Trois petits airs (et puis c’est tout)

Pour commencer, les (très bons) Måneskin qui, non seulement ont gagné l’Eurovision (même si je ne l’ai pas regardée cette année) mais surtout, ont signé un album brillant, pop souvent rock et souvent bien 70’s. On entend pas mal d’influences mais ce n’est pas très grave, ça s’écoute bien.

Le deuxième titre vient du film de Léos Carax « Annette » que je n’ai pas (encore) vu. La musique est signée par les Sparks, un duo qu’on ignore trop souvent (mythiques, pourtant, les frères Mael). On y entend ici aussi Adam Driver (Kylo Ren, entre autres, mais je l’ai préféré dans un tas d’autres rôles) et Marion Cotillard. Toute la bande musicale du film est sympa à écouter, d’ailleurs.

Pour la troisième, j’ai choisi du récent. Parce que ce n’est pas tous les jours qu’Iron Maiden propose un nouveau titre (et bientôt un nouvel album). La vidéo est bourrée de clins d’oeil (pour les fans). Sinon, elle est plutôt bien fichue. La chanson est une construction Maiden assez classique, pas hyper originale, un tempo tranquille, mais qu’on retient assez bien, je trouve. Je pense que cela laisse présager du bon à venir (je suis optimiste).

Trois airs, c’est tout

En général, je partage ce que j’écoute ou ce que je découvre par hasard (ou selon le « hasard » des algorithmes) sur certains réseaux sociaux mais je me disais qu’ici, ça serait sympa aussi, de temps en temps.

J’ai donc, dans l’ordre ou le désordre :

Une découverte récente

Ils sont russes ; c’est leur première vidéo. J’ai lu qu’il faisait de la « folk atmosphérique » et quelqu’un les a comparés à Wardruna aussi. Ils s’appellent ЛЕДЪ : ce qui signifie « glace » en russe (lyod). Ils m’ont fait penser aussi à the Hu (et c’est sans doute à cause de the Hu et Wardruna que je les retrouve en « proposition » sur YT).

Un vieux titre

Et ça, je le dois à une radio qui a diffusé l’un de leurs titres (« Love shack ») l’autre jour pendant que j’étais dans la voiture. The B52’sPrivate Idaho

En français

Je ne me souviens plus qui a partagé cette vidéo mais j’ai ainsi découvert Rit (artiste marseillais).

Découverte des Découvertes du Printemps de Bourges en 2001, il assure ensuite, en Homme Orchestre, les premières parties de Maxime le Forestier, Sergent Garcia, Zebda, Tryo.

Et c’est tout pour aujourd’hui 😉

Alphabet musical – J

Suite en J 

Pour commencer, un groupe que j’ai dû écouter (presque) autant que the Clash : the Jam (et on remarquera au passage où les Pistols ont pompé le riff de « Holidays in the sun », pour ne pas changer…. – de grands recycleurs avant l’heure, les Sex Pistols 🤣 )

Changement mais on reste dans les mêmes années avec Joy Division 
« Love will tear us apart » (je n’allais pas la louper)

 Joan Jett, on connaît « I love rock’n’roll »  (qui est une reprise, d’ailleurs) – voilà pourquoi vous aurez droit à « Bad reputation » :

 

Simplement pour danser 

Frenchy, récent, c’est Justice 

J -sans Jackson, ça ne va vraiment pas !

Au début des années 80 (81 ou 82?) on n’arrêtait pas d’entendre ce titre, très dansant :
Junior « Mama used to say » 

Et pour terminer dans la même veine, mais une décennie plus tard  – Jamiroquai 

Alphabet musical – A

J’espère que dans quelques années, on regardera ce printemps 2020 avec indulgence. On sourira et on dira « ah, oui, c’était quand nous étions confiné.e.s…. ». J’espère que tout ce que nous vivons actuellement sera un mauvais souvenir, qu’un vaccin existera et que nous aurons alors assez de lucidité pour affronter d’éventuels autres virus avec plus de préparation au besoin (tests, masques, lits d’hôpitaux suffisants, pas de mensonges de la part du gouvernement….oh, oups ,pardon !  c’est de la SF, là….). Mais en attendant, on doit faire avec  — et avec ce qui nous arrive : pour les uns, aller travailler avec la peur au ventre, pour les autres, rester à la maison et dans le meilleur des cas, travailler à distance, dans l’autre cas, se retrouver au chômage en se demandant comment les factures seront payées. Ce n’est pas une période sereine et certainement pas des vacances.

Au fond moi, la part optimiste espère que ce que nous vivons constituera un tournant.  J’espère donc que pour certains et certaines une certaine prise de conscience va se faire.
Pourtant, la part plus pessimiste (ou seulement réaliste ?) en doute un peu (et même fortement).
Bref.
Je n’étais pas venue pour écrire mes états d’âme mais pour proposer un alphabet musical, pendant ce confinement. Puisque nous sommes chez nous pour beaucoup, autant en profiter pour écouter de la musique.
Récemment, j’ai suivi l’alphabet de Tonton Zégut sur sa page FB et je me suis dit que j’avais un tas de lien musicaux à partager aussi, vu que j’ai tendance à avoir un juke-box dans la tête (oui, nous sommes plusieurs à avoir ce syndrome, je sais ). 

 – Voici donc un premier volet avec le A – (avec ce qui me passe par la tête)

Alphabet musical des confiné.e.s, c’est parti ! 

Un morceau épique signé Avantasia 

Metal mélodique, The Scarecrow est sorti en 2008. Rien à craindre pour les oreilles, ça s’écoute très bien.

Rien à voir avec le titre précédent : celui-ci est signé Adam & the Ants. Il date de 1981 et est totalement post-punk/néo-romantique (oui, on a aussi eu ça au début de la New Wave !). Il est vraiment sympa et la vidéo est cool.  Anecdote : j’avais eu le 45 t à sa sortie directement d’Angleterre car en France, le groupe était peu connu. J’étais encore au collège et j’étais assez fière de ma découverte…

Un morceau pour danser maintenant :

« I’m outta love « est sorti en 1999. Tout le monde disait alors qu’Anastacia avait une voix à la  Tina Turner.

Changement de rythme et de style avec Anathema, un groupe de rock-prog anglais :

Maintenant, j’apporte ma contribution à « redécouvrons les groupes français oubliés «  avec les Ablettes. Ils ont fait une reprise sympa de « Tu verras » de Nougaro dans les années 80 puis ont connu un petit succès en 86 avec ce titre :

Et pour finir, je vois mal ne pas mettre un petit AC/DC  (période Bon Scott – album Highway to Hell) :

Eurovision 2019

Le mois de mai voit chaque année le retour du fameux concours Eurovision de la chanson, appelé plus simplement: l’Eurovision.

Et chaque année, on a droit au meilleur comme au pire, avec parfois, des chansons complètement décalées qui pimentent cette compétition un peu fade.
Cette année, Israël organisait le concours puisque Netta avait gagné l’an dernier .
Je ne vais pas revenir sur la controverse liée à Israël/Palestine qui a poussé des gens à appeler au boycott de l’émission.
On pourra voir que les représentants de l’Islande ont agité des drapeaux palestiniens. Ils se sont très bien  exprimés à ce sujet (respect, les gars!):

Madonna a tenté de réconcilier palestiniens et israëliens dans sa chanson « Future » lors de sa prestation à l’Eurovision. Que dire?
Son show était à peine passable mais le pire était sa voix sur « Like a prayer »  elle déraillait complètement. Quant à l’auto-tune sur « Future », à moins d’aimer les chansons dont le son semble sortir d’une boîte métallique, C’était proprement insupportable. pas terrible Madonna en 2019….

Mais je reviens au concours en lui-même.
Il y a eu des chansons très fraîches comme celle de Leonora pour le Danemark :

D’autres, très plates (cet ennui avec celle de la Slovénie):

D’autres ont assuré une performance sans bavures comme Tamara pour la Macédoine :

Il fallait parfois aller lire certains commentaires sur Twitter pour se payer une bonne tranche de rigolade.
Ainsi, à propos de la chanson de l’Azerbaïdjan et à sa présentation « robotique » , on a eu droit à : « Laser-baïdjan »

De même, la chanteuse grecque était priée « de retirer la pince à linge sur son nez » . C’est vrai que le son de canard, ça va bien un instant :

Sans oublier une mention spéciale aux gens qui ont tweeté à propos du chanteur estonien :  » On a retrouvé Francis Cabrel, la moustache et trente ans en moins ».
(un peu de Cabrel pour faire le lien)

Dans le genre « surprenant », on a donc vu le groupe islandais, Hatari (= « hater ») tout droit sorti d’une boîte BDSM. Je vous propose leur vidéo officielle, mieux faite que la prestation à l’Eurovision :

Une autre chanson très bien mise en scène et passablement décalée, j’ai bien aimé l’Australie (j’aurais volontiers voté pour elle):

J’ai également apprécié le chanteur italien qui, au moins, chante dans sa langue: »Soldi »

Le gagnant de cette année est le chanteur des Pays-Bas (merci Esther pour l’annonce!). Duncan Laurence a livré une chanson bien ficelée. Ici, la vidéo officielle de « Arcade »:

Mais…mais je n’ai pas parlé de la France !
Bilal, on l’attendait depuis longtemps. Il faut dire qu’il méritait toute cette aventure comme il aurait mérité d’être mieux classé. Depuis des mois, Bilal Hassani se fait insulter, menacer , harceler sur les réseaux sociaux pour son attitude, son homosexualité. Bref, c’est absolument immonde de voir autant de haine  se déchaîner.
Les mots me manquent pour dire à quel point la bêtise ambiante me dégoûte. Quand allons-nous accepter de vivre tous ensemble ?

Sa chanson « Roi »  a été écrite par le duo Monsieur Madame qui étaient à l’Eurovision 2018.

La chanson n’avait peut-être pas l’étoffe pour gagner mais c’est dommage qu’elle n’ait pas été au moins classée dans les 5 premières.

Pour finir, plusieurs chanteurs de l’Eurovision ont échangé leurs chansons et le résultat était bien plus réussi que le show à moitié raté de Madonna :

Et là, pour finir,  j’ai une demande: pourrait-on voir Måns Zelmerlöw chaque année ?

On remet le cover #1

 

 

Il n’y a rien de plus frustrant, en musique, que d’écouter un morceau et de se dire : « mais qui es-tu, toi? ».  Même si certaines applications nous donnent rapidement la réponse aujourd’hui, il est aussi agréable de se perdre sur YT et de découvrir des pépites. Certains artistes ont su faire des hits avec des covers, d’autres restent dans l’anonymat le plus complet (et parfois, ce n’est pas un mal). Mais découvrir des reprises faites avec intelligence, brio ou humour, c’est un peu comme tomber sur une pépite.
Alors, on remet le cover  ou pas ?

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir le/ les cover.s d’un thème bien connu: « Spiderman », chanté en France sous le titre « L’araignée »

La chanson a été écrite pour la série animée en 1967. Voici ce que ça donne:

En France, on a eu cette version, souvent détournée en « L’ araignée, l’araignée est tombée dans la purée » par certains enfants à la fin des années 70 et début 80:

Michael Bublé en 2001 nous livre cette version jazzy (utilisée dans le film de Sam Raimi de 2004):

Aerosmith a réinventé la chanson à sa façon:

Mais la version la plus sympa est certainement celle des Ramones en 95, présente en morceau caché  sur l’album  vinyle « Adios, amigos », qui est aussi leur dernier album:

En retour, Marvel rend hommage aux Ramones dans « Spider-Man Homecoming »  avec « Blitzkrieg pop »:

Eurovision 2018

Hier, c’était le retour d’un rendez-vous qu’on ne peut pas manquer : le concours de l’Eurovision.

Même si au fil des années, le nombre de prestations kitsch se tassent, il reste toujours un côté outrancier/décalé qui fait le charme de cette émission (parce qu’il faut le dire, sinon, on ne regarderait pas).

Et pourtant, les chansons contenant des messages se multiplient malgré la fameuse interdiction de parler de politique (ce à quoi on a envie de répondre : « mais tout est politique« ).
Cette année, le Portugal a accueilli le concours et nous a montré une fois de plus combien la langue portugaise était belle.
Cette année encore, il y a eu des surprises.
Ainsi, la candidate anglaise SuRie voit un homme se précipiter sur scène et lui arracher son micro (mais où est la sécurité?):

L’année dernière, c’était un homme qui était monté sur scène pour….montrer ses fesses:

D’autres candidats se sont fait remarquer par leurs tenues. La chanteuse estonienne portait une robe absolument étonnante :

Eleni Foureira, la candidate chypriote, nous a livré un numéro très Shakir-esque mâtiné de Beyoncé:

On a eu droit à des petits flops, ces chansons molles qu’on ne retiendra pas. Les espagnols étaient bien mignons mais je dois dire que j’ai bloqué sur leurs paroles : « de mi mente viajera que sigue tus pies » avec le chanteur qui désignait les pieds de sa compagne….
C’est dans cet extrait:

Il y a eu aussi ces titres sur lesquels on a envie de danser même si on ne parle pas la langue. Et entre nous, c’est un vrai bonheur d’entendre les concurrents chanter dans leur propre langue :

Quelques touches gothiques sont venues agrémenter les tenues. Après le chanteur vampire Melovin, les « monstres » de la chanteuse finlandaise:

Et puis, parce que tout cela manque un peu de sel, il y a toujours la chanson à laquelle on ne s’attend pas. La preuve ? la Hongrie a présenté la chanson metal/rock aux paroles  émouvantes puisqu’elle évoque le décès du père du chanteur (la chanson s’appelle « Au revoir, l’été« );

Le Danemark nous a envoyé des vikings. Visuellement, très beau:

Les danois ont inspiré déjà des parodies sur internet:

La victoire est allée à Israël, avec une chanson inspirée par #metoo. Je vous propose une version acoustique de Toy:

Et en cherchant sur You Tube, j’ai trouvé ce mix Tik Tok/Gangnam style (avec un coréen  bien prononcé, par ailleurs) :

Et la France?
La chanson a une belle histoire:

Le duo Madame Monsieur a par ailleurs fait cette très belle reprise (Désenchantée):

Cette année encore, la bizarrerie de l’Eurovision a continué: l’Australie est toujours présente.
Et c’est Jessica Mauboy que j’avais vue dans le très sympathique film les Saphirs qui a représenté l’Australie. Si la chanson ne m’a pas marquée plus que ça, je recommande vivement le film  qui parle d’un groupe féminin aborigène (et de la ségrégation, etc..):

Et voilà, une fois encore, un spectacle sympa qui s’étire un peu trop en longueur (attendre les votes prend un temps infini et, oui, on a envie d’aller se coucher !)

T’as pas vu ma pop ( Les origines) #7 – Punky reggae party

Nous étions dans les années 70 la semaine dernière avec le virage psychédélique/glam emprunté par la pop culture. Nous sommes à présent à la fin de la même décennie, décidément très riche pour la pop (art, musique, mode, état d’esprit, …).
1975, la période hippie, le rock à paillettes et le folk sont à leur apogée. Le rock se change en hard-rock mais pour le reste, la contestation et le nouveauté s’engluent.
Il est temps pour le punk d’exploser…
Mais parlons avant tout de reggae.

Sur une île bien loin de l’Angleterre, un mélange détonnant a abouti au reggae.
Le reggae, c’est à l’origine ceci :

« Le reggae est le fruit de nombreuses rencontres et de métissages : évolution du ska puis du rocksteady, il trouve ses racines dans les rythmes et musiques blanches coloniales qu’on faisait jouer aux esclaves (polkamazurkascottishquadrille mais aussi musiques de types militaires , les musiques traditionnelles caribéennes (mento puis calypso), mais il est aussi très influencé par le Rhythm and blues, le jazz et la soul music .Le ska, le rocksteady et le reggae ont pris au mento le jeu à contretemps de la guitare rythmique, et aussi certaines chansons transformées »

— Linton Kwesi Johnson,
Entretien avec Bruno Blum (1994)

Mento:

.

Et donc, vous allez me dire ? Quel rapport avec la choucroute ? Heu… avec le punk ? J’y arrive.

En 1977, le groupe punk The Clash reprend sur son 1er album la chanson de Junior Murvin « Police and thieves » (enregistrée en Jamaïque en 76).  Le groupe rajoute une ligne en forme de clin d’oeil aux Ramones, l’un des 1ers groupes punks « We’re going through a tight wind ». 

La version du Clash:

Le futur roi du reggae, Bob Marley de son côté ne manque pas de rendre hommage aux groupes punks – et à la « new wave » montante dans Punky reggae party:

« New wave, new wave, new rave
Wailers be there
The Dammed, The Jam, The Clash
Maytals will be there
Doctor Feelgood too, ooh
No boring old farts, no boring old farts, no boring old farts
Will be there »

Alors, punk et reggae, même combat ? Oui ou non ?

Ce n’est pas si simple.

Don Letts , rapporte ceci (sacré Bob, au passage) :

Were punk and reggae ever at odds? Or was there common ground from the start?

It’s easy to see what punk got out of the fusion: basslines, the anti-establishment stance, musical reportage. What reggae got in return was exposure. That was all it needed. But there were uneasy and suspicious bedfellows on reggae’s side.

I fell out with Bob Marley over punk. I had on some bondage trousers and he said to me, ‘Don Letts, whatcha dealin’ wit? You look like one of dem nasty punk rockers.’ I said, ‘Hold on a minute, these are my mates!’ He’d obviously been reading the tabloids, which portrayed punks negatively.

I didn’t tell him to fuck off but as a baby dread I held my ground. Later he was moved to write that song, ‘Punky Reggae Party’, which put reggae on the map. So I figure I got the last laugh.
(Don Letts interview)

Comme quoi, chacun avait des idées un peu arrêtées. Et la presse, surtout les tabloïds anglais, n’ont rien fait pour arranger l’image des punks. Mais ça, on le sait. C’est toujours plus facile de faire passer les gens pour des imbéciles violents (clichés) que de parler d’un mouvement artistique qui émerge (même s’il comprend aussi des imbéciles et des crétins violents parmi eux, évidemment). 

T’as pas vu ma pop

Au milieu des années 70, le mouvement punk connaît son apogée (76/77 en Angleterre). Il est significatif de la culture pop en ce qu’il est l’héritier manifeste des sous-cultures qui l’ont précédé (Ramones, contest song, pop art, situationnisme). On ne manquera pas de remarquer qu’il laisse une influence notoire sur ce qui va suivre: mode, coiffure, musiques, art graphique, 

 

Le punk anglais est singulier car non seulement engagé politiquement mais fortement métissé. On voit  un mouvement urbain ( et blanc dans sa dominance) se mélanger à l’influence de la culture caribéenne, noire, chaloupée et religieuse.

Paul Simonon, le bassiste de Clash, a grandi dans la banlieue jamaïcaine de Londres (Brixton) et dit lui-même avoir principalement du reggae (il n’y a qu’à écouter la façon dont il fait sonner sa basse pour s’en apercevoir). 

C’est d’ailleurs Paul Simonon qui chante ce titre très reggae du Clash:

Le reggae, pour les Jamaïcains, c’est la musique de la libération, la voix des esclaves un peu comme le tambour l’est pour les Antilles françaises  : le gwo-ka guadeloupéen, la véritable musique de la Guadeloupe quand le zouk actuel n’est qu’un amusant air de danse  ( je vous invite à faire connaissance avec ses rythmes ).

Les exilés jamaïcains emmènent dans leur bagages le son, la culture, la révolte, le rastafari .

 

Dans l’Angleterre de 1976, les émeutes de l’été à Notting Hill pendant lesquelles noirs et policiers se sont affrontés donnent cette idée à The Clash: que la jeunesse blanche se révolte aux côtés de la communauté noire !

Un hymne punk est né:

Chez les Sex Pistols, c’est John Lydon (Johnny Rotten) qui est un grand fan de reggae. Il part avec Don Letts en Jamaïque lors que le groupe se dissout. (ci-dessous, John Lydon ex-Sex Pistols, PIL, en Jamaïque):

 

A la fin des 70’s, la pop est devenue une sorte d’hybride en se métissant avec la soul, le rock, le punk, le reggae et voit la naissance de son prochain rejeton: le hip hop.
Les liens entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique sont faits, les codes vestimentaires se sont inspirés les uns de autres. La pop s’est inventé un look, elle devient une mode – fin prête pour les années 80 en vue. Affaire à suivre….

 

 

Malcolm McLaren et Vivienne Westwood – 1977

 

Pour aller plus loin:

  • un article sur John Lydon en voyage en Jamaïque
  • Interview de Don Letts
  • Le documentaire The Story of Jamaican Music disponible sur Youtube en plusieurs parties
  • Sur le punk en lui-même, une émission récente
  • John Lydon à propos du punk
  • D’actualité: Jacques Higelin pionnier punk (?) – j’ai un peu de mal avec cette affirmation, le punk français s’étant nourri d’autres sources 
  • Afro punk
  • Punk et black music:

Afropunk :

« Afropunk est né pour donner de la visibilité à une diversité artistique que ne célébraient pas suffisamment les médias mainstream et rappeler que le rock puise justement ses racines dans les musiques produites par des Noirs. Cette réappropriation constitue une petite révolution au sens premier du terme : un retour aux inspirations originales de la musique « blanchie » par l’histoire. »

 

Music is might #20

Music is might est une série d’articles faisant des liens entre des chansons )ou des vidéos qui, a priori, n’ont rien à voir entre elles; parlant de liens émotionnels, d’ univers musicaux découverts ou à découvrir. Quand la musique fait sens…

 

C’est  l’une des histoires  » d’inspiration  » qui me fait le plus sourire, celle-ci.

En 2009, Flo Rida sort ce titre, hautement critiqué, autant pour ses paroles misogynes que pour sa façon de faire un mauvais remake. Ecoutez plutôt, il s’agit de « Right round »:

Vu comme ça, on dirait bien que c’est, en effet, un remake peu inspiré de « You spin me round » de Dead or Alive:

Le plus drôle de l’histoire se passe en 2009 quand le chanteur de Big Bang, G Dragon,  sort sur son album solo « Heartbreaker » :

Sony Music envoie alors des menaces à l’agence  qui produit Gd (la YG), accusant l’artiste coréen d’avoir plagié  Flo Rida. La YG répond qu’il n’y a rien de fait au plan légal puis contacte les représentants de Flo Rida. Finalement, tout s’arrange quand Flo Rida accepte d’apparaître dans une version de Heartbreaker avec G Dragon.

Ce qu’en dit Flo Rida interrogé à ce sujet? Pas grand chose, en fait.

Je n’ai pas l’impression que la chanson de Flo Rida soit restée dans les mémoires. Mais je peux attester que celle de Gd l’est, puisque c’est celle qu’il choisit pour introduire son show.

 

 

 

T’as pas vu ma pop (Les origines) # 6 – Glam, psychédélique et 70’s

On a vu la semaine dernière que les années 50 et 60 apportaient leur lot de tribus stylées, les sixties ayant permis une véritable explosion de la musique pop.

La deuxième moitié des années 60 voit un basculement dans le rock et le psychédélisme     qui connaît un pic entre 67 et 69 dans l’art pictural et la musique. Affiches, posters, pochettes de disques, tout est à la sauce psychédélique.

La littérature n’est pas en reste (à lire le très dense « Acid test » de Tom Wolfe). Les artistes n’ont de cesse d’ouvrir leurs portes de la perception (the doors of perception – qui inspireront si bien Jim Morrison et cie).

« Le terme « psychédélique » apparaît au grand jour en 1966, avec la sortie du disque The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators, élaboré par The 13th Floor Elevators, groupe texan considéré aujourd’hui comme l’archétype du groupe psychédélique.

13th Floor elevators

See Emily play – Pink Floyd (1967)

Electric Prunes – Had too much to dream last night :

 

A la fin des années 60, la pop psychédélique, que l’on qualifie de plus en plus de « pop-rock » se perd peu à peu. Certains groupes se tournent vers le folk, d’autres vers le funk et bien sûr, vers le rock. Les Beatles initient  un tournant en 1967 avec  Sergent pepper’s, l’ album sur lequel  ils jouent  la fanfare en satin fantaisie. Vers le début des années 70, l’un des rejetons du rock psychédélique fait parler de lui : le glam rock. Emblématique de la culture pop, cette branche du rock célèbre les vêtements recherchés, l’androgynie, et un certain retour au rock plus dur.

Nick Kent écrit à ce sujet:

« En 1970, plusieurs événements ont déjà sonné le glas du rêve utopiste des 60’s: la séparation lamentable des Beatles, les exploits sordides de la famille Manson, les morts successives de Jimi Hendrix et Janis Joplin. Aussi, lorsque, en 1971, Jim Morrison rejoint les deux derniers cités, il devient évident que la glorieuse révolution contre-culturelle que lui et d’autres prophétisaient n’aura pas lieu. Les rues anglaises se mettent à grouiller d’une nouvelle sous-culture skinhead inquiétante, tandis que les musiciens rock s’égarent dans d’interminables jams soporifiques. Puis, à la fin de la même année, le glam commence à scintiller sur ce paysage culturel morose. « 

Là où la pop avait versé dans le rock progressif (Yes, Genesis, King Crimson), le glam rock est en quelque sorte le précurseur de ce que sera le punk quelques années plus tard.

Le précurseur du genre, David Bowie:

N’oublions pas Roxy Music 

La figure de proue du glam, c’est Marc Bolan avec le groupe T. Rex (Ze groupe glam):

 Velvet Goldmine , le film de 1999 est intéressant à regarder pour sa  vision du glam – sans compter qu’on y voit Ewan McGregor ainsi que Jonathan Rhys Meyers dans leurs jeunes années (beaux et sexy):

On touche bientôt le fond du bocal à paillettes avec Gary Glitter:

Les femmes ne sont pas en reste – Suzi Quatro

qui précède tout juste les exploits des Runaways.

Si les tenues jouent sur l’androgynie, les stars de l’époque ne sont pourtant pas ouvertement gay. Iggy, Mick Jagger, David Bowie surfent sur une ambiguïté bi, pas forcément assumée. Seule star glam des années 70 à affirmer son homosexualité, Jobriath déclare : « I am the true fairy of rock’n’roll ». Il est la 1ère pop star gay:

 

Face au rock prog qui se donne de grandes ambitions, le glam a un côté WTF

  • nom stupides
  • paroles simplistes
  • allures étranges
  • mélodies simples et joyeuses (les fameuses sonorités pop, car majoritairement composées avec des accords majeurs – plus fun que le mode mineur qui est plus utilisé dans le blues et donc, dans le rock)
  • provocation
  • un certain mauvais goût (voir ci-dessous Sweet en 1973):

On voit que le lien entre le camp et le glam rock est étroit (j’avais parlé du camp dans un autre article).

Une fois de plus, l’attitude, le style, le décalage, le too much  se retrouvent dans la pop culture.

En 1973, un groupe de jeunes agités révolutionne la scène new-yorkaise alors que le glam rock secoue encore Londres. Empruntant au glam, les tenues et les attitudes, les New York Dolls préfigurent le punk.

D’ailleurs, les Dolls et les Sex Pistols ont ce point commun: un certain Malcolm McLaren qui sait y faire en matière de marketing et de relooking… Et si McLaren échoue avec les tenues de cuir rouge des New York Dolls, il réussira fort bien avec son grand projet (ou est-ce la grande escroquerie du rock’n’roll – the great rock’n’rol swindle?) : the Sex Pistols. Mais ceci est une autre histoire…de la pop culture.

Pour aller plus loin: