Premières lignes – 6 avril

Premières lignes

« Tout au long de sa vie mouvementée de cavalière, Acquilon de Nordeau s’était demandé ce qu’il resterait de son empreinte dans le monde une fois la poussière des combats retombée. Arpenterait-on, comme elle-même à l’instant, ses quartiers de Matriarche ? Ses héritières feraient-elles le tour du propriétaire, cataloguant ses possessions, effleurant les boiseries fatiguées des meubles, caressant les tapisseries poussiéreuses ? S’arrêteraient-elles devant la fenêtre de sa chambre, celle qui surplombait la cour et permettait, en se tordant le cou, d’apercevoir des novices, le verger séculaire, la demeure de l’herboriste ? « 

Le Chant des cavalières suit Sophie Pendragon dont on note tout de suite la référence au cycle arthurien (et ça, c’est assez sympa), jeune novice dans l’Ordre des Cavalières de Sarda  à la citadelle de Nordeau, enfant au début du roman . Elle devient assez vite l’écuyère d’Éliane, la nouvelle  Matriarche suite au décès prématuré de la célèbre Acquilon. Sophie sera donc la prochaine Matriarche et doit apprendre tous les codes de remplir son rôle et accomplir son destin.
Sophie serait une Elue. En attendant, elle est une sorte de padawan sans maître(-sse) dans une académie de cavalières-Jedi. Car Eliane se désintéresse d’elle. Et c’est Frêne, l’herboriste qui se charge de sa formation….
Voilà un fil conducteur assez classique et pourquoi pas, après tout ?
Le schéma classique pourrait dérouler un récit très « Le voyage du héros » comme prévu mais il n’en sera rien. Là aussi, contrarier la destinée du héros ou de l’héroïne, est un ressort efficace.
S’il est bien mené.
Mais à de nombreuses reprises, je me suis vraiment posée la question :  » Mais où est l’histoire ? Quand entre-t’on dans l’intrigue ? Que veut Sophie ? Que désire vraiment Eliane ? « . Et je suis restée sur ma faim jusqu’à la fin.

En fait, l’histoire est assez plate. La mise en place est bien longue et au moment où on a d’assister à la formation de Sophie (après une baisse de rythme significative), voilà que…bonjour, c’est une ellipse de quatre ans ! Ah, loupé.


Je n’ai rien contre les ellipses, elles sont utiles quand elles sont bien placées. Mais à ce moment précis, alors que les personnages viennent à peine de se mettre en place ainsi que l’univers auxquels ils appartiennent, non.
La suite ne m’a beaucoup convaincue : beaucoup de flous, des personnages secondaires sortis de nulle part, des situations assez mal définies, bref, des défauts de premier roman qui auraient vraiment mérité d’être corrigés.
Je passe sur les coquilles trouvées dans l’édition que j’ai eue ( à la bibliothèque, la personne qui l’avait empruntée avant moi avait déjà tout souligné ).

Je n’ai cessé de penser que c’était dommage car, pour ma part, j’ai apprécié le style, la poésie certaine, le niveau de langue ( un langage recherché ).

Ainsi, le chant des cavalières qui donne le titre au roman :

 » La nuit m’appelle en son cercueil
Ainsi, commence ma veille, mon deuil.
Adieu ma soeur, je pars devant,
Pour éclairer tes jours restants.
Je t’attendrai sur la colline
Celle qui surplombe tous les abîmes.
Main dans la main, coeurs contre coeurs
Nous reprendrons notre chemin. « 

Quant à l’univers, c’est un point positif également. Les dragons qui sont des griffons m’ont fait penser soit aux Chocobos de Final Fantasy soit aux Dragodindes de Dofus. (les mêmes bestioles, au final). Mais les relations entre dragons et cavalières ne m’ont pas plus émue que ça. Il y a trop d’éléments restés en suspens.
Finalement, les références au cycle arthurien ne sont pas très utiles, le modèle du mythe suffisait sans les clins d’oeil à Pendragon et à Merlin (Myrddin). C’est toujours la quête et le voyage du héros/de l’héroïne dont il s’agit ; on aurait compris.
Le fait que le roman parle de femmes et, essentiellement, que de femmes, me plaît beaucoup ; leurs relations, leurs amours. L’articulation de l’ordre des Cavalières m’a fait penser à la wicca et à la figure de la Triple Déesse :

 » Comme l’Ancienne succède à la Mère qui succède à la Fille, l’Aînée succède à la Cavalière qui succède à l’Ecuyère »

J’ai eu l’impression de lire Marion Zimmer Bradley dans le cycle d’Avalon à ce moment. (et ce n’est pas un reproche).

J’aurais bien aimé accrocher à cette histoire mais il aurait fallu qu’elle soit plus efficace, mieux bordée. Même le retournement de l’Elue ne m’a pas paru hyper bien fait. En fait, ça ne va pas assez loin, on reste en surface. Comme avec les personnages…
Je sais : c’est un premier roman.
Mais le problème, c’est que je viens de commencer un autre premier roman, avec des personnages féminins forts, un univers bien fait mais surtout : on sent qu’il a été retravaillé. (et je vais en reparler bientôt ).

J’espère vraiment que lors de futurs romans, je pourrais retrouver la plume de Jeanne Mariem Corrèze avec une ou des histoires plus convaincantes.

Le chant des cavalières par Corrèze
Jeanne Mariem Corrèze
Éditeur : LES MOUTONS ELECTRIQUES (21/02/2020)

Résumé : Dragons, cavalières et herboristes !

Un royaume divisé, instable, des forces luttant pour le pouvoir. Un Ordre de femmes chevauchant des dragons. Des matriarches, des cavalières, des écuyères et, parmi elles, Sophie, qui attend. Le premier sang, le premier vol ; son amante, son moment ; des réponses à ses questions. Pour trouver sa place, elle devra louvoyer entre les intrigues de la cour et de son Ordre, affronter ses peurs et ses doutes, choisir son propre destin, devenir qui elle est vraiment.

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