Premières lignes – 25 juin

 

Premières lignes

 

Le gardien du commissariat du 13e arrondissement de Paris, Gardon, pointilleux jusqu’à la maniaquerie, était à son poste à sept heures trente pile, la tête penchée vers le ventilateur de son bureau pour sécher ses cheveux, selon son habitude, ce qui lui permit d’apercevoir de loin le commissaire Adamsberg approcher à pas très lents, portant sur ses avant-bras un objet non identifié, les paumes tournées vers le ciel, avec autant de précautions que s’il tenait un vase de cristal. Gardon – nom tant approprié à sa fonction qu’il lui avait valu force blagues avant qu’on ne s’en lasse -, n’était pas réputé pour sa vivacité d’esprit mais accomplissait sa mission avec un zèle presque excessif. Mission qui consistait à repérer toute étrangeté en approche, si minime fût-elle, et à en protéger le commissariat. Et pour cette tâche, il excellait, tant par son coup d’œil exercé par des années de service que par la vitesse inattendue de ses réflexes. N’entrait pas qui voulait dans ce saint des saints qu’était la Brigade criminelle, et il fallait que la patte fût plus blanche que neige pour que ce cerbère des lieux – qui était tout sauf impressionnant – acceptât de lever la grille de protection qui fermait l’entrée

 

Enfin. Je l’ai lu et terminé, ce dernier Fred Vargas en date.
Pour être honnête, je l’avais oublié dans ma bibliothèque alors que je l’avais trouvé en grand format tout neuf mais  d’occase (ou en boîte à livres ? je ne sais plus). Pour être juste, j’aime beaucoup les romans de Vargas et ceci, depuis longtemps. J’admets que, parfois, les enquêtes sont un peu un prétexte aux divagations d’Adamsberg, le commissaire nébuleux mais génial. Pourtant, j’avais totalement adhéré aux précédents comme « L’armée furieuse » (brillant), « Temps glaciaires » et même  « Quand sort la recluse » (une histoire d’araignée, brrrr). D’accord, il y avait quelques « faiblesses » dans les deux derniers cités, mais des points faibles chez Vargas, ce n’est pas grand chose, en comparaison de bien d’autres… (sans commentaires)
Et donc,  « Sur la dalle » sort et les échos sont… peu flatteurs. J’avoue que j’ai cru à une blague. Voyons un peu.
Fred Vargas en est à son dixième roman, avec son commissaire fétiche  Jean-Baptiste Adamsberg ; elle a pris son temps pour nous livrer cette énigme bretonne.
Les ingrédients sont là : les personnages qui entourent Adamsberg,, que nous connaissons bien, et quelques nouveaux, dont un certain Franck Matthieu, son homologue breton rattaché à Rennes.
Très vite, les deux hommes se lient d’amitié et une étrange affaire va les rapprocher. En effet, un meurtre est commis…par un fantôme ! Serait-ce celui qui hante le château de Combourg tout proche de Louviec, village typiquement breton. Si vous ne connaissez pas l’endroit, c’est là qu’a vécu Chateaubriand, l’écrivain. Et quand vous visitez le château, je dois avouer que la légende du fantôme boiteux qui épouvantait le tout jeune écrivain est très envisageable (j’imaginais le petit Chateaubriand trembler dans sa chambre, rien qu’en parcourant les pièces — et non, je n’ai pas de photos de l’intérieur de Combourg, que l’extérieur). Voilà à quoi il ressemble :

Combourg  

Bref, Adamsberg est titillé par cette histoire et ne peut s’empêcher d’aller fouiner dans ce village où, fait étrange, les gens craignent « le boiteux » qui hante les rues le soir. Pire : deux groupes  s’affrontent : ceux qui ne supportent pas qu’on marche sur leur ombre (?!) et ceux qui trouvent ça ridicule et font exprès de marcher sur l’ombre des autres. Hum. J’ai trouvé cet aspect un brin léger. Le thème de la Bretagne superstitieuse m’a semblé largement exagéré, voire grotesque (et je ne suis pas bretonne, mais faut pas pousser).
D’autres meurtres sont commis et paf, le ministère envoie Adamsberg et son groupe en Bretagne ! Un peu improbable mais peu importe. On découvre au fil des pages des personnages secondaires intéressants, comme Vargas sait les brosser.
Josselin de Chateaubriand est un lointain descendant du célèbre auteur. Il a la particularité de ressembler comme deux gouttes d’eau à son illustre ancêtre. C’est très bon pour le tourisme. Seulement, tout l’accuse, dans cette affaire. On a retrouvé un faisceau d’indices qui le désigne comme coupable !
Mais Adamsberg n’y croit pas : c’est trop gros. Il a raison. Les experts confirment.
L’équipe parisienne se regroupe dans l’auberge du village, tenue par un Johan aux petits soins mais sans réelle épaisseur (c’est un peu loupé, de ce côté).
Et c’est à ce moment que ça se complique. Voilà des gangsters, sortis de nulle part, dont on va avoir le point de vue, bizarrement. Ah, je déteste ça, les changements de points de vue lorsqu’ils ne sont pas justifiés par l’intrigue.
Et puis, ça continue : des hasards bien pratiques, des coïncidences bien commodes. Et JB Adamsberg qui « extravague » à son habitude, mais en pire.
Malheureusement, l’affaire est résolue avec des bouts de ficelle.
Et c’est ce que je retiendrais du dernier tiers, à mon grand regret : c’est filandreux.
Ce n’est pas aussi solide, aussi bien resserrée que d’autres romans de Vargas.
Bref, je passe à autre chose et j’espère bien retrouver une autre enquête de l’autrice très vite.

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :

3 réflexions sur “Premières lignes – 25 juin

Laisse un com, ne sois pas timide