Premières lignes — 18 janvier

Premières lignes 

« Kim Jiyoung a trente-cinq ans. Elle s’est mariée il y a trois ans et a eu une fille l’an dernier. Elle, son mari Jeong Daehyeon et leur fille Jeong Jiwon, sont locataires dans une résidence de la banlieue de Séoul. jeong Daehyeon travaille dans une importance entreprise de high tech , Kim Jiyoung a travaillé dans une société de communication jusqu’à la naissance de sa fille. « 

C’est un roman qui commence comme un documentaire, un peu sec, sans doute.  On pourrait penser qu’on va peut-être s’y ennuyer.
Il n’en est rien.
Très vite, on entre dans la vie de Jiyoung, et par son intermédiaire, dans celle des femmes coréennes. Et là… le choc.
Kim Jiyoung, née en 1982 (82년생 김지영 en coréen) est un roman fort. Quand il est sorti en Corée du Sud, il a provoqué de vives réactions, créant un vrai phénomène de société. Et oui : Cho Nam Joo (조남주) y parle de la condition des femmes coréennes. Pas à une époque reculée. Non. De nos jours.
Elle entremêle les histoires de la mère de Jiyoung, celle de sa grand-mère, nous raconte comment c’est, de grandir dans un monde qui non seulement invisibilise les femmes mais les méprise (le confucianisme !).
Pour mémoire, le confucianisme est omniprésent en Corée depuis la période Joseon. Ce système de pensée, instauré par Confucius, définit  les relations sociales, la place de l’homme et de la femme ; l’homme étant la figure dominante du foyer, (hello le paterfamilias, nous avons connu cela aussi ). Bien sûr, lorsqu’une femme se marie, elle devient obligatoirement  membre de la famille de son conjoint. Le garçon est l’héritier (voilà  pourquoi  certaines femmes ont eu recours à l’avortement pour ne pas avoir de filles, ce thème est abordé dans le livre).
Je ne vais pas raconter l’histoire mais la force de l’autrice, c’est aussi d’avoir su y glisser des informations, des chiffres, des statistiques parmi les réflexions de son personnage principal. Jamais cela ne semble un élément austère sinon un apport édifiant.
En faisant des recherches sur le roman, j’ai appris aussi qu’il y avait un film. D’ailleurs, l’actrice principale a dû faire face à une campagne d’intimidation et de moqueries sur les réseaux sociaux.  La preuve qu’un long chemin reste à faire…
C’est aussi le constat que fait l’autrice au travers de son roman que je conseille vivement (bon, en plus, j’aime beaucoup cette partie de l’Asie, je sais…. Mais même si je m’y intéresse, j’ai été plus qu’étonnée par certaines informations. Ah oui. Quand même…. )

 

 

Résumé : Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?

En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d’une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court.

 

L’adaptation :

Premières lignes – 11 octobre

Premières lignes

« Introduction — Hiver
Il va sans doute bientôt neiger. elle regardera cette première neige par la fenêtre de sa chambre d’hôpital.
Je peux l’imaginer quittant son lit, glissant ses pieds dans ses pantoufles et s’approchant lentement de la fenêtre. je vois son petit visage pâle, le front qu’elle appuie contre la vitre froide, son visage sans expression ; elle aura enfoncé ses mains aux poignets fragiles dans les poches de son pyjama d’hôpital trop grand pour elle. Et quand elle se penchera vers la fenêtre en clignant des yeux, abaissant ses longs cils brillants qu’on dirait humides, le pendentif orné d’un griffon, suspendu à une chaîne d’argent fine effleurera sa clavicule. « 

Encouragez donc les garçons ! par Eun

 

Avec ce roman de Eun Hee-kyung  direction la Corée du Sud. Publié en 2010, 소년을 위로해줘, « Console le jeune garçon » (on voit déjà qu’il y a un problème de traduction mais je vais y revenir) est un beau roman sur l’adolescence, sur le fait de grandir, de trouver sa place dans la société la pression sociale, sur le fait d’être différent.e, sur l’amour, l’amitié, le manque de repères et comment s’en créer, la paternité, la maternité aussi, ….
On a là un roman d’apprentissage avec beaucoup de thèmes abordés au travers de l’histoire Yeonwu qui vit seul avec sa mère. Ce n’est pas fréquent en Corée et il en souffre. Il n’a pas connu son père. La mère et le fils accompagnés de leurs deux chats emménagent dans un nouvel appartement. Yeonwu va intégrer un nouveau lycée avec la pression que cela comporte : les examens, les heures de classes supplémentaires et obligatoires pour les préparer — nous n’avons aucune idée de la charge que cela représente, ici, en France. Lorsque les lycéens s’y soustraient, ils reçoivent des punitions qui peuvent être des châtiments physiques (oui, on les frappe et ceci est considéré comme « normal » dans la mesure où le prof ne frappe pas trop fort) ou bien des humiliations (porter une pancarte toute une journée indiquant que vous avez séché le cours et marquant votre honte – ce qui est particulièrement insupportable en Asie). Chaeyeong, la jeune fille dont Yeonwu va devenir l’ami, va subir ces punitions. Taesu, le troisième larron de la petite bande, revient des USA où ses parents ont vécu. Il a étudié là-bas et émaille ses phrases d’expressions américaines. Il a du mal à se réadapter aux critères coréens au grand désespoir de sa jeune soeur et de sa famille. En gros, il devient le vilain petit canard. Taesu et Yeonwu partagent le même goût pour la musique et surtout pour le rap. Ils vivent sur ce rythme.

Mais on ne suit pas que les adolescents ; les soucis d’adaptation concernent aussi la mère de Yeonwu, Mina,  et son petit-ami, Jaeuk, plus jeune qu’elle. Voilà une situation qui n’est pas correcte : elle est une femme divorcée qui ne « rentre pas dans les cases » , et elle sort avec un homme plus jeune, sans vouloir se marier. Absolument pas coréen. Sans parler du fait que Jaeuk n’a pas d’emploi respectable dans une grande entreprise !
Pour autant, la génération des parents ne comprend pas celle des enfants. Mina, déjà en rupture avec la tradition a du mal avec Yeonwu. Et même Jaeuk qui essaie d’être ami avec lui, l’entraînant à la course à pied, se révèle être un grand moralisateur. Tout le monde cherche ses repères et a bien du mal à les trouver dans une Corée qui est tiraillée constamment entre le passé rigide, les exigences de performance et ce qui se profile. C’est vraiment très intéressant. Et comme je m’intéresse à l’Asie ; au Japon depuis longtemps ( les années 80 grâce à mes parents ) et à la Corée du Sud depuis quelques années seulement (merci la K-pop, je n’ai pas honte de le dire) , je n’ai pas été surprise.
J’ai aimé aussi les personnages, les touches délicates pour entrer dans l’histoire, la poésie qui se dégage.
Par contre, le roman souffre d’un très gros problème que j’évoquais dès le début : la traduction est une catastrophe de même que la mise en page à certains moments (les dialogues délimités n’importe comment). Il y  a aussi des fautes de frappe, des erreurs de français qui rendent la lecture difficile. Parfois, j’ai dû relire plusieurs fois le même passage pour comprendre le sens. On sent que la traduction est très littérale. Je sais que le coréen n’est pas facile à traduire, à la base (pour un aperçu de la structure de la phrase coréenne, c’est par ici).  Parfois cela donne de drôles d’interprétations, voire plusieurs nuances quand on le passe dans notre langue mais ce n’est pas une raison. C’est compliqué de lire un texte qui n’a pas vraiment de sens… Sans cela, Encouragez donc les garçons — le titre ne correspond d’ailleurs à rien puisqu’il est inexact — serait un très bon roman. Et c’est pourquoi il est à lire. En tout cas, j’ai découvert une autrice à suivre.

Résumé : Yeonwu vit seul avec sa mère depuis le divorce de ses parents. Après leur déménagement, il fait la connaissance de Taesu, futur camarade de classe. La musique qui s’échappe du casque de ce dernier, son cœur qui bat sur ce rythme, c’est le début de tout. Nouvelle amitié, rencontre avec Chaeyeong, fille craintive, premiers émois, premier amour, séparation forcée, retrouvailles… De l’été à l’hiver, puis de l’hiver au printemps… À travers ce roman d’apprentissage dans l’hyper-modernité sud-coréenne, l’auteure dresse un portrait sans complaisance de la génération des parents des protagonistes, dont certains ont rompu avec les traditions familiales et d’autres  se satisfont de leur rôle social, tandis que leurs enfants, n’ayant plus de repères solides, sont à la recherche d’eux-mêmes. Portait d’une jeunesse qui communie dans la même musique et le même rêve d’un monde autre, rêve qui peut conduire aussi à des choix dramatiques.

Publié en 2010 en Corée du Sud. Editions Atelier des Cahiers 

Lire ce roman m’a fait énormément penser au manhwa de Park Hee-Jung, qui date de 2004/2005 et qui parle d’adolescents coréens à la dérive (harcèlement, etc…). La série s’appelle Fever — on ne la trouve que d’occasion.

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Premières lignes #7avril

Direction la Corée pour ces Premières lignes et, attention, la Corée du Nord :

 » La mer était calme le jour où Soo-min disparut.
Elle observait le garçon qui faisait du feu avec du bois flotté. La marée montante apportait son lot d’immenses nuages, dont la panse cendreuse rosissait. Elle n’avait pas vu un seul bateau de la journée depuis la plage déserte. « 

C’est  en grande partie mon attrait pour l’Asie et, en particulier, pour la Corée, que j’ai emprunté ce livre à la médiathèque.  Or, le roman s’avère être  excellent ! A la fois thriller, roman d’espionnage, mais aussi formidable incursion en Corée du Nord, dans le quotidien des coréens, L’étoile du Nord nous embarque aux côtés des trois personnages principaux que rien, en apparence ne semble lier. Et pourtant…

Mais, chut, je ne tiens pas à en dire trop… Tout se jouera dans les dernières pages, au cours d’une course-poursuite haletante et d’un plot twist bien trouvé.

A lire, à lire !

Résumé :

Les États-Unis et la Corée du Nord sont au bord de la guerre.
Pour aller chercher sa sœur jumelle qui a été enlevée en Corée du Nord, Jenna se fait recruter par l’unique organisme capable de l’aider : la CIA.

À Pyongyang, le colonel Cho fait une terrifiante découverte.
Il doit échapper à la police secrète qui le serre de près. Un geste, un mot, et il deviendra traître à la nation.

Mme Moon trouve un chargement de contrebande. Plutôt que de le rendre aux autorités, elle décide de vendre la marchandise au marché noir. Si elle réussit, sa vie sera changée à jamais. Si elle échoue…

Basé sur des faits réels glaçants, mené à un rythme effréné jusqu’au dénouement explosif, L’Étoile du Nord porte le thriller d’espionnage au plus haut.

Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Antoine Chainas

L’Étoile du Nord – D.B John 
624 p.
22 €
Paru le 09 jan 2019
Editions les Arènes

 

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Wouf ! Bonne année du Chien !

Ce vendredi sera marqué par le début de l’année lunaire – et donc par ce qu’on appelle le « nouvel an chinois« .

Je ne crois pas aux horoscopes en général – ni en particulier- mais j’aime bien les traditions et les fêtes qui entourent ce nouvel an  lunaire.

Chaque année, il y a des chansons plus ou moins officielles autour du signe de l’année: c’est le Chien (de Terre) cette année. Et M-Girls, ce groupe de Malaisie, nous livrent la chanson du Nouvel An qui s’appelle: Mr.Wang qu’on peut traduire par « monsieur prospère »

 

 

 

Ensuite, il y a ceci:

De façon plus traditionnelle:

Et pour célébrer le Chien:

En chinois (mandarin), on dira:  新年快乐 (xīn nián kuài lè) 
Gong chi fah chai », gong xi signifie « félicitations »

Voilà comment les prononcer (la vidéo est de 2013, donc ce n’est pas la bonne année):

 

 

J’en avais parlé l’année dernière, pour l’année du Coq, en coréen, on dira: « sae hae bok mani badeuseyo »

 

Comment saluer pour le Nouvel An lunaire en Corée:

Pour finir avec les traditions, voilà  une vidéo intéressante  qui montre les différents façons de fêter ce nouvel an (Corée, Vietnam, Chine):

Avant de terminer sur cette année du Chien, j’ai une petite anecdote à propos de « chien » en coréen. Quand je suis allée au concert de G-Dragon en septembre 2017, il a chanté l’un des titres de son dernier album, « Bullshit« . Or, les paroles de la chanson font, entre autres, une référence assez cryptée à une oeuvre du peintre américain Christopher Wool « Run dog run » , GD étant un grand amateur d’art.

Il y a donc un tas de jeu de mots et de sonorités sur le mot chien en anglais « dog » et en coréen « gae« . Le refrain imite plus ou moins l’aboiement (bow wow wow). A cette différence: sur scène, à Paris, GD l’a transformé en un « wouf ! » repris en choeur par le public…. Un moment intense ou: comment nous avons aboyé au concert de G-Dragon !

La version de l’album avec traduction:

Where my dogs at? Que pasa?

In the dog’s house is mi casa.

My crew is full of fucking beggars, bullshit

Samba, roomba, cha cha, roar

Shake your tail and bribe your way

Sur ces mots, bonne année du Chien!

Music is might #6

 

Music is might est une série d’articles faisant des liens entre des chansons ou des vidéos qui, a priori, n’ont rien à voir entre elles; parlant de liens émotionnels, d’ univers musicaux découverts ou à découvrir. Quand la musique fait sens…

Le titre est une référence à JK Rowling qui dans Harry Potter utilise le  slogan  « Magic is might ». En français, l’allitération en « m » est malheureusement perdue (la traduction est « la magie est puissance », chap. 12 des « Reliques de la mort »

 

« Tiens, me suis-je dit en écoutant un titre de B.A.P, ça me rappelle quelque chose ». Par contre, comme il s’agissait de la partie de rap, j’avais vraiment du mal à mettre un nom sur la chanson à laquelle « One shot » me faisait penser.
Merci, internet et en particulier, merci, les gens qui mettent en ligne leurs « réactions en écoutant ceci ou cela… ».  J’ai trouvé, eurêka!
Le morceau est calé sur la partie de rap de Yongguk (que je trouve très bon, comme rappeur, d’ailleurs) :

 

 

Lloyd Banks  avec  » On fire » (à partir du moment calé ci-dessous): – c’est le beat qui sonne de la même manière –

 

 

 

Ce monsieur a pensé la même chose que moi – il le dit très bien (50 cent est le premier auquel j’ai pensé pour l’inspiration)

 

 

Mais comme j’écoute moins de rap que …de rock par exemple, j’ai mis un peu plus longtemps à faire le lien. 50 cent:

 

 

 

 

Ceci dit, je le répète: Yongguk est un bon rappeur. Sa voix grave  – un classique chez les rappeurs coréens – est impeccable sur les parties de B.A.P. Et en solo, c’est somptueux. Je pense à ce titre que j’écoute souvent ces jours-ci.  Le refrain est entêtant : « yamazaki, kampai!  » (santé = en japonais). Yamazaki est une marque de whisky japonais.

 

 

Thème : C’est la vie! – ou l’apprentissage

 

Cette semaine, les apprentissages :

C’est l’été, elle a seize ans et quitte sa campagne pour Séoul. Le seul moyen pour elle d’accéder au lycée est de devenir ouvrière dans une usine et d’être choisie parmi les plus méritantes pour suivre des cours du soir. De seize à dix-neuf ans, elle va connaître les privations, le travail éreintant, la solitude pareille à une pluie froide, puisant chaque jour en elle-même une force renouvelée pour vivre jusqu’au lendemain.
Et c’est là, dans cette étroite chambre parmi les trente-sept de la maison labyrinthique qui abrite les employés d’usine, que va jaillir en elle le désir, la promesse incroyable de devenir écrivain.

Kyong-suk se livre ici à un exercice difficile: remonter dans sa mémoire pour faire revivre son passé et ce qui l’a menée à devenir écrivain(-e). La chambre solitaire (외딴 방 =Œttanbang) plonge dans le passé récent de la Corée du Sud (1978) alors sous le joug de la dictature de Park Chung-hee.

Mais surtout, au delà de l’Histoire, Shin Kyong-suk tend la main à la jeune fille qu’elle était, âgée de 16 ans au début du récit. Avec des allers-retours passé/présent, nous suivons le chemin d’une vie à la loupe grâce à un style sobre et détaillé.

« Je trouve enfin mon style. Des phrases simples. Très simples. Le présent pour décrire le passé et le passé pour décrire l’immédiat. Comme si on prenait des photos. De façon nette. De façon à ce que la chambre solitaire ne se referme pas. Un style qui dit la solitude de mon frère aîné qui avançait ce jour-là vers le portail du Centre en fixant le sol. » (p. 35)

 

Pour rester en Corée du Sud (à l’honneur cette semaine, décidément), j’ajoute un manhwa (manga coréen) traitant de parcours de vie et d’apprentissage.

Fever de Park Hee-jun est une série en 4 volumes parus en 2005/2007 en France (ed.Paquet) qui relate le parcours de jeunes gens – et ce qu’ils apprendront.

Voici l’histoire d’adolescents qui n’en peuvent plus de s’asseoir sur les bancs de l’école, et de leurs voyages vers de nouveaux rêves. Hyung In, dont les priorités ont toujours été d’étudier et de réussir seul, par et pour lui-même, choisit d’ignorer la douleur causée par la mort d’un de ses amis. Mais, sous ce poids, il va finalement abandonner le système scolaire, devenu trop étouffant. Un jour, alors qu’il est dans le bus, il rencontre par hasard un jeune garçon à l’étrange accent, Ko Kang Dae, qui va lui faire découvrir un nouveau genre d’école alternative, Fever…

Doté de dessins magnifiques  (très « manhwa » ^^), cette série est une quête initiatique, bien construite, aux personnages attachants.

Je n’en dis pas plus: c’est à découvrir (on trouve encore cette série d’occasion, assez facilement).

Voilà pour cette semaine. Bonnes lectures!

 

 

30 Day Movie Challenge – Jours 6 et 7

Jour 6 – Un film qui vous rappelle un endroit.

(edit 2016)

Allez, je rattrape mon retard en cette fin de week-end. 2 en 1 !

Le film « Intouchables » a, en partie, été tourné à Bondy (93).

L’immense succès du cinéma Français qu’est le dernier film d’Eric Toledano et Olivier Nakache a été tourné à Bondy.

En effet, si comme plus de 19 millions de personnes en France, vous avez vu « Intouchables » vous aurez peut-être reconnu le quartier de la Noue-Caillet, au nord de la ville.

C’est ce lieu qui a été choisi pour tourner plusieurs scènes fin 2010 – début 2011, et ainsi être l’univers d’Omar Sy alias Driss.

Si je n’ai pas vécu à Bondy, j’ai passé à peu près 20 ans de ma vie (+ ou – quelques années) en banlieue parisienne, en particulier en Seine-St-Denis.
Le département étant très petit (« resserré » est la première impression que j’ai eue quand je m’y suis installée au début des années 90), je connais Bondy.
Et je n’ai pas manqué de sursauter en voyant » Intouchables » en m’écriant (j’étais dans mon canapé): « Ah, c’est chez moi, ça!« .
Contrairement à beaucoup de gens (provinciaux, parisiens, autres…), je n’ai pas développé de ressentiment envers le 93. Et une part de moi est restée très séquano-dyonisienne ( le véritable nom des habitants de la Seine-St-Denis). Je ne suis pas née là-bas, j’ai été adoptée par la banlieue parisienne. Et, incroyablement, j’ai vécu aussi paisiblement qu’ailleurs (j’ai même commencé à ne connaître des ennuis de voisinage qu’en revenant ici, en province).
C’est pourquoi, outre le fait qu »‘Intouchables » est une réussite cinématographique, il m’a fait un clin d’oeil.
Pour terminer, j’entends souvent les personnes en province dire que « ah, tu viens de /tu as habité à Paris! ». Non. Sûrement pas. Il y a une forte distinction entre Paris intra-muros et ….de l’autre côté du périph’ (pour reprendre le titre d’un film que je n’ai pas vu).
Etre banlieusard est une identité.Et non, nous ne sommes pas des « gens à part » (« EUX », « ceux-là », comme je l’ai entendu dire devant moi très récemment, durant cette année 2016 qui n’a pas été tendre  pour moi sur ce plan-là). Nous sommes des êtres humains, comme le démontre admirablement sur deux thèmes qui me sont chers, « Intouchables ».

Jour 7 – Un film que vous trouvez sensuel/érotique (edit 2016)

Her 

C’est très étonnant car, à première vue, je n’attendais pas grand chose de ce film. Mais non seulement; il est sensible et émouvant (tout en sachant poser des questions ..-no spoilers), mais il est empreint d’une sensualité qui passe essentiellement par …la voix (et non par l’image).

Et pas n’importe quelle voix, celle de Scarlett Johansson.

J’ai vu ce film très récemment, en DVD. Il fait partie, à présent, de mes préférés.

Et dans Her, il y a cette scène, intime, sensuelle, sexuelle mais superbe, surtout (écoutez)

Mademoiselle

Un très beau et excellent film érotique tiré du roman de Sarah Waters: Du bout des doigts (je recommande son roman  « Caresser le velours », au passage) transposé en Corée par le réalisateur Park Chan-Wok, j’ai nommé:  Mademoiselle (The Handmaiden  – Agasshi : 아가씨)

Kim Min-Hee: est Mademoiselle, (Hideko) une noble vivant dans un vaste demeure à la fois de style angalis et japonais en Corée dans les années 30 alors que le pays est sous occupation japonaise. Elle est l’héritière d’une immense fortune.

Kim Tae-Ri :    sélectionnée parmi de nombreuses actrices, elle est Sook-Hee, une voleuse coréenne qui va jouer la servante modèle afin d’arnaquer sa maîtresse. Du moins le croit-elle….
Mais les deux jeunes femmes sont piégées l’une et l’autre et vont tomber amoureuses.

Ha Jung-Woo:   il est le Comte Fujiwara. Escroc coréen notoire, il se fait passer pour un noble japonais. Il a monté une double arnaque et pense épouser la belle Hideko.

Cho Jin-Woong:  l’actuer interprète un vieux pervers, mari de la défunte tante de Hideko, l’oncle Kouzouki a élevé Hideko afin qu’elle fasse la lecture de textes érotiques et pornographiques devant de riches hommes avides de sensation. Il n’attend qu’une chose: épouser sa nièce par alliance pour récupérer l’héritage. Mais il n’a pas su déceler les manoeuvres du Comte….ni celle de Hideko.

L’oncle Fouzouki dit à un moment du film : « je ne suis qu’un vieux pervers qui aime entendre des histoires cochonnes », tout cela dans un sous-sol très glauque, en attendant de torturer son adversaire. Mais, bien sûr!

Le film se découpe en 3 parties (et pour cause…!). L’image est superbe de même que les actrices (c.f ci-dessous).