Premières lignes cette semaine après un petit break pour causes de NaNo (le NaNo avançant pas trop mal, j’ai le temps d’écrire un peu sur le blog).
Attention, on s’accroche dès les premières lignes (j’explique ensuite) :
« J’étais une fille autrefois, c’est fini. Je pue. Couverte de croûtes de sang, mon pagne en lambeaux. Mes entrailles, un bourbier. Emmenée en trombe à travers cette forêt que j’ai vue, cette première nuit d’effroi, quand mes amies et moi avons été arrachée à l’école. «
Je ne vais pas continuer le récit d’horreur de cette jeune fille (fictive) mais qui reprend celui de ces lycéennes enlevées par Boko Haram au Nigéria. Car c’est le propos de Girl, le roman basé sur de vrais faits, écrit pas la grande écrivaine irlandaise Edna O’Brien.
Quand je suis allée chercher le roman, réservé à la médiathèque ( à cause de son succès) j’ai vu le visage de la bibliothécaire se décomposer un peu : nous le cherchions toutes les deux, nous le trouvions pas dans les réservations, et soudain, elle me dit « Ah… « Girl, c’est ce roman… « . En rentrant, j’ai regardé le livre en me demandant bien ce qu’il avait de spécial.
En fait, il fait partie des romans difficiles, si je peux dire ça comme ça. Difficile pour deux raisons : la première partie est consacrée au rapt des lycéennes et aux violences et viols, souvent racontés en détail. Mieux vaut avoir le coeur bien accroché… Mais j’ai envie de dire que si on a eu envie d’ouvrir le livre, on ne s’attendait sûrement pas à avoir de la chick-lit ou de la romance. Ou alors, on a mal lu le résumé….
Difficile aussi, en ce qui concerne le style, particulièrement dans la seconde partie du roman où le personnage principale, Maryam, s’échappe et survit. A ce moment commence pour elle une longue période d’errance, de confusion. Elle tente de retrouver les siens, de reprendre sa vie là où elle l’avait laissée. Et, forcément, ce n’est pas possible. Edna O’Brien restitue le trauma vécu en cassant la temporalité, en hachant le rythme, en brouillant les temps de narration – et je peux vous dire que pour le lecteur, la tâche devient compliquée !
Car, si le but est atteint : on est vraiment plongé dans la parfaite confusion, il en résulte aussi beaucoup d’exaspération.
Cette seconde partie aborde d’autres thèmes comme le rejet, la honte, la culpabilité, toute la complexité de la nature humaine….
Le livre est puissant, incroyablement documenté (l’autrice est allée sur place, à plus de 80 ans). Il n’est pas facile, il n’est pas agréable mais il est fort et il mérite que l’on prenne le temps de le lire.
Résumé : S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane.
Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère «
Les autres premières lignes sont chez :
• Au baz’art des mots
• Light & Smell
• Chronicroqueuse de livres
• Les livres de Rose
• Le monde enchanté de mes lectures
• Cœur d’encre
• Les tribulations de Coco
• La Voleuse de Marque-pages
• Vie quotidienne de Flaure
• Ladiescolocblog
• Selene raconte
• La Pomme qui rougit
• La Booktillaise
• Les lectures d’Emy
• Songes d’une Walkyrie
• Aliehobbies
• Rattus Bibliotecus
• Ma petite médiathèque
• Prête-moi ta plume
• L’écume des mots
• Chat’Pitre
• Pousse de ginkgo
• Ju lit les mots
• À vos crimes
• Mille rêves en moi
Depuis quelques temps, quand j’ai entendu parler de cette autrice, je me dis qu’il faut que je découvre ses romans. Eh bien oui, il va falloir !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est aussi ce que je me suis dit, persuadé, je ne sais pas pourquoi, que j’avais déjà lu quelque chose d’elle… mais non ! Après, je ne suis pas certaine que commencer par « Girl » soit la meilleure idée ! Mais elle a beaucoup écrit, donc il y a le choix.
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai en effet vu qu’elle a écrit un certain nombre de romans ^^ Mais pourquoi tu ne penses pas que ce soit une bonne idée de commencer par « Girl » ?
J’aimeAimé par 1 personne
Peut-être parce qu’à mon avis, c’est un roman qui peut parfois être énervant : j’ai lu des commentaires de lecteurs et lectrices qui ont eu envie d’arrêter la lecture tout simplement parce qu’on ne sait plus ce qui se passe (mais vraiment pas). Il y a un gros mélange temporel et géographique, pour rajouter à l’idée de confusion et de trouble post-traumatique. Du coup, certains passages sont vraiment obscurs… (j’en ai relu certains à 2 ou 3 reprises sans être certaine de comprendre dans quel ordre les choses s’étaient déroulées et si elles s’étaient réellement passées !).
Je pense que je lirais autre chose d’elle pour mieux me rendre compte… et apprécier. ^^
J’aimeAimé par 1 personne
Ah oui, en effet ! Merci pour ce retour complet sur « pourquoi ne pas commencer par ‘Girl' » 😉 Et du coup, il y en a que tu conseillerais en particulier ?
J’aimeAimé par 1 personne
« Les filles de la campagne », son roman le plus connu, peut-être ? Je pense lire « Dans la forêt », ou « Tu ne tueras point » (des romans qui se trouvent à la médiathèque, comme c’est pratique !).
J’aimeAimé par 1 personne
Je note ces conseils, merci =)
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: Premières lignes #191 – Ma Lecturothèque
Pingback: Premières lignes # 189 | Songes d'une Walkyrie
Pingback: Premières lignes #192 – Ma Lecturothèque