Premières lignes — 8 août

Premières lignes 

 » Ce matin-là, tandis que l’aube humide et blanchâtre s’étendait sur les marais, Scarlett McCain se réveilla auprès de quatre morts. Quatre ! Elle n’avait pas conscience d’avoir tué autant d’hommes. pas étonnant qu’elle ait des courbatures. « 

Je lis les romans de Jonathan Stroud depuis que j’ai découvert la trilogie de Bartiméus, l’insupportable djinn à l’humour décapant. J’ai ensuite embrayé avec Lockwood et cie, un peu (beaucoup) plus dark – mais toujours en littérature jeunesse, j’avais oublié de le préciser. 
Voici la série de Scarlett & Browne, une suite dans une Angleterre post-apocalyptique, qui s’attache aux pas de Scarlett, jeune brigande au caractère bien trempé croisant le chemin d’Arthur Browne, un jeune homme quelque peu …étrange.
Le monde est dévasté, les créatures qui le peuplent sont devenues hostiles, les animaux, géants et terrifiants. Les villes ne sont plus ce qu’elles étaient. Il est question de survie plus que de vie. Sans compter les Infâmes, des êtres bizarres qui se jettent sur tout le monde et dont l’origine ne sera pas définie dans ce tome. Brrr…
Scarlett, elle, ne pense qu’à braquer des banques (oui, il reste des banques, tiens).
Et à méditer sur son tapis de prières.
Arthur s’est évadé d’un lieu sinistre où une doctoresse increvable à la Terminator qui a lancé une troupe à sa poursuite pour le ramener. Car Arthur serait doté de pouvoirs dangereux. En attendant, il ne connaît rien à rien et se montre terriblement maladroit, ce qui énerve Scarlett, obligée de trimballer ce fardeau.
Le duo est excellent et fonctionne très bien tant il est disparate. Il y a donc des situations assez amusantes dans leur périple, malgré les dangers qu’ils doivent affronter. Les personnages qu’ils rencontrent sont également assez succulents (le vieil homme propriétaire de la barque, la petite  Ettie).
Par contre, la dose de violence atteint une limite assez insupportable (les morts, les coups, le sang, les blessés, la torture, je dis : stop!). C’est bien ce dernier point qui m’a empêchée d’apprécier pleinement ma lecture. C’est vraiment dommage.

Scarlett et Browne, tome 1 : Récit de leurs incroyables exploits et crimes par Stroud

 

Résumé : Dans une Angleterre post-apocalyptique, la nature a repris ses droits et est désormais hostile aux humains. Soumis à des lois répressives, les survivants vivent dans des villes fortifiées. Scarlett, une rebelle recherchée dans toutes les cités, s’apprête à braquer une banque. Elle fait alors une rencontre qui bouleverse sa vie.

 

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Premières lignes — 18 juillet

Premières lignes
( avec + de  40° C , record battu, j’espère ne pas écrire n’importe quoi…)

 » Oh là là ! s’exclama Linus Baker en épongeant son front dégoulinant de sueur. Voilà qui est très inhabituel. »
C’était un euphémisme. Subjugué, il observait Daisy, une jeune fille âgée de 11 ans, faire léviter des morceaux de bois dans les airs, très haut au-dessus de sa tête. Les blocs décrivaient des cercles concentriques à faible allure. Le bout de  la langue coincé entre les dents, Daisy fronçait les sourcils sous le coup de la concentration. « 

Que  dire de  La maison au milieu de la mer céruléenne de T.J. Klune ? J’en avais énormément entendu parlé et seule la perspective de lire un énième roman aux éditions de Saxus qui m’ont terriblement déçue avec des traductions toutes plus atroces les unes que les autres ( dernièrement, j’ai tenté « La duperie de Guenièvre » : une véritable honte d’avoir publié ce texte tel quel bourré de contre-sens à peine compréhensible) me faisait reculer. Finalement, je me suis lancée et même si quelques passages ne sont pas excellents (on sent l’approximation dans la traduction deux ou trois fois), le reste est correct. Il faut dire aussi que le style original auquel j’ai jeté un coup d’oeil est assez simple.
De quoi parle l’histoire ? De magie et d’êtres magiques. Mais surtout, d’acceptation de la différence. Et ce dernier point mérite d’être salué.
L’intrigue n’est pas très compliquée : Linus Baker est un employé du MJM? le Ministère de la Jeunesse Magique ( ici, on sent un peu l’influence Harry Potter et ce ne sera pas la seule).  Sa mission ? Visiter les  orphelinats qui sont  remplis de jeunes êtres magiques (tiens, tiens) afin de s’assurer que tout s’y déroule dans de bonnes conditions.  Linus est impartial, un peu terne. En gros, il ne fait pas de vagues. Sa vie personnelle est de la même eau : il vit seul avec Calliope, une chatte bougonne (on dirait assez  cette chanson d’Aznavour,  et d’ailleurs…mais chut).  Un jour, Linus se voit confier une mission secrète par les Cadres Extrêmement Supérieurs du MJM (il y a là le début d’une petite caricature de la bureaucratie et de la hiérarchie qui est esquissée mais peu développée, hélas).
Il doit donc se rendre sur une île et faire un rapport sur un orphelinat très spécial. On lui confie les dossiers d’enfants étranges : Lucy (pour…Lucifer !) a la particularité d’être le fils du diable, Talia est une petite fille gnome, Sal, un petit garçon métamorphe, Phee, un esprit de la nature, Théodore, une vouivre, et ainsi de suite…
Linus Baker va devoir sortir de sa zone de confort plus qu’il ne s’imagine. Il est accueilli par Zoe, une adulte, l’esprit de la nature de l’île, puis par le charismatique directeur de l’orphelinat sur lequel il doit aussi enquêter : Arthur Parnassus.
Au fil des pages, nous suivons le changement progressif de Linus et son épanouissement, sa découverte des enfants magiques, ses liens avec les différents adultes aussi. Il y a peu d’action, et l’intrigue est basique.
Le message est simple mais bienveillant, ce qui est positif, bien sûr : chacun est comme il est. On ne se résume pas à sa naissance. Acceptons la différence, etc..
En fait, T.J Klune met souvent dans la bouche des personnages adultes (Arthur Parnassus, particulièrement), des maximes à la Dumbledore du type : « Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes. « (JK. Rowking pour Albus Dumbledore).

« Il n’est qu’un enfant et je refuse de croire que le chemin de vie d’une personne est gravé dans la pierre. On est bien plus que nos origines. 
— Notre héritage ne nous définit pas.(TJ Klune pour Arthur Parnassus et Linus Baker)
Mais, contrairement à Rowling qui  a su distiller par petites touches  ce genre de propos — simplement parce que sa technique est  habile  — T.J Klune assène et répète en boucle les  tirades. Le résultat ? A la fin du roman, on a l’impression de ne pas avoir lu une histoire, mais d’avoir subi une leçon de morale, assez assommante, finalement, puisque l’auteur n’a eu de cesse de ressasser — et ce n’est jamais très bon de faire croire aux lecteurs qu’ils sont des idiots pour ne pas avoir compris la première fois, peu importe leur âge. C’est un roman , à la fin, pas un essai. Idem, pour se faire la critique de l’intolérance, Rowling est beaucoup plus efficace :  elle a bâti un monde de sorciers particulièrement effroyable et rétrograde dans lequel,  au hasard ,  l’esclavage des créatures magiques, i.e les elfes,  est  dénoncé au travers des indignations et des actions d’Hermione – et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pourtant, ceci n’est jamais effectué au détriment de l’histoire, au contraire.  Et si j’insiste sur la comparaison entre Harry Potter (qui, à mon avis, a dû fortement marqué l’auteur) et ce roman, c’est qu’il existe plus d’une connexion entre les deux (vous n’êtes pas obligé.e.s de lire ce qui suit si vous ne voulez pas connaître des éléments susceptibles de divulgâcher l’histoire) :
Quand l’auteur introduit Arthur Parnassus qui est, je le rappelle, le Directeur de l’orphelinat/foyer, la description mentionne :  » Ses yeux sombres étaient brillants et étincelaient dans la quasi-obscurité. Son nez aquilin avait une bosse au milieu, comme s’il avait été cassé des années auparavant, mais n’avait jamais été remis en place. Les mains jointes devant lui, il souriait. Ses doigts étaient longs et élégants et il faisait tourner ses pouces. 
Si on compare avec la description d’un certain Albus Dumbledore :
«  Ses yeux bleus étaient clairs, lumineux et pétillants derrière des lunettes demi-lune et son nez était très long et tortueux, comme s’il avait été cassé au moins deux fois.. »
On ne compte plus le nombre de fois où Dumbledore est décrit faisant tourner ses pouces (il est noté aussi qu’il a de longs doigts).
Je pourrais continuer ainsi mais le lien le plus évident (le clin d’oeil à Dumbledore), est, non pas son homosexualité, mais la révélation de la nature magique d’Arthur. idem, ne lisez pas si….
On apprend vers la fin qu’Arthur est en réalité un… phénix.
Je dois dire que j’ai apprécié ces références à Harry Potter ; j’ai eu l’impression très personnelle que l’auteur s’était amusé à développer son Dumbledore à lui, tel qu’il aurait voulu le voir évoluer.
Mais c’est la seule note que j’ai trouvé originale. Pour le reste, je me suis un peu ennuyée, à cause du manque d’action et d’intrigue. Un peu dommage, car j’attendais un roman mieux ficelé.
Donc, sympa, mignon mais pas très abouti.

La maison au milieu de la mer céruléenne par Klune

 

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Premières lignes — 29 juin

Premières lignes

 

 » Le maître du manoir se tient devant le mur du jardin. Un sinistre pan de pierre qui, en son centre, entoure une porte de fer scellée. un interstice étroit sépare le battant de la roche. Lorsqu’une douce brise souffle, le vent apporte le parfum de l’été, suave comme un melon, et la lointaine chaleur du soleil.
Ce soir, aucune brise ne souffle. L’astre nocturne ne se montre pas non plus. Pourtant le maître est baigné par un clair de lune. La lumière qui se reflète sur les bords de son manteau en lambeaux fait briller les os visibles sous sa peau. « 

Olivia a grandi dans un orphelinat. Cible des moqueries et harcelée par les autres pensionnaires  car elle est ne parle pas, elle a toujours su se défendre. Elle n’a aucun souvenir de ses parents à part un carnet qui lui vient de sa mère. Un très étrange carnet où les mots et les dessins se mêlent, terminé par cette curieuse mise en garde « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant. ».
Or, un jour, une lettre arrive d’un oncle dont elle ignorait l’existence : Olivia n’est pas seule au monde et elle va se rendre dans un manoir …nommé Gallant.
De là, l’aventure onirique débute, mêlant frissons, poésie, rêves et cauchemars. La folie semble omniprésente dans cette famille. Cette lente descente dans l’étrange est bien menée. V.E Schwab est toujours très à l’aise lorsqu’il s’agit de brouiller les pistes (comme dans « La vie invisible d’Addie Larue » même si le roman, trop long, pas assez vide, m’avait assez déçue, je dois dire). On retrouve ici les belles métaphores, qui conviennent à l’univers mis en place.
Mais, à nouveau, même si le roman est plus court que « La vie invisible... » , lorsqu’on arrive à la fin, la même impression demeure : celle de ne pas avoir lu grand chose qui restera en mémoire et d’avoir passé des pages et des pages à lire….du vent. Du vent bien écrit, certes. Dans ce cas, je commence à me demander si V.E Schwab ne serait pas plus intéressante à lire en poésie, car ses intrigues sont un peu light. Dans « Gallant« , l’idée du monde miroir avec la porte et la protection familiale est intéressante même si elle n’a rien d’original (mais ce n’est pas grave). Par contre, rien n’est développé. On a envie d’en savoir plus: comment a évolué ce monde en parallèle ? Pourquoi veut-il envahir notre monde ? (et pas simplement « parce qu’il est méchant« ). D’où viennent ces créatures ? etc, etc…  Il y a aurait beaucoup à faire pour rendre Gallant encore plus passionnant comme raconter un peu l’histoire de la famille Prior, gardienne du manoir, les liens entre les personnes… Or, tout cela est évoqué, tout juste effleuré. Et nous, nous restons avec un roman bien fichu mais dont nous ne nous souviendrons plus dans quelques mois. Et franchement, c’est dommage.
J’aurais aimé dire que j’ai adoré « Gallant. » Vraiment. Je garde un sentiment de frustration.

Gallant par Schwab

 

Résumé : Toute petite, Olivia Prior a été déposée sur les marches de l’orphelinat où elle vit désormais. Incapable de parler, elle n’en sait pas moins se faire respecter des autres pensionnaires. De sa mère, il ne lui reste plus qu’un journal intime relié de cuir, plein de dessins étranges et marqué par la folie, dont les derniers mots sont : « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant. »
Mais la jeune fille ne rêve que d’une chose : avoir, un jour, une famille. Alors, quand elle apprend que son oncle l’a enfin retrouvée et l’invite à venir vivre dans le domaine familial de Gallant, Olivia n’hésite pas une seule seconde. Sur place, elle ne trouve que deux domestiques et un cousin, Matthew – qui, de toute évidence, ne veut pas d’elle. Elle découvre surtout que son oncle est mort et enterré depuis plusieurs mois déjà… Elle remarque enfin que tous les habitants du manoir semblent éviter comme la peste le mur qui s’élève derrière la propriété, au milieu d’une nature luxuriante. Quel mal se dresse là, au fond de ce jardin niché au bout du monde ?

 

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Premières lignes — 13 juin

Premières lignes 

« Tous nos rêves ne se manifestent pas avec la même force. Les plus marquants se révèlent souvent aux portes du jour, et bouleversent l’âme au point qu’il semble vital de les partager. Celui que fit l’enfant était de cette nature. Agréable, solaire, il le déposa aux marges du réveil en lui laissant une impression durable d’intense bonheur. Ses parents, à qui il se confia d’abord, en furent assez éblouis pour y voir un signe. Ce qui augmenta leur intérêt, c’était le visage éclairé de leur petit, son sourire habité par une joie inexprimable. Quelque chose d’extraordinaire venait de se passer. »

C’est un roman court, qui se déroule  dans le même univers  que Les nefs de la Pangée (que je n’ai pas encore lu – mais je vais réparer cette erreur) et édité sous le label Mu,  éditions Mnémos, que j’ai dévoré ces jours-ci. Avec délectation.
Car Je suis le rêve des autres est une pépite, servie par une écriture poétique et un récit intelligent et sensible.
Il s’agit d’un voyage, celui d’un enfant, Malou, et de son accompagnateur, le vieux Foladj. L’enfant quitte son village car il a fait un rêve qui pourrait faire de lui un réliant, c’est-à-dire un être choisi pour devenir un relais entre les frères humains et les esprits. Mais pour cela, il faut que Malou se rende loin de son domicile, à Benatia, auprès de sages. Le conseil choisit donc l’ancien guerrier, Foladj, qui a voyagé partout sur le continent et parle de nombreuses langues, pour l’y conduire.
De là, commence un long voyage de plusieurs mois où nous suivrons les étapes, les rencontres, l’apprentissage de Malou qui « grandit » au contact de son vieux protecteur — et vice-versa. Foladj n’est pas exactement celui qu’on croit et entame ici peut-être son dernier périple. Tous les deux ont beaucoup à apprendre, l’un de l’autre, et des autres. C’est une belle leçon de sagesse et d’ouverture d’esprit qui jamais n’ennuie ni ne lasse.
J’ai beaucoup aimé voyager avec ce duo dans cet univers que Christian Chavassieux sait rendre vivant d’une façon unique.
Une très belle découverte superbement illustrée en couverture.

Je suis le rêve des autres par Chavassieux

 

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La revanche des méchants – Fabien Clavel

Dans le cadre de l’opération Masse Critique Babelio – jeunesse,  j’ai reçu un étonnant petit roman intitulé : La revanche des méchants.
Je l’avais repéré il y a quelques mois en librairie et sur certains posts, la couverture étant signée par la talentueuse Noémie Chevalier (ici pour aller voir son travail ou  sur Insta).

La revanche des méchants par Clavel

Résumé :  Lycie a un problème : Hachem. Enfin, non, son premier problème, c’est qu’elle ne maîtrise pas ses crises de colère, mais Hachem arrive en seconde position : il passe son temps à la faire sortir de ses gonds. Ah ! et elle a un autre problème, aussi : ses poils repoussent à une vitesse vertigineuse ! Bref, ça fait beaucoup de problèmes pour cette ado de 5e B ! Alors, quand Lycie découvre une annonce promettant aux gens comme elle de les aider, elle n’hésite pas à se rendre à l’adresse indiquée. Et là, Lycie découvre qu’elle a un plus gros problème, encore… Mais la situation dérape carrément lorsque des clones de Prince Charmant se mettent à la pourchasser ! Car Lycie est une descendante de méchant des contes de fées, et les Gentils ne sont peut-être pas les gentils de cette histoire…

Nous allons donc suivre Lycie, une jeune ado qui est confrontée à des crises de rage inexpliquées et à une pilosité étrange, ainsi que son camarade de classe, Hachem qui, lui, ne tient pas en place. Tous les deux vont échapper de justesse aux Gentils, deux descendants de Blanche-Neige et de Riquet-à-la-Houppe, qui veulent à tout prix les « rendre normaux ».
Heureusement, Lycie et Hachem échappent à leurs griffes grâce à la descendante de la Reine de Coeur (celle d’Alice), tout cela sur un tapis volant magique (et non, pas de balais, dans cet univers). Les voilà tous les deux admis au sein d’une sorte d' »académie » pour descendants lointains de Méchants, un Poudlard en plus dark, comme le qualifie Hachem (j’ai bien aimé l’expression). Ici, les deux ados vont apprendre leur véritable nature et aussi, ce que sont les Méchants.
On pourrait croire à une histoire simpliste, voire à une simple réécriture de conte mais c’est plus subtil que cela. Plusieurs niveaux de lecture sont possibles , même si l’écriture est très simple (adaptée à l’âge du public visé, sans doute, même si je l’ai trouvée un brin simpliste/facile/peu innovante parfois, mon seul bémol).
Par contre, la richesse du contenu est à saluer, avec des références à Bourdieu (via le personnage intello de Cannelle qui fournit le vocabulaire et les nuances complexes qui sont ensuite expliqués) et des bases de génétique.
L’intrigue est carrée et se suit très bien de bout en bout. J’avais même envie d’en lire plus…
L’ode à la différence, à  l’acceptation de l’autre, est magnifique. Et il y a beaucoup d’humour, j’allais oublier.
Bref, j’ai passé un très bon moment avec ces Méchants qui ne le sont pas.
Un petit roman très bien fait bourré de bonnes idées. Chapeau !

256 pages – Fleurus – 13,90 €

Vintage art – 1

Années 80, pour commencer, avec un illustrateur adepte de l’aérographe.

Typique de l’art des années 80, Hajime Sorayama ( né le 22 février 1947) est un illustrateur japonais  connu célèbre pour ses robots  pin-uphyperréalistes mêlant érotisme, fétichisme et SF. Il a participé à la conception du chien robotique Aibo de Sony.  Il décrit son style très détaillé comme du « superréalisme ».

Sa 1ère  publication “SEXY ROBOT” en 1983 a  décrit les procédés afin de peindre les robots à travers une série d’explications graphiques, et fut distribué et référencé comme un livre dans de nombreuses écoles d’art dans le monde entier. Par conséquent, l’influence des travaux de Sorayama s’est étendue très loin au-delà des frontières des œuvres commerciales du Japon, ayant un impact sur divers réseaux médiatiques des films d’Hollywood, le monde du Street Art et le royaume des beaux-arts. , Sorayama s’approprie les techniques de l’aérographe (airbrush). 

 

 

 

 

 

Premières lignes — 9 mai

Premières lignes

« Je suis le produit d’une expérience éducative.
Une expérience telle qu’il n’aurait pu en exister que dans ma ville et pour ma génération. Car c’est à peu près à l’époque de ma naissance que les choses se mirent à changer pour Dehaven. A force de s’étendre, chassant la population dans les Faubourgs, elle finit par déborder de ses propres fortifications. « 

J’ai déjà parlé du projet ambitieux édité aux Forges de Vulcain nommé La Tour de Garde : une trilogie consacrée à la capitale du sud, Gemina, et  signée Guillaume Chamanadjian ; une trilogie pour celle du nord, Dehaven, écrite par Claire Duvivier dont je viens de lire Un long voyage (que j’ai adoré).
Amalia est au centre de cette histoire, comme Nox l’était pour Le sang de la cité. Elle appartient aux riches familles de la ville, tout comme son ami Hirion, héritier de la famille de Wautier.
Mais la famille d’Amalia a des idées progressistes et met en place un programme d’éducation inédit pour Amalia et Hirion afin d’en faire des  » citadins de demain ». Certains événements  interviennent dans les familles et les deux enfants sont rejoints par la suite par Yonas,   destiné à prendre la suite de son père à la tête de l’écluse.
L’enseignement est basé sur les faits ; rien que du factuel, pas de contes, ni de légendes. Aucune fiction.
Cet aspect m’a semblé un peu tiré par les cheveux, d’ailleurs…
Et… comme par hasard, l’un des personnages pourtant formé à cette rigueur s’empresse de se pencher sur le surnaturel, partant à la recherche d’objets magiques. Hirion  découvre les objets et…. cela fonctionne.  Surtout  le miroir, qui permet d’apercevoir une autre ville, vite  surnommée Nevahed, la ville-miroir de Dehaven.
Bien sûr, on pense tout de suite à l’univers que Nox arpente dans le Sang de la Cité.
De là, les ennuis commencent. A Dehaven comme à Nevahed…

J’avoue que le début m’a paru un peu long ; la mise en place des personnages, le manque d’action … Non que cela soit désagréable, mais j’ai ressenti un tout petit peu d’ennui. Puis, les choses se précipitent, trouvent leur rythme en allant crescendo. Et quel final !
Donc, malgré quelques petites interrogations, j’ai vraiment hâte de connaître la suite…
Claire Duvivier a su une fois de plus le registre de langage exact pour distinguer les familles nobles comme celles d’Amalia et d’Hirion en employant le passé simple, Yonas ayant tendance à se montrer plus familier.

Une fois de plus, une très bonne surprise.

Capitale du Nord, tome 1 : Citadins de demain par Duvivier

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Premières lignes — 25 avril

Premières lignes 

 » Le 21 septembre 1989, les habitants de l’île Blackney, au large d el’archipel des Mariannes, ont disparu sans laisser de traces. Cinq-cent-quarante-six hommes, femmes et enfants, volatilisés sans que l’on ne trouve aucun corps, ni aucun signe de violence. Les premiers à donner l’alerte furent les membres de la mission Sentinelles, dépêchés depuis plusieurs années par le CNRS afin d’établir le contact avec cette population isolée. A leur tête, les professeurs Henri Luzarche, ethnologue, Adma Redouté, botaniste, et Mareve Temauri, historienne spécialiste du peuplement des îles d’Océanie.
Blackney était une énigme, bien avant de devenir un mythe. »

Je dois dire que j’étais vraiment impatiente de découvrir Into the deep, deuxième roman de Sophie Griselle, publié chez Snag éditions et ceci pour plusieurs raisons :
j’ai découvert  Sophie sur la plateforme Wattpad, où j’avais décidé un beau jour de  mettre en ligne quelques unes de mes  (anciennes) fan fictions . Wattpad étant assez inégal, elle réserve parfois de bonnes surprises: la preuve. J’avais donc lu le tout début de Into the deep en ligne. Mais c’est surtout la qualité de l’écriture de Sophie, son exploration de l’âme humaine dans ses réinterprétations des personnages de l’univers de Harry Potter ou même de Star Wars (le très beau,  Irrépressible ). 

Into the deep  s’attache donc à nous entraîner dans une expédition scientifique, dans la fosse des Mariannes,  le point le plus profond de la croûte terrestre, dans le Pacifique. Toutes les informations fournies dans le roman sont rigoureuses et vérifiables ; comme je suis une grande curieuse, je me régalée à croiser ce qui relevait de la vérité et de la pure fiction… C’est d’ailleurs l’un des points forts de ce livre : le travail de documentation effectué. Et ce qui est plus important encore, c’est que les renseignements, la partie scientifique n’empiète pas sur le côté merveilleux ou sur l’intrigue comme cela peut arriver. Un très bon point.
On oscille donc entre science, imaginaire, fantastique, sans jamais basculer vraiment dans la SF (je ne vois pas en quoi le terme SF se justifierait, en fait)
En fait, Into the deep explore tout autant les abysses que les tréfonds de l’âme humaine puisque nous suivons Sam, jeune chercheur, tourmenté par le suicide de sa mère (la scientifique Marève Temauri) alors qu’il était tout enfant. Il a toujours vécu dans l’ombre d’un père brillant, Henri Luzarche et aimerait faire ses preuves, voire surpasser ce parent encombrant (masculinité toxique  en vue avec les Luzarche père et fils). Sam dirige une nouvelle expédition dans la fosse des Mariannes. Il travaille avec la très compétente Ophélie, qui est aussi sa petite amie ; un personnage féminin qui cherche sa place et a tendance à s’effacer dans toute une partie du livre (mais cela ne durera pas). 
Un jour, Sam, toujours à la limite, presque en perdition, tombe nez à nez avec une créature. Et pour en revenir au fantastique, et  sans rien divulguer de l’intrigue, tout ce qui touche aux créatures n’appartient pas à la SF  puisque ce ne sont pas des aliens ou des E.T, mais des êtres légendaires, liés à des mythes. Sam va vouloir retrouver sa « sirène » à tout prix, même s’il doit plonger au fond de la fosse et y entraîner son équipe. On voit la détermination du jeune homme mais aussi l’absence de scrupules, et les pulsions autodestructrices… On  y assiste avec inquiétude.
Le roman suit le point de vue de Sam, ses doutes, ses tourments, ses interrogations, ses angoisses,…
Au passage plusieurs thèmes sont abordés, comme, par ex.,  l’éthique scientifique, la reconnaissance des droits des autres espèces (qui est sentient ? ou pas?), la reconnaissance des femmes dans le milieu scientifique (au travers d’Ophélie) et bien sûr, la nature de l’être humain. 
Je dois quand même nuancer mon avis avec deux petites remarques : (sinon, le roman serait parfait)
— le milieu (à peu près) du roman s’éternise sur des dialogues assez redondants qui n’apportent pas grand chose  à la psychologie des personnages. Et qui nuisent un peu à l’avancée de l’intrigue. Un tout petit peu moins de « je me sens coupable de… », « c’est de ta faute, père », un peu plus d’action et cela aurait été très juste.
— presque dans le même ordre d’idées, je n’ai pas été surprise un instant par « la » révélation qui est très préparée, en fait. J’ai peut-être trop lu de thrillers et de policiers, c’est possible. Ou alors, il m’a manqué un petit quelque chose pour trouver le dénouement original.
Mais ce n’est pas très grave car pour moi, c’est un bon roman, bien construit, bien écrit, avec  500 pages qui se lisent avec délice ;  l’écriture de Sophie Griselle est un régal.
Il ne faut donc pas hésiter et prendre son souffle : vous en aurez besoin, c’est une plongée en apnée.

Résumé : À plus de onze mille mètres de fond, la fosse océanique des Mariannes, au large de l’océan Pacifique : l’endroit le plus profond sur Terre…
C’est là que Sam Luzarche, jeune océanologue, découvre une créature qui pourrait bien remettre en question tout ce qu’il croyait savoir sur la science, sur les fonds marins et, en définitive, sur lui-même.

Into the deep par Griselle

Sophie Griselle, Into the deep

Snag Fiction, avril 2022

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Premières lignes — 21 avril

Premières lignes 

 » Gémétous, ma hiératique, c’est pour toi que j’allume cette lanterne, que je sors ces feuilles, que je trempe cette plume dans l’encre. A vrai dire, je me lance dans cette entreprise sans savoir si je pourrai la mener à bien : il y a fort longtemps que je n’ai pas couché des mots sur le papier et, même à l’époque où cette tâche m’était quotidienne, mes oeuvres se limitaient à des rapports et procès-verbaux. Mais après tout, tu veux la vérité sur Malvine Zélina de Félarasie, et je suis l’un des derniers en vie à l’avoir connue. Je vais donc faire la lumière sur elle. « 

Ecrit comme un témoignage, Un long voyage relate la vie de liesse, enfant né dans une île de l’Archipel, rejeté par les siens (notion de tabou), confié à un comptoir commercial de l’Empire et lié par un contrat ancestral (d’où son statut très particulier). De là, on suivra son éducation, son évolution, les gens qu’ils côtoient…

Intimiste, rythmé, brillamment écrit toujours humain, Un long voyage constitue une pépite que je n’ai pas pu lâcher.
Même l’emploi de la 1ère personne dont je ne raffole pas forcément est judicieux (car justifié) et totalement maîtrisé.
Nous découvrons le monde dans lequel évolue Liesse à travers ses yeux bien sûr,  ainsi que la « magie » et les mystères liés à son emploi. Peu à peu, la compréhension se fait, au fil des pages, des expériences de Liesse, de sa confrontation avec d’autres peuples, des événements violents et parfois, tragiques. Pourtant, le récit reste toujours juste et humain ; touchant et non spectaculaire ou agressif.
C’est une véritable réussite et je ne peux que conseiller de lire ce premier roman de Claire Duvivier, qui signe aussi Capitale du Nord – Citadins de demain, aux Forges de Vulcain  – un très bon roman dont je vais parler bientôt.
De la fantasy à lire de toute urgence.

Résumé : Issu d’une famille de pêcheurs, Liesse doit quitter son village natal à la mort de son père. Fruste mais malin, il parvient à faire son chemin dans le comptoir commercial où il a été placé. Au point d’être pris comme secrétaire par Malvine Zélina de Félarasie, ambassadrice impériale dans l’Archipel, aristocrate promise aux plus grandes destinées politiques.
Dans le sillage de la jeune femme, Liesse va s’embarquer pour un grand voyage loin de ses îles et devenir, au fil des ans, le témoin privilégié de la fin d’un Empire.

Un long voyage par Duvivier

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Le printemps de l’art — 29

Sam Carr est un illustrateur anglais (digital  – photoshop – et traditionnel) qui aime la fantasy, la dark fantasy, le médiéval (la légende arthurienne).

 

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