Premières lignes — 21 février

Premières lignes 

 » Mars 1942 –
la pièce était fermée depuis une semaine ; le store de calicot à la fenêtre sud donnant sur le jardin de devant avait été baissé ; une lumière couleur parchemin baignait l’air froid et confiné. Polly gagna la fenêtre et tira le cordon . Le store se releva dans un claquement sec et la pièce s’éclaircit pour se parer d’un gris sans chaleur, plus pâle que le ciel tourmenté envahi de nuages. Elle demeura un moment à la fenêtre. Des touffes de jonquilles se dressaient avec exubérance sous le désespoir des singes , attendant d’être noyées et malmenées par les giboulées de mars. Elle alla à la porte et poussa le verrou. La moindre interruption serait insupportable. « 

Elizabeth Jane Howard a un talent de grande conteuse ; avec sa saga des Cazalet, elle poursuit la fresque de la famille étendue durant la Seconde guerre mondiale, en Angleterre.
Au cours du second tome, bien nommé en français A rude épreuve, nous avons suivi les trajectoires des trois frères Cazalet : Hugh, l’aîné, blessé lors de la 1ère guerre mondiale, travaille dans l’entreprise familiale  avec ses deux frères, et a perdu son grand amour et femme Sybil d’un cancer. Le couple a eu trois enfants, Polly, Simon, et le dernier, William (Wills) né avant-guerre. Polly, l’aînée,  va prendre son indépendance dans le tome 3. Elle est devenue très amie avec sa cousine, Clary,  fille de Rupert, le plus jeune des frères Cazalet. Rupert était peintre et a décidé sous l’influence de sa jeune épouse Zoé, de renoncer à sa carrière peu rémunératrice pour prendre des responsabilités dans l’entreprise de bois. Il est le père de Clary et Neville, dont la mère est décédée il y a longtemps et de Juliet, qu’il a eue avec Zoé. Mobilisé durant la seconde guerre alors qu’il  était trop jeune lors de 14-18, il est bientôt porté disparu.
Edward,  le plus fidèle à la tradition familiale, chef d’entreprise est marié à Viola (Villy) et la trompe largement depuis des années. Mais il a une maîtresse  cachée et régulière, Diana. Il est mobilisé aussi mais ne participe pas aux combats. Il est le père de Louise, qui vient de se marier à Michael, un portraitiste à succès plus âgé qu’elle, de Teddy qui finit sa scolarité, de Lydia et du petit Roland.
Enfin, Rachel est la seule fille. Elle n’est pas mariée et s’occupe des « anciens », la Duche, sa mère et les deux soeurs de celle-ci, ainsi que du  Brig, sonpère des trois frères, devenu aveugle mais ne voulant pas perdre pied ; il compte sur sa fille pour tout.  Rachel est habituée à rendre service aux autres, au détriment de sa santé et de sa vie personnelle. Elle est amoureuse de Sid, son amie mais n’a jamais su braver sa famille pour s’installer avec elle.
La famille Cazalet est aisée et a l’habitude d’avoir des domestiques qui ne sont plus très nombreux avec la guerre.

Le tome 3  » Confusion » s’ouvre en 1942 et va se concentrer sur « les filles » : Clary et Polly habitent Londres et désirent prendre leurs distances avec les habitudes familiales. Louise se retrouve totalement à la merci de son mari, qui n’est pas si charmant que cela, et de sa belle-mère, une affreuse manipulatrice. Elle a 19 ans et elle est enceinte. Elle peut dire adieu à sa carrière d’actrice. Très vite, elle découvre que la vie de maman au foyer ne lui correspond pas mais ne sait pas comment se sortir de ce guêpier. Elle va aller de désillusion en espoir…
Zoé ne se sent guère mieux ; elle n’a reçu qu’un mot de Rupert, preuve qu’il est encore vivant, en France. Puis, plus rien. Elle le croit mort et finit par tomber amoureuse d’un américain…
Clary attend son père, elle. Elle a déjà perdu une mère, elle veut croire son père encore en vie. Peu à peu, elle s’accroche à l’amitié d’Archie, cet ami de son père un peu plus jeune.
Sid attend Rachel qui ne se décide toujours pas et elle finit par nouer une relation avec une jeune femme. Pourtant, elle déchante vite…
Edward s’attache de plus en plus à Diana qui est tombée enceinte. Le mari de celle-ci est tué au combat et Diana accouche d’une petite fille? Mais Edward ne se résout pas à parler à Villy…
Confusion, toujours.

Ainsi se passent ces années jusqu’après le débarquement.
Elizabeth Jane Howard choisit de mettre l’accent sur certains personnages — et je l’ai soupçonnée d’avoir des préférences (je la soupçonnais depuis le 1er tome, d’ailleurs). Clary, forcément, mais aussi Archie qui est le dépositaire des secrets de tout le monde, Louise, malmenée par les événements ; Zoé, à petites touches et, bien sûr, Rachel.

On passe un formidable moment avec ce troisième tome, très abouti, qui fait attendre le quatrième avec impatience.

La Saga des Cazalet, tome 3 : Confusion par Howard

 

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Premières lignes — 13 février

Premières lignes 

 » A la fin d’une chaude journée de novembre, Miss Baines et Miss Williams du rayon Robes de Goode’s se plaignaient en enlevant leur robe noire pour se changer avant de rentrer chez elles.
 » Mr Ryder n’est pas si méchant que ça, disait Miss Baines en parlant du chef de rayon ; c’est Miss Cartright qui est une enquiquineuse, si vous me passez l’expression. »
Miss Cartright était l’acheteuse et elle ne leur laissait jamais une minute de répit.
Mrs Williams haussa les épaules et entreprit de se poudrer le nez.
 » A cette époque de l’année, elle est pire que jamais, souligna-t’elle. « 

Sidney, 1959 : dans ce grand magasin, au moment des fêtes de fin d’année puis des soldes de janvier, le rayon des  » robes de cocktail » a besoin de renfort. La jeune Lesley — qui a décidé de se faire appeler  » Lisa » — vient de finir le lycée et en attendant les résultats de ses examens, se fait embaucher. Elle découvre alors un monde  nouveau. On découvre des femmes au travers de différents points de vue grâce à l’écriture précise et au talent de Madeleine St John. Ainsi, nous suivrons Fay (Miss Baines) à qui on présente de jeunes gens australiens qui la fatiguent tant ils sont insipides et tous pareils. Sa collègue, Patty (Mrs Williams) est à peine plus âgée qu’elle mais elle est déjà mariée depuis plusieurs années à Frank, un époux un peu fade. Le couple n’a pas d’enfants. Le médecin a insinué que le problème venait du mari mais, évidemment, on n’en parle pas, sans compter que Frank semble s’en fiche. Patty s’ennuie… Enfin, il y a l’incroyable Magda qui impressionne les deux autres : elle s’occupe de la haute couture et, attention, elle est européenne !
Ah, et pourquoi les petites robes  noires ? Parce que c’est l’uniforme du magasin en quelque sorte.
Quand Lesley/Lisa débute au magasin, très vite Magda décide de la prendre sous son aile et de lui montrer que, oui, on peut s’émanciper.
Le ton est celui de la comédie, mais finalement, assez caustique (Jane Austen n’est pas loin). Madeleine St John sait dénoncer avec malice les rôles qui sont attribuées aux femmes dans la société des années 50. Rien de révolutionnaire mais des petites touches qui font mouche (le roman a été écrit en 93 mais s’appuie pour beaucoup sur la jeunesse de l’autrice qu’on devine sans peine au travers du personnage de Lisa).

Un petit délice à découvrir. Il a été adapté en film.
Il paraît que le chef d’oeuvre de St John n’est ce livre mais Ruptures et conséquences (Albin Michel).

Les petites robes noires par St John

 

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Premières lignes – 1 er février

Premières lignes ou plus exactement « premières cases » pour changer un peu.

 

 

Et oui, il s’agit du tome 8 de L’Atelier des sorciers. En fait, j’ai rattrapé mon retard (inexplicable) et j’ai lu d’affilée les 7, 8 et 9 (avec une relecture en diagonale du 6 parce que, le temps passant, j’avais oublié un peu certains détails).

Manga - Manhwa - Atelier des sorciers (l') - Collector Vol.8

Résumé « Après avoir réussi leur examen à l’Académie, Coco et les autres apprenties sorcières sont de retour à l’Atelier. C’est alors qu’arrive Tarta, qui propose à Coco et à ses amies de l’aider à tenir un stand lors du grand festival annuel des sorciers, la Fête de la Nuit d’argent. Excitées comme des puces à l’idée de prendre part à ces festivités, les petites sorcières entament les préparatifs. Alors que Coco accompagne Tarta voir son grand-père à l’hôpital, elle recroise le chemin de Kustas, le petit garçon qui s’était blessé lors de l’incident près de la rivière… »

 

Kamome Shirahama prend tout son temps, dorénavant. Et, si dans le tome précédent nous avions eu des révélations sur le passé de Kieffrey et son amitié avec Olugio (les deux maîtres sorciers de l’atelier), cette fois c’est une nouvelle orientation qui est pris.  Nous retrouvons Tarta, plus heureux et épanoui depuis qu’il s’est autorisé à devenir un sorcier mais aussi le jeune Kustas, qui s’était blessé lors de l’incident près de la rivière.
La mangaka s’attarde sur les origines de Kustas, son père adoptif, Dagda. Elle en profite pour aborder l’inégalité sociale, pour évoquer aussi la médecine (avec un parallèle avec la magie puisque les deux ont le but d’améliorer les choses. La question du handicap, via celui de Kustas, est présente.
En fait, j’ai quand même eu l’impression qu’on s’éloignait un peu de l’intrigue principale — Kamome Shirahama nous emmène effectivement sur des chemins tortueux et de traverse depuis quelques tomes — avec un peu moins d’intérêt dans ce huitième. J’ai un peu la crainte que la série ne s’allonge à cause de ces détails sans cesse rajoutés même si, d’un autre côté, j’aime beaucoup découvrir toutes les facettes de ce monde, de la magie et les nouveaux personnages.
Disons que ce tome 8 n’est peut-être pas le plus passionnant mais qu’il sème des éléments importants pour la suite (beaucoup de mystères ici et là)

Que dire d’autre sinon que sur le plan visuel, le résultat est toujours aussi somptueux ?  C’est un dessin que j’aime particulièrement. Et les éditions collector sont magnifiques, je confirme.
L’atelier des sorciers est une réussite ; vivement la suite !

 

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Premières lignes – 24 janvier

Premières lignes 

En voyant passer des articles sur la saga des Cazalet, je pensais, complètement à tort, qu’il s’agissait (encore) d’une série un peu mièvre, une histoire largement édulcorée façon Downton Abbey. Il n’en est rien et, au bout du premier tome, je peux dire que c’est tout le contraire (et c’est bien addictif).
« The light years », en français « Etés anglais » est le 1er volume d’une série de cinq (4 + 1 écrit 10 après les quatre premiers) qui commence en 1937 et s’achève en 1958.  On y suit la famille Cazalet, très aisée (entreprise de négoce de bois) avec les grands-parents Kitty ou  La Duche et William Cazalet alias le Brig qui accueille dans leur maison du Sussex, pour l’été 37, leurs trois fils, leurs épouses et leurs enfants. Il faut y rajouter les domestiques. La seule fille de la famille n’est pas mariée et vit avec ses parents.
De là, s’enchevêtrent les pensées via les différents points de vue des un.e.s et des autres pour brosser un tableau complet et complexe (l’arbre généalogique en début de volume est de toute utilité).
Elizabeth Jane Howard se révèle être une formidable autrice, sachant dépeindre tous ces personnages avec finesse, abordant des thèmes difficiles (comme l’inceste) ou plus surprenants chez des gens de cette classe sociale (l’amour entre deux femmes, l’asexualité, le consentement entre époux, la place de la femme). Les enfants tiennent une place importante ainsi que ceux et celles qui font partie de la domesticité.
L’ombre de la Première guerre n’est pas effacée (on la ressent au travers des différents traumas vécus par les fils de la famille) que  la Seconde s’annonce.

Un premier tome excellent pour entamer cette série.

La saga des Cazalet, tome 1 : Etés anglais par Howard

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Premières lignes – 16 janvier

Premières lignes 

 » Si vous demandez à six moines différents quel dieu règne sur la conscience des robots, vous obtiendrez sept réponses différentes.
La plus populaire, parmi le clergé comme chez les laïcs, affirme qu’il s’agit de Chal. De qui dépendraient les robots sinon du dieu des constructions ? « 

Dans ce monde, nommé Panga, il y a longtemps on a frôlé la catastrophe à cause des folies humaines (consommation, production, industrialisation à outrance). Mais voilà : les robots, qui ont accédé à la conscience, sont tous partis un jour, passant un pacte avec les êtres humains : qu’ils seraient toujours accueillis en paix s’ils revenaient. Le temps a passé. Les humains vivent en petits groupes, proches de la nature.  Les robots sont des mythes.
Dex est moine ; sa vie devrait être parfaite mais non ! Iel est en pleine crise existentielle. Que faire de sa vie ? Quel but lui donner ? Alors Dex va devenir moine de thé, un genre de moine qui arpente les routes et s’arrête dans les villages pour écouter les gens et leur offrir la tasse de thé/infusion qui convient à chaque personne. Au début, Dex a un peu de mal. Puis iel s’adapte. Une fois encore, sa vie devient formidable. Mais la sérénité n’est toujours pas là. Et Dex s’enfonce dans la nature profonde. Et un jour, c’est la rencontre : un robot ! Omphale a décidé de parler aux humains. De là, commencent des conversations passionnantes, des échanges émouvants. (« Tu n’as pas besoin de justifier ni de mériter ton existence, tu as le droit de te laisser vivre », souligne Omphale à Dex – comme ça sonne juste…)
Une fois encore, Becky Chambers fait mouche. J’ai particulièrement aimé ses trois romans (un beau coup de coeur pour « L’espace d’un an ») et j’ai retrouvé dans cette novella les mêmes qualités (ses personnages sont aussi excellents).
Un regret : que cela soit trop court !

 

Un psaume pour les recyclés sauvages par Chambers

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Voilà 2023

Je suis en retard, en retard, en retard…

En retard pour mettre en ligne ma première chronique de livre (mais c’est en vue), mon 1er article de l’année (le voilà mais ça sera court) et aussi pour prévoir ce que seront mes lectures pour le Challenge de l’Imaginaire 2023 (en plus le thème de janvier/février est cool). 

En retard, mais ça va se calmer. Pour terminer l’année, paf, j’apprends que ma carte bleue a été piratée et qu’un débit inconnu a été fait sur mon compte bancaire. Pas joyeux, opposition, etc…  Les pirates ne peuvent pas faire ça aux milliardaires ? Vraiment, mon petit compte ?
J’ai toujours des maux de ventre pénibles (depuis novembre) et je passe un scanner bientôt pour être fixée (enfin!). Mais comme ça dure et que c’est douloureux, je ne peux pas dire que je me sens très tranquille (anxiété est mon 3ème prénom, heu… non, quatrième, j’en ai déjà 3).

Allez, sur un note beaucoup plus joyeuse,  une très courte vidéo pour dire bonne année (c’est écrit, je la souhaite aussi créative !)

Une petite image MJ,/Midjourney que je vais surnommer « Midge » si ça ne dérange personne, en référence à la série « The Marvelous  Mrs. Maisel » , une série formidable.

A year is ending ...

Je suis en train d’écrire ma nouvelle avec les chats détectives (les chats anthropomorphes). Voici Lady Tabitha, l’un  des personnages principaux :

Lady Tabby with a nice hat

A très vite pour des livres et de l’art !

Premières lignes – 7 déc

 

Premières lignes 

 » Mme. Habib sur le trottoir, en chemisier malgré le froid, tend le bras pour éloigner sa cigarette, l’autre est replié sous sa poitrine. A la fois raide et frissonnante, elle examine la vitrine de son salon comme si elle cherchait à en percer le mystère. Les lettres blanches de l’enseigne, l’immense poster sur lequel une femme coiffée comme Louise Brooks a l’air de regarder ses pieds, la liste d s tarifs sur la porte en verre. Et, à l’autre extrémité; tout en bas, inutile et solitaire dans son vase transparent, une tige de bambou qui n’a jamais poussé de plus d’un centimètre.
— C’est le nom qui ne va pas. Cindy. la fille de l’ancien propriétaire s’appelait comme ça. C’était à la mode en 1982 mais aujourd’hui ça ne dit plus rien à personne. « 

Clara travaille au salon Cindy coiffure qui appartient à Mme. Habib en compagnie de Nolwenn. Elle mène une vie de routine. Tous les jours, les mêmes personnes, clients ou pas,  passent discuter avec Mme.Habib qui les écoute. Nolwenn se trompe un peu dans ses coupes, au grand dam de la patronne qui la reprend,  raconte comment elle a encore raté son permis de conduire.
Clara a une vie tranquille qu’elle partage avec JB, le sosie de Flynn  Rider (dans Raiponce ). Tout le monde lui conseille de ne pas lâcher ce gars ; il est bien pour elle, il exerce le métier de pompier, il a tout pour plaire. D’ailleurs, c’est aussi l’avis des parents de Clara qui attendent le mariage des deux jeunes gens. Clara est jeune (23).
Et sans le savoir elle-même, elle s’ennuie…
Un jour, un client qu’elle n’avait jamais vu (le salon est mixte) vient pour une coupe. Il laisse un livre. Elle n’a pas le temps de lui redonner, l’empoche et n’y prête pas attention pendant quelques mois.
Jusqu’au jour où, désoeuvrée, elle ouvre le livre. C’est une édition de poche de Marcel Proust qu’on peut tous et toutes avoir en tête.

Au début, Clara ne sait que penser de sa lecture : les phrases sont longues (Proust, n’est-ce pas?). Et puis, elle a perdu l’habitude de lire. Mais finalement, elle s’immerge dans ce premier tome, commande le second  à la librairie de la ville et entame un long processus qui annonce un changement. Ou un accomplissement.

Clara lit Proust est un roman bien construit, qui observe les relations entre les gens, les petits gestes du quotidien avec une acuité étonnante. C’est bien écrit, souvent amusant et tendre. J’ai vraiment apprécié ce roman qui m’a presque donné envie de relire Proust (quelque chose que je n’ai pas fait depuis mes études).
Une jolie madeleine que je conseille.

Clara lit Proust par Carlier

 

 

La brume des secrets : une belle aventure artistique

Je prends un peu de temps aujourd’hui pour parler d’un projet auquel j’ai contribué pour la partie visuelle (et peut-être, dans les encouragements).

En effet, aujourd’hui sort le deuxième livre en auto édition d’une autrice qui est tout simplement ma mère. Pour ce qui est son premier vrai roman de fiction, elle a choisi le début du vingtième siècle, sur fond de brumes écossaises.
Il s’agit d’une romance historique avec un zeste de fantastique…

Je connais le projet depuis quelques années et les petites difficultés qu’il a pu rencontrer ; le manuscrit avait été accepté dans une petite maison d’édition sérieuse mais le Covid étant passé par là, il y a eu faillite et fermeture, hélas.
Finalement, l’idée de l’auto édition a fait son chemin et le voilà :

Pour la parution, j’ai fait des petites vidéos et autres reels pour les réseaux :

Sinon, le roman est disponible ici (en version papier) et dans les jours qui viennent en EBook.
C’est une belle aventure et je suis très fière d’y avoir un peu participé.

Ou ce que vous voudrez – Jo Walton

Ou ce que vous voudrez par Walton

Résumé : À soixante-treize ans, Sylvia Harrison est une autrice à succès ayant déjà publié plus d’une trentaine de romans. Le prochain se déroulera à Thalia, une cité qui ressemble beaucoup à Florence et qu’elle a imaginée pour la trilogie qui a lancé sa carrière. Afin de nourrir son inspiration, elle se rend en Italie et va, une nouvelle fois, faire appel à lui. Lui ? Il apparaît dans presque tous ses romans. Il a été dragon, voleur, guerrier et même dieu. Il est celui grâce à qui Sylvia a créé ses personnages les plus marquants. Celui à qui elle parle en son for intérieur depuis des décennies. Celui qui l’a sauvée, qu’elle a chassé, qu’elle a accueilli de nouveau. Celui qui s’éteindra avec elle, lorsqu’elle décédera. S’éteindre ? Ça, il ne peut l’accepter..

 

Il est temps pour moi de m’attaquer à cette chronique que je remets à plus tard depuis, facilement, plus d’une semaine, après une lecture qui n’a pas été, et je l’annonce tout de suite,  satisfaisante. Et pourtant je dois bien admettre que j’aime beaucoup Jo Walton, la personne rencontrée aux Utos de 2019 (où je n’étais pas malade, comme cette année), et surtout l’autrice, admirable, Mes vrais enfants (splendide), Morwenna, Les griffes et les crocs (oh, ces dragons victoriens!) et Pierre de vie. J’ai également commencé le cycle du Subtil changement. J’étais donc ravie d’avoir ce nouveau Jo Walton pour le dernier Masse critique Babelio, je me suis précipitée dessus et… j’ai été douchée.
Car Ou ce que vous voulez n’est pas un « vrai » roman. Bon, ce n’est pas grave. Cela pourrait être un essai littéraire ou des considérations sur l’Art et la ville de Florence, par exemple, peu importe.
En fait, non. Ce n’est pas ça non plus.
C’est un genre un peu hybride, mi-essai, mi-fiction, qui oscille entre les deux, donne dans la meta fiction. J’ai pensé à un moment à Possession d’AS Byatt, qui joue avec ces codes mais en fait, je me rends compte que Possession reste construit, même si labyrinthique, par rapport à Ou ce que vous voudrez.
Ici, Jo Walton se plaît à faire des allers-retours entre l’histoire qui se passe à Thalia racontée par le narrateur (l’ami imaginaire de l’autrice fictive, Sylvia qui n’est pas Jo Walton mais qui lui emprunte des ressemblances) et l’histoire de Sylvia, tout ceci entrecoupé par les réflexions du fameux narrateur. Si la construction était impeccable, cela ne serait pas gênant, au contraire. Mais ce n’est pas le cas.
Tout est assez confus, parfois un peu long…
Le souci, c’est qu’il y a des passages formidables, que les références littéraires sont formidables, que l’histoire se déroulant à Thalia pourrait être captivante mais que jamais on n’arrive à entrer dedans complètement.
Bref, c’est un exercice casse-gueule qu’a fait Jo Walton et… je dois bien dire que ce n’est pas très réussi.
J’ai noté des passages, des bribes, des phrases mais je dois être honnête : si l’exercice intellectuel me plaît, j’ai trouvé la construction assez maladroite et je me suis quand même ennuyée,  finissant le livre en lecture rapide (en diagonale — c’est toujours mauvais signe quand j’en arrive là).
Bien sûr,  y a de beaux moments, sur la processus de création, les relations fiction/réalité mais j’aurais aimé les lire dans un essai.
Bref, je ne le déconseille pas mais ce n’est peut-être pas une priorité. Autre chose : mieux vaut avoir des bases littéraires un brin solide ou se documenter en cours de route pour les personnes qui n’ont pas lu Shakespeare par exemple. D’ailleurs, je recommande vivement d’aller jeter un coup d’oeil du côté de « La Tempête » et de « La nuit des rois »  dont est tiré le titre  «  Or What You Will » (on retrouve un bon nombre de personnages des pièces).

 

 

 

Premières lignes — 13octobre

Premières lignes

 

C’est un polar assez original qui commence dans une université britannique, à Cambridge, plus précisément. Un étudiant trouve la mort en faisant une chute vertigineuse. Il se serait suicidé… Mais peut-être pas, finalement.
Or, il laisse derrière lui son perroquet, Gray, une créature à la langue bien pendue qui chante « Bad romance » de Lady Gaga à tue-tête. Ou crie des insanités, même pendant les moments les plus solennels.
L’un des professeurs de l’étudiant décédé hérite de Gray et va être amené à mener l’enquête. Malheureusement, ce n’est pas si simple, surtout quand lui-même lutte contre des TOC et crises d’angoisse. Mais le perroquet semble souffrir aussi de traumas ! A quoi a-t’il pu assister ? Déteint-il la clé de l’énigme ?
Avec Gray, Leonie Swann signe un roman policier qui se lit bien. Certains passages sont à se tordre de rire, forcément. Les personnages sont bien décrits, bien trouvés aussi. celui du professeur (Augustus) est particulièrement bien développé, tout en finesse.  Par contre, l’intrigue a tendance à tirer en longueur et on voit assez vite le coupable se dessiner vers la fin ainsi que la scène finale arriver. C’est assez inégal  mais le suspense reste présent.
Un assez bon cosy mystery, dans l’ensemble qui m’a fait bien rire par moments et avec suffisamment de suspense.

Gray par Swann

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