Une autre moi-même — M.R Carey

Il y a des livres avec lesquels on peine, ceux qui nous tombent des mains dès le début ou même en plein milieu ; il y a des livres qu’on referme avec un sentiment mitigé, ceux qu’on pose en sachant très bien qu’on n’en gardera pas le souvenir d’ici les prochains mois. Il y a des romans qui sont plutôt pas mal mais qui ont ces petits défauts agaçants qui font grincer des dents, ceux qui contiennent tellement d’incohérences que la lecture en devient un pensum plus qu’un plaisir. Il y a des romans « faciles » mais qui, finalement, restent sans saveur et ceux qui se veulent tellement « recherchés  » ou écrits ou avec une subtilité  digne de celle  d’Emmanuel Macron en politique ‘oups’, d’un titre de Cannibal Corpse. 
Il existe des tas de livres qui vous mènent à la lassitude en lecture (mon cas depuis la fin de l’année dernière). Mais, heureusement, il y en a presque autant qui apportent de la joie, du plaisir à lire et qui amènent à dire : « Mais qu’est-ce que c’est bien fait ! »

Les romans de Mike Carey  (Celle qui a tous les dons, la trilogie de Koli)  font partie de cette deuxième catégorie, non parce qu’ils abordent des sujets « youpi yop, le monde est rempli de Bisounours », au contraire mais parce qu’ils sont extrêmement bien construits, que les personnages sont consistants, que les intrigues se tiennent de bout en bout, qu’on n’y rencontre pas des  formulations pouvant induire du racisme, sexisme, homophobie, etc…
Carey sait nous captiver, nous emmener dans la psyché de ses personnages et construire aussi des ambiances. Avec Une autre moi-même, les deux personnages principaux sont deux femmes : une mère (Liz) qui se défend contre son ex mari, un homme violent et abusif, et une adolescente qui, étant enfant, a été victime d’un kidnapping. Toutes deux soumises à des traumas ont, pense-t’on, développé des stratégies de survie et subissent des troubles psychiques. L’adolescente (Fran) est cataloguée au collège comme la « dingo » de service. Elle consulte un psy, est sous traitement. Son seul refuge demeure son « amie imaginaire », une renarde qui lui vient d’un dessin animé qu’elle regardait étant enfant.
Quant à Liz, le jour où elle répond aux coups de son ex, elle a la nette impression que quelqu’un a pris le contrôle de son corps et de son esprit.  On pense à un  trouble dissociatif de l’identité.
Mais voilà : les apparences sont un peu trompeuses et la fantastique s’en mêle de façon très habile.

Je n’en dirais pas plus. Le traitement des personnages est splendide, la façon dont Carey manie les points de vue, magistrale.
(oui, il faut le lire!)

Merci aux éditions l’Atalante et à Masse critique Babelio pour l’envoi !

 

Une autre moi-même par Carey

 

Premières lignes – 28 mars

Premières lignes 

« Bobby Spencer – c’était le nom qu’il utilisait dans le coin – marchait dans la rue. Il était à peine plus qu’un garçon, mais dans le Delta,  on devenait vite un homme. Il était déjà bien assez vieux pour faire danser les juke joints toute le nuit, et sa réputation ne faisait que croître. Les invitations se multipliaient et on le payait de mieux en mieux. »

C’est le titre qui m’a attirée en premier : Crossroads. 
A la croisée des chemins, un bluesman fait une étrange rencontre qui va changer sa vie, son destin et le faire entrer dans la légende de la musique. Si ça ne vous dit rien, c’est la fameuse histoire du « pacte » conclu avec le diable qui tourne autour de Robert Johnson,  désigné alors comme fondateur du blues, du rock, et du Club des 27, tout ça malgré lui.
De lui, il reste quelques enregistrements effectués en 1936 et 37 : 29 exactement, pas une chanson de plus. Robert Johnson décède en 1938.
Sur ce thème, l’auteur québécois Hervé Gagnon a imaginé un thriller fantastique. Il y est question d’une mystérieuse boîte contenant des affaires laissées par Johnson et transmises étrangement à deux professeurs d’université : un homme blanc et une femme noire, tous les deux fans de blues.
Il y est aussi question de hoodoo, de sorts et donc du fait d’y croire ou pas. On oscille un bon moment entre réel et surnaturel avant que l’auteur prenne un parti-pris qui fait tout basculer (vers le fantastique, pas le meilleur du roman).
Si j’ai apprécié la progression de l’intrigue, bien ficelée, les personnages m’ont paru quand même rester dans un cliché « coup de foudre » un peu niais ou trop sexualisé (on s’en fiche vraiment de savoir ce que ces deux-là font au lit, en fait).
Pour le reste, quelques américanismes sont légèrement redondants, en particulier les insultes. En fait, je n’en pouvais plus de lire « f***k me with… » à chaque fois que l’un des personnages jurait. Une fois ou deux, passe encore, mais pas tout le temps !
De même, je ne vois pas trop l’intérêt de ne pas traduire « pawn shop » : une boutique de prêteur sur gages, ça existe en français, même si ça ne sonne pas pareil.
Je n’ai rien à redire sur certaines expressions québécoises, légèrement différentes des françaises : elles m’ont paru très compréhensibles.
En fait, je suis restée accrochée au livre parce que je voulais savoir, donc, pari réussi ! Tout ce qui est en lien avec la musique est excellent et bien documenté. De ce côté-là, j’ai vraiment apprécié. De même, les rituels de hoodoo (pour conjurer les mauvais sorts) m’ont fait penser à ceux pratiqués dans les Antilles françaises (mêmes origines africaines).
En fait, malgré les imperfections du roman, j’ai passé un bon moment, l’aspect fantastique étant bien amené (brrrr). Et je ne vous dirais pas ce qui se cachait au carrefour des routes, finalement.

Crossroads par Gagnon

 

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Premières lignes — 25 avril

Premières lignes 

 » Le 21 septembre 1989, les habitants de l’île Blackney, au large d el’archipel des Mariannes, ont disparu sans laisser de traces. Cinq-cent-quarante-six hommes, femmes et enfants, volatilisés sans que l’on ne trouve aucun corps, ni aucun signe de violence. Les premiers à donner l’alerte furent les membres de la mission Sentinelles, dépêchés depuis plusieurs années par le CNRS afin d’établir le contact avec cette population isolée. A leur tête, les professeurs Henri Luzarche, ethnologue, Adma Redouté, botaniste, et Mareve Temauri, historienne spécialiste du peuplement des îles d’Océanie.
Blackney était une énigme, bien avant de devenir un mythe. »

Je dois dire que j’étais vraiment impatiente de découvrir Into the deep, deuxième roman de Sophie Griselle, publié chez Snag éditions et ceci pour plusieurs raisons :
j’ai découvert  Sophie sur la plateforme Wattpad, où j’avais décidé un beau jour de  mettre en ligne quelques unes de mes  (anciennes) fan fictions . Wattpad étant assez inégal, elle réserve parfois de bonnes surprises: la preuve. J’avais donc lu le tout début de Into the deep en ligne. Mais c’est surtout la qualité de l’écriture de Sophie, son exploration de l’âme humaine dans ses réinterprétations des personnages de l’univers de Harry Potter ou même de Star Wars (le très beau,  Irrépressible ). 

Into the deep  s’attache donc à nous entraîner dans une expédition scientifique, dans la fosse des Mariannes,  le point le plus profond de la croûte terrestre, dans le Pacifique. Toutes les informations fournies dans le roman sont rigoureuses et vérifiables ; comme je suis une grande curieuse, je me régalée à croiser ce qui relevait de la vérité et de la pure fiction… C’est d’ailleurs l’un des points forts de ce livre : le travail de documentation effectué. Et ce qui est plus important encore, c’est que les renseignements, la partie scientifique n’empiète pas sur le côté merveilleux ou sur l’intrigue comme cela peut arriver. Un très bon point.
On oscille donc entre science, imaginaire, fantastique, sans jamais basculer vraiment dans la SF (je ne vois pas en quoi le terme SF se justifierait, en fait)
En fait, Into the deep explore tout autant les abysses que les tréfonds de l’âme humaine puisque nous suivons Sam, jeune chercheur, tourmenté par le suicide de sa mère (la scientifique Marève Temauri) alors qu’il était tout enfant. Il a toujours vécu dans l’ombre d’un père brillant, Henri Luzarche et aimerait faire ses preuves, voire surpasser ce parent encombrant (masculinité toxique  en vue avec les Luzarche père et fils). Sam dirige une nouvelle expédition dans la fosse des Mariannes. Il travaille avec la très compétente Ophélie, qui est aussi sa petite amie ; un personnage féminin qui cherche sa place et a tendance à s’effacer dans toute une partie du livre (mais cela ne durera pas). 
Un jour, Sam, toujours à la limite, presque en perdition, tombe nez à nez avec une créature. Et pour en revenir au fantastique, et  sans rien divulguer de l’intrigue, tout ce qui touche aux créatures n’appartient pas à la SF  puisque ce ne sont pas des aliens ou des E.T, mais des êtres légendaires, liés à des mythes. Sam va vouloir retrouver sa « sirène » à tout prix, même s’il doit plonger au fond de la fosse et y entraîner son équipe. On voit la détermination du jeune homme mais aussi l’absence de scrupules, et les pulsions autodestructrices… On  y assiste avec inquiétude.
Le roman suit le point de vue de Sam, ses doutes, ses tourments, ses interrogations, ses angoisses,…
Au passage plusieurs thèmes sont abordés, comme, par ex.,  l’éthique scientifique, la reconnaissance des droits des autres espèces (qui est sentient ? ou pas?), la reconnaissance des femmes dans le milieu scientifique (au travers d’Ophélie) et bien sûr, la nature de l’être humain. 
Je dois quand même nuancer mon avis avec deux petites remarques : (sinon, le roman serait parfait)
— le milieu (à peu près) du roman s’éternise sur des dialogues assez redondants qui n’apportent pas grand chose  à la psychologie des personnages. Et qui nuisent un peu à l’avancée de l’intrigue. Un tout petit peu moins de « je me sens coupable de… », « c’est de ta faute, père », un peu plus d’action et cela aurait été très juste.
— presque dans le même ordre d’idées, je n’ai pas été surprise un instant par « la » révélation qui est très préparée, en fait. J’ai peut-être trop lu de thrillers et de policiers, c’est possible. Ou alors, il m’a manqué un petit quelque chose pour trouver le dénouement original.
Mais ce n’est pas très grave car pour moi, c’est un bon roman, bien construit, bien écrit, avec  500 pages qui se lisent avec délice ;  l’écriture de Sophie Griselle est un régal.
Il ne faut donc pas hésiter et prendre son souffle : vous en aurez besoin, c’est une plongée en apnée.

Résumé : À plus de onze mille mètres de fond, la fosse océanique des Mariannes, au large de l’océan Pacifique : l’endroit le plus profond sur Terre…
C’est là que Sam Luzarche, jeune océanologue, découvre une créature qui pourrait bien remettre en question tout ce qu’il croyait savoir sur la science, sur les fonds marins et, en définitive, sur lui-même.

Into the deep par Griselle

Sophie Griselle, Into the deep

Snag Fiction, avril 2022

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Premières lignes – 11 juillet

Premières lignes

 » Avant

Me pincer et me dire JE SUIS REVEILLE une fois par heure.
Regarder mes mains. Compter mes doigts.
Regarder l’horloge ( ou la montre ), ne plus la regarder, la regarder de nouveau.
Rester calme et concentré.
Penser à une porte ».

Ce sont des premières lignes très reconnaissables, surtout depuis l’adaptation en série sur Netflix de ce thriller psychologique à tendance fantastique. A ce sujet, la série vaut vraiment le visionnage : c’est un succès.

Mais je vais parler du roman de Sarah Pinborough dont le titre originel était Behind her eyes et non Mon amie Adèle (les deux titres sont aussi évocateurs).
Nous suivons tout au long de ce thriller deux points de vue : celui de Louise, une jeune trentenaire, secrétaire médicale à temps partiel qui jongle entre sa vie plus si cool et l’éducation de son fils depuis qu’elle est divorcée et celui d’Adèle, de quelques années plus jeune, une très jolie femme qui va s’avérer être l’épouse de l’un des psy du cabinet dans lequel travaille Louise.
Un jour, Louise bouscule Adèle. Elles se lient d’amitié. Rien de très bizarre ? Un peu. Louise a flirté dans un bar avec David, le nouveau psy qui vient de s’installer au cabinet, sans savoir qu’il allait être son prochain boss et bien sûr, sans savoir qu’il était marié. Elle a eu un coup de coeur et se sent mal depuis qu’elle l’a vu au travail (jusqu’à se planquer dans les WC pour ne pas avoir à lui parler !). Pourtant, elle apprécie de plus en plus la compagnie d’Adèle qui vient d’emménager et qui semble très seule.
Peu à peu, elle commence à trouver que la vie — et la vie de couple — de sa nouvelle amie est très étrange.
Mais, à côté de cela, voilà qu’elle entame une liaison avec David ; plus qu’une liaison, il semblerait que Louise et David soient en train de tomber amoureux !
En alternant les points de vue et en faisant des flashbacks dans l’histoire d’Adèle, l’écrivaine tisse une intrigue passionnante qui fait douter à tout moment ; qui ment ? qui espionne qui ? qui manipule qui ?
Mais Mon amie Adèle n’est pas qu’un thriller, c’est aussi un roman fantastique. Le surnaturel opère via les rêves et la problèmes de sommeil des personnages : Louise souffre de terreurs nocturnes et de cauchemars à répétition. Adèle lui fournit une clé pour s’en guérir. A partir de là, c’est plutôt bien fait même si c’est parfois un peu bancal mais ça passe quand même assez bien et on se laisse prendre au jeu (et je n’en dirais pas plus sur les scènes de rêves pour ne pas détruire le suspens).
Evidemment, la surprise avait presque complètement fonctionné quand j’avais regardé la série (très fidèle, presque chapitre par chapitre). En lisant le roman, je connaissais le dénouement. Mais je dois dire que c’est très bien amené par m’autrice (et c’est ce que je souhaitais découvrir).
Une lecture que je conseille. Le roman se lit très bien.
Et la série est aussi très agréable à regarder avec un bon suspense.

Mon amie Adèle par Pinborough

Résumé : LOUISE
Mère célibataire, elle est coincée dans un quotidien minuté. Un soir pourtant elle embrasse un homme dans un bar… sans savoir qu’il est son nouveau patron.

DAVID
Psychiatre renommé et dévoué à sa femme, il regrette ce baiser mais ne peut s’empêcher de tomber amoureux de son assistante.

ADÈLE
L’épouse de David semble n’avoir aucun défaut. Si ce n’est de vouloir à tout prix devenir l’amie de Louise… Fascinée par ce couple modèle, Louise se retrouve malgré elle piégée au coeur de leur mariage. Et peu à peu, elle commence à entrevoir des failles.

David est-il l’homme qu’il prétend être ?
Adèle, aussi vulnérable qu’elle y paraît ?
Et par quel secret inavouable sont-ils liés l’un à l’autre ?

Agence Lovecraft – T.1 — Jean-Luc Marcastel

Le roman dont je vais parler sortira début septembre mais il n’est jamais trop tôt pour préparer ses lectures de rentrée, surtout lorsqu’il s’agit d’aller faire une virée dans un univers lovecraftien en compagnie d’ados aux pouvoirs étranges poursuivis par des créatures monstrueuses…

Dans le premier tome de ce qui sera la trilogie de l’Agence Lovecraft, on suit Ryan, Marie et Sergueï, trois adolescents de différentes nationalités, qui ont à leurs trousses de mystérieux personnages qui visiblement ne leur veulent pas du bien ! Dès les premières lignes, nous sommes dans l’action : Ryan et son frère courent à perdre haleine dans les rues d’Innmousth. Si on est un peu familier des romans de Lovecraft, on frissonne déjà, en se demandant quelle horreur se cache derrière les secrets de cette ville. Avec Marie, le mystère s’épaissit : la jeune parisienne semble détenir un pouvoir très étrange et bien inquiétant. Quant à Sergueï, le jeune russe, il lutte pour s’échapper d’un lugubre laboratoire où des scientifiques ont voulu « étudier » sa soi-disant double personnalité. Les adolescents sont sauvés in extremis par un Terminator nouvelle version (« Viens si tu veux vivre », la référence est jolie) qui a les traits d’une jeune indienne…
Mais leurs ennuis sont loin d’être terminés. Le frère de Ryan ne peut les rejoindre. Il reste en arrière. Une fois hors de danger à bord d’un sous-marin très steampunk, le Nautilus V (et l’hommage à Jules Verne est là aussi bien placé) les jeunes gens découvrent que leurs sauveteurs constituent l’Agence Lovecraft, dirigé par le Dr. Sauvage.

De références à l’univers de Lovecraft ou à la pop culture, de scènes d’action en descriptions travaillées, porté par une écriture fine, le roman se lit presque d’une traite. Conseillé pour les plus de 13 ans, il est aussi très agréable pour les adultes, je confirme, surtout pour ceux et celles qui ont un jour lu Lovecraft et eut quelques (gros) frissons plus jeune. Cela a été le cas de l’auteur qui décrit comment lui est venue l’idée de ces romans. Et je dois dire que je me suis assez bien retrouvée dans cette description — sauf que je devais être un peu plus âgée quand j’ai abordé Cthulhu et Nyarlathotep (moi aussi, j’ai un faible pour le « Chaos Rampant »).

Un dernier point sur l’aspect purement livresque, cette fois, et non littéraire : l’objet est particulièrement beau. La couverture est soignée, ainsi que les dessins qui forment un magnifique décor. Les rabats sont illustrés et l’un deux contient un marque-page détachable ; les lettres ainsi que l’emblème de Cthulhu en rouge sont en relief.

Une idée de lecture fantastique que je recommande. Et j’ai assez hâte de lire les suivants.

Le roman sortira le 9 septembre 2021 chez Gulf Stream éditeur (mes voisins, puisqu’ils sont à Nantes 😉 ).
L’Agence Lovecraft. T. 1 – Le mal par le mal – Jean-Luc Marcastel

Résumé :

En des temps immémoriaux, d’effroyables formes de vie dominaient le monde. En sommeil lorsque l’espèce humaine est apparue sur Terre, elles n’attendent que l’alignement de certaines étoiles pour régner à nouveau…

Ryan, Marie et Sergueï ne se connaissent pas. Ils ont pourtant un point commun : ils sont dotés de pouvoirs effrayants convoités par de mystérieux individus. Pour leur échapper les trois adolescents acceptent l’aide d’une jeune fille qui travaille pour une obscure organisation : l’Agence Lovecraft. Dans la guerre secrète que ces membres se livrent contre un ennemi implacable et ses adorateurs, Ryan, Marie et Sergueï pourraient bien être les éléments décisifs qui feront pencher la balance… Mais de quel côté ?

Merci aux éditions Gulf Stream pour leur confiance.

Premières lignes – 27 juillet

Premières lignes de cette semaine

 » J’oublie tout après chaque pas.
Je finis par crier « Anna » et referme brusquement la bouche de surprise.
Mon esprit est vide. Je ne sais qui est Anna ni pourquoi j’appelle son nom. Je ne sais même pas comment je suis arrivé ici. Je me tiens dans une forêt, protégeant mes yeux du crachin. Mon coeur cogne, j’empeste la transpiration et mes jambes trembent. J’ai dû courir mais je ne me souviens pas pourquoi.
« Comment… »
Je suis interrompu par la vision de mes mains. Elles sont osseuses, laides. Les mains d’un inconnu. je ne les reconnais absolument pas.
Eprouvant la première point de panique, j’essaie de me rappeler autre chose me concernant : un membre de ma famille, mon adresse, mon âge, n’importe quoi, mais rien ne vient. Je n’ai même pas de nom. Chaque souvenir que j’avais il y a quelques secondes a disparu. « 

Les sept morts d'Evelyn Hardcastle par Turton

Ces premières lignes sont à déguster. Parce qu’elles constituent ce qu’il y a de meilleur dans le roman. Avec la couverture.
Le reste, quant à lui… Et bien, le reste, malheureusement n’est pas à la hauteur.
C’est rare que je fasse ce genre de commentaires mais parfois, il est difficile de faire autrement. (Je vais essayer de faire soft sachant qu’un être humain a écrit ce livre et a fourni des efforts pour cela donc inutile de tout dézinguer sans raisons )

Pourtant, le pitch avait tout pour me plaire :

 » Ce soir à 11 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée.
Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ?
Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l’identité de l’assassin et empêcher le meurtre.
Tant qu’il n’est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée.
Celle de la mort d’Evelyn Hardcastle.

Mixez Agatha Christie, Downton Abbey et Un jour sans fin… « 

Pour ce qui est de « mixer Agatha Christie Downton Abbey et Un jour sans fin, c’est autre chose. On est déjà très loin de l’habileté et de la clarté d’Agatha Christie.  Après un long (très long) début bien laborieux pour tenter de mettre en place les personnages et les lieux à la façon Cluedo ( pourtant, il y a un plan en début de livre, ça n’est pas compliqué), l’intrigue avance lentement. Puis plus on avance dans le roman, plus on sent où l’auteur va nous mener. Ce que je veux dire, sans dévoiler le dénouement (qui n’est vraiment pas extraordinaire) si  certain.e.s veulent le lire, c’est que lorsqu’on est habitué à lire des romans à énigmes, des thrillers bien ficelés, des polars et du fantastique, « Les sept morts d’Evelyn Hardcastle » est cousu de fils blancs — et de gros. Le côté fantastique est vraiment grossier. Ou alors, il ne faut pas chercher de la finesse ( ou peut-être quand on n’en a pas beaucoup ou jamais lu ? ). 
Si le côté Un jour sans fin est présent, je cherche encore la référence à Donwton Abbey… Voyons, parce qu’il y a la présence de domestiques dans un manoir ? D’ailleurs, au sujet des serviteurs, j’ai eu la surprise de voir le mot » servant » tel quel en français (au masculin) à un moment. Pourtant, ça n’a vraiment  pas le même sens.
Bref, au fil des pages, on a hâte de savoir ce qui va enfin se passer, tout étant un peu fouillis. Mais cela reste long, fastidieux et un peu ennuyeux.
Quand j’ai refermé le livre, j’ai fait : « Ah, et c’est tout ?  c’était simplement cela, le twist final » 😂. Oui. Tout ça pour ça. Et il y a 500 pages. Longues. 🤔
Je sais que le livre connaît un  beau succès, et tant mieux pour son auteur mais je le trouve faible. Par contre, je me demande s’il ne serait pas intéressant une fois adapté en mini-série par exemple . On éviterait ainsi les longueurs, les descriptions inutiles, les retours en arrière sans intérêt et les personnages creux.
Sinon, c’est quand même une lecture dont on peut se dispenser car assez indigeste.

Edit décembre 2020 : il va être adapté en série et ce sera intéressant. Surtout si c’est bien fait.

Comme ce roman est aussi un roman fantastique, je le classe dans le challenge de l’Imaginaire

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Premières lignes -24février

Tiens, pour une fois, je ne suis pas en retard pour les Premières Lignes ! Incroyable…

 » La tête lui faisait mal. Elle entendait crisser sous son crâne, un son discordant comme un froissement de papier. Quelqu’un s’était emparé d’un rire, l’avait chiffonné en une grosse boule grésillante et lui en avait bourré le cerveau. Une semaine, disait le rire. Une semaine. « 

Je pense que je vais prendre un abonnement chez Frances Hardinge tellement j’aime ce qu’écrit cette autrice. J’avais déjà évoqué La voix des ombres, ce roman jeunesse qui parle de fantômes  d’une manière très particulière (difficile d’en parler sans dévoiler le plus intéressant, allez le lire !). Or, on m’avait grandement conseillé de lire (hello mum!) Le chant du coucou paru à l’Atalante. Et je confirme, c’est une réussite.
Avec Le chant du coucou, nous nous retrouvons en Angleterre, juste après la Première Guerre mondiale. Triss est une petite fille de onze ans qui a l’air très malade. Tout juste rescapée d’une noyade, on ne comprend pas très bien ce qui lui arrive. Sa jeune soeur, Pen (-éloppe) ne lui ressemble en rien : elle est fougueuse, révoltée, entêtée et semble détester sa grande soeur. La famille est aisée, le père est un architecte célèbre de la ville. Très vite, on met un pied dans le fantastique…
Ce n’est pas seulement un roman horrifique mais parfois, comme pour La voix des ombres, cela en prend le chemin. Ce n’est pas un conte  populaire mais Hardinge en emprunte les codes et les repères. J’ai pensé au Roi Corbeau à certains moments, le souverain de toute magie de Susannah Clarke dans Jonathan Strange & Mr. Norrell ; et pour celles et ceux qui ont le roman de Clarke, ce n’est pas le seul point commun…
C’est aussi un roman d’apprentissage (les deux fillettes vont effectivement grandir en peu de temps) ; cela parle d’émancipation féminine, la période historique se prêtant bien au sujet (le personnage de Violet Parrish travaille, fume, et se déplace en motocyclette ! ). Et pour finir, il y a le thème sous-jacent du désenchantement du monde.

Le chant du coucou par Hardinge

Un très bon roman qui va se joindre à ses potes pour le Challenge de l’Imaginaire

Résumé : Ce qui bougea en premier, ce furent les yeux, les yeux superbes de verre gris-vert. Ils pivotèrent lentement pour se fixer sur le visage de Triss. Puis la petite bouche frémit, s’ouvrit pour parler.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Pour qui tu te prends ? C’est ma famille. »

Quand Triss se réveille à la suite d’une noyade dont elle a réchappé, elle comprend que quelque chose ne tourne pas rond : elle est prise de fringales incoercibles, elle se réveille la nuit des brindilles dans les cheveux, et sa sœur a peur d’elle.

Les autres premières lignes sont chez :

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 Mille rêves en moi

Premières lignes: Aberrations. T1 — Joseph Delaney

Des Premières lignes qui mettent tout de suite dans l’ambiance :

« Dans la cave envahie peu à peu par l’obscurité, Crafty écoutait les chuchotements montant des tombes de ses frères.
Assis devant la table à trois pieds, tandis que les ombres glissaient lentement vers lui, il ne quittait pas des des yeux un haut placard, étroit et branlant, qui se serait effondré s’il n’avait été soutenu par le mur du fond. Il avait servi autrefois de garde-manger. A présent, il était vide. « 

S’il y a une chose que Joseph Delaney sait faire, c’est bien de plonger d’emblée son lecteur dans l’angoisse. Il sait faire bien d’autres choses, bien sûr et son talent est incontestable. Avec ce premier tome « Le réveil des monstres », l’auteur de l’Epouvanteur entame une nouvelle série qui pourrait très bien se passer quelque part non loin de Chipenden : on y retrouve des créatures, des sorcières aussi (un beau clin d’oeil à Tom, Alice et John Gregory). Quant au Shole ( qui tire son nom du Sheol, « le séjour des morts » hébraïque), c’est un brouillard particulièrement pernicieux qui transforme tous les êtres vivants en des créatures monstrueuses, les aberrations. Toutes ? Non, car les personnes qui ont du sang Fey  sont immunisés. L’auteur ne nous en révèle pas plus sur ce point pour le moment.
C’est un excellent premier tome que signe Delaney, dans la lignée des meilleurs Epouvanteurs (certains tomes étant un peu « en  dessous » au fil de histoire qui a eu tendance à s’étirer mais j’en ai déjà parlé).

Une fois de plus, rien n’est manichéen. Ses personnages sont toujours bien définis même si l’on retrouve des traits communs à Tom Ward et à Alice ici.
Une fois de plus, l’angoisse et l’horreur se côtoient tout en étant bien dosées. Je vais le redire – et me répéter :  Delaney est un grand.
C’est donc un coup de coeur ❤️

Aberrations, tome 1 : Le réveil des monstres par Delaney

Résumé:

Le Shole, un monstrueux brouillard, a englouti des régions entières de l’Angleterre et continue son expansion vers le nord. Ceux qui s’y trouvent piégés meurent ou sont transformés en créature immondes : les aberrations.
Dans le duché de Lancaster, Crafty, treize ans, est l’un des rares survivants qui peut traverser ces étendues maudites. Recruté pour servir au château, il devient l’apprenti d’une mystérieuse guilde qui l’envoie effectuer des missions dans les zones dangereuses. Mais bientôt, le garçon devine que les aberrations ne représentent peut-être pas le plus grand danger…

Joseph Delaney à propos de Aberrations (qui confirme bien que c’est le même monde que l’Epouvanteur):

Lire de la SFFF ? Un challenge sympa !

Qu’on ait l’habitude ou pas de lire de la SFFF (Science-fiction, Fantasy et Fantastique),

qu’on en lise un peu, beaucoup, qu’on soit fan ou qu’on ait envie de découvrir le genre, voici un excellent challenge littéraire  lancé par Charmant Petit Monstre et Pretty Rosemary!

Alors, ça se passe comment ?

  • Un challenge sur un an, du 1er Juin 2019 au 31 Mai 2020,
  • Un thème par mois,
  • Une sélection de 10 romans chaque mois,
  • Trois niveaux de difficulté,
  • Du plaisir en barre fois mille XXXL

La participation au challenge ne nécessite AUCUNE INSCRIPTION (j’adore cette idée!)

Si ça vous intéresse, il n’est pas trop tard (il n’est jamais trop tard), rejoignez-nous sur le groupe facebook « Hold My SFFF Challenge » pour partager  avis, chroniques, coups de coeur. On ne mange personne !

Du coup, vous pouvez commencer dès aujourd’hui, le thème de juin étant consacré au thème « Monstres et Créatures » : 

HMSFFF juin

La sélection de livres n’est pas exhaustive. Elle permet de débloquer  des titres bonus si tu veux passer au level supérieur du challenge (bah, oui, sinon, c’est pas vraiment un challenge !) :

HMSFFF titres

N’hésitez pas, ça n’engage à rien ! sauf à faire de belles découvertes littéraires ! Et surtout, n’oubliez pas de partager vos avis, lectures, etc… avec le  le hashtag #HMSFFF sur Twitter, FB,  Instagram .

 

Pour l’instant, j’ai choisi de lire Lazare en guerre (T.1 – L’artefact) de Jamie Sawyer, histoire de découvrir un roman que je n’avais pas déjà lu. Pour l’instant, j’ai avancé assez rapidement. Par contre, je trouve le roman bourré de clichés, du déjà-lu (une partie m’a fait penser à une partie de l’Eveil du Léviathan (The Expanse, pour la série). Et non, je ne suis toujours pas fan de guerre ni des problèmes des militaires…


Au hasard, parmi les romans de SFFF parlant de créatures de toutes sortes, je pensais  aux Griffes et des Crocs de Jo Walton qui propose une histoire peu ordinaire de dragons (j’en avais parlé ici), ou à la série de Robin Hobb, la Cité des Anciens.
Question créatures, en urban fantasy, je conseille A comme Association de Erik Lhomme et Pierre Bottero.
Je pensais aussi aux créatures qui marquent le cycle de Tschaï, un grand classique de la SF, signé Jack Vance. 

 

Dans un autre registre et en parlant de Lovecraft qui est aussi proposé, voilà une très bonne vidéo à propos de Cthulhu et des tous les autres:


La liste est longue ! 

Bonnes lectures !

 

Premières lignes

Des Premières lignes avec un roman Y.A/jeunesse, cette semaine :

« Tout le monde au lycée les traitait de sorciers. Et moi, j’avais envie d’y croire. Depuis mon arrivée deux mois auparavant, j’avais déjà compris. Ils arpentaient les couloirs, élégantes sirènes créant des vagues humaines dans leur sillage, les regards s’accrochant à leurs dos, à leurs chevelures. « 

J’ai pris un risque en choisissant ce livre, à la médiathèque. Le risque d’être une fois de plus déçue par un roman Y.A qui tournerait au mieux à la banale histoire de lycéens sorciers au pire à la romance cucul (et je dois dire que la romance des années lycée n’a jamais été ma tasse de thé).
Mais ce roman s’est avéré plus intéressant que je ne l’aurais cru. Ce roman est malin…
L’autrice a trouvé le moyen de tracer une intrigue qui pourrait ressembler à un Twilight chez les sorciers : la protagoniste tombe sous le charme d’un beau gosse et d’une famille élégante et spéciale, refrain bien connu. Et pourtant, l’histoire ne s’englue pas dans une trame vampire/sorcier/amourette. Au contraire, elle frôle l’étrange et le fantastique, faisant douter le lecteur.
Et si Laure Eve nous laisse osciller aussi longtemps, c’est pour exploiter cette hésitation lors du dénouement (et je n’en dirais pas plus).
Un tome 2 est sorti en anglais.

Résumé :

« Comme tout le monde, River Page est fascinée par les Grace, frère et soeurs. Comme tout le monde, elle est persuadée qu’ils ont la magie dans le sang. Et, comme tout le monde, elle brûle d’envie de devenir leur amie. Elle se rapproche de Summer, la benjamine, et tombe sous le charme du ravissant Fenrin, l’aîné. Mais, au grand désespoir de River, la magie ne résout pas tout les problèmes…