Isabel Bishop, (1902- 1988 ) est une peintre américaine qui a surtout représenté des scènes urbaines de Union Square, à New York, des années 1930 aux années 1970. Elle est connue pour sa représentation de femmes américaines et en tant que membre principal de la Fourteenth Street School of artists.
Ces derniers jours, je crois que nous avons eu droit à la série à suspense la plus incroyable ( ces scénaristes, quand même, ils ont exagéré ! quelle lenteur pour ce dénouement 😉).
Tous les regards étaient fixés sur les USA, et pour cause : on n’en peut plus de Trump, et ceci, même quand on habite en Europe.
Après, on ne va pas se mentir : même avec le départ du type aux cheveux oranges, tous les problèmes ne vont pas se régler, malheureusement. Et faire partir Trump, ce n’est ni dégager ce qu’on appelle le trumpisme, ni se débarrasser de tous les incompétents (ona notre lot ici, merci bien☹️) – sans parler de tous les dictateurs du monde. Mais ça soulage.
Ce n’est pas non plus en finir avec une situation particulièrement anxiogène : Covid 19 et tout ce qui va avec ; attentats ; guerres par-ci par-là sans parler de l’urgence climatique ( j’entends encore ce crétin de Trump crier « fake news », à ce sujet).
Premières premières lignesde l’année !
Et c’est là que je me rends compte que ça fait plus de 2 ans que je participe à ce rendez-vous, un format qui est idéal pour moi, me permettant de parler de lectures régulièrement, ni trop, ni pas assez, surtout depuis que je pense à inclure la chronique du livre en même temps (sinon, j’oublie totalement, et je n’ai aucune envie de revenir écrire par la suite🙄).
« La carriole était prête. Elle était lavée, graissée, et on y avait placé les trois sièges ; les rayons rouges des grandes roues brillaient comme des bâtons de sucre d’orge.
Clay Jefford s’installa et saisit les rênes. Dan grimpa sur le siège à côté de lui. Ils se tournèrent ensemble vers leur soeur, Vance, qui attendait à deux pas de la voiture pour leur dire au revoir. «
C’est un western, ce roman-là. Signé Niven Busch, un auteur qui a aussi écrit le scénario de Le facteur sonne toujours deux fois, de La Vallée de la peur, dont le roman Duel au soleilest connu surtout pour son adaptation cinématographique. Ce n’est pas anodin : le roman a tout d’un film, avec des paysages grandioses, des personnages ancrés dans des époques troublées, développant des passions violentes. Ici, ce sont les personnages féminins qui sont les piliers de l’histoire, et en particulier la jeune Vance, une femme forte qui va bientôt déclarer la guerre à sa nouvelle belle-mère. Le père est une sorte de figure issue de l’Antiquité (le roman ne s’appelle pas Les Furies pour rien, ces divinités infernales : Tisiphone, Mégère et Alecto).
Le drame plane sur le ranch… Et on en attend le dénouement ….
D’autres thèmes sont aussi abordés comme celui des questions raciales, et pour un roman de 1948, sans condescendance.
A lire aussi la postface de Bertrand Tavernier qui est une mine de renseignements.
Bref, une très belle découverte pour commencer l’année.
Le roman a été adapté à l’écran en 1950.
Résumé : Nouveau-Mexique, fin XIXe siècle. Temple Caddy Jefford, qui élève des bovins sur des centaines d’hectares, a perdu sa femme et s’absente de plus en plus de ses terres. Sa fille Vance et ses fils gèrent le domaine et attendent son retour avec impatience. Mais lorsqu’il revient, c’est avec une nouvelle compagne, qui entend évincer Vance du domaine…
Un western captivant, à la fois oedipien et shakespearien, qui entraîne son lecteur sur les traces de deux êtres remarquables, dans une cavalcade effrénée à travers les immenses étendues américaines et les passions inassouvies.
Les premières lignes de cette semaine nous entraînent dans les grands espaces :
« C’est étrange, d’écrire ces premiers mots, comme si je me penchais par-dessus le silence moisi d’un puits, et que je voyais mon visage apparaître à la surface de l’eau – tout petit et se présentant sous un angle si inhabituel que je suis surprise de constater qu’il s’agit de mon reflet. après tout ce temps, un stylo a quelque chose de raide et d’encombrant dans ma main. «
Enfin, j’arrive à mettre la main sur ce roman dont j’entends parler depuis pas mal de temps. Et, pour info, il existe aussi un film datant de 2015, avec Ellen Page et Evan Rachel Wood (ça, c’est un casting bien trouvé), Into the forest.
Jean Hegland avait commencé son roman dans les années 80. Dans la forêt a finalement été édité en 1996 et seulement en 2017, aux éditions Gallmeister, en France.
Pourtant, le propos est tout à fait d’actualité – il faudrait simplement y ajouter l’urgence du réchauffement climatique pour expliquer ce qui a pu provoquer le grand désastre. Car s’il s’agit d’un roman d’anticipation, Dans la forêtest un peu comme La routede Cormac McCarthy. On ne sait pas ce qui est arrivé exactement. On ne sait pas non plus comment c’est arrivé. On n’est pas là pour connaître les détails.
On suit le parcours des deux adolescentes Eva et Nell via le prisme de Nell, ses lectures (principalement l’encyclopédie) et son journal intime. Ce point de vue est forcément biaisé mais c’est le seul dont on dispose – un habile truc (et classique) pour entourlouper les lecteurs mais qui fonctionne bien.
Mais si les deux adolescentes suivent un chemin quasi-initiatique tout au long de l’oeuvre (vie, mort, deuil, naissance), elles ne sont finalement pas les personnages centraux de l’histoire. Le seul personnage principal, c’est bien la forêt elle-même, entité poétique et véritablement vivante qui permet aux humains survivants de (re)trouver leur place dans un monde en profond changement. La symbolique du végétal est partout (la grande souche du séquoia, par ex.). Végétal comme élément onirique et vital en opposition à un monde industriel sur le déclin. Cela est particulièrement flagrant avec la description de la ville de Redwood abandonnée et du supermarché pillé.
Dans la forêt m’a souvent fait penser à un autre roman qui n’est ni post-apocalyptique, ni américain mais qui joue avec les mêmes codes (renaissance, attente, végétal fortement symbolique) : Un balcon en forêtde Julien Gracq.
Résumé : Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré comme un véritable choc littéraire aux États-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle
Cette semaine, Andrea Kowch , peintre américaine :
Born in Detroit, Michigan in 1986, she attended the College for Creative Studies through a Walter B. Ford II Scholarship, and graduated Summa Cum Laude with a BFA in 2009, double majoring in Illustration and Art Education. Her paintings and works on paper are rich in mood, allegory, and precision of medium, reflecting a wealth of influences from Northern Renaissance and American art to the rural landscapes and vernacular architecture of her native Michigan.
On reste aux Etats-Unis pour les Premières Lignesde cette semaine:
« For a long time, my mother wasn’t dead yet. Mine could have been a more tragic story. My father could have given in to the bottle or the needle or a woman and left my brother and me to care for ourselves—or worse, in the care of New York City Children’s Services, where, my father said, there was seldom a happy ending. But this didn’t happen. I know now that what is tragic isn’t the moment. It is the memory. » (source)
Résumé : « La première fois que j’ai vu Sylvia, Angela et Gigi, ce fut au cours de cet été-là. Elles marchaient dans notre rue, en short et débardeur, bras dessus dessous, têtes rejetées en arrière, secouées de rire. Je les ai suivies du regard jusqu’à ce qu’elles disparaissent, me demandant qui elles étaient, comment elles s’y étaient prises pour … devenir. »
August, Sylvia, Angela et Gigi sont quatre adolescentes, quatre amies inséparables qui arpentent les rues du Brooklyn des années 1970, se rêvant un présent différent et un futur hors du commun. Mais un autre Brooklyn, où le danger rôde à chaque coin de rue, menace les espoirs et les promesses de ces jeunes filles aux dernières heures de l’enfance.
Le roman de Jacqueline Woodson a plusieurs points communs avec celui dont je parlais la semaine dernière et pourtant, il est totalement différent. Car si certains thèmes se retrouvent, ils sont ici abordés de manière plus subtile, plus profonde – j’ai envie de dire: moins spectaculaire et plus réfléchie.
Pour autant, le roman ne perd pas en sensibilité ni même en force. L’autrice a eu le temps d’aiguiser sa plume sur de nombreux romans jeunesse (c’est son premier livre destiné à un public adulte). Le style est mature, abouti et c’est un plaisir de suivre l’expérience d’August et de ses amies.
Si vous êtes intéressé.es par :
les années 70
les romans d’apprentissage
le New York des années 70
la littérature américaine
Un autre Brooklyn – Jacqueline Woodson
trad. Sylvie Schneiter
« I think Tupac was an amazing activist and I wanted to create a story around his story. The more I wrote, the more there was to say – about Tupac and about the girls. »
Les blogueurs et blogueuses qui participent aussi :