Marcus (Michael Douglas) Behmer ( 1879 Weimar – 1958 Berlin ) est un illustrateur, peintre, designer, graphiste et écrivain allemand.
« Marcus Behmer was a son of the painter Hermann Behmer. His artistic beginnings came with his first major success with the illustrations for Wilde‘sSalomein 1903. The early works show the influence of the illustrations of Aubrey Beardsley.
From 1914 he participated in the First World War (in Flanders and in Poland). In the summer of 1917 he fell ill « after an operation in the field ».
J’avais déjà parlé du Beardsley russemais Behmer est encore plus proche en style de Beardsley ( ça se voit avec les illustrations de Salomé). Mais ce n’est pas seulement pour cela que j’ai choisi de le présenter. Car il y a une chose à savoir à son sujet (que j’ignorais totalement) :
« Behmer had been since 1903 a member of the first homosexual organization in the world in Berlin (Whk) . Because of his homosexuality, Behmer was sentenced in April 1937 by a court in Konstanz to imprisonment of two years. At times he was given the opportunity to work as an artist in prison. The works produced in this period are mostly tablets with Greek text (prayers and Bible quotes), and drawings full of bitterness and irony ».
Je ne sais pas si c’est l’effet « confinement » mais j’en profite pour relire ….au lieu de m’attaquer aux livres que je n’ai pas encore lus ! ( il y en a quelques uns comme ça, sur mes étagères ) Et donc, cette semaine, voilà pour mes Premières Lignes :
« Elisabeth avait cinquante-sept ans quand elle vit San Francisco pour la première fois.
Tandis que la limousine quittait le labyrinthe de béton de l’aéroport, elle jeta par la vitre un coup d’oeil à la pluie qui tombait et poussa un soupir pour pester contre ce temps exécrable.
— Je sais, dit le prince comme s’il lisait dans ses pensée. Mais il paraît que le ciel va s’éclaircir dans la journée. (….)
Au premier carrefour, la limousine ralentit solennellement et Philip lui fit signe du menton :
— Regardez là-bas, ma chère : vos premiers admirateurs !
Elle tourna la tête et fit un geste à une cinquantaine de personnes rassemblées au coin de la rue. Elles agitèrent les mains avec enthousiasme en brandissant une banderole en cuir noir où les mots « God save The Queen » avaient été inscrits en rivets argentés. Ce n’est que lorsqu’elle les entendit pousser des hourras qu’elle se rendit compte que c’étaient tous des hommes.
Philip grimaça un sourire désabusé :
— Qu’y a-t’il ? demanda-t’elle.
— Des homosexuels.
— Où cela ?
— Mais là, ma chère ! Sous la banderole.
Elle se retourna et vit qu’ils étaient regroupés devant un bâtiment appelé l’Arena.
— Ne dites pas de bêtises ! le corrigea-t’elle. Il est évident que ce sont des sportifs…
Voilà le ton des Chroniques de San Francisco dans lesquelles je me replonge. J’en suis au quatrième tome parce que ça se lit vite et bien. Comme je les connais assez bien ( je n’en suis pas non plus à ma première re-lecture ) mais qu’il y a toujours des petits détails que j’avais oubliés entre-temps, je savoure à la fois l’humour, le développement des personnages, la tendresse et ….mince, que d »émotion !
C’est aussi l’occasion de se plonger dans l’ambiance des années 80 avec ce tome – les années Reagan ( les années Mitterrand chez nous ), la fameuse « guerre des étoiles » (pas le film) et le SIDA.
Dans ce tome, l’action se déplace aussi en Angleterre, ce qui redonne une autre dynamique aux Chroniques (des chroniques qui ressemblent de plus en plus au format du roman, d’ailleurs). Armistead Maupin parle ici d’amour, d’enfants, de stérilité, de deuil, d’amitié, de réussite professionnelle, et même de la reine d’Angleterre, et tout cela sur le même ton léger. Presque. Les Chroniques, comment dire…. il fait partie des livres qu’il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie !
Résumé : Début des années quatre-vingt, Reagan dirige l’Amérique, hésitant entre conservatisme pur et dur et saut en avant technologique. Les Yuppies dopés sont des acharnés du travail, les gays californiens sont à la pointe du combat pour l’évolution des mœurs et des mentalités et le sida commence à frapper les corps et les esprits. C’est ce moment que choisit la reine Elisabeth II pour effectuer sa première visite à San Francisco. Un symbole à elle seule, la reine d’Angleterre ! Représentante de la vieille Europe, des traditions et d’un certain art de vivre. En décalage complet avec celui des avant-gardistes californiens. Mais c’est justement ce côté kitsch qui leur plaît. Son côté bonne vieille mamie ! Comme Mme Madrigal, la logeuse de la petite résidence communautaire de Barbary Lane.
Je trouve enfin le temps de poser ici ces Premières Lignes de février, les premières du mois !
» Chère Maman,
Depuis mes premiers instants de conscience, je t’ai vue comme une gladiatrice – pour moi, tu es le plus farouche exemple possible de la puissance d’une femme.
Nous sommes un peu jumeaux, nous pouvons nous reconnaître dans une pièce où tous les yeux sont fermés, nous entendre dans un monde de silence, et cela, malgré les traumatismes enchâssés dans notre histoire. «
L’auteur.e commence ainsi ce qui va constituer le récit de son enfance et de son adolescence – et c’est un sacré récit ! iO Tillett-Wright nous embarque au sein de sa propre histoire, au sein d’une famille, d’un quartier, d’une époque. L’écriture est sensible, poignante, elle prend aux tripes et au coeur. Ce livre parle du genre, mais pas que. Il parle des hommes, des femmes , des pères, des mères – du fait de ne pas à avoir à choisir: iO (à prononcer : « aïe-oh » et non comme en français : eeyoh) est née fille. Très tôt, iO a choisi d’être un garçon avant d’opter pour un nouveau changement à l’adolescence. Depuis peu, elle(il) a déclaré vouloir être désigné(e) par le pronom « il »… pour l’instant.
(et c’est là qu’on voit les complications du français quand on veut écrire de façon on-binaire : pas si simple d’utiliser « iels », « ille s», « iel », « ul », « ol » ou encore « ele » ).
J’ai vraiment accroché à ce récit qui est terriblement touchant.
iO Tillett Wright, est né en 1985 à New York, dans le quartier de Bowery, connu à l’époque pour ses loyers bon marché et son taux de criminalité élevé : « Pendant les derniers jours du punk et au cœur des épidémies de sida et de crack, la 3e Rue se distinguait par le raffinement de sa violence (…). Ça faisait dix ans que l’Amérique fermait ses hôpitaux psychiatriques, dont les patients se mêlaient aux déchets de la société – ceux qui ont échoué, se sont paumés ou ont abandonné. » Wright a pour marraine la photographe Nan Goldin, et le peintre Jean-Michel Basquiat (1960-1988) est un ami de son père. Deux artistes apparaissant à peine dans le livre mais qui, eux aussi, ont saisi ce temps et cet univers.(source)
A propos de Darling Days :
Résumé : New York, 1985, 3e Rue, territoire des SDF, des junkies, des pseudo-artistes de génie. Au milieu des travestis et des punks, iO Tillett Wright naît sous les auspices rayonnants de Nan Goldin (sa marraine) et de Jean-Michel Basquiat (un ami de son père).
Celui qui dès les premières années d’école décidera qu’il est un garçon plutôt qu’une fille, qui deviendra l’un des porte-parole de la communauté LGBT aux États-Unis, s’est construit dans la pauvreté et la violence de cette rue, de cette ville et surtout de cette mère accro aux médicaments et aux revirements d’humeur dévastateurs.
Sous-titres en anglais
Et sous-titres en français:
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