La semaine dernière, nous avons fait un détour chez les Jedi. Cette fois, nous allons aborder l’autre versant qui a certainement marqué le plus la pop culture: le côté obscur.
L’expression « être tombé du côté obscur« est devenue un classique dans le langage courant:
IAM signe « L’empire du côté obscur » en 1997 (dont il existe une version épique/Vador)
Autres exemples:
« (…)nous allons parler des manipulateurs tombés du côté obscur de la force : ceux qu’on ne voit pas manipuler tellement il fait sombre…. — (Pauline Klein et Olivier Bettach, Voilà ce que j’aurais dû dire !, page 61, Eyrolles, 2015)
« Quelle provocation l’a poussé à foncer sur Materazzi ? On ne sait, mais cela ne change rien. Zidane a été rattrapé par le côté obscur de la force qui sommeillait en lui » . — (Jean-Michel Normand, Le côté obscur de la force, Le Monde, 10/07/2006).
Pourtant, si ce « côté obscur de la Force » est devenu populaire, il est assez peu abordé dans le premier épisode de la trilogie originelle ( Un Nouvel Espoir). C’est même un concept qui a été zappé lors de la traduction française.
Ben Kenobi dit ainsi (en français): « Vador a été soudoyé par les adversaires de la force » alors que l’anglais parle de « seduced by the dark side of the Force »
Il reste que, dans l’idée de George Lucas, le côté sombre vient s’opposer au côté clair/lumineux des Jedi ( le terme n’étant pas employé). Dès la première version du scénario, il est question des Sith, une notion qui ne sera abordée que dans la prélogie. Les Sith possèdent cette facette typique des univers de fantasy: ils resurgissent d’un passé troublé et légendaire sans qu’on connaisse leur histoire. C’est un peu comme parler de faits ayant existé lors du Deuxième Age dans le « Seigneur des Anneaux » (qui est situé au Troisième Age):
Une fois de plus, Star Wars franchit les frontières de la fantasy.
Les Sith, incarnations du « Mal », tiennent leur nom de diverses étymologies dont:
– sith (pluralsiths)A journey
One’s journey of life, experience, one’s lot, also by extension life, lifetime– aes sídhe : peuple surnaturel de la mythologie celte (mais en gaélique, on le prononce « chii », pas « sith ».
– les Scythes: peuple d’Eurasie,nomade, fameux pour ses cavaliers et ses raids (le côté « barbare » de Star Wars?)
–Seth: rival d’Horus dans la mythologie égyptienne, assassin de son frère Osiris – la facette obscure une fois de plus.
Les Sith ont plusieurs particularités: ils prennent un nom sith quand ils basculent dans l’ordre obscur et deviennent « seigneurs Sith ». Le titre de « darth » (dark en français) leur est attribué.
Ainsi, Palpatine est-il Darth Sidious:
Les Sith ont souvent une apparence assez affreuse (le très moche Darth Maul):
Leur autre point commun est de se cacher derrière des capuchons noirs, voire des masques (cf. Darth Vader). Là aussi, on retrouve un des codes de la fantasy: la cape/le capuchon des sorciers malfaisants.
Personne n’a publié cette célèbre transformation:
Il y a un autre changement dû à l’usage de l’art noir (faire des Horcruxes n’est pas cool…), celui de Voldemort:
L’image du sorcier se définit par ses vêtements souvent sombres, son chapeau ou sa cape et une apparence peu flatteuse. On remarque que plus le sorcier est mauvais (il a basculé du côté obscur), plus ces derniers éléments sont renforcés.
Pas très sympa, le sorcier de Mickey dans « L’apprenti sorcier « ( Fantasia):
Les Sith ont donc l’apparence des plus mauvais sorciers même s’ils ne sont pas considérés comme tels (à noter qu’il existe des sorciers dans l’univers Star Wars dans l’univers étendu ).
Ils reprennent les codes de la pop culture, dans les légendes, les mythes et les contes de fées. Ce sont des êtres qui avancent masqués, comme si le capuchon (Dooku, Palaptine/Sidious),le masque (Vader; Kylo Ren?) la détérioration du visage (Darth Maul), offraient la possibilité de mieux se dissimuler, de dissimuler le côté lumineux peut-être, afin de se livrer à des actes qu’ils n’auraient pas commis quand ils étaient à découvert.
C’est un univers très manichéen que nous livre George Lucas, qui oppose l’ombre à la lumière. C’est ce côté manichéen qu’exprime également Yoda quand il dit « des êtres de lumière nous sommes(…) et pas cette matière grossière ». Yoda n’a rien inventé: le manichéisme est né au 3ème siècle, chez les Perses.
Quant à l’adjectif « manichéen », il est régulièrement utilisé. Rien ne se perd, décidément…
Pour aller plus loin avant le prochain article:
(je vais tâcher de penser à lister les ouvrages dont je me suis servie bientôt)
Intéressant article sur la relation gnostiques/manichéisme/pop culture
Le livre de Gilles Vervish qui m’a beaucoup aidée: Star Wars, la philo contre-attaque.