Résumé : À soixante-treize ans, Sylvia Harrison est une autrice à succès ayant déjà publié plus d’une trentaine de romans. Le prochain se déroulera à Thalia, une cité qui ressemble beaucoup à Florence et qu’elle a imaginée pour la trilogie qui a lancé sa carrière. Afin de nourrir son inspiration, elle se rend en Italie et va, une nouvelle fois, faire appel à lui. Lui ? Il apparaît dans presque tous ses romans. Il a été dragon, voleur, guerrier et même dieu. Il est celui grâce à qui Sylvia a créé ses personnages les plus marquants. Celui à qui elle parle en son for intérieur depuis des décennies. Celui qui l’a sauvée, qu’elle a chassé, qu’elle a accueilli de nouveau. Celui qui s’éteindra avec elle, lorsqu’elle décédera. S’éteindre ? Ça, il ne peut l’accepter..
Il est temps pour moi de m’attaquer à cette chronique que je remets à plus tard depuis, facilement, plus d’une semaine, après une lecture qui n’a pas été, et je l’annonce tout de suite, satisfaisante. Et pourtant je dois bien admettre que j’aime beaucoup Jo Walton, la personne rencontrée aux Utos de 2019 (où je n’étais pas malade, comme cette année), et surtout l’autrice, admirable, Mes vrais enfants (splendide), Morwenna, Les griffes et les crocs (oh, ces dragons victoriens!) et Pierre de vie. J’ai également commencé le cycle du Subtil changement. J’étais donc ravie d’avoir ce nouveau Jo Walton pour le dernier Masse critique Babelio, je me suis précipitée dessus et… j’ai été douchée.
Car Ou ce que vous voulez n’est pas un « vrai » roman. Bon, ce n’est pas grave. Cela pourrait être un essai littéraire ou des considérations sur l’Art et la ville de Florence, par exemple, peu importe.
En fait, non. Ce n’est pas ça non plus.
C’est un genre un peu hybride, mi-essai, mi-fiction, qui oscille entre les deux, donne dans la meta fiction. J’ai pensé à un moment à Possession d’AS Byatt, qui joue avec ces codes mais en fait, je me rends compte que Possession reste construit, même si labyrinthique, par rapport à Ou ce que vous voudrez.
Ici, Jo Walton se plaît à faire des allers-retours entre l’histoire qui se passe à Thalia racontée par le narrateur (l’ami imaginaire de l’autrice fictive, Sylvia qui n’est pas Jo Walton mais qui lui emprunte des ressemblances) et l’histoire de Sylvia, tout ceci entrecoupé par les réflexions du fameux narrateur. Si la construction était impeccable, cela ne serait pas gênant, au contraire. Mais ce n’est pas le cas.
Tout est assez confus, parfois un peu long…
Le souci, c’est qu’il y a des passages formidables, que les références littéraires sont formidables, que l’histoire se déroulant à Thalia pourrait être captivante mais que jamais on n’arrive à entrer dedans complètement.
Bref, c’est un exercice casse-gueule qu’a fait Jo Walton et… je dois bien dire que ce n’est pas très réussi.
J’ai noté des passages, des bribes, des phrases mais je dois être honnête : si l’exercice intellectuel me plaît, j’ai trouvé la construction assez maladroite et je me suis quand même ennuyée, finissant le livre en lecture rapide (en diagonale — c’est toujours mauvais signe quand j’en arrive là).
Bien sûr, y a de beaux moments, sur la processus de création, les relations fiction/réalité mais j’aurais aimé les lire dans un essai.
Bref, je ne le déconseille pas mais ce n’est peut-être pas une priorité. Autre chose : mieux vaut avoir des bases littéraires un brin solide ou se documenter en cours de route pour les personnes qui n’ont pas lu Shakespeare par exemple. D’ailleurs, je recommande vivement d’aller jeter un coup d’oeil du côté de « La Tempête » et de « La nuit des rois » dont est tiré le titre « Or What You Will » (on retrouve un bon nombre de personnages des pièces).