Mahdieh Farhadkiaei est une illustratrice, graphiste, concept artiste iranienne de Téhéran. Mahdieh est autodidacte ; elle a appris le dessin en s’inspirant de ses artistes préférés.
Mahdieh Farhadkiaei est une illustratrice, graphiste, concept artiste iranienne de Téhéran. Mahdieh est autodidacte ; elle a appris le dessin en s’inspirant de ses artistes préférés.
Iwami Reika 岩見禮花 いわみれいか (1927-2020) est une pionnière de la gravure de style Sōsaku-hanga.
Premières lignes d’un livre que j’ai lu il y a quelques mois déjà :
« Londres, mardi 30 juin 1908
Les pierres des façades exsudaient doucement la chaleur que la mégalopole britannique avait avalée depuis l’aube. Assis à l’angle, de Sackville Street et Picadilly, le cireur de chaussures comptait les pièces de monnaie dans sa poche en les faisant tinter. il avait choisi l’endroit en raison de la poussière terreuse soulevée en permanence par la circulation et l’affluence des piétons, qui ne cessait de grandir.
— Un penny pour faire briller vos chaussures ! proclama-t’il sans conviction à la jeune femme qui arrivait à sa hauteur.
L’état des souliers de la passante exprimait son indifférence pour la brosse à reluire. Elle lui répondit par un sourire, dont il se dit qu’il valait bien toutes les pièces accumulées depuis le début de la journée, et s’engouffra dans Picadilly Street. «
( J’ai lu le roman d’Eric Marchal alors que j’étais en train d’écrire un roman se déroulant pendant la même période historique, soit parce que j’étais à la recherche d’éléments susceptibles de m’apporter des infos, soit simplement parce que j’avais besoin de « baigner » dans l’atmosphère du début du XXème)
Résumé : 1908. La reine Victoria n’est plus et son fils Edward VI se rapproche de ses voisins européens. Le vieux monde britannique se fissure sous l’impulsion de groupes d’avant-garde, comme les suffragettes qui mènent une lutte acharnée pour le droit de vote des femmes. L’heure n’est pas à la révolution, mais à une révolte sociétale de moins en moins feutrée dont les hauts faits se déroulent dans le Londres de Virginia Woolf et de Conan Doyle, celui des parcs et de la bourgeoisie de l’ouest et que des taudis de l’East End ouvrier. Dans Les heures indociles, Éric Marchal relate le parcours de trois personnages hors du commun : Olympe Lovell, la suffragette, une guerrière au service de Mrs Pankhurst, prête à tous les sacrifices pour la cause. Thomas Belamy, l’annamite, médecin au Saint Bartholomew Hospital, le plus vieil établissement de Londres. Il travaille dans le service flambant neuf des urgences et dirige un département de médecine non conventionnelle dont le but est d’unifier les pratiques occidentales et chinoises. Enfin, Horace de Vere Cole, le plus excentrique des aristocrates britanniques, poète et mystificateur, à la recherche de son chef d’oeuvre / le plus grand canular de tous les temps. Chacun d’eux est un rebelle. À deux, ils sont dangereux. À trois, ils sont incontrôlables et deviendront la cible du pouvoir et d’un mystérieux personnage se faisant appeler l’Apôtre.
Dans ce gros roman, Eric Marchal nous fait littéralement remonter le temps, nous faisant voyager dans la cité londonienne du début du début XXème. On va y suivre Olympe, une suffragette proche de la famille Pankhurst, les fondatrices de la WSPU , à l’heure où le combat pour le vote des femmes prend une tournure plus incisive. C’est aussi ce qui est brillamment illustré dans le film Les Suffragettes.
Mais Les heures indociles ne se concentre pas seulement sur Olympe, il se focalise également sur deux autres personnages : l’un est un médecin métis (franco-asiatique), Thomas Bellamy qui s’illustre avec de brillantes mais controversées innovations médicales, l’autre un personnage ayant vraiment existé, Horace de Vere Cole , dont on va suivre les mystifications (qui prennent tout leur sens dans le roman). Les points de vues des trois personnages alternent et permettent une dynamisme du récit qui ne laisse pas de place à l’ennui.
Tout est très bien documenté. On croise également d’autres personnages connus, dont une jeune Virginia Woolf, les soeurs Pankhurst, des hommes politiques et membres du gouvernement en place en 1908, et d’autres encore que j’ai relevé au fil des pages.
L’époque (sous le règne d’Edward VI) est finement retranscrite ; on a souvent l’impression d’avoir effectivement emprunté une machine à remonter le temps. D’autres romans se passant quasiment à la même époque, mais pas à Londres, rendent très bien cette atmosphère en retranscrivant des détails simples mais vivants : je pense par exemple à la série policière et historique du duo signée Claude Izner qui se passe à Paris fin XIXème- début XXème. Victor Legris et sa librairie L’Elzévir, passionné de photographie et d’ouvrages anciens, se trouve mêlé à des affaires criminelles La série est aussi l’occasion de croiser des personnages historiques réels, parmi lesquels, au premier rang, Henri de Toulouse-Lautrec, mais aussi La Goulue, Ravachol, Paul Verlaine et d’autres célébrités de l’époque.
Ici aussi, une intrigue digne d’un roman policier se met en place. Et même si ce mystérieux apôtre n’est pas forcément le principal atout de ce livre (trop facile à découvrir, à mon avis), les aventures croisées d’Olympe, de Thomas et d’Horace, leur amitié et, bien sûr, l’histoire d’amour qui se noue, valent la lecture. D’ailleurs, la romance n’est jamais lourde ; Olympe restant fidèle à ses convictions et ne perdant pas son cerveau en cours de route pour se conformer à un certain modèle…. (malheureusement, un schéma trop souvent lu/vu avec les personnages féminins). Ici, le couple Thomas/Olympe reste admirablement équilibré ; cela apporte un plus au roman qui n’en est que plus cohérent.
Un grand « oui », donc, pour ce roman.
Premières lignes avec un choix un peu particulier cette semaine :
» Tenir comme moi si peu de place dans le monde et vouloir faire le changement le plus considérable qui ait eu lieu encore dans l’ordre social (juin 1883) —
Mes efforts frappent les oreilles humaines aussi inutilement que les vagues de la mer frappent les rochers. Nous nous brisons inutilement, les vagues contre les récifs, moi contre les préjugés —
Il ferait bon de vivre si je n’étais seule ! Mais je me seule partout, seule dans la république, seule dans la vie privée » (1885)
Les phrases en exergue sont celles qui sont tirées des pages journal d’Hubertine Auclert, reconstitué par Nicole Cadène après un travail méticuleux. On connaît mal, peu ou pas, Hubertine Auclert (1848 – 1914). Et ce n’est pas étonnant car son journal a été oublié par l’Histoire ainsi que son travail, comme trop souvent les actes significatifs des femmes. Pourtant, elle fait partie de celles qui se sont battues pour acquérir le droit de vote. Trouvant que les mouvements de son époque ne sont pas avancer les choses, elle fonde la société «Le Droit des femmes » qui devient par la suite « Suffrage des femmes ». et même un journal, « La Citoyenne », pour revendiquer des droits politiques. Quand elle s’établit en Algérie pour quelques années avec son mari, Pierre Antonin Lévrier, elle observe les femmes du pays et note :
« Pour les étrangers, les fonctionnaires, les Israélites, les colons, les trafiquants, l’Arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. Le refouler dans le désert pour s’emparer de ce qu’on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve. Les Français algériens, qui ont déclaré que le fanatisme rendait les Arabes incivilisables, s’obstinent à ne rien tenter pour les tirer de l’ignorance, si favorable à l’exploitation et à la domination. »
— Hubertine Auclert, Les femmes arabes en Algérie
Toute sa vie, Hubertine lutte contre les préjugés.
Son journal intime, intitulé ici Journal d’une suffragiste (chez Folio inédit Histoire) a été étudié, traduit et surtout, perdu. Nicole Cadène relate dans une longue et très intéressante introduction le récit de son enquête pour retrouver les pages manquantes et en faire une transcription fidèle.
J’ai lu toute cette partie ainsi que la postface avec beaucoup d’intérêt. Et je vous invite à en faire autant si vous vous intéressez aux femmes engagées. Le journal se lit rapidement.
Hubertine Auclert est enterrée au Père-Lachaise. Il existe à Paris (11ème) une place qui porte son nom.
Hubertine Auclert
Nicole Cadene (Autre)EAN : 9782072901546
240 pages
Éditeur : GALLIMARD (18/02/2021) – Folio inédit Histoire
Pour l’anecdote : je cherchais des figures françaises de femmes actives en faveur du droit de vote. Si on trouve facilement des livres sur les suffragettes anglaises –– j’ai parlé de Sylvia Pankhurst il y a peu — j’étais un peu en panne avec les françaises.
Il est vrai que le droit de vote n’a été accordé aux femmes qu’en 1944 en France, le Sénat n’ayant eu de cesse de refuser l’adoption du projet de loi depuis 1919 :
Et comme la date est un peu symbolique aujourd’hui : 10 mai 2021, j’en profite pour rappeler que le 10 mai 1981 marque l’élection du seul président qui aura nommé une femme premier ministre. Et comme je suis assez âgée pour me souvenir, même vaguement (j’avais 13 ans en 81) de ce qui s’est passé lors de cette élection, je me souviens par contre très bien à quel point Edith Cresson avait été discréditée, non pas parce qu’elle n’était pas compétente mais surtout parce qu’elle était une femme. Le gouvernement de Mme. Cresson comportait en 1991 six femmes ministres. Je dis ça, hein, je dis rien… Pour ces années-là, c’était déjà quelque chose.
Isabel Bishop, (1902- 1988 ) est une peintre américaine qui a surtout représenté des scènes urbaines de Union Square, à New York, des années 1930 aux années 1970. Elle est connue pour sa représentation de femmes américaines et en tant que membre principal de la Fourteenth Street School of artists.
Les premières lignes qui suivent sont tirées cette fois d’une biographie :
« Ils sont tous assis à une table ronde dans l’ancienne chambre du tsar. Sylvia Pankhurst vient d’arriver à Moscou pour participer au deuxième congrès de la IIIème Internationale communiste en tant que secrétaire générale de la Fédération socialiste des travailleurs, première organisation britannique à s’être affiliée au Komintern. Autour d’elle, des hommes, barbes, moustaches et barbichettes, cheveux épais, fronts dégarnis ou calvities presque totales, débattent avec ardeur. «
D’entrée, Marie-Hélène Dumas plante le décor avant de détailler la vie de Sylvia Pankhurst. Nous sommes plongés dans l’atmosphère moscovite en 1920, Sylvia y rencontre des membres des bureaux politiques, des délégués étrangers et surtout, Lénine. Celui-ci l’écoute — il va beaucoup l’écouter. Sylvia défend les droits des femmes autant que ceux des travailleurs. Elle va lui parler. Beaucoup. Mais pas le convaincre. Peu importe, elle ne renonce pas. Car même fatiguée, épuisée, lasse, elle n’abandonne jamais, persuadée que, même lorsqu’une lutte est gagnée, un autre combat est à mener. C’est tout à fait l’illustration de la vie de Sylvia Pankhurst, une femme complexe, une artiste qui à un moment, pose ses crayons et ses pinceaux pour se consacrer entièrement à la défense des femmes, qui renonce à son milieu aisé pour vivre dans les quartiers défavorisés de Londres, qui, même par amour, ne se résout pas à accepter le mariage : elle vivra en union libre pendant de très longues années, ayant son fils hors mariage, une idée inacceptable pour l’époque qui choque même sa suffragette de mère.
Car, dans la famille Pankhurst, on retient souvent le prénom d’Emmeline : elle fonde la Women’s Social and Political Union en 1903 avec sa fille Christabel, l’une des soeurs de Sylvia.
Le livre retrace aussi le parcours de Sylvia au sein de la WSPU, ses emprisonnements, ses nombreuses grèves de la faim, la façon dont les femmes en prison sont alors traitées et nourries de force. (d’ailleurs, on trouve de nombreux documents sur internet sur le même sujet et c’est édifiant…).
Mais bientôt, Sylvia se détache du mouvement et de la WSPU, en total désaccord avec sa mère et sa soeur. Sylvia voyage, parle avec des femmes moins favorisées, s’installe dans l’East London, affirme son antiracisme et son anticolonialisme (alors que mêmes les socialistes de l’époque parlent encore de « supériorité de la race blanche ». Elle fait une tournée aux USA et, ô scandale, parle devant un public composé parfois de Noirs et d’Amérindiens.
Pendant la première guerre mondiale, elle participe à un journal ouvertement pacifiste et anti-guerre, le Dreadnought :
Et dans ce même journal, elle fait publier un texte de Claude McKay, un romancier jamaïcain et activiste. C’est le début d’une longue collaboration.
Toute la biographie est intéressante et se lit très bien. On suit les luttes et les événements de cette partie du XXème siècle qui sont relatés avec clarté. Sylvia Pankhurst n’est certainement pas la plus connue de la famille, ce qui est dommage car ses idées sont tout à fait de notre temps ( je n’aime pas trop le « en avance sur son époque » qui ne veut pas dire grand chose).
Un livre à lire, donc.
SYLVIA PANKHURST
Féministe, anticolonialiste, révolutionnaire
Marie-Hélène Dumas
Editions Libertalia – Poche — 216 pages — 10 €
Parution : 28 novembre 2019
Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :
• Au baz’art des mots
• Light & Smell
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• Le monde enchanté de mes lectures
• Cœur d’encre
• Les tribulations de Coco
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• Voyages de K
• Prête-moi ta plume
• Les lectures de Val
• Le petit monde d’Elo
Souhila Bel Bahar est une artiste-peintre algérienne, née en 1934 à Blida.
Douée pour le dessin, elle fréquente les ateliers de broderie de sa famille où elle apprend à reproduire les formes géométriques, les lignes sinueuses des arabesques, entrelacs et autres motifs.
Elle est aujourd’hui considérée comme une des doyennes et co-fondatrices de l’art algérien contemporain.
Ethel Reed a connu une brève mais extraordinaire carrière : elle fut graphiste à Boston puis à Londres, à la fin du XIXème siècle.
Ethel Reed, (1874 – 1912) est l’une des premières femmes graphistes de son temps à avoir eu une stature internationale.
1895
Photos d’Ethel Reed prises par Frances Benjamin Johnston, c. January 1896.
Photos d’Ethel Reed par Fred Holland Day
Lodygin Sergeï Pavlovich (Saratov, 1893 – Moscou, 1961?) est un artiste et graphiste russe. On l’a souvent appelé le Beardsley russe
L’héritage créatif de S. Lodygin (comme il l’a toujours signé ou simplement S.L.) est peu connu du large public. Issu d’une ancienne famille noble, ayant reçu une bonne éducation (Institut des ingénieurs civils de Saint-Pétersbourg), le sommet de sa renommée créatrice a eu lieu dans les années 1910, quand il a collaboré avec succès avec un certain nombre de publications. À l’époque soviétique, il travailla comme illustrateur à Saratov, Rostov-sur-le-Don et Moscou. À Saratov (années 1920), il a son propre studio graphique et travaille comme artiste de théâtre tout en participant à la conception de manifestations et de processions festives. En 1920, il s’installe à Moscou, comme illustrateur.
Pour la maison d’édition « Khudozhestvennaya postcard » en 1915-1916, l’artiste a créé une série graphique assez inhabituelle de dessins (10 pièces) de figures féminines nues dans un entourage fantastiquement exotique – avec des serpents, des papillons, des orchidées, des panthères, etc. Dans le graphisme russe, les cartes postales représentaient l’imitation la plus cohérente, du célèbre graphiste anglais Beardsley, l’idole de la bohème artistique de Saint-Pétersbourg.
Voici un autre peintre découvert par hasard (ou, plutôt, par sérendipité).
Il s’agit de Serge Marshennikov, un peintre russe né en 1971.
Superbe travail, n’est-ce pas ?