniques richement documentés.

« Les images existent par l’effet cumulé des dispositifs d’enregistrement et de visionnage, d’exposition en petit et grand format, de stockage, de flux et de masse, d’encodage et de surcodage, des mécanismes économiques et juridiques de leur valorisation, des agences, des archives, des institutions patrimoniales ou pédagogiques qui leur donnent leur utilité en tant que technique culturelle » (p. 5).

 

Au fil de plus de 230 pages, cette revue, dont le titre s’inspire du pont transbordeur, présente au lecteur un éventail choisi  des études photographiques de notre époque tout en axant ses articles sur le côté technique, faisant le lien entre passé et présent.
Il s’agit non seulement d’un très bel objet mais aussi d’une mine de renseignements et d’études.

« Les éditions Macula ont conçu un objet de haute qualité esthétique et magnifiquement illustré grâce au soutien de plusieurs institutions et mécènes. Cette première livraison a pour objet les Musées de photographies documentaires. Elle est issue d’un colloque organisé par les universités de Lausanne et de Genève. En une quinzaine de textes, elle propose un panorama des principaux projets et institutions européennes consacrés à l’archivage photographique depuis le XIXe siècle, ainsi que quelques essais sur des thèmes particuliers comme « Fasciner l’attention. Le chromatrope et le pouvoir suggestif de la couleur en France au XIXe siècle » (p. 134-149) d’Alessandra Ronetti, ou « Frank Bunker Gilbreth : La normalisation comme art de vivre » (p. 150-165) de Bernd Stiegler. »

(source)

 

 

Revue Transbordeur. Photographie, histoire, société, éditions Macula, 2017, numéro 1, 236p  

Site des éditions Macula

Merci à Babelio Masse critique 

 

Maintenant – Mamadou Mahmoud N’Dongo

C’est une écriture que j’ai découverte avec cette trilogie théâtrale: celle de Mamadou Mahmoud N’DongoUne écriture, courte, aux phrases morcelées, en forme de coup de poing ou de coeur, qui donnent un rythme formidable.
Au fil de ces trois pièces, les thématiques (cause des femmes,  l’exil, les origines, les relations hommes-femmes, et bien d’autres )  se répondent, les trajectoires de vie, les dialogues, les bruits de la ville, des fragments comme les morceaux d’un puzzle qui se reconstitue peu à peu. Il y a une véritable musique, une scansion dans l’écriture de N’Dongo.
Dans Bruits blancs, une fiction radiophonique,  il met en perspective les attentats du 13 novembre et le Dialogue des Carmélites de Bernanos (l’auteur en parle dans l’interview ci-dessous). Le résultat est brillant.
Different maps est le texte du premier film tourné par l’auteur

 

Cela a été un bonheur de découvrir  cet auteur et je remercie au passage Babelio/ Masse critique et les éditions de la Cheminante (Sylvie Darreau). 

«J’aime tout simplement changer de thèmes, j’ai envie de m’intéresser à tout», explique Mamadou Mahmoud N’Dongo. »

 

Résumé : Mamadou Mahmoud N’Dongo aborde dans cette trilogie théâtrale Maintenant éditée à La Cheminante les événements de ses dernières années, donnant à entendre dans Bruits blancs le chœur des passagers d’un taxi, un jour de novembre, avant, pendant et après les attentats de Paris.

Dans Maintenant que je me suis habituée à ta présence– en collaboration avec l’artiste suisse Nina Willimann -, l’identité féminine est explorée en relation avec les notions de nation, histoire, culture et genre.

Et Different Maps offre une lecture contemporaine de l’amour d’Orphée pour Eurydice…

Les bruits, fureurs et silences du présent sont au rendez-vous de cette dramaturgie où la profondeur du regard de l’auteur rend palpable la nécessité d’être au monde en conscience.

Pour finir, je vous propose de découvrir Different Maps:

Nouveaux contes du Limousin – Baranger/ Phelipon

 

C’est dans le cadre du dernier Masse critiques Babelio que j’ai reçu ce bel album de contes paru aux Ardents Editeurs.

 

Les légendes, dit-on, ont toujours un fond de vérité. Pour pénétrer les mystères cachés, oubliés entre les bois, les rochers et les eaux, il vous faut écouter les secrets enfouis que murmurent la terre, le vent ou la pluie. 
Telle une partition à quatre mains, le texte et l’illustration s’enlacent et invitent le lecteur à rejoindre l’univers du conte en un hymne à un « pays » propice aux légendes réinventées.

 

Etant friande de contes et de légendes, je me suis penchée avec joie sur cet album jeunesse. Si les contes sont un peu courts, je pense qu’ils conviendront aux plus jeunes…
Les illustrations colorées sont pleines de fraîcheur et de magie. Un moment agréable !

 

 

 

 

 

Laure Phelipon : FB

Blog

Pierre-Jean Baranger : site

Caïn – Dario Alcide

 

 

Résumé : Le centre 27-A abrite en permanence une dizaine d’enfants. Les règles y sont simples et permettent aux pensionnaires de s’épanouir malgré leurs handicaps. Tous profitent de leur séjour, sans poser de questions et dans une relative tranquillité, grâce à la bienveillance des animateurs.
Pourtant, l’arrivée d’un nouvel enfant, Caïn, va bien vite perturber la routine de l’établissement. Malgré son jeune âge, le garçon veut apprendre à lire et pose bien plus de questions que tous ses prédécesseurs réunis. Pourquoi tous les autres enfants sont-ils malades et pas lui ? Pourquoi aucun d’eux n’a de souvenirs de leur vie avant leur arrivée dans le centre ? Les animateurs sont-ils vraiment gentils ? Qu’est-ce que ce centre exactement ?
À mesure que son enquête avance, une certitude s’impose à l’esprit du jeune garçon : il va devoir fuir le centre…

C’est toujours une aventure spéciale que de lire et chroniquer un roman en auto-édition. On sent la motivation de l’auteur.e, on a envie de prendre part à cet élan, de donner toutes ses chances au livre – et parfois, comme pour n’importe quel autre livre, auto-édité ou non, on peut être déçu.
Cette fois, avec Caïn, j’ai trouvé la lecture agréable. Le style est fluide, le début avec le parti pris du point de vue de l’enfant (Caïn) est bien trouvé. Les autres points de vue sont bien choisis mais peut-être moins touchants que celui du petit garçon.
Je ne vais pas mentir : si j’ai aimé cette lecture, je n’ai pas été surprise. Il me faut des intrigues un poil plus retorses pour que je me casse la tête à me demander : » mais de quoi parle-t’on ? « . Très vite, j’avais compris le sujet du roman, les indices étant bien placés pour mettre le lecteur sur la voie (ex: les prénoms des enfants). Je ne me suis donc pas posée beaucoup de questions, le dénouement me paraissant logique.

Il reste que le livre se lit bien, que le thème est intéressant et pose des questions essentielles.
J’ai particulièrement apprécié cette fin ouverte qui laisse le lecteur dans l’expectative (et qui appellerait presque à une suite).
J’aurais juste un bémol au sujet des personnages, qui manquent un peu d’âme, de matière pour que le lecteur s’attache réellement à eux. On ressent une certaine mise à distance qui, si elle n’est pas forcément gênante à la lecture, a tendance à limiter l’émotionnel (à dessein ? ).
Une lecture convaincante que je conseille.

À propos du livre: 

Caïn
Auteur : Dario Alcide
Sortie : le 22 novembre 2018
ISBN papier : 978-2-9565405-0-2
219 pages
Prix broché : 12€
Prix E-book : 2.99€

 

Merci à l’auteur de m’avoir laissé lire Caïn en avant-première.

Liens presse
Site

Sur le même thème (j’essaie de ne pas trop spoiler)

Comment t’écrire adieu – Juliette Arnaud

 

 

Premier roman adultes de la chroniqueuse-comédienne Juliette Arnaud, « Comment t’écrire adieu »  retrace le deuil d’une histoire d’amour, ponctué par des morceaux de musique qui ont marqué l’auteure.

« Et vous, quelles chansons vous ont sauvé la vie ?

À 45 ans, Juliette se retrouve face à elle-même, avec le cœur déchiré et l’envie de rire de tout. Elle se repasse alors les 14 titres de sa bande originale, d’Étienne Daho à Dolly Parton, sans oublier Bruce Springsteen, 14 pop songs qu’elle a écoutées religieusement et dont elle connaît les paroles par coeur. Pourquoi sa vie chante-t-elle tout à coup si faux ? Qu’est-ce qui a mal tourné ? Elle a pourtant suivi à la lettre ce que les refrains suggéraient. Elle a scrupuleusement appliqué les adages de chacun des couplets.

À défaut de réponse, puisque R. est parti sans un mot, Juliette va s’y coller, à écrire adieu. Elle essaiera d’être drôle et elle sera sincère, pour comprendre, peut-être, que tout ce qui mène à la fin d’une histoire d’amour, on le porte en soi. « 

Que dire ? Il s’agit d’un récit plus que d’un roman. C’est truffé de souvenirs, de références et d’anecdotes. Le ton est proche de celui de la conversation.  On a l’impression d’entrer dans un journal de bord, dans un carnet où les souvenirs sont posés là, sur le papier, sans tentative de cohérence. Bref, c’est vite lassant. Dommage, l’idée était intéressante, le ton aurait pu rendre le récit vivant. Bien sûr, cela convient bien à une chronique . Ici, au fil des pages, on s’ennuie vite des propos décousus, sans fluidité (je passe sur cette manie d’ajouter le code postal au lieu évoqué par l’auteure…).
La nostalgie fonctionne assez bien avec les nombreux titres évoqués. Mais la nostalgie quand elle est récurrente, sonne assez comme un « c’était mieux avant » dont on se passerait bien.

 

Comment t’écrire adieu – Juliette Arnaud

Éditions Belfond – Collection Pointillés

ISBN:9782714479938

6 Septembre 2018

17€ / 144 pages

(merci à NetGalley et aux éditions Belfond )

Camilla et compagnie – Christina Hesselholdt

 

 

« Camilla, Charles, Alma, Edward, Alwilda et Kristian forment un groupe d’amis entre quarantaine et cinquantaine rugissante – et surtout bouleversante – au cœur de l’œuvre de Christina Hesselholdt depuis plus de dix ans. Car Camilla et compagnie regroupe quatre petits livres publiés de 2008 à 2014, irrésistibles de drôlerie et de justesse, célébrés au Danemark comme une exceptionnelle performance littéraire.

 

Sous forme de monologues intérieurs alternés, comme si le lecteur sautait d’une conscience à l’autre, Christina Hesselholdt nous invite à un voyage au pays des angoisses et des ambitions ordinaires, des amours et des rencontres, comme un portrait intime, éclaté, de la vie quotidienne – de la vie tout court – en ce début de XXIe siècle.

 

De Berlin à Lisbonne, de Belgrade au Mozambique via New York, le Danemark, la poésie de Wordsworth, les romans de Virginia Woolf ou de Samuel Beckett, les personnages de Camilla et compagnie sont tour à tour nous-mêmes et les autres : inoubliables. »

Camilla et compagnie  fait partie des livres exigeants, des récits déroutants, qui, à juste titre, demandent un effort de la part du lecteur – et c’est tant mieux. Le livre est découpé en tranches de pensée, plus que de vie ; celles des six différents personnages.
Et on y voit alors une inspiration évidente : celle de Virginia Woolf avec « Les Vagues ».
Au sujet des « Vagues« , Virginia Woolf écrivait dans son Journal que ces six  parties n’étaient pas  destinées à représenter des  personnages séparés, mais plutôt des facettes de conscience.
Ici, on explore plutôt les liens et les connexions entre les êtres ainsi que l’impossibilité de la permanence (la relation de couple d’Alma et Kristian; la maladie de Charles ).
Si on ajoute à ceci les différentes références à la littérature (Woodworth, Coleridge, Emily Brontë, Woolf…), on aboutit à un livre brillant, parfois grave, parfois léger, parfois un peu absurde qui se démarque nettement de la production actuelle.
Déroutant, oui, mais inventif !

  • Littérature étrangère
  • Date de parution : 06/09/2018
  • Format : 14 x 20,5 cm, 464 p., 24,00 EUR €
  • ISBN 978-2-7529-1101-8

 

Merci pour cette lecture à Masse Critique Babelio et aux éditions Phébus. 

Sept larmes au creux de la mer – C.B Lee

 

 

Résumé : La mer cache bien des secrets… Kevin Luong a le coeur brisé le jour où, marchant au bord de l’océan, il se souvient de l’ancienne légende que sa mère lui avait racontée. Il laisse alors tomber sept larmes dans l’eau tout en formulant son souhait : « Je veux être heureux et amoureux… Juste un été… » C’est ainsi qu’il se retrouve à sauver un mystérieux garçon du Pacifique, un garçon qui plus tard apparaît sur le pas de sa porte en lui déclamant son amour. Ce qu’il ne sait pas, c’est que Morgan est un selkie et qu’il est là pour exaucer son souhait. À mesure qu’ils se rapprochent, Morgan est tiraillé entre les dangers du monde humain et son héritage au sein de la communauté selkie vers laquelle il doit revenir à la fin de l’été..

 

C’est une jolie romance  dont je vais parler aujourd’hui.
Tout est très soft dans ce roman de C.B Lee qui sait tisser une belle histoire, sur fond de légendes gaéliques (les selkies !).  Cette histoire d’amour entre deux adolescents est écrite avec une légèreté et une finesse qui sont à souligner. C.B Lee aborde, en plus de la question de l’orientation sexuelle (ou, du moins, romantique), les thèmes de la tolérance, de l’acceptation de l’autre.
J’aime beaucoup les histoires de selkies (très bien illustrées dans Le Chant de la Mer, par ex.). Ici, l’autrice a su tirer parti de ce mythe et peut-être fait découvrir des légendes moins connues.

Finalement, c’est une lecture agréable qui vaut le détour.

 

Merci aux éditions  MXM BOOKMARK    et à Net Galley pour cette lecture.