Il y a des livres avec lesquels on peine, ceux qui nous tombent des mains dès le début ou même en plein milieu ; il y a des livres qu’on referme avec un sentiment mitigé, ceux qu’on pose en sachant très bien qu’on n’en gardera pas le souvenir d’ici les prochains mois. Il y a des romans qui sont plutôt pas mal mais qui ont ces petits défauts agaçants qui font grincer des dents, ceux qui contiennent tellement d’incohérences que la lecture en devient un pensum plus qu’un plaisir. Il y a des romans « faciles » mais qui, finalement, restent sans saveur et ceux qui se veulent tellement « recherchés » ou écrits ou avec une subtilité digne de celle d’Emmanuel Macron en politique ‘oups’, d’un titre de Cannibal Corpse.
Il existe des tas de livres qui vous mènent à la lassitude en lecture (mon cas depuis la fin de l’année dernière). Mais, heureusement, il y en a presque autant qui apportent de la joie, du plaisir à lire et qui amènent à dire : « Mais qu’est-ce que c’est bien fait ! »
Les romans de Mike Carey (Celle qui a tous les dons, la trilogie de Koli) font partie de cette deuxième catégorie, non parce qu’ils abordent des sujets « youpi yop, le monde est rempli de Bisounours », au contraire mais parce qu’ils sont extrêmement bien construits, que les personnages sont consistants, que les intrigues se tiennent de bout en bout, qu’on n’y rencontre pas des formulations pouvant induire du racisme, sexisme, homophobie, etc…
Carey sait nous captiver, nous emmener dans la psyché de ses personnages et construire aussi des ambiances. Avec Une autre moi-même, les deux personnages principaux sont deux femmes : une mère (Liz) qui se défend contre son ex mari, un homme violent et abusif, et une adolescente qui, étant enfant, a été victime d’un kidnapping. Toutes deux soumises à des traumas ont, pense-t’on, développé des stratégies de survie et subissent des troubles psychiques. L’adolescente (Fran) est cataloguée au collège comme la « dingo » de service. Elle consulte un psy, est sous traitement. Son seul refuge demeure son « amie imaginaire », une renarde qui lui vient d’un dessin animé qu’elle regardait étant enfant.
Quant à Liz, le jour où elle répond aux coups de son ex, elle a la nette impression que quelqu’un a pris le contrôle de son corps et de son esprit. On pense à un trouble dissociatif de l’identité.
Mais voilà : les apparences sont un peu trompeuses et la fantastique s’en mêle de façon très habile.
Je n’en dirais pas plus. Le traitement des personnages est splendide, la façon dont Carey manie les points de vue, magistrale.
(oui, il faut le lire!)
Merci aux éditions l’Atalante et à Masse critique Babelio pour l’envoi !