Premières lignes – 17 mai

Premières lignes au rendez-vous !

Il y a huit ans, dans un vieux journal, Paris-soir, qui datait du 31 décembre 1941, je suis tombé à la page trois sur une rubrique :  » D’hier à aujourd’hui « .  Au bas de celle-ci, j’ai  lu :
« Paris
On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1, 55 m, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron.

 

Et cette semaine, pas de polar, pas de Sf ni même de fantasy. Oh. (je dois être malade🤣)
Non, Modiano ! Tout arrive.
Je dois dire que cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu un livre de Modiano ; je ne vais même pas dire combien parce que je ne m’en souviens pas mais ça doit dater des années 90, peut-être un peu avant. On m’avait dit quand je faisais ma formation des métiers du livre quelque chose du genre :  » vous avez envie de devenir libraire et vous n’avez même pas lu un roman de Modiano ? Vous savez que c’est l’un des plus grands écrivains de notre temps ?« . Le formateur ou la formatrice qui nous avait dit ça n’avait pas tort : en 2014, Modiano a reçu le Prix Nobel de Littérature. Quand même.
( Il avait eu le Goncourt en 78 et un tas d’autres prix bien avant cela ).
Je ne suis pourtant pas archi-fan de l’écriture de Modiano : on se retrouve souvent dans une recherche et/ou une exploration des lieux avec des détails qui parfois reste un peu énervante. Et encore, quand on a la chance de visualiser un tant soit peu les rues ou les espaces, je trouve que ça apporte un plus même si on baigne dans la nostalgie la plus totale. Mais j’ai entendu un jour un groupe de lecture assemblé dans la bibliothèque à côté de chez moi qui parlait d’un des livres de Modiano (pas celui-ci). Une personne a mentionné le fait que cela lui évoquait beaucoup de souvenirs puisqu’elle avait vécu longtemps à Paris. Un autre lui a répondu que ce n’était pas son cas et que, du coup, cela l’avait laissé sur sa faim.
Je peux comprendre ce genre de réaction car, en lisant Dora Bruder puisque c’est de ce récit qu’il s’agit, j’ai fait un mini bond quand Modiano épluche la vie des parents de Dora et mène ses recherches du côté de Sevran/Livry-Gargan (93) où le père de Dora aurait travaillé. Il y a même tout un passage qui m’a fortement intéressée sur le passé de ces villes que je connais très bien, ayant vécu longtemps en Seine-St-Denis (et juste à côté).  Pour ce qui est de la géographie parisienne même, je ne suis pas non plus ignorante, bien sûr.
J’ai donc suivi Modiano sur les traces de cette jeune Dora, disparue un jour de 1941. Dora Bruder, c’est un incroyable mélange de reconstitution historique et de biographie fantasmée, plus qu’un roman. Une enquête, un récit sobre et pudique écrit de façon nette et magistrale.
Ah, oui :  je me demandais pourquoi je l’avais sur mes étagères, celui-ci. Je l’avais acheté pour ma fille il n’y a pas si longtemps (en Première peut-être ?) et il est resté. 😉

Résumé :
«J’ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d’hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s’est échappée à nouveau. C’est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d’occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l’Histoire, le temps – tout ce qui vous souille et vous détruit – n’auront pas pu lui voler.»

Dora Bruder par Modiano

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