Autre découverte de cette rentrée littéraire 2017 (merci au site Net Galley et aux éditions Stock )
« Ton sourire et nos silences me reviennent. L’odeur de tes Gitanes, ta silhouette hésitante, et tes mains agitées. Mais ta mémoire, ce sont aussi les blessures d’un temps façonné par la guerre, celui qui te vit naître, chargé de promesses et de rêves auxquels, toute ta vie, tu es resté fidèle. C’est une banlieue, un jardin, une famille nombreuse. L’âge d’or du syndicalisme, ses utopies, l’histoire marquante d’un journal qui allait porter la gauche au pouvoir : une ère que je n’ai pas connue. Ou si peu. Alors j’ai voulu savoir. Quel homme, derrière le père aimant. Quelles joies, avant ton renoncement.
J’ai laissé affleurer la colère, les rires, les larmes et je t’ai raconté. En miroir, je me dessine, benjamine qui te célèbre et te trahit un peu, car ce livre est fantaisie : ta fiction, ma folie, ou peut-être l’inverse. Gageure ? Oui, mais heureuse, car elle te fait vivant. »
P. P.
Comment passe-t-on d’une douleur intérieure à un récit qui touche tout un chacun ? Ce texte repose sur une alchimie étrange : il dit avec franchise, avec humour, avec une forme de grâce les rapports d’une fille à son père. Elle est la petite dernière, lui un héros aux pieds d’argile. Par ses mots, Pauline Perrignon nous fait découvrir un être singulier qui a voulu rester anonyme, un homme tendre et têtu, un militant pour une autre gauche, qui voit grandir sa famille et disparaître ses espoirs. C’est la rencontre des convictions intimes et politiques. C’est la rencontre d’une France d’avant-hier et d’une jeunesse d’aujourd’hui.
Ma lecture
Comment parle-t’on de l’absence d’un père ? Comment, après son décès, une fille (la plus jeune de quatre, ici) peut-elle évoquer la présence toujours vivace d’un père qui lui manque?
Pauline Perrignon n’a pas écrit une fiction. Elle parle de son expérience, de sa douleur, et par-dessus tout, elle fait revivre l’homme que fut son père, son passé, son enfance, ses combats, ses convictions à l’aide d’une écriture intimiste.
On a parfois l’impression d’être un peu de trop, d’être le voyeur qui aurait poussé la porte d’une vie, de l’intimité d’une famille. Un peu long parfois lors des passages descriptifs de la vie du père, « Demain sera tendre » est un premier roman souvent poignant.
Pour ceux et surtout celles qui ont des relations privilégiées (ou pas!) avec leur père
Pour les amateurs de récits intimistes
Pour les adultes dont le père manque….
Endeuillée par la mort de son père, Pauline Perrignon s’est tournée vers l’écriture pour retrouver sa joie dans le souvenir de cet homme idéaliste. « Demain sera tendre » (Stock) est son premier roman.