Les illustrations inspirantes et inspirées – 3

DD McInnes est un artiste qui vit au  Royaume-Uni, connu pour ses peintures à l’huile fantaisistes et fantastiques, souvent inspirées par des œuvres d’art allant du  17ème, jusqu’au début 19 ème. Il se décrit comme un “fantabuliste”  en mettant en scène  des animaux, des oiseaux, des invertébrés et des insectes qui remplacent les sujets humains, dans des costumes historiques ou des thèmes mythologiques.

Il a une boutique Etsy, The Litus Gallery. Et un compte Insta

‘The Yuletide Handsel’ by DD McInnes
'The Eight Lives of Mr. Tybalt' (after Nicolaes Eliaszoon's 'Portrait of Nicolaes Tulp', 1633)" by DD McInnes.
Gravure dart: The Crossing image 1
Tirage dArt : The Orchard Gavotte image 1
Tirage dart dune peinture animale originale: Le skipper image 1
Tableau animalier Minotaure image 1
Tirage Fine Art : La Lune qui Rêve image 1
Tableau animalier Le critique image 1
'The Turnip Spinner (After Chardin's, "Gabriel Godefroy watching a top spin", c.1735', by DD McInnes.
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Premières lignes – 17 avril

Premières lignes

 

 

Il s’agit d’un essai, « Travestissements. Performances culturelles du genre », ou plus  exactement d’un ouvrage rassemblant 12 essais autour du « travestissement » (cross-dressing en anglais) en s’appuyant plutôt sur « performances culturelles de genre » (avec des exemples dans le spectacle, par ex). Les deux directrices,   Fanny Lignon, experte des questions de genre dans l’univers des médias et Anne Castaing, spécialiste des problématiques de genre dans la culture indienne, ont séparé le livre en 3 parties, proposant différents axes  de réflexion sur les fonctions du travestissement.

Car pratiquer le travestissement, qu’est-ce ?  L’identité de genre est-elle indissociable ou pas  des vêtements adoptés ?
On peut distinguer 3 sortes  de travestissements :
— un « ludique », c’est celui du déguisement, lors de fêtes à thème, de carnavals, par ex., — celui de « commodité» :  quand une femme porte des vêtements considérés comme masculins dans un contexte spécifique : guerrières engagées dans une mission, recluses ou ermites, « saintes-travesties », basha-posh  ou  burrnesha (vierge jurée) En Albanie (il y a eu un excellent documentaire sur les vierges sous serment qui avait été diffusé sur Arte, je pense).
— enfin, le travestissement transgressif.
Ce dernier, que l’on retrouve dans les pratiques culturelles, interroge le lien entre genre, culture et performance et questionne en profondeur.
Car, dès le premier texte, on réalise qu’on dit qu’une femme porte un pantalon mais qu’un homme se travestit avec une jupe ou une robe.  (analyse historique du travestissement vestimentaire par Élizabeth Fischer : Le monde pour un pantalon).
On découvre aussi dans cette 1ère partie   l’histoire d’Hildegonde, une religieuse déguisée en moine au XIIe siècle , alors nommée frère Joseph, dont le sexe biologique sera découvert après son décès (Chloé Maillet)

J’ai particulièrement apprécié la troisième partie, même si tout est intéressant mais serait très long à détailler. La « subversion punk » (puis New Wave et post-punk) a brouillé les codes. Tellement que des émissions de télé s’inquiétait des jeunes qui devenaient punks. Captain Sensible des Damned débarque en tutu sur scène (on est en 77)

Avant cela, les pré-punks, New York Dolls chantent :

« And you’re a prima ballerina on a spring afternoonChange on into the wolfman howlin’ at the moon, ooh
Got a personality crisis, you got it while it was hot »

New York Dolls photo by Michael Ochs Archives and Getty Images

Et chez les femmes punks ? Ici, en 77, le groupe L.U.V (français).

Si certains passages peuvent paraître ardus, d’autres sont tout à fait abordables sans se creuser les méninges. On peut piocher ce qu’on y veut parmi les thèmes.
Une vraie découverte que je recommande aux personnes que ces questions intéressent.

 

Introduction

 

Anne Castaing, Fanny Lignon (dir.), Travestissements. Performances culturelles du genre, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, coll. « Penser le genre », 2020, 184 p.
Ludique, fonctionnel ou identitaire, transgressif ou spectaculaire ?: si le travestissement recouvre différents phénomènes, certains banalisés et d’autres marginaux, il permet d’interroger le lien entre genre, culture et performance. Les contributions réunies dans cet ouvrage proposent à partir de terrains et de pratiques diverses un état des lieux des réflexions actuelles sur les travestissements et leur fonction symbolique et/ou politique.
 Histoire culturelle, anthropologie, arts du spectacle et sociologie ; télévision, cinéma, littérature, musique sont ainsi mobilisés pour explorer différents lieux et «lisières» de la culture et penser le genre en tant que pratique singulière et mouvante.

L’art de l’animation – 1

Fantasia fait partie de mes Disney préférés, je parle du 1er Fantasia, même si j’aime aussi Fantasia 2000, mais j’y reviendrai une autre fois . Il y a tout, la musique et le dessin.  Sept séquences composent le dessin animé. Il devait en exister une huitième qui n’est pas intégré au film, Clair de Lune de Debussy . Elle existe :

Réalisé par Joe Grant et Dick Huemer, et supervisé par Ben Sharpsteen, il s’agit du troisième long métrage d’animation de Disney. Les morceaux de musique classique sont  dirigés par Leopold Stokowski.

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En France, il est sorti la 1ère fois au cinéma  en  1946 et est ressorti par la suite plusieurs autres fois avant de paraître en VHS et en DVD. C’est lors de l’une de ces « ressorties » que je l’ai découvert, enfant, sur grand écran et quelle claque ! quel coup de coeur également.

Je vous montre quelques dessins préparatoires tirés de trois passages : La Symphonie pastorale

J’ai accroché à la scène sur le mont Olympe avec les centaures, les dieux et les déesses, même si, très vite, j’ai compris que des détails ne me plaisaient  pas trop.  Heureusement, certains contenus racistes évidents avaient déjà été retirés ( à l’origine les pégases noirs ciraient les sabots des autres, par ex). Pourtant,  les femmes centaures qui minaudent ou les centaures pseudo « africains », ce n’est pas ma tasse de thé. Les dessins restent excellents.

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On  peut admirer les traits et la précision dans ces esquisses.

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J’ai aussi arrêté de flipper avec la scène de la Bête deUne nuit sur le mont Chauve ,  un passage qui nous terrifiait, mon frère et moi, quand nous étions gamins (je crois que mon frère devait avoir 7 ans quand il l’a vu pour la 1ère fois).  Des années plus tard, j’ai montré le film à ma fille (qui l’a adoré) mais qui, elle aussi, demandait systématiquement d’arrêter le DVD avant LA scène (si ça ne vous ne dit rien, la voici en video)

Pour les esquisses et les dessins, il y a pas mal de sources :

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Autre passage ;  des hippos,  autruches, éléphants et crocodiles  dansent et se poursuivent surLa Danse des heures !

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La séquence impressionnante du film est aussi celle  du  Sacre du Printemps :  on voit quelques scènes  qui illustrent la naissance de la Terre puis les  dinosaures, et  leur disparition.

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Les illustrations inspirantes et inspirées – 2

Léa Chaillaud est une   illustratrice du sud de la France, avec une passion pour tout ce qui est lié aux animaux et à la nature. Elle travaille à l’aquarelle et à la gouache.

Instagram 

Etsy 

 

Portrait de chat peint à la main personnalisé Peinture à laquarelle fantastique pour animaux de compagnie à partir dune photo Art de chat sorcière fantaisiste image 2

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Portrait de chat peint à la main personnalisé Peinture à laquarelle fantastique pour animaux de compagnie à partir dune photo Art de chat sorcière fantaisiste image 6

 

J’ai fait ma fan

Pour les gens qui suivent ce blog; ça m’arrive, quand je le peux, d’aller voir mes groupes préférés en concert, pas souvent, je sais. Enfin, pas aussi souvent que je le voudrais.
Mais j’ai réussi à assister aux deux derniers concerts de mon groupe chouchou australien, dont je suis bien fan depuis mon adolescence ; je veux parler de Midnight Oil (ici  période pré-Covid et en  2022 pour leur dernière tournée en dehors de l’Australie).
Fin 2022, 
j’ai aussi vu The Cure, près de chez moi Et non, je n’ai pas écrit d’article. C’était pourtant un très bon concert, très long !
J’ai, hélas, dû revendre ma place pour l’excellent groupe de Mongolie The Hu parce que j’avais chopé ce fichu Covid. J’ai également revendu la place que j’avais pour Iron Maiden  à Paris La Défense Arena. Trop de soucis pour me loger. Je n’ai pas vraiment regretté et je l’explique tout de suite.

Mardi 5 mars, à Nantes, le chanteur bien connu de Maiden, Bruce Dickinson en personne, est venu en séance de dédicaces pour son album solo (le 7ème du nom !), « The mandrake project » (en frenchy : le projet mandragore).

Comment dire ? je n’écoute pas que du hard rock/metal, loin de là, mais Maiden, comme Metallica, sont des groupes qui ont compté pour moi, durant l’adolescence puis, plus tard. J’ai vu Maiden sur scène au début des années 90, et plus depuis.
Je suis allée une fois à une séance de dédicaces, alors que je travaillais et habitais en région parisienne. J’ai donc les signatures de tous les membres du groupe… sauf de Dickinson, qui avait quitté le groupe à cette période.
Je ne suis pas une collectionneuse d’autographes ; je ne suis même pas une « très bonne fan », avec tout l’attirail de Tshirts et compagnie. J’écoute beaucoup de tout et je ne suis pas obsessionnelle.
Mais j’aime la voix de Dickinson depuis longtemps. Ah, et son album solo est très bon, d’ailleurs (de belles ballades).

Résultat : j’ai donc rejoint la file d’attente sous un superbe soleil (heureusement!) et passé deux et demie à parler avec les autres fans, de mon âge ou beaucoup plus jeunes. C’est là que j’ai eu la confirmation que le son avait été atroce à La Défense Arena (comme on le répète trop souvent).

La télé pour France 3 pays de la Loire est venue nous filmer, pour marquer le coup. Tiens , on dirait que c’est moi, cette petite dame à lunettes 😉

Voilà ce que j’ai filmé vite fait :

Et pour finir, album signé par Bruce, photos prises par le staff, quelques mots très rapides échangés. Je lui ai donné un marque-page que j’avais peint.

dédicace Bruce Dickinson - Nantes

 

dédicace Bruce Dickinson - Nantes

 

 

Premières lignes – 12 mars

 

Premières lignes

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Deux cousines entament une correspondance. Nous sommes en 1869, au Kansas. Les jeunes femmes entrent dans l’âge adulte. L’une, Ellie, vient de se marier par amour avec celui qu’elle a choisi, un écrivain sans argent. Le couple a quitté la campagne pour la ville. Ellie gagne l’argent du foyer en écrivant pour un journal. Sarah l’admire et l’envie un peu, elle qui est restée à la ferme, consignée aux tâches ménagères et destinée à une vie de femme traditionnelle. Ses parents pensent à la marier. Elle s’ennuie malgré son activité ponctuelle chez la couturière locale. Les deux cousines racontent leur quotidien, se disputent, s’encouragent. Sarah a un talent pour créer des vêtements, Ellie, celui de journaliste mais toutes deux se heurtent aux préjugés de leur époque. Et voilà que Sarah commence à s’imaginer une histoire d’amour digne d’un roman avec un nouveau venu dont elle s’éprend lors d’un bal… Quant à Ellie, son mari,  qui a voulu dénicher un travail, est tombé sur un groupe de malfrats.

Ce court roman épistolaire de Mélanie de Coster est destiné aux ados,  léger pour le côté historique même s’il aborde les questions de la ségrégation ou du droit des femmes. Le ton n’est pas forcément léger mais on reste parfois un peu sur sa faim. Néanmoins, il se lit bien, avec des personnages attachants et des thématiques intéressantes. Il y a une touche de romance, pour les gens que ça intéresse.
J’ai passé un bon moment avec Lettres du Kansas. 

Lettres du Kansas par De Coster

 

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Premières lignes – 29 février

Premières lignes 

 

« En apparence, c’est une maison.
La plus étroite et, dit-on, la plus ancienne de Paris. Quatre pièces, une  par étage, une par enfant. une maison tout en hauteur, comme une tour, si vous préférez. Mais il faut apprendre à se méfier des apparences. Pour ceux qui savent observer, la porte raconte beaucoup.
Une porte sculptée selon les règles des meilleurs ébénistes de la ville, ornée de plusieurs scarabées en métal, eux-mêmes entourés de libellules en nacre qui offrent les soirs de pleine lune une lumière troublante. « 

Voilà un roman déroutant et néanmoins, intéressant. Destiné à un public jeunesse/ados, aux éditions Novel, Hinterland nous entraîne dans un Paris que l’on a du mal à situer de prime abord. S’agit-il de magie ? D’un univers dystopique ? uchronique? de steampunk ?
En fait, on aura quelques éléments de réponses au fil de l’histoire mais gardant sa patience. Non que l’histoire se traîne ou peine à démarrer, au contraire ! On entre très vite dans le vif du sujet et la problématique : 4 enfants vivent dans une mystérieuse habitation qui paraît protégée (mais de quoi ou de qui ?). leurs parents sont absents (décédés) mais peuvent leur parler via un tableau (sympa la référence à Harry Potter).
Un individu louche doté d’une corbeau (coucou Odin) réussit à entraîner l’une des petites filles dans une étrange attraction foraine et à la capturer. Pendant ce temps, les autres doivent se dépêcher pour sauver… leur grand-oncle Arcadius dont personne ne connaissait l’existence avant que les « parents du tableau » ne l’évoquent ainsi que le danger imminent.
Il faut que les enfants déguerpissent et se se rendent à Sanarshel (titre de ce premier volume).
Les chapitres sont entrecoupés de détails sur le passé de la famille Hinterland et l’Histoire avec un grand H grâce à l’intervention d’un narrateur très omniscient qui joue un peu le rôle d’un conteur.
C’est sans doute dans ces moments que le rythme ralentit. De plus, ce parti-pris de narration, en s’adressant directement aux lectrices et aux lecteurs, peut également sembler peu actuel. Disons qu’on n’est plus accoutumé, mais que ce n’est pas forcément  dérangeant…sauf que ce narrateur délivre les infos au compte-gouttes et qu’on a parfois du mal à se repérer dans cet univers qu’on découvre riche et passionnant. Les dieux existent, il y a eu des Rois malfaisants de différentes couleurs mais tout est un peu trop vite dit, à mon sens.
Malgré tout, je me suis prise au jeu et j’ai terminé le roman en ayant hâte de savoir ce qui allait se passer ….après ! Car rien n’est joué en fin de volume !
Ah, et il s’agit bien d’un Paris du futur, certainement alternatif.
Une lecture fantasy bien faite, donc, d’une écriture agréable, signée par un auteur dont le patronyme me disait quelque chose: Bonzon. Pour les plus âgé.e.s d’entre vous (ou les autres), son grand-père Paul Jacques Bonzon est l’auteur de  la série des Six Compagnons, en bibliothèque rose ou verte, (les deux, peut-être).

 

Hinterland : Le secret de Sanarshel par Bonzon

 

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Premières lignes – 21 février

Premières lignes

Tôt un dimanche, après la première messe à Clonegal, mon père, au lieu de me ramener à la maison, s’enfonce dans le Wexford en direction de la côté d’où vient la famille de ma mère. C’est une journée chaude, radieuse, avec des zones d’ombre et de brusque lumière verdâtre sur la route. On traverse le village de Shillelagh où mon père a perdu aux cartes notre génisses Shorthorn rouge et, plus loin, on longe le marché de Carnew où l’homme qui l’avait gagnée n’a pas tardé à la revendre. Mon père lance son chapeau sur le siège du passager, baisse la vitre la vitre et fume. Je secoue mes cheveux pour défaire mes tresses et m’étends sur la banquette, regardant par la lunette arrière. Ici le ciel est bleu, délavé.

« Les trois lumières » (Foster, en VO) est une novella admirablement écrite par l’autrice irlandaise Claire Keegan. Elle adopte le point de vue d’une petite fille, dont on ne connaîtra pas le prénom, sinon le surnom que lui donnera sa famille d’accueil : « Pétale ».
Chez elle, il n’y a nulle place pour être un enfant. Le père joue et boit et collectionne les dettes tandis que la mère fait tourner la maisonnée comme elle le peut, courant après l’argent pour payer les ouvriers, réquisitionnant ses nombreux enfants pour les tâches ménagères ou autres; Et, justement, la mère est de nouveau enceinte. Afin de la soulager, sans prévenir, la petite fille est confiée à son oncle et sa tante du côté maternel, les Kinsella.
Sans un mot, sans un au revoir et en oubliant de lui laisser des affaires, l’homme la plante là. La petite ignore même jusqu’à quand elle va rester chez le couple. Ce sont les vacances d’été.
Méfiante au début, résignée à travailler dur comme elle en a l’habitude, elle est surprise des attentions simples et discrètes que lui portent les Kinsella. La femme (« tu peux m’appeler tatie ou Mme Kinsella ») se montre vite attentive, allant jusqu’à lui acheter de nouveaux habits.
La petite fille a sa propre chambre qui lui apparaît être une chambre d’enfant. Pourtant, Mrs. Kinsella lui a dit qu’il n’y avait pas de secrets dans cette maison…
En peu de chapitres, grâce à une écriture presque simple, très évocatrice,  Keegan boucle un récit émouvant et magnifique. Un bijou.

 

Amusant, j’ai trouvé l’exemplaire en poche (10/18) dans une boîte à livres.

Les trois lumières par Keegan

 

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Premières lignes – 6 février

 

Premières lignes 

 

« Il flotte tout autour un parfum électrique. Sous mes pieds, la lande noire. Des millions d’années étalées là, arrachées à de lointaines entrailles, exhibées en une seule traînée obscène. Je m’accroupis en balancier sur les talons. Les doigts usés jouent dans les gravillons. Des ongles noircis s’agitent. de petits dieux crasseux, de perle et de corne, qui aligneraient des comètes de basalte. Dans mon dos, le vent palpite. Une bourrasque, puis une autres, et l’air se dilue comme une chose visqueuse faite d’huile et de nerfs. »

Comme je le disais, je lis un peu au ralenti ces temps-ci, mais je lis ;). Par contre, j’ai un bon tas de lectures non chroniquées qui datent de la fin 2023, voire même courant 2023. Ce roman en fait partie et, pourtant, je ne pouvais pas le laisser de côté ni même envisager de ne pas en parler.
Sorti en 2015, dans la collection Territori de La Manufacture de livres, Crocs est le premier roman « connu » (malgré un 1er roman en 2007 et « Mauvaise graisse » de 2013, réédité depuis en poche), de Patrick K.Dewdney, que les lecteurices de lecture de l’imaginaire apprécient pour le (très bon) Cycle de Syffe (3 tomes sont sortis).
Mais Crocs n’est pas Syffe, même si certains thèmes se retrouvent, la nature, en particulier.
Comme Syffe, nous n’avons que le point de vue du personnage principal  avec une écriture à la 1ère personne, contrairement à Écume, l’autre roman paru dans la même collection (ils : le fils – le père).
Qui est donc cet homme qui semble fuir ? Il a une pioche, un chien (le cabot) et avance dans la forêt.
Peu à peu, grâce à des analepses qui nous éclairent sur les circonstances de cette fuite, on comprend…
L’écriture est sublime, poétique, comme souvent dans les meilleurs passages de PK Dewdney (il faut lire le cycle de Syffe!).
La forêt, la nature, est un personnage à elle seule – le végétal, le minéral .
Tout le reste est sombre, poisseux, déjà très bien mené, sans l’ampleur des derniers romans, peut-être.
Par contre, inutile de chercher des paillettes et autres bleuettes, c’est âpre, puissant et rugueux.
Mais la beauté de cette écriture…

 

 

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extrait

« Je ne sais plus depuis combien de temps je marche.
Dix, douze jours, peut-être davantage. J’avance si lentement. Ces derniers temps, j’ai beaucoup pensé aux
Anciens. Ces terres que je traverse sont habitées de leur
mémoire. Sous l’humus que je foule et sous les routes
des hommes, après les vers et les pneus fossiles, les os
des Lémovices pourrissent. Oubliés. Leurs histoires ne
se disent plus. Leurs chants noyés dans le silence, puis
immolés dans la cacophonie des siècles. L’eau et le feu.
La pluie et la foudre. Le grand cercle, ainsi que les choses
ont toujours été.
Je soupire.
Un éclair vociférant strie le ciel enflé.
Il faut repartir.
La pioche gît au fossé, dans le ru que la pluie nourrit.
Je m’empare de ses formes familières, un peu brusquement, comme j’ai pu parfois saisir le corps d’une femme.
Je la soupèse. Lourde. Égale. Sans concession. Elle sait
rappeler à ceux qui s’en servent à quel prix on manie le
fer. Elle sait mordre les mains, courber les échines et briser les reins. On ne creuse pas le passé sans y trouver des
échardes et de la souffrance. On ne retourne rien qui ne
sache planter ses dents dans la chair du présent et lui parler d’ampoules et de sueur et de sang. J’étreins le manche
taché avant d’escalader la butte. Au loin, derrière les
grondements, je crois distinguer une vibration familière.
Mes mains fouillent les épines humides à la recherche
d’une prise.
Il était temps que nous quittions le goudron. »