Cette année, nous célébrons en France le 400 ème anniversaire de la naissance de Molière.
Ce n’est pas rien, 400 ans, ni personne, Molière. De même qu’on parle de la « langue de Shakespeare » pour désigner l’anglais, on dit du français, « la langue de Molière » (les journalistes adorent ça, même si c’est aussi la langue de …bien d’autres !).
Pour fêter cet anniversaire, nous avons la chance de voir se multiplier les événements autour Jean-Baptiste Pocquelin dit » Molière « dont un bon nombre de représentations #Molière2022.
Et par un heureux hasard, dû à Omicron, je suis allée au théâtre Graslin voir « Le malade imaginaire », la dernière pièce écrite par Molière, en 1673, jouée en février 1673 (Molière décède au bout de la 4ème représentation, ce qui ajoute à la légende).
Comme pas mal d’autres français et françaises, j’ai étudié au moins une pièce de Molière à l’école (au collège). Et justement, il s’agissait du Malade imaginaire, en 5ème. Mes souvenirs remontaient donc à mes…12 ans. Mais comme j’avais dû apprendre par coeur certains passages et que la pièce est vraiment formidable, je dois dire que tout m’est revenu assez vite.
Bien sûr, je n’ai pas étudié que celle-ci : il y a eu Don Juan, plus tard, Les Femmes savantes et le Misanthrope ( on aime bien Molière, à l’école). Sinon, j’ai lu ou vu, Le Bourgeois Gentilhomme (l’autre soir encore, à la TV, une mise en scène savoureuse de Jérôme Deschamps qui nous a bien fait rire) ; Les Précieuses Ridicules ou L’école des femmes.
Le Malade Imaginaire a ceci d’intéressant qu’il s’agit d’une comédie-ballet qui n’est presque jamais représentée dans sa totalité avec tous les intermèdes chantés et dansés :
La comédie de Molière était donnée initialement avec des intermèdes musicaux à la fin de chaque acte, y compris l’intronisation finale d’Argan à la médecine. Cléante et Angélique chantent une courte pièce au début du deuxième acte.
Marc-Antoine Charpentier a composé plus qu’une musique de scène,. Le jeune compositeur avait succédé à Jean-Baptiste Lully brouillé avec Molière. Charpentier fut obligé de remanier deux fois sa partition, nous laissant ainsi trois versions. Par la suite certaines parties de la musique ont été dispersées et n’ont été retrouvées qu’en 1980 dans les archives de la Comédie-Française
Le , à Paris au Théâtre du Châtelet, la pièce est montée pour la première fois dans sa création d’origine, avec la musique de Charpentier (première version H.495, qui dure plus d’une heure), dans une mise en scène de Jean-Marie Villégier, une chorégraphie de Francine Lancelot, William Christie à la direction des Arts Florissants.
Le , à Nantes au Théâtre Graslin, la pièce est montée une seconde fois dans sa version de comédie-ballet, avec la musique de Charpentier, dans une mise en scène de Vincent Tavernier, une chorégraphie de Marie-Geneviève Massé, avec Hervé Niquet / Nicolas André à la direction du Concert Spirituel.
La comédie-ballet dure donc 3h30 (avec un très beau prologue). C’est cette version que nous sommes allés voir dimanche dernier et c’est aussi cette version qui a été filmée et qui passe ce soir sur France 4 (canal 14).
Comme c’est un vrai régal, je vous invite à la regarder, à défaut d’avoir pu la voir au théâtre. Quelques images et quelques vidéos à suivre :
Le prologue :
» Argan se croit malade, toute sa famille subit les conséquences de son hypocondrie, et d’autres cherchent à en tirer le meilleur bénéfice. Tout se dénoue lorsque dehors, le carnaval se déchaîne et que se soulèvent les masques tristes… On a pu l’oublier mais Molière a inventé ce qui deviendra la comédie musicale : une œuvre d’art totale qui entrelace texte, musique, chant et danse. Le Malade imaginaire (1673) n’est donc pas une simple comédie mais une grande fête baroque. Neuf comédiens, huit danseurs, six solistes, dix-neuf instrumentistes et un chef portent la virtuosité inégalée de l’œuvre dont la partition musicale fut écrite par Marc-Antoine Charpentier. Décors en trompe-l’œil, costumes inventifs, vitalité débordante : cette version célèbre l’exubérance de Molière. »
Le prologue : un superbe carnaval
La fin :
Le Malade Imaginaire (programme à feuilleter)
Direction musicale Hervé Niquet / Nicolas André
Mise en scène Vincent Tavernier
Chorégraphie Marie-Geneviève Massé
Décors Claire Niquet
Costumes Erick Plaza-Cochet
Lumières Carlos Perez
Avec :
l’Orchestre du Concert Spirituel
Les comédiens des Malins Plaisirs : Pierre-Guy Cluzeau, Marie Loisel, Juliette Malfray, Jeanne Bonenfant, Laurent Prévôt, Quentin-Maya Boyé, Benoît Dallongeville, Nicolas Rivals, Olivier Berhault, Valentine Lansac et Félicie Philippot.
Les solistes du Concert Spirituel : Axelle Fanyo, Lucie Edel, Flore Royer, Blaise Rantoanina, Romain Dayez, Yannis François et Nicolas Brooymans.
Les danseurs de la Compagnie de danse l’Éventail : Anne-Sophie Ott, Clémence Lemarchand, Céline Angibaud, Olivier Collin, Robert Le Nuz, Artur Zakirov, Romain Di Fazio et Pierre Guilbault.