« Kim Jiyoung a trente-cinq ans. Elle s’est mariée il y a trois ans et a eu une fille l’an dernier. Elle, son mari Jeong Daehyeon et leur fille Jeong Jiwon, sont locataires dans une résidence de la banlieue de Séoul. jeong Daehyeon travaille dans une importance entreprise de high tech , Kim Jiyoung a travaillé dans une société de communication jusqu’à la naissance de sa fille. «
C’est un roman qui commence comme un documentaire, un peu sec, sans doute. On pourrait penser qu’on va peut-être s’y ennuyer.
Il n’en est rien.
Très vite, on entre dans la vie de Jiyoung, et par son intermédiaire, dans celle des femmes coréennes. Et là… le choc.
Kim Jiyoung, née en 1982 (82년생 김지영 en coréen) est un roman fort. Quand il est sorti en Corée du Sud, il a provoqué de vives réactions, créant un vrai phénomène de société. Et oui : Cho Nam Joo (조남주) y parle de la condition des femmes coréennes. Pas à une époque reculée. Non. De nos jours.
Elle entremêle les histoires de la mère de Jiyoung, celle de sa grand-mère, nous raconte comment c’est, de grandir dans un monde qui non seulement invisibilise les femmes mais les méprise (le confucianisme !).
Pour mémoire, le confucianisme est omniprésent en Corée depuis la période Joseon. Ce système de pensée, instauré par Confucius, définit les relations sociales, la place de l’homme et de la femme ; l’homme étant la figure dominante du foyer, (hello le paterfamilias, nous avons connu cela aussi ). Bien sûr, lorsqu’une femme se marie, elle devient obligatoirement membre de la famille de son conjoint. Le garçon est l’héritier (voilà pourquoi certaines femmes ont eu recours à l’avortement pour ne pas avoir de filles, ce thème est abordé dans le livre).
Je ne vais pas raconter l’histoire mais la force de l’autrice, c’est aussi d’avoir su y glisser des informations, des chiffres, des statistiques parmi les réflexions de son personnage principal. Jamais cela ne semble un élément austère sinon un apport édifiant.
En faisant des recherches sur le roman, j’ai appris aussi qu’il y avait un film. D’ailleurs, l’actrice principale a dû faire face à une campagne d’intimidation et de moqueries sur les réseaux sociaux. La preuve qu’un long chemin reste à faire…
C’est aussi le constat que fait l’autrice au travers de son roman que je conseille vivement (bon, en plus, j’aime beaucoup cette partie de l’Asie, je sais…. Mais même si je m’y intéresse, j’ai été plus qu’étonnée par certaines informations. Ah oui. Quand même…. )
Résumé : Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d’une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court.
L’adaptation :