Premières lignes

Ce sont les premières lignes d’un roman récent de Kate Atkinson que je vais vous citer aujourd’hui.

« 30 mars 1944
Le dernier vol

Il marcha jusqu’à la haie qui marquait la limite du terrain d’aviation.
Son chemin de ronde. Les hommes l’appelaient sa « promenade matinale » et s’inquiétaient lorsqu’il ne la faisait pas. Ils étaient superstitieux. Tout le monde l’était. »

Teddy a vingt ans lorsqu’il s’enrôle en 1940 comme pilote de bombardier. Vite promu commandant d’Halifax, lui et son équipage vont connaître quatre années d’horreur et d’héroïsme où chaque mission risque d’être la dernière. Il va pourtant vivre jusqu’à plus de quatre-vingt-dix ans sans jamais complètement accepter l’idée d’avoir survécu et avec une obsession : ne plus faire de mal à personne. Le formidable pilote va donc épouser celle qui l’attendait, devenir père puis grand-père tout en se frayant un chemin au milieu des périls et des progrès du XXe siècle.

Deuxième volet d’un diptyque commencé avec Une vie après l’autre, L’homme est un dieu en ruine se lit indépendamment du précédent roman. Car, ici, Atkinson tisse  une fiction étonnante, nous faisant croire qu’elle nous narre une histoire linéaire sur la vie d’un ex-pilote de la Seconde guerre mondiale, pour mieux consolider un puzzle bien imaginé.

C’est malin, intelligent comme les précédents romans de Kate Atkinson (que je conseille vivement) et la chute est …surprenante.
Très bien documenté également – mais l’arrière-plan historique est surtout là pour servir une réflexion sur l’humanité, et la fiction (je n’en dis pas plus).

On se laisse prendre au jeu, on se laisse happer par ces différents points de vue, ces morceaux de vie, ces éclats d’un kaléidoscope éclaté tout au long de la narration.
Brillant.

A God In Ruins by Kate Atkinson

L’homme est un dieu en ruine (A God in Ruins), par Kate Atkinson, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides, 528p., JC Lattès